LE DOSSIER DU JOUR
Quelle est la différence entre une cathédrale, une basilique ou une église ?
Si elles sont des lieux de culte, la cathédrale, la basilique et l’église ne désignent pas la même chose. Toutes trois sont des églises, c’est à dire un lieu de rassemblement des chrétiens. Le mot nous vient du terme grec ekklesia, soit « assemblée ».
Une cathédrale a la particularité d’être l’église principale du diocèse. Celle où est le siège de l’évêque. Voilà pourquoi elles sont bien souvent plus imposantes et richement décorées que l’église du quartier.
La basilique peut elle aussi être très imposante. Mais elle est dénommée ainsi par décision du Pape, car l’édifice a une histoire particulière. Des reliques y sont déposées, un pèlerinage a lieu dans cette église… Une basilique peut donc être une cathédrale. À noter que l’abbatiale est, elle, tout simplement l’église d’une abbaye.
Quand a-t-on commencé à bâtir des cathédrales ?
Les majestueuses cathédrales gothiques que nous connaissons ont essentiellement été construites entre le XIIe et le XVIe siècle. On les trouve notamment dans le bassin parisien et en Picardie.
La cathédrale de Sens est souvent présentée comme la première cathédrale gothique de la chrétienté. Sa construction a débuté en 1130. Chartres, Noyon, Cambrai, Laon, Paris, Soissons, Bourges, Rouen, Reims… entre le milieu du XIIe et la fin du XIIIe siècle, d’imposants chantiers débutent toutes les décennies !
La construction de ces édifices, qui permettent aussi d’affirmer le pouvoir des villes, dure plusieurs dizaines d’années et mobilise des centaines d’ouvriers. À Beauvais, les travaux commencent en 1225. On y célèbre les premiers offices en 1260 !
Quelles sont les cathédrales remarquables de France aujourd’hui ?
Si Notre-Dame de Paris est au-dessus du lot notamment par sa valeur symbolique, d’autres cathédrales magnifiques parsèment l’Hexagone.
Au rayon des cathédrales qui peuvent se prévaloir d’un record, Beauvais possède un chœur de 48 mètres de haut, Rouen s’élève à 151 mètres de haut, Metz affiche 6 500 mètres carrés de vitraux (ce qui lui vaut le surnom de « Lanterne du Bon Dieu ») quand Amiens est la cathédrale la plus vaste de France. On pourrait mettre deux Notre-Dame de Paris dans ses 200 000 mètres cubes !
Parmi les édifices remarquables et remarqués (liste non exhaustive !), Albi se distingue par ses allures de forteresse à l’extérieur. Notre-Dame de Reims a une valeur historique inestimable : de nombreux rois de France ont été sacrés au milieu des 2 303 statues (encore un record !). Enfin, Notre-Dame de Strasbourg, qui a pour particularité d’avoir un clocher unique, est la deuxième plus visitée de France.
Des cathédrales ont-elles déjà été détruites par le feu ?
Plusieurs cathédrales ont déjà subi les affres du feu, même si ce n’était pas « en mondovision » comme Notre-Dame de Paris. Par exemple, celle de Reims était en piètre état après les obus et incendies de la Première Guerre mondiale. Elle a été reconstruite en une vingtaine d’années.
En 1877, la toiture de la cathédrale de Metz prendra feu alors qu’on y tire… un feu d’artifice. Les travaux de reconstruction ont duré trente ans. La liste des édifices qui ont subi un incendie – même mineur – ou ont été détruits est longue. Certains n’ont pas été reconstruits.
En 1553, la présumée remarquable cathédrale de Thérouanne, dans le Pas-de-Calais, fut ainsi complètement rasée par les troupes de Charles Quint, comme toute la ville autour. Il n’en reste aujourd’hui plus rien.
Construit-on encore des cathédrales ?
Septembre 2015. À Créteil, la première cathédrale française du XXIe siècle est consacrée. Elle est bâtie sur l’ancienne église de Créteil, bâtie en 1978. On y trouve notamment un vitrail de 55 mètres.
Une allure résolument contemporaine, comme la cathédrale d’Évry, construite dans les années 1990 et seule cathédrale édifiée au XXe siècle en France. Car la fin des travaux de Notre-Dame-de-la-Treille à Lille en 1999 ne compte pas. Le chantier avait débuté en… 1854.
Notre-Dame de Paris, star de cinéma et de jeux vidéo
ACTUALITÉ
Les gargouilles qui scrutent Paris, Esmeralda qui danse sur le parvis de Notre-Dame, Quasimodo qui sonne les cloches, Amélie Poulain qui dépose un cierge à l’intérieur de la cathédrale… Notre-Dame est un monument de la culture populaire. La voir ravagée par les flammes ce lundi soir a fait se serrer le cœur des Français mais aussi du monde entier.
C’est à Victor Hugo que l’on doit le regain d’intérêt, au XIXe siècle, pour le monument construit aux XIIe et XIIIe siècles, qui était à l’époque pas vraiment entretenu et dans un état de décrépitude avancé.
Avec son chef-d’œuvre Notre-Dame de Paris, paru en 1831 (et qui est depuis ce mardi numéro un des ventes sur Amazon), le grand écrivain populaire sauve l’édifice détérioré par les révolutionnaires français. Car le succès du livre conduit le roi Louis Philippe Ier à décider de la rénovation de la cathédrale. Eugène Viollet-Le-Duc, architecte qui en est chargé, s’inspire largement de l’œuvre d’Hugo pour faire sculpter les 56 chimères qui ornent les galeries de Notre-Dame.
