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mercredi 6 mai 2020

PHOTOS DE FIN DU MONDE



LISBON

La fin du monde et la déchéance des capitales imaginées par Michal Zak dans sa série "The End of Eternity"

 

Paris, Berlin, Moscou, Londres, Melbourne, New-York ou encore Tokyo en ruines, ravagées par les flammes ou les flots, sous un ciel menaçant… Des scénarios dignes d’un film de science-fiction qui font froid dans le dos!
A travers ses images post-apocalyptiques, l’artiste polonais (vivant à Berlin)Michal Zak a voulu rappeler à tous, et en particulier au monde occidental, "à quel point la paix est fragile".
Sortir de sa bulle
Contacté par le HuffPost Maghreb, il explique que l’idée de la série photos "The End of Eternity" lui est venue en réalisant que "la plupart d’entre nous, Européens, ne savons pas ce qu’il se passe autour, ou ne nous intéressons pas vraiment aux conflits qui ont lieu, même en ce moment, aux frontières européennes."
L’objectif est donc pour lui d’éclater cette "bulle confortable" et rappeler qu’une guerre mondiale pourrait bel et bien éclater si "on continue à ignorer ce qu’il se passe dans le reste du monde".
moscou
Moscou
Photo: Michal Zak
"J’espère que cette vision apocalyptique qui est la mienne ne se produira jamais, et que nous serons toujours capables de discuter les uns avec les autres, aussi bien au niveau international qu’interculturel."
Environ cinq semaines – mais aussi Photoshop, une caméra, des ciseaux, et de la colle - ont été nécessaires à Michal Zak pour réaliser 19 images, représentant chacune une capitale et ses symboles architecturaux, complètement détruits.
Certaines images rappellent d’ailleurs celles de la "Révolution Maidan" en Ukraine, de Gaza ou de la Syrie, par exemple.
kiev
Kiev
Photo: Michal Zak
Mais pourquoi aucune ville orientale?
"Parce-que la région occidentale est la plus grosse productrice et exportatrice d’armement et de technologies de défense dans le monde, nous répond Michal. Etant donné que plusieurs pays occidentaux tirent d’énormes profits de ces armes, ils ont, je pense, une énorme responsabilité vis à vis de la paix partout dans le monde."
"La propagation des armes nucléaires est de plus en plus rapide, les tensions entre l'Est et l'Ouest présagent une guerre froide, la frustration, la colère et le populisme s'accumulent chez les jeunes européens", peut-on également lire sur son site.
paris
Paris
Photo: Michal Zak
S’il déplore le fait que la guerre soit souvent la façon "la plus facile et la plus rentable" de répondre aux problèmes, Michel précise néanmoins que son projet n’a rien de politique.
PHOTOGRAPHIE - "Je veux que mon art soit à la fois beau et important. (…) Je veux qu’il rende les gens plus attentifs aux problèmes qui les entourent. Internet est ma toile."
lisbon
Lisbonne
Photo: Michal Zak
La fin du monde par Michal Zak
1 sur 5

Michal Zak

 

 

