dimanche 2 novembre 2014

LA TOUSSAINT à SAINT PIERRE






L'église de l'assomption à Saint-Pierre



Eglise de Saint Pierre Martinique 

Avant sa destruction en 1902, l'église du Mouillage de Saint-Pierre était la cathédrale de la Martinique.On l'appelait la cathédrale Notre Dame du Bon Port en l'honneur de la Vierge des Marins. Elle a été construite en 1855, par les ingénieurs Scheffler et Robinet
Avant la cathédrale Notre-Dame-du-Bon-Port, se trouvait la petite église du Mouillage, de style néoclassique. Avant les travaux de restaurations et d'agrandissements, l'église du Mouillage était un édifice en croix latine , avec des bas-côtés de part et d'autre de l'abside qui se terminait en hémicycle. Les bas-côtés s'achevaient par des absidioles en hémicycle également alors que le transept était extrêmement saillant . Le sanctuaire était séparé des bas-côtés par des colonnes porteuses en bois d'ordre dorique. Les bas-côtés, la nef et le chœur étaient probablement voûtés. Nous pouvons supposer que les deux pièces annexes des bas-côtés servaient de sacristie et de presbytère. L'église était renforcée par des contreforts, particulièrement vers le clocher unique qui surmontait, le premier niveau. De plus un escalier précédait l'entrée principale de l'église.
Vers 1851, des travaux d'agrandissement de l'édifice devenu cathédrale sont envisagés. Les plans de la cathédrale furent dessinés par Scheffler, le chef de bataillon du Génie de la colonie Martinique et par Robinet le capitaine du Génie et le chef des Ponts et Chaussées de l'arrondissement de Saint-Pierre en 1855.

Le style architectural choisit par Scheffler, pour les travaux de la reconstruction de la cathédrale de Saint-Pierre est le néo-classicisme puisque l'église du Mouillage était déjà bâtie de cette manière.

D'abord simple édifice à nef unique avec deux chapelles latérales situées de part et d'autres du chœur, l'église du Mouillage était destinée à devenir une cathédrale en même temps que celle de Fort-Royal. C'est la raison pour laquelle les autorités envisagèrent de l'agrandir afin d'avoir un monument religieux digne de sa nouvelle fonction. Les plans d'agrandissements de l'église de Saint-Pierre et les devis, ont été adoptés en Conseil privé du 21 juillet 1854, alors que le gouverneur, après avoir inspecté l'église, trouvait qu'ils étaient mauvais et non satisfaisant. De plus, les devis étaient incomplets. Par conséquent celui-ci demanda à l'ingénieur Scheffler de modifier les plans, car il les considérait comme défectueux .

L'église du Mouillage sera par la suite fermée, aux environs du mois d'octobre de l'année 1854, par la décision du Conseil de la cathédrale pour permettre aux travaux d'agrandissements et de restaurations de débuter. Néanmoins la lenteur d'exécution des travaux poussa Monseigneur Etienne Le Herpeur à écrire une lettre au Ministre de la Marine et des Colonies pour lui rappeler que la cathédrale était fermée depuis plusieurs mois et qu'une population de 8000 âmes était privée de temple pour se réunir et prier. Par conséquent il demanda au Ministre des colonies que la partie neuve de l'édifice soit livrée au culte, car on peut y rassembler un grand nombre de fidèles. Dans la même lettre, il informa le Ministre qu'il avait ordonné à toutes les paroisses de la colonie de célébrer une messe pour remercier Dieu de la prise de Sébastopol, comme il lui avait demandé préalablement.
Cette requête avait beaucoup d'importance, car comme à Fort-De-France, la ferveur chrétienne animait la population Pierrotine. La religion y occupe une place importante puisque Saint-Pierre fut à la fin du XIXe siècle au cœur des luttes religieuses qui opposaient les laïques aux ecclésiastiques. Ces luttes commencèrent par la question de l'enseignement qui était entièrement aux mains des Jésuites et des Dominicains, puis elle s'étendit peu à peu à tous les terrains. L'anticléricalisme avait donc gagné progressivement la ville parallèlement à la Métropole. Pour le combattre, de nombreux journaux catholiques furent fondés dans la ville pour défendre les droits de l'Église. Dans le même temps d'autres journaux furent édités pour les attaquer .

