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lundi 19 juin 2023

Alors Bret ou pas Bret ?

 

Alors Bret ou pas Bret ?

Rédaction Web
trajectoire possible de Bret

Le National Hurricane Center (NHC) a classé l'ancien Invest 92L en dépression tropicale ce lundi 19 juin 2023. Ces dernières heures les modèles tendent à trouver un concensus pour une trajectoire plus ouest, mais avec un phénomène moins intense. En tout état de cause, il y aura bien un cyclone nommé Bret dans les prochaines heures.

mercredi 14 septembre 2022

bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes par Jean-François Champollion.

 

La pierre de Rosette à Londres (Angleterre), le 26 juillet 2022
Il y a 200 ans, Jean-François Champollion annonçait avoir réussi à traduire les hiéroglyphes, une réussite due notamment à la découverte de la pierre de Rosette en Égypte 20 ans auparavant.



“L’aventure Champollion. Dans le secret des hiéroglyphes”

Cette année, à l’occasion du bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes, l’Égypte antique sera partout dans les musées. À la BnF, une merveilleuse exposition reconstitue l’aventure intellectuelle de Champollion, chercheur et érudit infatigable.


Robbie Shone / Robbie Shone/Te


rra Mater

Cette année, à l’occasion du bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes, l’Égypte antique sera partout dans les musées. Le Louvre consacre notamment une exposition à la dynastie oubliée des pharaons noirs.

Si l’on en croit Auguste Mariette (1821-1881), premier directeur du service des Antiquités en Égypte, « le canard égyptien est un animal dangereux ». Il suffirait d’un coup de bec et « vous voilà égyptologue pour la vie ». Cet oiseau sacré dans l’Égypte antique a effectivement fait d’heureuses victimes scientifiques. À commencer par les quelque cent soixante savants et artistes embarqués par Bonaparte lors de son expédition égyptienne, de 1798 à 1801. Les dessins des monuments qu’ils y ont réalisés donnèrent lieu à une imposante Description de l’Égypte, riche de milliers d’illustrations, éditée en 1810. De quoi inspirer les futurs égyptologues à se lancer dans l’aventure.

Depuis, l’émotion n’a cessé d’être au rendez-vous. De sa visite, de nuit, du temple ptolémaïque de Dendara, dans la vallée du Nil, en 1828-1829, Jean-François Champollion (1790-1832) écrivait à son frère : « Nous y restâmes deux heures en extase, courant dans les grandes salles avec notre pauvre falot, et cherchant à lire les inscriptions extérieures au clair de lune »… En 1850, Auguste Mariette découvrit avec enthousiasme les cent quarante et un sphinx du Sérapéum de Saqqarah (la nécropole du dieu-taureau Apis, située en Basse-Égypte). Mais une mise à jour le bouleversa plus encore : la trace de pieds nus, visible sur le sable d’une chambre mortuaire. Il y a quelques années, Marc Gabolde, spécialiste de Toutânkhamon, apposa, lui, sa main sur celle d’un ouvrier figée dans le plâtre entre deux blocs il y a 3 300 ans. « J’avais la même main que l’Égyptien ! » nous confia-t-il.



Lot

En 2022, Figeac célèbrera le bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes par Jean-François Champollion

De nombreux rendez-vous sont prévus en 2022 à Figeac pour célébrer le bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes par Jean-François Champollion.

Depuis la Pierre de Rosette, place des Écritures, les élus du Grand Figeac évoquent le projet Eurêka prévu en 2022. pour célébrer le bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes par Jean-François Champollion.
Depuis la Pierre de Rosette, place des Écritures, les élus du Grand Figeac évoquent le projet Eurêka prévu en 2022. pour célébrer le bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes par Jean-François Champollion. (©S. C.)

Pour célébrer le bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes par Jean-François Champollion, l’opération « Euréka ! Champollion Figeac 2022 » sera menée entre avril et septembre 2022 à Figeac et sur tout le territoire.

De nombreuses animations sont au programme.

Un hommage à l’égyptologue figeacois

Mercredi 19 mai 2021, au Musée Champollion – les Écritures du monde, élus locaux et intervenants culturels ont dévoilé les esquisses de ce projet d’envergure, organisé autour de la célébration du bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes par Jean-François Champollion.