http://www.huffingtonpost.fr/2014/07/24/photos-fin-du-monde_n_5615903.html







mardi 28 janvier 2020

CHINE

ACTUALITÉ

Neuf images de Wuhan, la ville chinoise coupée du monde à cause du coronavirus

Wuhan, ville de 11 millions d’habitants dans le centre de la Chine, est le foyer de l’épidémie de coronavirus qui a tué plus de 100 personnes. Les autorités ont coupé la métropole tentaculaire du reste du monde. Faisant d’elle une ville fantôme.
À quoi ressemble une métropole de 11 millions d’habitants coupée du reste du monde, et dont la plupart des résidents restent cloîtrés chez eux ? Pour répondre à cette question, il faut tourner le regard vers Wuhan, dans le centre de la Chine. C’est l’épicentre de l’épidémie de coronavirus qui a déjà tué plus de 100 personnes.
En réaction, jeudi 23 janvier, le gouvernement chinois a décidé de confiner la métropole tentaculaire. Dans la foulée, la mesure a été étendue à la quasi-totalité de la province du Hubei, dont Wuhan est la capitale. En tout, quelque 56 millions de personnes sont concernées. Plusieurs pays ont d’ailleurs décidé de rapatrier leurs ressortissants coincés sur place, dont la France.
Quelques cyclistes, une voiture… À Wuhan, ces scènes sont devenues classiques. (Photo : Hector Retamal / AFP)
Les rues de Wuhan se sont vidées. (Photo : Hector Retamal / AFP)
Trottoirs déserts
Dans les secteurs confinés, les transports publics ne fonctionnent plus et les gares sont fermées tout comme « la plupart des commerces », relève l’Agence France-Presse (AFP).
À Wuhan, la circulation des véhicules jugés « non essentiels » est interdite. Les habitants sont invités à rester chez eux, et la plupart d’entre eux ne sortent pas.
Conséquence, Wuhan est devenue une ville fantôme. Des images, saisies par les reporters des médias internationaux ou des habitants de la ville, montrent des trottoirs déserts, de grandes artères ou de larges voies rapides entièrement vides.
La ville est « étrangement calme », relève le journaliste américain Chris Buckley, du quotidien américain The New York Times, qui se trouve actuellement à Wuhan.
Ces grandes artères de Wuhan se sont vidées. (Photo : Hector Retamal / AFP)
Rare voiture à Wuhan, dimanche. (Photo : Hector Retamal / AFP)
Lundi, en périphérie de Wuhan. Une famille sort dans la rue, masque de protection sur le visage. (Photo : Hector Retamal / AFP)
« La peur, la colère et le courage cohabitent »
Sur le réseau social Twitter, il publie de nombreuses photographies et vidéos des rues désertes. Il y partage, aussi, des témoignages recueillis auprès des rares résidents qui s’aventurent à l’extérieur, toujours avec un masque de protection sur le visage. Une manière de prendre le pouls de la ville, et d’avoir un aperçu de l’ambiance sur place.
Son ressenti ? « Pour beaucoup d’habitants de Wuhan, plusieurs émotions cohabitentLa peur, la colère, mais aussi le courage », écrit-il sur Twitter.
Si la plupart des rues de Wuhan sont vides, d’autres secteurs semblent plus animés. Notamment les abords des hôpitaux, où viennent se faire soigner les personnes qui présentent des symptômes de la maladie, relève encore Chris Buckley.
Des habitants font la queue dans un supermarché de Wuhan, dimanche. (Photo : Hector Retamal / AFP)
Un policier prend la température de l’un des rares automobilistes qui circule en ville, lundi. (Photo : Hector Retamal / AFP)
Devant l’hôpital de la Croix-Rouge de Wuhan, samedi. (Photo : Hector Retamal / AFP)
Autre partie de la ville particulièrement animée : le chantier d’un nouvel hôpital, destiné à accueillir les patients souffrant du coronavirus.
Les travaux ont démarré vendredi, et les autorités veulent bâtir ce nouvel établissement en dix jours. Une véritable course contre la montre. Cet hôpital de 25 000 m² et d’une capacité d’un millier de lits devrait ouvrir ses portes le 3 février.

jeudi 27 juin 2019

VILLAGE PRÉFÉRÉ DES FRANÇAIS 2019

ACTUALITÉ

À quoi ressemble le village préféré des Français ?

