1553 : restauration (longère nord) de l'église Saint
Jacques du Bourg.
En 1554 : création du Parlement de Bretagne qui s'installe à Rennes (c'est
une cour politico-juridique).
1583 : restauration de l'église Saint Jacques du
Bourg.
En 1587, Perros est partiellement pillée par des
pirates anglais.
En 1588 commence une nouvelle période de trouble pour le Royaume de France et
le Duché de Bretagne avec les guerres de la Ligue (1588 - 1598). Le Roi de
France Henri III est considéré comme étant trop conciliant avec les protestants
par le très catholique Henri de Guise. Henri de Guise s'opposera à Henri de
Navarre, chef protestant et futur Roi de France. Le Duc de Mercoeur est alors
Gouverneur de Bretagne et époux de la Duchesse de Penthièvre : il prend le parti
de Henri de Guise et se rebelle contre Henri III, plus tard il refusera de
reconnaître Henri IV même après la conversion au catholicisme de celui-ci. Il
s'alliera aux Espagnol dans l'espoir à la faveur de ces troubles de pouvoir
recréer un Duché de Bretagne dont il serait le Duc. Perros comme tout le Trégor
sauf Tréguier prit le parti de Mercoeur et de Guise.
Pour tous les habitants du Trégor ce fut une période difficile où ils virent
alternativement les armées des deux camps traverser et piller les villages.
Cette guerre eut par contre des conséquences
importantes pour Ploumanac'h. Dans le château de Castel Braz (contre la plage de
la Bastille) s'était installée une bande de soldats de Henri IV qui se livraient
au pillage dans la région. Henri IV souhaita y mettre fin et des officiers du
Maréchal d'Aumont qui était chargé de mettre de l'ordre en Bretagne et de
chasser les Espagnols de la presqu'île de Crozon prirent le château en 1594 :
certains soldats pillards furent pendus, les autres se rendirent et le château
fut rasé. Cet évènement marque le déclin de Ploumanac'h où il ne restera bientôt
plus que quelques petites chaumières.
A cette période troublée sur le plan politique succéda une autre période de
malheurs avec une épidémie de peste dans la région de Perros qui durera de 1600
à 1635.
1622 : érection du calvaire de Kroaz ar Skin en haut
de la côte du Bourg vers Tres Traou : l'intérêt principal de calvaire, outre son
ancienneté, est l'inscription encore lisible autour du socle avec la graphie
PENROS : "Y MENARD PRD PENROS 1622" (PRD : prêtre).
En 1663, Colbert fonde la Compagnie des Indes et crée un port qu'on appellera
le port de l'Orient, devenu Lorient en français (mais toujours An Oriant en
breton).
La fin du XVIIème siècle et le début du XVIIIème siècle sous le règne du Roi
Louis XIV furent aussi difficiles pour les populations avec des mauvaises
récoltes pendant plusieurs décennies en raison de ce que l'on appelle le "petit
âge glaciaire" qui s'étendra de 1659 à 1720.
C'est à cette période que furent construits les
clochers de l'église du Bourg et celui de la chapelle de La Clarté (on dit que
les pierres de Castel Braz ont été utilisées à La Clarté).
La deuxième partie du XVIIIème siècle verra en Bretagne la Révolte des
Bonnets Rouges (1675) en réaction à l'augmentation insupportable de la
pression fiscale, mais Perros ne participera pas à ces événements.
A cette époque les Anglais sont les maîtres de la Manche et leurs corsaires
pillent nos navires marchands (il est vrai que nos corsaires malouins se
défendaient bien aussi dans cette activité).
Pour
protéger la rade de Perros, qui était très utilisée pour s'abriter en cas de
mauvais temps par les navires marchands, Vauban peut-être songea à fortifier les
Sept Îles (il étudia aussi les possibilités de la rade de Perros pour y
installer un port de guerre). En tout cas ce qui est sûr, c'est que son
disciple, Garangeau, réalisa la construction du fort de l'Île aux Moines à
partir de 1740.