14 septembre 1822, après dix ans de recherches, l’égyptologue figeacois venait de décrypter l’écriture des anciens égyptiens. 200 ans après, Figeac, sa ville natale, souhaite rendre hommage à celui qui a ouvert la voie à la compréhension d’une des plus grandes civilisations de l’Antiquité. Au vu de l’importance de ce déchiffrement dans l’avancée des sciences et de la notoriété de Jean-François Champollion, plusieurs acteurs culturels et artistiques de la Ville et du Grand Figeac (musée, service du patrimoine, cinéma, médiathèques, spectacle vivant, office de tourisme, associations,…) ont choisi de travailler collectivement pour offrir au public une programmation d’envergure, appelée « Euréka ! Champollion Figeac 2022 ».

L’événement va se dérouler sur six mois, d’avril à septembre 2022, avec au programme expositions, visites théâtralisées, grande fête de l’égyptologie, art contemporain, cinéma, spectacles, rencontres, escape game (jeux de piste), concerts... organisés sur le bassin de vie du Grand Figeac. Ces rendez-vous s’adressent à un large public (local, scientifiques, touristes, familles, jeunes…) avec l’ambition de placer Figeac au cœur de l’actualité culturelle en 2022.

La célèbre Pierre de Rosette

Champollion a découvert le secret des hiéroglyphes en étudiant la célèbre Pierre de Rosette, dont une reproduction agrandie trône sur la Place des Écritures (œuvre de J. Kossuth). Elle est devenue un symbole de la Ville de Figeac, explique son maire, André Mellinger. « Sur les hiéroglyphes, les visiteurs oublient que cette Pierre de Rosette est une copie et que la vraie se trouve au British Museum. C’est devenu un symbole de la ville. D’où l’idée d’utiliser ce bicentenaire pour faire un événement majeur sur Figeac. Le Grand Figeac s’empare de cette opportunité locale afin de lui donner une dimension plus importante. »

Hélène Lacipière, vice-présidente du Grand Figeac et élue municipale déléguée à la culture et au patrimoine, revient sur l’étendue de l’événement. « L’idée, c’est de travailler dans toutes les directions possibles, qu’elles soient éducatives, culturelles, économiques… dans le souhait qu’Eurêka apporte une lumière sur le territoire. C’est à la fois une caution scientifique, plus une pluralité de spectacles et rendez-vous. »

Vincent Labarthe, président du Grand Figeac, note qu’« il y a une dynamique économique autour de cette découverte. Il est intéressant de faire venir des intervenants extérieurs, scientifiques, qui vont s’imprégner de ce territoire, de ces savoirs. Ce sont des sujets qui me semblent fondamentaux ».

Quelques esquisses d’animations, thématiques, et autres projets pédagogiques sont abordées par les intervenants. La programmation complète de l’événement doit être dévoilée début 2022.

SÉBASTIEN CASSES

L’obélisque de Louxor fait peau neuve à Paris

La restauration du célèbre monument de la place de la Concorde, cadeau de l’Égypte à la France, est réalisée pour le bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes par Jean-François Champollion.

Son granit rose va « retrouver tout son éclat ». L’obélisque de Louxor, qui trône au centre de la place de la Concorde à Paris, « demeure dans un bon état général », assure la Direction régionale des affaires culturelles (Drac). Mais « altéré en surface par la pollution et la météo », le plus ancien monument de la capitale « méritait » un bon nettoyage en cette année du bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes par Jean-François Champollion.

La restauration du monolithe de 23 mètres taillé à Assouan (Égypte) sous le règne de Ramsès II au XIIIe siècle avant Jésus-Christ, désormais enserré dans un large échafaudage recouvert d’une bâche, va tout juste débuter. Elle est préparée depuis des mois avec le mécène Kärcher, entreprise célèbre pour ses nettoyeurs haute pression, mais aussi habituée aux opérations patrimoniales.