 Saint-Vaast-la-Hougue

 
C’est une belle inconnue, au creux du Val-de-Saire, dans la Manche. Un joli port normand, en face duquel viennent s’abriter les bateaux, lors des tempêtes de vents d’Ouest. Saint-Vaast-la-Hougue, qui vient de se voir décerner le titre de « Village préféré des Français 2019 », mérite sincèrement le détour.
Comme on le dit pour Cherbourg, sa grande sœur d’à côté, on ne passe pas par Saint-Vaast-la-Hougue, on y vient. Ce joli port niché dans l’est du Nord-Cotentin, dans le Val-de-Saire, respire la douceur de vivre. Pas étonnant que la commune ait reçu, ce mercredi, le titre de Village préféré des Français 2019 !
Le chroniqueur gastronomique Jean-Luc Petitrenaud ne s’y est d’ailleurs pas trompé, lui qui a installé sa résidence secondaire à 10 kilomètres de là, dans l’autre joyau qu’est le port de Barfleur, et qui ne manque jamais de vanter la douceur de vivre du Val-de-Saire et ses bons produits.
On les trouve notamment à l’épicerie fine Gosselin, qui vient de fêter ses 130 ans. « Saint-Vaast (comme on dit là-bas !) c’est même plus que ça, c’est un art de vivre », commente Annick Perrot.
Native du Pays, intarissable sur son village, ses origines et celles de ses habitants, elle n’irait désormais vivre ailleurs pour rien au monde. « J’ai vécu vingt ans en région parisienne et je revis depuis que je suis revenue à Saint-Vaast, il y a quelques années. »
Vidéo ci-dessus : la commune de Saint-Vaast-la-Hougue et l'île Tatihou vues du ciel. (Images : Thomas Brégardis / Ouest-France)
La tour Vauban, sur l'île Tatihou, est classée au Patrimoine mondial de l'Unesco. En arrière-plan, le fort de l'Îlet. (Photo : Thomas Brégardis / Ouest-France)
Le Tatohou II navire amphibie qui relie Saint-Vaast à Tatihou, lors de la pleine mer. (Photo : Thomas Brégardis / Ouest-France)
L'île Tatihou fait partie de la commune de Saint-Vaast-la-Hougue. (Photo : Thomas Brégardis / Ouest-France)
Rédactrice du dossier pour l’inscription des tours Vauban à l’Unesco,« ces tours autrefois de guerre et maintenant paysagères »,Annick Perrot connaît de Saint-Vaast les coins et les recoins et en parle avec tendresse. « Il faut venir chez nous car notre village est riche en patrimoine et qu’ici des gens accueillants, authentiques, vous attendent. »
Et elle en énumère quelques atouts : « C’est un bout de terre qui finit dans le port, agréable à vivre l’été, certes, mais aussi toute l’année, insiste-t-elle, notamment grâce à son vif tissu associatif. Avec une baie protégée des vents d’ouest, qui fait qu’on jalouse notre centre nautique… »
« On y trouve aussi des jardins exotiques avec des plantes rares ramenées par les marins et qui se plaisent dans notre doux climat, poursuit-elle. Ou encore des parcs ostréicoles avec des huîtres au goût différent selon qu’on les pêche à Tatihou ou dans La Hougue. »
Plaisancier et pêcheurs dans un même port
Correspondant depuis plus de trente ans pour Ouest-France dans le Val-de-Saire, Bruno Bonnemain ne dit pas autre chose. « C’est un des coins de la Manche qui n’est pas surpeuplé l’été et qui n’a pas subi de constructions susceptibles de dénaturer le site, se réjouit-il. C’est respecté, car la plupart des résidences secondaires ont vu se succéder plusieurs générations d’une même famille, et cette succession continue, notamment du côté de l’Anse du cul de loup. »
Pêcheurs et plaisanciers se partagent le même port depuis 1980. (Photo : Thomas Brégardis / Ouest-France)
Les jours de grande marée, les vagues font le spectacle à Saint-Vaast. (Photo : Marc Ollivier / Ouest-France)
Et Bruno parle avec passion du monde de la pêche qu’il aime côtoyer. « Un monde de taiseux, mais quand on a leur confiance les relations deviennent amicales. Saint-Vaast a d’ailleurs cette particularité d’accueillir, dans un même port, plaisanciers et pêcheurs, et tout ce petit monde cohabite bien depuis 1980. » 
Et un jour de tempête de vents d’ouest, si vous êtes dans la pointe Cotentin, il est un spectacle à ne surtout pas manquer. « La baie de Saint-Vaast-la-Hougue est le seul coin protégé pour les bateaux qui transitent en Manche, raconte Bruno. Et il n’est pas rare quand ça souffle fort, de voir 50, 60, même 70 bateaux de 100 à 300 mètres au mouillage face au port en attendant que le grain passe. C’est superbe ! »