Après avoir livré la partie neuve de l'église au culte conformément à la volonté de l'évêque, un affaissement de 36 centimètres se produisit ralentissant à nouveau, le bon déroulement des travaux. Par conséquent, le 14 juillet 1855, une commission supérieure présidée par Lagrange, l'ordonnateur de la Martinique, assisté par Borrassy conseiller privé, de Scheffler le chef de bataillon du Génie et de d'autres hauts dignitaires de l'île, fut nommée. Cette commission fut chargée de procéder à une enquête sur les causes qui ont déterminé l'affaissement qui s'est produit au point central de la toiture car cela peut compromettre la solidité de l'édifice. La commission fut donc autorisée à faire suspendre les travaux et même à interdire provisoirement l'accès de l'édifice si elle le jugeait nécessaire. C'est cette commission qui présenta plus tard les nouveaux plans, devis et cahiers de charges à l'évêque le Herpeur.

A la suite de l'accident survenu pendant l'exécution des travaux d'agrandissement de la cathédrale, la commission décida finalement de fermer l'église car l'état général de la charpente et des murs de la cathédrale, pouvait provoquer l'écroulement de tout le bâtiment. Dans ce cas, le directeur du Génie et des Ponts et Chaussées ne voulait pas prendre la responsabilité de laisser l'église ouverte. Les nouveaux plans et les nouveaux devis sont établis par Scheffler et Robinet, à la suite de l'examen de la charpente en bois par le gouverneur. Ils sont acceptés le 21 août 1855. Le devis estimatif de la nouvelle cathédrale s'élève donc à 100000 francs. De plus une somme de 11185,11 francs est allouée pour les frais imprévus. Ce nouveau plan prévoyait d'allonger les deux chapelles latérales jusqu'à la nef unique pour en faire des bas-côtés. L'expertise a été établie selon les prix de bases en vigueur et subira lors de l'exécution des travaux par la suite des surenchères

Les nouveaux plans et devis furent présentés par l'ordonnateur à l'évêque Le Herpeur, au mois de septembre 1855. Celui-ci donna sa complète approbation. Selon l'ordonnateur le plan était conforme aux données générales exposées, dans la délibération du Conseil privé du 21 août 1855.

En 1861 de nouveaux travaux de restaurations pour la façade principale de la cathédrale Notre-Dame du Bon Port, furent entrepris. La façade néo-classique fait place à une façade de style néo-baroque

De la cathédrale Notre-Dame du Bon Port à l'église de l'Assomption

Ensuite, A la destruction de la cathédrale par l'éruption de la Montagne Pelée le 8 mai 1902, l'édifice est détruit en grande partie. L'église perdit donc son titre de cathédrale définitivement, au profit de la cathédrale Saint-Louis de Fort-De-France.
Les 30000 habitants restés à cause du second tour du scrutin législatif périrent en particulier à cause d'une nuée ardente qui les a intoxiqué. De nombreuses personnes sont tuées à l'intérieur de la cathédrale et de l'église du Fort. Derrière l'ancienne cathédrale, se trouvent le cimetière et son ossuaire où furent rassemblées les dépouilles des victimes. La ville compta que deux survivants, Cyparis et Léon Compère.
Aux lendemains de la destruction de Saint-Pierre par le Mont Pelé, des gens venus des îles d'à côté et des communes voisines organisèrent un pillage systématique de la ville, sous le prétexte de retrouver leur famille . Ensuite un pillage officiel fut organisé par l'État français, qui se dépêcha de récupérer l'or et les numéraires des banques de Saint-Pierre. L'État français délégua donc une commission chargée de récupérer les bijoux se trouvant sur les cadavres, avec la promesse de les restituer aux familles des défunts, mais cela n'a pas été fait. Les gens viennent à Saint-Pierre pour récupérer des fontaines, chercher du marbre, s'attribuer des statues et s'emparer des canons.

L'Église elle-même participa à ce sac. En effet, elle fit disparaître le bourdon de la cathédrale qui se trouve aujourd'hui dans les caves du Vatican. Ensuite le maître-autel sculpté en marbre blanc, fut retrouvé à l'abandon dans les caves du musée de Cluny dans le cinquième arrondissement de Paris. En effet, épargné par l'éruption de 1902, l'autel qui a été classé aux Monuments Historiques en 1995, et qui se trouvait dans l'église du Mouillage depuis 1784, a été emporté en France après le cataclysme.