Nettoyage par microsablage

L’obélisque de Louxor, offert par l’Égypte à la France, a été érigé sur la place de la Concorde, au cœur de Paris, en 1836. Le monolithe, haut de 23 mètres pour quelque 222 tonnes, a été taillé dans le granit rose d’Assouan au XIIIe siècle avant notre ère, sous le règne du pharaon Ramsès II. Il est couvert de hiéroglyphes sur ses quatre faces. | DANIEL FOURAY / OUEST-FRANCE

Sous l’œil attentif de l’architecte en chef François Chatillon, elle suivra des « protocoles stricts validés » par le laboratoire de recherches des monuments historiques du ministère de la Culture. Pour l’obélisque lui-même, « on va d’abord consolider des parties fragiles en injectant un produit (silicate d’éthyle), explique Laurent Roturier, directeur de la Drac Ile-de-France. Cela pour éviter qu’elles ne tombent lors du nettoyage par microsablage, c’est-à-dire par l’envoi de particules de sable à basse pression ».



Une technique « douce permettant d’enlever les salissures sans abîmer la pierre », précise-t-il, ajoutant qu’une fissure à la base du fût quadrangulaire, qui « existe depuis l’origine reste toujours sous surveillance mais n’évolue pas ». Le pyramidion en tôle de bronze laminé et doré à la feuille d’or qui coiffe le monument depuis seulement 1998 « sera juste nettoyé à l’éponge ». Et de la vapeur d’eau sera utilisée pour le piédestal, réalisé avec du granit issu des carrières de l’Aber-Ildut (Finistère). Le chantier doit durer environ six mois.

Des hiéroglyphes « très travaillés »

Vincent Rondot, le directeur du département des antiquités égyptiennes au Louvre examine de près des hiéroglyphes de l’obélisque de granit rose qui fait être entièrement restauré. | PHILIPPE MIRKOVIC / OUEST-FRANCE



L’ensemble va « s’éclaircir de manière assez spectaculaire », note Isabelle Morin-Loutrel, conservatrice générale du patrimoine à la Drac, qui peut examiner de près, sur une plateforme de l’échafaudage, les « hiéroglyphes très travaillés » ornant les quatre faces de l’obélisque. Apparaissent « des détails très fins », invisibles depuis le sol : plumages d’oiseaux, le visage des personnages, plis de leurs vêtements, etc. Un « travail remarquable », relève également Vincent Rondot, directeur du département des antiquités égyptiennes au musée du Louvre.





On peut voir sur le sommet du monolithe des représentations de Ramsès II « faisant une offrande à Amon-Ré, le roi des dieux, coiffé d’une couronne à mortier surmontée de deux hautes plumes verticales », détaille un égyptologue, évoquant aussi des inscriptions sur le monument : « La justice de Ré (le soleil) est puissante ». Et encore « Je te donne le bonheur parfait ». Ou « je te donne la santé parfaite ».

« Messages incantatoires à la glorification du souverain »

Détails de hiéroglyphes sur l’obélisque de la Concorde. | PHILIPPE MIRKOVIC / OUEST-FRANCE

« Un obélisque est destiné par définition à porter des messages incantatoires à la glorification du souverain, ici Ramsès II, et des dieux du temple où il est installé, explique Vincent Rondot. C’est par cette glorification que le souverain est capable d’honorer les dieux. De remplir son rôle de seul prêtre de l’Égypte. Il les honore et ce faisant il protège le monde, poursuit-il. On est dans une civilisation polythéiste qui fait que le panthéon divin irrigue tout le monde sensible. Il n’y a rien qui ne soit divin, y compris les hiéroglyphes. C’est pourquoi ils sont si perfectionnés. »





Le monolithe de 222 tonnes s’élevait au côté d’un autre, toujours en place, devant l’entrée du temple d’Amon à Louxor, sur les bords du Nil. Les deux avaient été offerts à la France en 1830 par le vice-roi d’Égypte, Méhémet Ali, en remerciement des travaux du spécialiste des langues anciennes, Jean-François Champollion.

Plus de deux années, avec la construction d’un bateau spécialement conçu, ont été nécessaires pour ramener le seul obélisque qui rejoindra Paris en 1833, la France n’ayant renoncé officiellement qu’en 1981 à prendre possession du deuxième. Il est érigé en grande pompe au centre de l’immense place entre Champs-Élysées et jardin des Tuileries, comme le souhaitait le roi Louis-Philippe, le 25 octobre 1836. Quelque 200 000 parisiens assistent alors à la spectaculaire opération, racontée par des gravures dorées sur le piédestal du monument.