mercredi 17 avril 2019

NOTRE DAME DE PARIS COMME VOUS NE L AVEZ JAMAIS VUE


LE DOSSIER DU JOUR

Un spectacle de désolation régnait ce mardi, après le terrible incendie qui a ravagé la cathédrale Notre-Dame de Paris. Des appels à contributions ont été lancés pour restaurer le monument historique, joyau de l’art gothique. Les cathédrales accompagnent l’histoire de France depuis près d’un millier d’années. Voici cinq questions sur ces majestueux édifices.
Quelle est la différence entre une cathédrale, une basilique ou une église ?
Si elles sont des lieux de culte, la cathédrale, la basilique et l’église ne désignent pas la même chose. Toutes trois sont des églises, c’est à dire un lieu de rassemblement des chrétiens. Le mot nous vient du terme grec ekklesia, soit « assemblée ».
Une cathédrale a la particularité d’être l’église principale du diocèse. Celle où est le siège de l’évêque. Voilà pourquoi elles sont bien souvent plus imposantes et richement décorées que l’église du quartier.
La basilique peut elle aussi être très imposante. Mais elle est dénommée ainsi par décision du Pape, car l’édifice a une histoire particulière. Des reliques y sont déposées, un pèlerinage a lieu dans cette église… Une basilique peut donc être une cathédrale. À noter que l’abbatiale est, elle, tout simplement l’église d’une abbaye.
Le feu, qui a pris dans les combles de Notre-Dame de Paris, a été maîtrisé dans la nuit par les pompiers. (Photo : Daniel Fouray / Ouest-France)
Quand a-t-on commencé à bâtir des cathédrales ?
Les majestueuses cathédrales gothiques que nous connaissons ont essentiellement été construites entre le XIIe et le XVIe siècle. On les trouve notamment dans le bassin parisien et en Picardie.
La cathédrale de Sens est souvent présentée comme la première cathédrale gothique de la chrétienté. Sa construction a débuté en 1130. Chartres, Noyon, Cambrai, Laon, Paris, Soissons, Bourges, Rouen, Reims… entre le milieu du XIIe et la fin du XIIIe siècle, d’imposants chantiers débutent toutes les décennies !
La construction de ces édifices, qui permettent aussi d’affirmer le pouvoir des villes, dure plusieurs dizaines d’années et mobilise des centaines d’ouvriers. À Beauvais, les travaux commencent en 1225. On y célèbre les premiers offices en 1260 !
La cathédrale de Sens, dont la construction a débuté en 1130, est souvent présentée comme la première cathédrale gothique de la chrétienté. (Photo : Manonhdl / Wikimédia / CC BY-SA 3.0)
Quelles sont les cathédrales remarquables de France aujourd’hui ?
Si Notre-Dame de Paris est au-dessus du lot notamment par sa valeur symbolique, d’autres cathédrales magnifiques parsèment l’Hexagone.
Au rayon des cathédrales qui peuvent se prévaloir d’un record, Beauvais possède un chœur de 48 mètres de haut, Rouen s’élève à 151 mètres de haut, Metz affiche 6 500 mètres carrés de vitraux (ce qui lui vaut le surnom de « Lanterne du Bon Dieu ») quand Amiens est la cathédrale la plus vaste de France. On pourrait mettre deux Notre-Dame de Paris dans ses 200 000 mètres cubes !
Parmi les édifices remarquables et remarqués (liste non exhaustive !), Albi se distingue par ses allures de forteresse à l’extérieur. Notre-Dame de Reims a une valeur historique inestimable : de nombreux rois de France ont été sacrés au milieu des 2 303 statues (encore un record !). Enfin, Notre-Dame de Strasbourg, qui a pour particularité d’avoir un clocher unique, est la deuxième plus visitée de France.
Notre-Dame de Reims et ses 2 303 statues ont été les témoins de nombreux sacres de rois de France. (Photo ; Joël Le Gall / Ouest-France)
Des cathédrales ont-elles déjà été détruites par le feu ?
Plusieurs cathédrales ont déjà subi les affres du feu, même si ce n’était pas « en mondovision » comme Notre-Dame de Paris. Par exemple, celle de Reims était en piètre état après les obus et incendies de la Première Guerre mondiale. Elle a été reconstruite en une vingtaine d’années.
En 1877, la toiture de la cathédrale de Metz prendra feu alors qu’on y tire… un feu d’artifice. Les travaux de reconstruction ont duré trente ans. La liste des édifices qui ont subi un incendie – même mineur – ou ont été détruits est longue. Certains n’ont pas été reconstruits.
En 1553, la présumée remarquable cathédrale de Thérouanne, dans le Pas-de-Calais, fut ainsi complètement rasée par les troupes de Charles Quint, comme toute la ville autour. Il n’en reste aujourd’hui plus rien.
La cathédrale de Metz a vu partir sa toiture en fumée en 1877 à cause d’un feu d’artifice. (Photo : Bava Alcide57 / Wikimédia / CC BY-SA 3.0)
Construit-on encore des cathédrales ?
Septembre 2015. À Créteil, la première cathédrale française du XXIe siècle est consacrée. Elle est bâtie sur l’ancienne église de Créteil, bâtie en 1978. On y trouve notamment un vitrail de 55 mètres.
Une allure résolument contemporaine, comme la cathédrale d’Évry, construite dans les années 1990 et seule cathédrale édifiée au XXe siècle en France. Car la fin des travaux de Notre-Dame-de-la-Treille à Lille en 1999 ne compte pas. Le chantier avait débuté en… 1854.
La cathédrale de Créteil, consacrée en septembre 2015

