PERROS GUIREC SE SOUVIENT...
Aujourd'hui une messe était célébrée par le Père Le Rétif en l'Eglise Saint-Jacques de Perros-Guirec pour la commémoration du 45ème anniversaire de la mort du Général de Gaulle, l'ensemble de la communauté "gaulliste" était présente et fervente à son évocation
Testament du général de Gaulle, rédigé le 16 janvier 1952
Le Testament contenant les dernières volontés de Charles de Gaulle aurait été rédigé le 16 janvier 1952. Le Général de Gaulle en avait remis un des trois exemplaires à Georges Pompidou, qui détenait le n°1 reproduit ci-dessous. Sur l'enveloppe, ces simples mots : "Pour mes obsèques"
"Je veux que mes obsèques aient lieu à Colombey-les-Deux-Eglises. Si je meurs ailleurs, il faudra transporter mon corps chez moi, sans la moindre cérémonie publique.
Ma tombe sera celle où repose déjà ma fille Anne et où, un jour reposera ma femme. Inscription : Charles de Gaulle (1890-….). Rien d’autre.
La cérémonie sera réglée par mon fils, ma fille, mon gendre, ma belle-fille, aidés par mon cabinet, de telle sorte qu'elle soit extrêmement simple. Je ne veux pas d'obsèques nationales. Ni président, ni ministres, ni bureaux d'assemblées, ni corps constitués. Seules, les Armées françaises pourront participer officiellement, en tant que telles ; mais leur participation devra être de dimension très modeste, sans musiques, ni fanfares, ni sonneries.
Aucun discours ne devra être prononcé, ni à l’Église ni ailleurs. Pas d'oraison funèbre au Parlement. Aucun emplacement réservé pendant la cérémonie, sinon à ma famille, à mes Compagnons membres de l'ordre de la Libération, au Conseil municipal de Colombey. Les hommes et femmes de France et d'autres pays du monde pourront, s'ils le désirent, faire à ma mémoire l’honneur d'accompagner mon corps jusque sa dernière demeure. Mais c'est dans le silence que je souhaite qu'il y soit conduit. Je déclare refuser d'avance toute distinction, promotion, dignité, citation, décoration, qu'elle soit française ou étrangère. Si l'une quelconque m'était décernée, ce serait en violation de mes dernières volontés."
Charles de Gaulle est mort il y a quarante-cinq ans.
Êtes-vous incollable sur ce qu'il a dit ?
Quarante-cinq ans après la mort du général de Gaulle - le lundi 9 novembre 1970 à Colombey-les-Deux-Églises (Haute-Marne) - sa pensée marque toujours la vie politique française. Voici vingt citations. Saurez-vous reconnaître celles qui ont été vraiment prononcées par de Gaulle ? « Le gouvernement n’a pas de propositions à faire, mais des ordres à donner. » Est-ce une phrase prononcée par de Gaulle ou non ? « Une pomme par jour éloigne le médecin, pourvu que l’on vise bien », est-ce une phrase qu'a lancée de Gaulle ou Churchill ?
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En 1970, le général de Gaulle cessait de vivre. Chaque Française et chaque Français ressentaient cette perte comme un deuil personnel.
Quelle tristesse de voir s'éteindre cette lumière, quel vide que le silence de cette grande voix, quelle angoisse pour l'avenir !
Tels sont les sentiments exprimés par les phrases inscrites sur les registres mis à la disposition des Françaises et des Français à Paris et en province. Il s'agit ci-dessous d'une analyse succincte réalisée par Mme Liliane Princet qui a bien voulu les trier et les classer.
La France vient du fond des âges. Aujourd'hui cette France s'appelle de Gaulle.
De qui est cette citation ? Ne cherchez pas. Elle est consignée par un citoyen de l'Indre dans l'un des livres d'or ouverts pour recueillir les condoléances à la mort du général de Gaulle, l'un parmi les centaines provenant de tous les départements français et de 104 pays étrangers.
Ces gros registres occupent six mètres de rayonnage sur cinq niveaux. Il n'est donc pas question de faire ici un commentaire exhaustif des témoignages car, si la moitié environ ne comporte que l'expression des condoléances ou la signature, l'autre constitue une étonnante radioscopie des mentalités françaises à l'égard du Général. Il faudrait un ordinateur auquel confier l'intégralité des citations à examiner afin d'en établir scientifiquement la portée. A défaut, quelques remarques s'imposent concernant la France.
Tous les thèmes traités dans l'importante bibliographie consacrée au général de Gaulle sont ici représentés en formules lapidaires :
En 40 vous fûtes notre seul espoir, en 58 notre seul recours, en 70 notre grand chagrin
ou apparaissent en filigrane. Tous, y compris ceux qui rendent hommage à l'homme de lettres :
En hommage au soldat, à l'homme politique et à l’écrivain
au réformiste social :
A l'homme qui a recherché la participation de l'ouvrier à la direction du travail pour sa dignité
au « rassembleur » :
Charles de Gaulle nous a montré que l'histoire de France s'écrit avec tous les Françaisau sage, œuvrant pour la paix du monde.
Cependant un thème l'emporte de loin sur tous les autres : celui du Libérateur, de l'homme de juin 40 au chef de la Résistance :
Notre étoile du berger dans la brume de 40.
A celui qui dans les heures sombres fut notre lumière.
Pas d'emphase, mais une émotion contenue :
Charles de Gaulle, nous vous avons attendu quatre ans, quatre longues années.