Sous Louis XV, le Duc d'Aiguillon est
Lieutenant-Général de Bretagne. Il avait un faible particulier pour une jeune et
belle meunière du moulin de Pont Couennec et le Manoir de Pont Couennec aurait
abrité leurs amours : le Duc, afin de faciliter ses nombreux déplacements à
Perros, fit refaire la route de Lannion à Perros auparavant de qualité fort
médiocre ! L'amélioration de la desserte de Perros doit donc beaucoup à cette
jeune et belle Fanchon ...
Perros avait à cette époque avant la Révolution trois
Seigneuries : Pont Couennec donc (la construction remonte à 1473)
Crec'h
Guegan près du Bois d'Amour au-dessus de La Rade
et la Salle aux Chevaliers dans
la montée de la côte de Landerval reliant La Rade au Bourg.
(A Pont Couennec, on
peut aussi encore apercevoir le portail de la Chapelle Saint Samson, détruite en
1866, reprise dans le mur d'un bâtiment).
La Révolution se passa sans troubles particuliers à
Perros qui élit son premier maire, Yves Allain en 1790. La commune de Perros
sera choisie comme Chef-lieu de Canton. Le curé de Perros, Jean-Marie Le Lay
sera réfractaire et se réfugiera avec le soutien de la population aux Sept Îles.
Il reviendra en 1801
En 1795, le "Neptune" fait naufrage entre Thomé et la
Pointe du Château, faisant une cinquantaine de victimes.
Le début du XIXème voit le développement d'une nouvelle culture qui va
transformer la vie de la pauvre paysannerie bretonne : la pomme de terre (la
patate, pato en breton, comme on l'appelle communément). De 1800 à 1850 cette
culture se développera considérablement et permettra une amélioration de
l'alimentation de la population.
En 1835, le phare de l'Île aux Moines est achevé : il
signale aux navires le point le plus nord de la Bretagne qui, avec ses îles et
récifs a causé la perte de dizaines de navires.
La Rade de Perros est alors la plus importante pour la
relâche des côtes de la Manche : les navires de pêche, de commerce ou de guerre
viennent y relâcher ou se mettre à l'abri des mauvais temps en grand nombre ;
plusieurs milliers de bateaux par an la fréquentent (malgré le danger des
nombreux récifs aux abords des chenaux d'accès qui seront cause de nombreuses
avaries et de beaucoup de naufrages).
1843 : restauration de la tour de l'église Saint
Jacques du bourg.
1857 : le chemin de fer atteint Rennes.
Le Fort des Sept Îles est abandonné en 1875 ; deux
fermiers tenteront quelques années de vivre sur l'île mais
renonceront.
En 1873, les
travaux d'aménagement du port de La Rade avancent lentement (on construit les
môles que l'on voit encore aujourd'hui) ; auparavant il n'y avait qu'un échouage
naturel ce qui rendait les déchargements difficiles avec la vase.
L'activité du port consiste en une pêche côtière
(Perros n'armera jamais pour la Grande Pêche à Terre-Neuve ou en Islande) et en
un trafic commercial de cabotage ou vers Cardiff, Plymouth : charbon dans un
sens, bois pour les mines, bétails, pomme de terre, primeurs dans l'autre
sens.
Plus tard, en 1888, on construira la digue du Lenkin
pour créer un bassin de chasse : le bassin du Lenquin était vidé à chaque marée
afin d'évacuer les vases du port. (Lenquin, devenu Linquin aujourd'hui, est la
francisation de Lenn Squin, l'étang de l'"échine" c'est-à-dire l'étang du cordon
littoral : le Skin est la flèche naturelle de sable qui sera renforcée et
prolongée par le môle ouest du port. A Louannec en face, ces deux mots bretons
sont encore en usage : on parle du Lenn pour l'étang et du Squin pour le
cordon).
Enfin plus récemment, il y a une trentaine d'années,
la digue du bassin et l'écluse seront réalisées pour créer le port à flot. Le
bassin du Linquin perdra son rôle de bassin de chasse et deviendra un plan d'eau
de loisir.
En 1881, le chemin de fer arrive à Lannion ; il sera
prolongé jusqu'à Perros en 1906 (la petite ligne de Lannion à Perros sera
supprimée en 1945). La gare est toujours visible sur l'esplanade du Linkin
devenue lieu de rendez-vous des joueurs de pétanque.