Notre-Dame de Paris, star de cinéma et de jeux vidéo

PAR MARIE MERDRIGNAC
ACTUALITÉ
Si l’émotion qui a envahi la France et le monde entier est si vive, devant les images de Notre-Dame de Paris en flammes, c’est parce que ses tours, ses gargouilles ou son parvis sont inscrits dans la culture populaire d’aujourd’hui. Du dessin animé de Walt Disney au jeu vidéo Assassin’s Creed, en passant par de nombreux films ou encore la fameuse comédie musicale, la majestueuse cathédrale est ancrée dans notre imaginaire collectif.
Les gargouilles qui scrutent Paris, Esmeralda qui danse sur le parvis de Notre-Dame, Quasimodo qui sonne les cloches, Amélie Poulain qui dépose un cierge à l’intérieur de la cathédrale… Notre-Dame est un monument de la culture populaire. La voir ravagée par les flammes ce lundi soir a fait se serrer le cœur des Français mais aussi du monde entier.
Avant la chute de la flèche de Notre-Dame de Paris, ce lundi. (Photo : Daniel Fouray / Ouest-France)
C’est à Victor Hugo que l’on doit le regain d’intérêt, au XIXe siècle, pour le monument construit aux XIIe et XIIIe siècles, qui était à l’époque pas vraiment entretenu et dans un état de décrépitude avancé.
Avec son chef-d’œuvre Notre-Dame de Paris, paru en 1831 (et qui est depuis ce mardi numéro un des ventes sur Amazon), le grand écrivain populaire sauve l’édifice détérioré par les révolutionnaires français. Car le succès du livre conduit le roi Louis Philippe Ier à décider de la rénovation de la cathédrale. Eugène Viollet-Le-Duc, architecte qui en est chargé, s’inspire largement de l’œuvre d’Hugo pour faire sculpter les 56 chimères qui ornent les galeries de Notre-Dame.
Du cinéma à Netflix
On les retrouve ces vampires, licornes et autres créatures dans le dessin animé des studios Walt Disney, en 1996, mais dans une version beaucoup plus enfantine. Oubliées les 56 créatures démoniaques, les gargouilles sont au nombre de trois (la Rocaille, la Volière et la Muraille) et elles sont plutôt sympathiques.
À leurs côtés, Quasimodo, ce sonneur de cloches bossu amoureux de la belle gitane Esmeralda, tout comme le terrifiant Frollo et le beau Phoebus…
Dans le film d’animation de Walt Disney, sorti en 1996, Quasimodo et les trois gargouilles, la Muraille, la Rocaille et la Volière. (Photo : Disney)
Le dessin animé a donné lieu à toute une déclinaison d’objets dérivés, comme ce coffret Polly Pocket. (Photo : capture d’écran eBay)
L’adaptation avait déplu aux descendants d’Hugo, peu ravis sans doute de voir fleurir les objets dérivés : des figurines offertes dans les menus Happy Meal de McDonalds, à la cathédrale et les personnages miniatures, dans un coffret Polly Pocket (qu’on trouve encore en vente sur eBay)… Dans une lettre ouverte publiée dans Libération, les arrière-arrière-petits-enfants de l’écrivain avaient dénoncé « le pillage Disney ».
Avant cette version pour les enfants, l’histoire avait été adaptée, pour la première fois en couleurs, par Jean Delannoy avec Jacques Prévert pour le scénario. Sorti en 1956, le film présentait un beau casting : Gina Lollobrigida en Esmeralda et Anthony Quinn en Quasimodo. Notre-Dame de Paris, sa nef, ses combles, ses toits et son parvis avaient été entièrement reconstitués dans un studio, à Boulogne, pour pouvoir accueillir les mille figurants pour les scènes de foule.
« Il est venu le temps des cathédrales » En 1998, nouvelle adaptation, cette fois-ci musicale. Luc Plamondon aux paroles, Richard Cocciante à la composition. Le succès est monstrueux. La comédie musicale Notre-Dame de Paris, inspirée aussi du roman de Victor Hugo, est jouée dans plus de 20 pays, adaptée en 9 langues, pour plus de 5 000 représentations ! Le spectacle a fêté ses vingt ans, en début d’année 2019.