En 1939, le syndicat d'initiative de la ville de la Martinique fondé par l'écrivain Théodore Baude se charge de le rapatrier. Le prête de l'église du Mouillage refusa de le mettre à l'entrée de l'édifice, probablement par superstition. Il sera donc finalement relégué dans les jardins de la Mairie de Saint-Pierre. En 1962, il est remis aux pères Bénédictins lorsque l'évêché leur laissa l'ancien terrain du séminaire collège pour y édifier leur monastère. Il est alors placé dans la chapelle, mais il est amputé des deux éléments qui ornaient chacune de ses extrémités, et qui l'auraient rendu trop imposant pour l'édifice exigu. Seuls le bas-relief de l'antependium représentant la Cène, ainsi que les deux groupes de colonnes qui l'encadrent, subsistent encore.

Ensuite, la cité martyre tombe sur le coup de la loi du 15 février 1910 qui raya Saint-Pierre de la carte des communes de France et qui confia son territoire à la gestion de la commune voisine du Carbet. Cette loi a autorisé la commune receveuse à vendre le patrimoine de la commune supprimée, et à en garder le bénéfice qui se dégageait de la liquidation de cette dernière. Ainsi Saint-Pierre perdit en grande partie la richesse de son patrimoine archéologique. La ville ne renaîtra de ses cendres qu'après la première guerre mondiale malgré l'affluence des dons venus de toute part. Une vingtaine d'année plus tard la commune pansa ses plaies, et Victor Depaz fit reconstruire l'édifice, en prenant comme soubassement l'étage inférieur qui fut en partie épargné par la catastrophe.

La nouvelle église du Mouillage qui fut reconstruite par la volonté de Victor Depaz entre 1923 et 1924, lorsque Saint-Pierre redevint une commune, a repris en partie les caractéristiques de l'ancienne cathédrale. Cependant les colonnes qui ornaient les élévations extérieures ont été remplacées par des pilastres adossés. La façade principale actuelle est demeurée sobre comme celle de la cathédrale de Scheffler. Le décor intérieur de l'église actuelle nous donne une vague idée de celui de l'ancien édifice. La nef principale est précédée de deux statues polychromes adossées à de grands piliers, dont une représente Sainte-Thérèse de l'enfant Jésus ,vêtue d'un drapé marron avec une cape beige. L'autre statue représente probablement Saint-Pierre vêtu d'un drapé vert, avec les clefs du paradis. On peut trouver également une statue de Saint-Antoine de Padoue. La nef principale se termine en un cul de four, orné de colonnes doriques. Elle est séparée des bas côtés par des colonnes doriques. L'église du Mouillage a été rebaptisée récemment église de l'Assomption, ses vitraux ont été refait par l'artiste martiniquais d'art contemporain Victor Anicet , par le biais de l'atelier Simon Marq de Reims.

Les pierres de tailles de l'ancien édifice furent réutilisées également. Toutefois des roches volcaniques et de la brique furent rajoutées pour la maçonnerie
Le 7 mai 1980, la cathédrale Notre-Dame du Bon Port qui abrite la Vierge des Marins de la Garde, fut inscrite à l'inventaire des monuments historiques. Plus tardivement, par un arrêté du 16 mars 1995, l'église du Mouillage fut classée dans sa totalité y compris le parvis, les vitraux et les murs de clôture. Tandis que les ruines de l'église du Fort furent inscrites en 1988 à l'inventaire des monuments historiques. En définitive, l'ensemble de la ville est classé ville d'Art et d'Histoire en 1990, par la Caisse Nationale des Monuments Historiques. Par conséquent un vaste programme de restaurations et d'aménagements des sites est entrepris.