Il faut alors 15 heures de voyage pour venir de Paris,
mais cela n'effraie pas les premiers estivants : il fallait plusieurs jours
auparavant pour venir en diligence et plusieurs jours aussi avec les premières
voitures ...
Le développement de Perros suit le chemin de fer avec
l'ouverture à La Rade de l'Hôtel de Paris, de l'Hôtel des Bains, de l'Hôtel du
Levant et, initiative osée, par Joseph Le Bihan de l'Hôtel de la Plage à Tres
Traou en 1886 : Tres Traou est alors quasi déserte (une ferme, une villa) et peu
accessible même si le chemin du Bourg de Perros à La Clarté et à Ploumanac'h la
longe (le tracé aujourd'hui goudronné est resté le même).
De 1884 à la veille de sa mort en 1892, Ernest Renan
habita à Rozmapamon, propriété qui domine Le Lenn en Louannec (au-dessus du
camping). (Rozmapamon signifie la lande du fils Hamon).
En 1893, un ingénieur polonais, Bruno Abdank
Abakanowicz entame la construction du château de Costaeres (déformation de Koz
Seherez, la vieille sécherie : on y séchait les poissons pour la
conservation).
En 1895, la Compagnie du Grand Hôtel de Perros-Guirec
(qui sera l'Hôtel de Trestrignel face à la Plage) et la Société Civile des
Terrains de Trestrignel sont fondées. Tous les terrains, achetés auparavant par
Monsieur du Pré de Saint-Maur, sont lotis.
Monsieur de Saint-Maur construira pour lui-même la
villa de Beg ar Hastel sur l'isthme aplani de la Pointe du Château (Beg ou Pen
ar Hastel en breton) : la villa sera détruite par les Allemands pendant la
guerre de 39-45. Le peintre Maurice Denis achètera la villa "Silencio" propriété
auparavant de l'actrice connue Mlle Josset qui construira alors Frou Frou (qui
domine le point d'observation au bord de la Corniche à l'ouest de Tres Trignel).
Mlle Josset achètera également le Château du Hédrou en 1899 pour en faire un
Hôtel Casino (le succès ne fut pas au rendez-vous et elle le revendit quelques
années plus tard). C'est aujourd'hui une colonie de vacances de la Poste /
France Télécom (Hédrou est une déformation du nom du chemin qui descend depuis
les hauteurs de la rue Pierre Le Goffic jusqu'à la grève "Hent Draou", chemin du
vallon. Le petit hameau aux jolies vieilles maisons au toits de tuiles en haut
du chemin au bord de la rue Pierre Le Goffic s'appelait autrefois "Ker Hent
Draou Huellan" : le village du haut du chemin du vallon).
En 1900, Monsieur Sorel de Paris achète l'Île Tomé à
leur propriétaire, deux demoiselles. L'île appartient aujourd'hui à la Commune
de Perros.
Tomé, qui s'appelait autrefois Tavéac, ne
fait pas partie de l'archipel des Sept Îles (Tomé est le nom d'un de ses
propriétaires au XIXème siècle).
Au début du XIXème et au début du XXème siècle, une
petite ferme y était exploitée avec 6 vaches, des moutons et un peu de sarrazin.
Le problème était l'absence d'eau douce hors la récupération des eaux de
pluie.
En 1900, le Bourg et La Rade restent encore deux
agglomérations très distinctes, La Rade étant nettement plus importante. En
outre le Bourg, minoritaire, catholique et conservateur, s'oppose très
violemment au Port, républicain et anticlérical. A noter que la Gendarmerie, la
Douane, la Poste, les Hôtels, les principaux commerces ... sont à La Rade. Le
Bourg détient la Mairie, l'Église, le Cimetière et quelques commerces. En 1901,
Perros passera la barre des 3000 habitants pour près de 8000
aujourd'hui.
En 1903, Monsieur Delestre (le père de l'auteur des
ouvrages sur Perros) loue les Sept Îles pour dix ans à l'État : M Delestre
jouera un rôle actif pour s'opposer aux chasses au Calculot sur les terres qu'il
a en location.