La comédie musicale Notre-Dame de Paris, ici avec la nouvelle troupe. Elle tourne dans le monde entier depuis vingt ans. (Photo : Alessandro Dobici / archives Ouest-France)
Et on devrait découvrir bientôt une version contemporaine de l’histoire du fameux bossu : Idris Elba préparerait un film musical du roman pour la plateforme Netflix. L’acteur et producteur britannique devrait incarner Quasimodo. Netflix a promis une adaptation fidèle à la version d’Hugo (en tout cas davantage que le Disney), avec la mort du prêtre Frollo, d’Esmeralda et du bossu.
Mais Notre-Dame a aussi, et surtout, inspiré les cinéastes en tant que symbole de Paris. Même quand elle n’occupe pas une place centrale dans un film, on ne peut pas l’oublier : rappelez-vous, dans le film qui incarne tant Paris, Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain (2001) de Jean-Pierre Jeunet, la petite Amélie se rend chaque année à Notre-Dame, déposer un cierge pour « demander au ciel un petit frère ». Un jour, en sortant de la cathédrale, après quelques pas sur le parvis, une touriste saute du toit de l’édifice, tuant la mère de la jeune fille.
Grimper virtuellement sur la flèche de Notre-Dame
Ce lundi soir, le feu, qui a pris dans les combles du bâtiment, s’est propagé rapidement. Il ne reste plus rien de la charpente. La flèche de la cathédrale s’est effondrée sur elle-même. Mais on peut toujours visiter, virtuellement, le monument tel qu’il était avant les flammes. Dès hier soir, les adeptes de la série de jeux vidéoAssassin’s Creed rendaient hommage à Notre-Dame, rebranchant les consoles pour se promener dans la reconstitution magnifique réalisée pour Assassin’s Creed Unity, sorti en 2014, dont l’intrigue cette fois, se déroule en pleine Révolution française.
Deux ans de travail, dont quatorze mois intenses, et plus de 3 millions de polygones avaient été nécessaires aux designers d’Ubisoft pour développer cette réplique impressionnante du monument.
« Notre-Dame devient pratiquement un acteur du jeu, elle a plus d’impact. On l’a mise au cœur de l’histoire, en plus des personnages, parce que c’est une icône de Paris à l’image de la tour Eiffel », expliquait Caroline Miousse, level designer chez Ubisoft Montréal, responsable de la modélisation de la cathédrale.
« Il n’y a pas que les Français, on a tous envie de grimper en haut de Notre-Dame ! », s’enthousiasmait la level designer au moment de la sortie du jeu. Tout n’avait pas pu être reconstitué à l’identique, notamment les œuvres d’art à l’intérieur de la cathédrale qui étaient protégées, interdites à la reproduction. Mais l’architecture extérieure et intérieure de l’édifice est exactement la même.
Des milliers d’images, des documents historiques, des gravures d’époque, tout ce matériel avait servi à la designer et à Pascal Barriault, qui s’occupait des textures sur le jeu, pour recréer la cathédrale qui avait été pillée pendant la Révolution française, avant de servir d’entrepôt.
Notre-Dame de Paris dans le jeu vidéo Assassin’s Creed Unity. (Photo : Ubisoft)
Le résultat est bluffant : les joueurs peuvent courir sur la charpente de l’édifice, escalader jusqu’en haut la flèche de la cathédrale pour une vue de Paris à couper le souffle. Dans le jeu, la flèche est reproduite en pierre. Un « anachronisme », admettait la level designer. « Du temps de la Révolution elle était en bois et se dégradait fortement. Nous avons préféré garder la flèche actuelle, car c’est tellement long d’aller là-haut qu’on a pensé que le joueur aimerait mieux ça plutôt que de tomber sur une flèche cassée ! »
Une fois son travail terminé, Caroline Miousse était allée visiter la cathédrale, pour la première fois. « D’abord, je me suis dit : C’est tellement gros ! Puis j’ai eu l’impression de rentrer chez moi, il faut dire que je la connais tellement ! »