Enfin le bénitier en marbre blanc de la cathédrale de Saint-Pierre, se trouve encore aujourd'hui à l'intérieur de l'église Saint-Laurent du dixième arrondissement de Paris. En mai 2002, lors des fêtes de la Pentecôte et de la commémoration du centenaire de l'éruption de la Montagne Pelée, une délégation de treize paroissiens de Saint-Laurent dont huit Antillais, est partie à Saint-Pierre remettre symboliquement le bénitier relique de l'église du Mouillage, qui se trouvait être près de la porte du 119 bis de la rue du Faubourg Saint-Martin. A cette occasion la délégation a remis à la paroisse de Saint-Pierre une copie du bénitier relique scellant ainsi l'amitié entre les deux communautés. Ce geste symbolique fut célébré lors d'une messe solennelle à l'église du Mouillage, le 19 mai 2002. Cependant certaines personnes auraient souhaité que le vrai bénitier retrouve sa place initiale dans la cathédrale de Saint-Pierre, puisque le jour de l'éruption de nombreuses personnes périrent à l'intérieur de l'église.
Les cryptes du sanctuaire

Dans trois cryptes situées sous le sanctuaire, reposaient les corps des évêques décédés à Saint-Pierre, Monseigneur le Herpeur en 1858, Monseigneur Porchez en 1860 et Monseigneur Tanoux en 1899.

Toutefois à la fin du XIX es le corps de Monseigneur le Herpeur a été transféré à la cathédrale Saint-Louis de Fort-De-France.

L'orgue de la cathédrale Notre Dame du Bon Port

Après l'inauguration de la cathédrale de Saint-Pierre vers 1859, les autorités locales ont fait confectionner un orgue qui selon évêque Martin est réclamé par "la solennité des offices". Cet orgue devait être réalisé en trois ou quatre mois à Paris, et Monseigneur Martin voulait qu'il soit transporté sur le premier bâtiment de l'État qui devait partir à cette époque pour la colonie martiniquaise. Il écrivit directement à l'empereur Napoléon III , pour lui en demander la permission par une correspondance datée du 25 janvier 1859. L'évêque pensait qu'en faisant emporter l'orgue sur un navire de l'État, cela permettrait à la Fabrique, qui était très endettée de faire quelques économies. Nous ne savons pas si cette requête a été acceptée par Napoléon III.

 
mémoire d'histoire de l'art : Les cathédrales de la Martinique , soutenu en 2002 à Montpellier(Paul Valéry) N'goala Raymonde 
Cachot de Cyparis  Saint-Pierre Martinique
Ce petit cachot, fait d'épaisses pierres, résista au souffle dévastateur
du volcan, et sauva ainsi la vie de son occupant.
Après le drame, Louis Cyparis y resta enfermé 4 jours durant, sans manger ni boire, avant que les premiers secours ne le délivrent.
Il y eut un second survivant à Saint-Pierre, un cordonnier du nom de Léon Compère, mais son histoire fut moins médiatisée.


Saint-Pierre ne s'est jamais vraiment remise de ce drame. Juste après cette catastrophe, Fort-de-France, sa grande rivale, lui ravit presque logiquement, le titre de capitale économique et culturelle de l'île.
Aujourd'hui, Saint-Pierre périclite et ne compte pas plus de 5000 habitants.
Et, lorsque le soleil descend à l'horizon...


volcan Martinique Montagne Pelée
Le voici donc, ce fameux volcan martiniquais qui fit tant de victimes.
La Montagne Pelée, ou "la Pelée" comme on l'appelle parfois ici,
est le point culminant de la Martinique : 1397 mètres.


Au pied du volcan : Morne Rouge.
Cette petite ville de 5000 habitants est une arrière base quasi incontournable pour qui veut s'approcher du volcan.
Morne Rouge, située à 450 mètres d'altitude, est également la
commune la plus élevée de Martinique.


Tout comme Saint-Pierre, Morne Rouge a subi également les fureurs de la Montagne Pelée.
La coulée ardente, qui dévasta Saint-Pierre le 8 mai 1902, n'effleura que légèrement Morne Rouge. Mais, 3 mois plus tard, le 30 août 1902, une nouvelle explosion du volcan détruisit totalement la ville.
En hommage aux 1500 victimes de cette tragédie, une statue fut érigée dans le centre ville. Morne Rouge est une ville plutôt morne (bien qu'un morne soit en réalité une petite colline d'origine volcanique) !

Le patrimoine de martinique raconté aux enfants

Le patrimoine de martinique raconté aux enfants
le patrimoine de la Martinique raconté aux enfants Vous trouverez des images de la Martinique, des articles, des vidéos de la musique et mes créations. Bonne visite aux enfants et aux grands curieux de découvrir une petite île aux milles et une facettes.