Du cinéma à Netflix
On les retrouve ces vampires, licornes et autres créatures dans le dessin animé des studios Walt Disney, en 1996, mais dans une version beaucoup plus enfantine. Oubliées les 56 créatures démoniaques, les gargouilles sont au nombre de trois (la Rocaille, la Volière et la Muraille) et elles sont plutôt sympathiques.
À leurs côtés, Quasimodo, ce sonneur de cloches bossu amoureux de la belle gitane Esmeralda, tout comme le terrifiant Frollo et le beau Phoebus…
L’adaptation avait déplu aux descendants d’Hugo, peu ravis sans doute de voir fleurir les objets dérivés : des figurines offertes dans les menus Happy Meal de McDonalds, à la cathédrale et les personnages miniatures, dans un coffret Polly Pocket (qu’on trouve encore en vente sur eBay)… Dans une lettre ouverte publiée dans Libération, les arrière-arrière-petits-enfants de l’écrivain avaient dénoncé « le pillage Disney ».
Avant cette version pour les enfants, l’histoire avait été adaptée, pour la première fois en couleurs, par Jean Delannoy avec Jacques Prévert pour le scénario. Sorti en 1956, le film présentait un beau casting : Gina Lollobrigida en Esmeralda et Anthony Quinn en Quasimodo. Notre-Dame de Paris, sa nef, ses combles, ses toits et son parvis avaient été entièrement reconstitués dans un studio, à Boulogne, pour pouvoir accueillir les mille figurants pour les scènes de foule.
« Il est venu le temps des cathédrales… » En 1998, nouvelle adaptation, cette fois-ci musicale. Luc Plamondon aux paroles, Richard Cocciante à la composition. Le succès est monstrueux. La comédie musicale Notre-Dame de Paris, inspirée aussi du roman de Victor Hugo, est jouée dans plus de 20 pays, adaptée en 9 langues, pour plus de 5 000 représentations ! Le spectacle a fêté ses vingt ans, en début d’année 2019.
Et on devrait découvrir bientôt une version contemporaine de l’histoire du fameux bossu : Idris Elba préparerait un film musical du roman pour la plateforme Netflix. L’acteur et producteur britannique devrait incarner Quasimodo. Netflix a promis une adaptation fidèle à la version d’Hugo (en tout cas davantage que le Disney), avec la mort du prêtre Frollo, d’Esmeralda et du bossu.
Mais Notre-Dame a aussi, et surtout, inspiré les cinéastes en tant que symbole de Paris. Même quand elle n’occupe pas une place centrale dans un film, on ne peut pas l’oublier : rappelez-vous, dans le film qui incarne tant Paris, Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain (2001) de Jean-Pierre Jeunet, la petite Amélie se rend chaque année à Notre-Dame, déposer un cierge pour « demander au ciel un petit frère ». Un jour, en sortant de la cathédrale, après quelques pas sur le parvis, une touriste saute du toit de l’édifice, tuant la mère de la jeune fille.
Grimper virtuellement sur la flèche de Notre-Dame
Ce lundi soir, le feu, qui a pris dans les combles du bâtiment, s’est propagé rapidement. Il ne reste plus rien de la charpente. La flèche de la cathédrale s’est effondrée sur elle-même. Mais on peut toujours visiter, virtuellement, le monument tel qu’il était avant les flammes. Dès hier soir, les adeptes de la série de jeux vidéoAssassin’s Creed rendaient hommage à Notre-Dame, rebranchant les consoles pour se promener dans la reconstitution magnifique réalisée pour Assassin’s Creed Unity, sorti en 2014, dont l’intrigue cette fois, se déroule en pleine Révolution française.
Deux ans de travail, dont quatorze mois intenses, et plus de 3 millions de polygones avaient été nécessaires aux designers d’Ubisoft pour développer cette réplique impressionnante du monument.
« Notre-Dame devient pratiquement un acteur du jeu, elle a plus d’impact. On l’a mise au cœur de l’histoire, en plus des personnages, parce que c’est une icône de Paris à l’image de la tour Eiffel », expliquait Caroline Miousse, level designer chez Ubisoft Montréal, responsable de la modélisation de la cathédrale.
« Il n’y a pas que les Français, on a tous envie de grimper en haut de Notre-Dame ! », s’enthousiasmait la level designer au moment de la sortie du jeu. Tout n’avait pas pu être reconstitué à l’identique, notamment les œuvres d’art à l’intérieur de la cathédrale qui étaient protégées, interdites à la reproduction. Mais l’architecture extérieure et intérieure de l’édifice est exactement la même.
Des milliers d’images, des documents historiques, des gravures d’époque, tout ce matériel avait servi à la designer et à Pascal Barriault, qui s’occupait des textures sur le jeu, pour recréer la cathédrale qui avait été pillée pendant la Révolution française, avant de servir d’entrepôt.
Le résultat est bluffant : les joueurs peuvent courir sur la charpente de l’édifice, escalader jusqu’en haut la flèche de la cathédrale pour une vue de Paris à couper le souffle. Dans le jeu, la flèche est reproduite en pierre. Un « anachronisme », admettait la level designer. « Du temps de la Révolution elle était en bois et se dégradait fortement. Nous avons préféré garder la flèche actuelle, car c’est tellement long d’aller là-haut qu’on a pensé que le joueur aimerait mieux ça plutôt que de tomber sur une flèche cassée ! »
Une fois son travail terminé, Caroline Miousse était allée visiter la cathédrale, pour la première fois. « D’abord, je me suis dit : C’est tellement gros ! Puis j’ai eu l’impression de rentrer chez moi, il faut dire que je la connais tellement ! »
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