Dans l'angoisse des nuits de l'Occupation, l'homme de Gaulle s'élève au niveau du symbole :
A 20 ans j'ai écrit ton nom sur les murs de mon village.
Sur les murs des prisons, nous tracions ton signe, symbole d'espérance (ici était tracé le symbole de la France Libre : une croix de Lorraine au centre d'un V)... notre modèle au service de la France.
Des mots sont privilégiés : fierté, dignité, honneur :
Avec vous, mon général, nous étions fiers d'être Français.
Hommage au Libérateur, celui qui nous a rendu la fierté, la dignité d'être Français.
Grâce à lui, nous avons aujourd'hui le droit de nous appeler Français.
Les jeunes sont sensibles à l'honneur recouvré, à l'héritage reconstitué, à l'originalité d'une démarche exemplaire :Il nous a permis, à nous les jeunes de l'après-guerre, de ne pas rougir de nos aînés.
Les jeunes n'oublieront pas le grand homme de l'Histoire que vous êtes.
Même absent pour toujours, vous êtes l'avenir.
La diversité des écritures recouvre la profonde diversité des origines sociales : une coupe stratigraphique du peuple français où se manifestent toutefois en majorité les « petites gens ». A feuilleter ces albums, l'on voit passer le cortège silencieux qui remonta les Champs-Elysées dans la soirée du 12 novembre 1970. C'est la même qualité de sincérité, la même foule hétérogène et pourtant une dans la communion.
Aucun ordre arbitraire, aucune hiérarchie, mais un brassage éloquent de professions, de générations, de niveaux culturels. Les clivages traditionnels sont abolis, dépassés. Seule la cellule familiale reste une structure vivante ; le grand déchirement des années de guerre s'est estompé :Dans ma famille le général de Gaulle faisait partie de nous-mêmes.
La mort de notre chef vénéré apporte le deuil dans mon foyer.
Les signataires précisent : Ma famille et moi La famille XX...
ou encore, sous la phrase rédigée par le chef de famille, chacun vient signer en indiquant son nom, et son âge s'il s'agit d'enfants ou de vieillards, comme pour bien souligner qu'il n'y a pas de limite d'âge pour honorer le Général. La mort n'est pas davantage un obstacle puisque les défunts s'expriment par procuration :
Je signe au nom de mon grand-père, ancien combattant, décédé il y a trois ans.
Je m'exprime pour moi-même et pour ma mère décédée...
Il résulte de cette liberté une grande spontanéité. Tout contribue à la sincérité de l'émotion, la familiarité :
Vous n'êtes pas mort, notre grand.
Adieu, mon grand Charles,
la naïveté
Avec tout mon grand chagrin (V... 11 ans).
Mon général, papa m'a appris à vous aimer. Je l'apprendrai à mes enfants qui l'apprendront aux leurs. Ainsi pour l'éternité,
voire la maladresse :Veuve XX avec bien du chagrin.
Le général de Gaulle restera cloué dans nos mémoires.
Une lecture prolongée de ces cahiers donne l'impression de parcourir les ex-votos des églises et cathédrales de bord de mer où les marins viennent remercier la Vierge ou leur ange gardien de leur protection. Ce sont en fait les remerciements, la reconnaissance qui dominent, et l'hommage, avant les condoléances et le chagrin :
Merci pour la France... Merci pour nos enfants...
En reconnaissance de nous avoir donné l'espoir...
En hommage...
Merci, mon général...
Merci, M. de Gaulle...
... jusqu'à l'éloquent :
Merci seulement au général de Gaulle d'avoir existé.
C'est que ces documents se situent à la charnière de l'Histoire et de la Légende. D'un côté, celui qui a entendu et compris la morale de l'effort qui sous-tend la démarche du Général :A l'homme qui faisait grandir les autres hommes en leur demandant toujours le meilleur d'eux-mêmes
de l'autre, celui qui décerne à l'homme providentiel un brevet d'infaillibilité :
A celui qui a toujours fait ce qu'il y avait à faire.
En deçà, le FFL louant son chef :
l'âme de notre combat pour la Libération.
Au-delà, la dimension héroïque :
Ouvrons la Bible ; évoquons Moïse et nous concevrons mieux la vie prestigieuse et prodigieuse de Charles de Gaulle.
Général de Gaulle, un homme comme vous ne meurt pas !
Il a rejoint tout naturellement le Panthéon des grands hommes qui ont forgé la France.Il prend place dans la mémoire collective des Français, côtoyant Richelieu ou Clemenceau, devenu l'époux mystique qui nous a redonné l'Alsace et la Lorraine.
Dernier avatar du Général, l'intercesseur :
Mon général, veillez sur nous du haut du ciel.
Dans notre société industrielle en voie de déchristianisation, l'intrusion du surnaturel paraît incongrue.
Là-haut où Jeanne d'Arc t'a accueilli, protège-nous !
A vrai dire, c'est plus une façon de nier l'absence qu'une manifestation magique :
En votre éternité, mon général, aimez- nous encore.
La vraie dimension magique, c'est en Afrique noire qu'elle s'exprime (1). Nos concitoyens sont plus à l'aise dans l'expression poétique. Aussi, pour clore ce survol des livres d'or signés lors des obsèques du général de Gaulle, livrerai-je à votre méditation cette phrase d'un habitant de Châlons-sur-Marne :
Si grande sera l'ombre de votre souvenir que chaque Français pourra toujours s’y rafraîchir.
(1) On lira avec profit l'article de Jacques Binet consacré à « Un personnage historique et ses réincarnations en Afrique centrale », Espoir n°8, décembre 1974.