1912 : ouverture de la route de la Corniche qui relie
le Linquin via les Arcades au Bourg en passant par la "Tranchée au-dessus de
Tres Trignel. Cette route sera prolongée jusqu'à Trébeurden. Ces travaux
routiers sont pour l'époque remarquables par leur importance (la création de
nouvelles routes est une chose exceptionnelle).
La guerre de 1914-1918 ravagera la Bretagne qui comptera énormément de
morts : plus de 250 000 Bretons seront tués à la guerre ! Perros comptera 131 morts. C'est
proportionnellement beaucoup plus que dans tout le reste de la France.
Il suffit de regarder les longues listes sur nos Monuments aux Morts. Les
soldats bretons, dont la plupart ne parlaient pas le français, ont été envoyés
au front comme chair à canon. Dans pratiquement chaque famille bretonne, il y
eut un mort, voire plusieurs. La Bretagne et les Bretons restent encore marqués
par cette tragédie et cette discrimination dont ils ont souffert.
Perros verra ses hôtels transformés en Hôpitaux ou
Maisons de Convalescence pour les nombreux blessés revenant du
front.
1923 : création du drapeau breton, le
"Gwenn
ha Du" (le Blanc et Noir) à côté des armoiries traditionnelles
historiques.
Le développement du tourisme reprendra entre les deux
guerres (on ne parle pas à cette époque de touristes mais d'estivants ; (ce
terme est toujours employé par les anciens). La seconde guerre mondiale stoppera
à nouveau ce développement.
Durant la guerre, les ports bretons seront sévèrement touchés : les ports et
villes de Saint-Malo, Brest, Lorient, Saint-Nazaire seront entièrement détruits.
La Résistance d'autre part sera particulièrement active en Bretagne.
Perros, comme toutes les zones stratégiques fut
particulièrement surveillée par les Allemands qui pouvaient craindre un
débarquement dans la baie de Perros ou sur les plages de la région. Tous les 500
mètres environs des blockhaus furent construits ; la Pointe du Château fut
creusée de part en part pour défendre l'entrée de la baie et le rivage de la
baie était encombré de chevaux de frises afin d'interdire l'accostage de
navires. Ces barres de béton étaient encore visibles dans le secteur des arcades
jusqu'aux années 1980 où elles furent réunies pour renforcer la pointe du Craon
("l'aiguille" en breton / elle est aussi souvent orthographiée C'hraou) qui
protège l'avant port.
Perros participera aussi "par les ondes"radio au
Débarquement : le signal codé pour déclencher le soulèvement de la résistance
bretonne au moment du Débarquement était : " le chapeau de Napoléon " (rocher
en forme de chapeau qui domine le côté droit de la plage Saint-Guirec ) " est-il
toujours à Perros-Guirec?". Vous pourrez le voir (mais de loin, il est dans une
propriété privée de la famille de Gustave Eiffel) : il est toujours à Perros-Guirec ...
En 1961, près de Perros, à Pleumeur-Bodou, la première
liaison de télévision par satellite est réalisée entre les USA et le Radôme
!
En 1967, le pétrolier TORREY CANYON coule près des
Îles Scilly au large de la Cornouailles britannique ; la Côte de Granit Rose
sera dramatiquement souillée et beaucoup d'oiseaux mourront dans cette
catastrophe écologique.
En 1969, Création du Parc Naturel Régional d'Armorique.
En 1978, nouvelle marée noire sur les côtes du Léon et
du Trégor avec le naufrage de L'AMOCO CADIZ sur les Roches de Portsall au Nord
Finistère.
En 1980, le Tanio coulera à son tour provoquant une
nouvelle pollution !
1990 : les Côtes-du-Nord changent de nom après une longue polémique et de
nombreuses démarches et deviennent les Côtes d'Armor.
Nota : on lira avec intérêt concernant la préhistoire et l'histoire de
Perros l'ouvrage de Claude BERGER et Françoise RACINE
"DU
CÔTÉ DE PERROS"
La Tilv éditeur, collection Recherches & Documents.
A lire également les ouvrages de Pierre Delestre :
PERROS-GUIREC 1900 et D'UN MONDE A L'AUTRE.