Le pyramidion qui coiffe l’obélisque de Louxor est recouvert de feuilles d’or. | PHILIPPE MIRKOVIC / OUEST-FRANCE

LES GRANDS ARCHÉOLOGUES AU MOYEN-ORIENT  - Auguste Mariette, un archéologue au service de l'Égypte

 
Portrait posthume d'Auguste Mariette par Florent-Pascal Buret (détail). Benoît Touchard / RMN-GP / Agence photo de la RMN-GP
 

Auguste Mariette était de Boulogne-sur-Mer, mais sa vraie vie, il la mena en Égypte. Moins connu que Champollion, l'archéologue contribuera de manière tout aussi essentielle et déterminante à la connaissance de l'Égypte antique. Débarqué à Saqqara en 1850, il mène des fouilles clandestines – sans autorisation de sa hiérarchie ou des autorités locales – pour découvrir des tombeaux et d'autres choses extraordinaires. Des années durant, il creuse, fouille et déniche des milliers d'objets antiques. Cyrille Louis vous raconte sa vie et les traces qu'il a laissées en Égypte où il meurt et repose aujourd'hui.






samedi 12 septembre 2020

12 SEPTEMBRE MAUDIT...







JEAN
Tu étais mon phare dans la nuit
Tu étais mon roc dans la vie


Le jour où tu as disparu, le 12 septembre 2019, c’est comme si j’avais été précipitée d’une falaise dans la mer…

Une haute falaise, avec une petite plage inaccessible à ses pieds. La mer est violente même par beau temps. C’est la mer de mes émotions.
Mon premier réflexe, un geste de survie, c’est de te voir nager autant que tu le peux vers le rivage, à contre-courant, malgré la force des vagues, jour et nuit…mais c’est moi qui ai sombré tandis que tu étais emporté au large…
Voici un an maintenant que c’est moi qui « nage », espérant toujours pouvoir rejoindre la plage, la falaise de mon passé.
Une petite voix en moi commence à perdre l’espoir, je suis fatiguée de lutter contre ces courants violents.
Je suis seule au milieu de la tempête
Et le mirage s’éloigne petit à petit…
Je suis impuissante devant la force de la vie.
Malgré moi, elle m’emporte
Je dois quitter des yeux l’image de notre bonheur passé, de ma vie « d’avant »
Il n’y a rien à faire, je suis emportée, épuisée par cette lutte
Je lâche prise, contrainte et forcée
Obligée malgré moi de laisser s'éloigner le territoire du passé
Pour aller où ?
Vers quelle nouvelle terre invisible et peut-être inexistante ?
Les jours semblent des semaines, les semaines des mois et les mois des années
Pourtant c’était hier, il y a un an, le 12 septembre 2019, un jeudi midi
Moi aussi ce jour-là c’est comme si j’étais tombée dans la mer
Du haut d’une falaise

Tu me manques, mon phare, mon roc, mon continent

Tu as disparu

J’en rêve encore

Un jour, un rocher va émerger devant moi…
Un tout petit rocher
J’y grimperai
Il n’y a pas encore beaucoup de vie mais je pourrai m’y poser et m'y reposer quelques instants.
Les vagues m’obligeront à quitter ce point de repos
Jusqu’au rocher suivant, un peu plus grand
La mer m’emportera chaque fois un peu plus loin de mon passé
Un matin, debout sur le dernier rocher, il me semblera apercevoir un îlot
C’est un petit bout d’île,
C’est le début d’un archipel,
C’est la pointe d’un nouveau continent
Un continent inconnu, qui accueillera une naufragée de la vie
Une inconnue
En chemin j’aurai perdu des certitudes, de la confiance, des soi-disant amis et trouvé de nouveaux, inattendus, surprenants, formidables nouveaux amis...
J’aurai trouvé une certaine philosophie, un autre ordre du monde, ô combien fragiles 

Enfin j’arriverai sur une plage vierge
Et je recommencerai à (re)vivre






vendredi 11 septembre 2020

11 septembre

soixante-huit ans 

ou "La Mémoire et la Mer" 

à Blue Anchor ...

P1200181bisMerci à tous pour vos bons souhaits d'anniversaire ! 
P1200180La marée, je l'ai dans le cœur qui me remonte comme un signe. Je meurs de ma petite sœur, de mon enfance et de mon cygne. Un bateau, ça dépend comment on l'arrime au port de justesse. Il pleure de mon firmament des années lumières et j'en laisse. Je suis le fantôme Jersey celui qui vient les soirs de frime te lancer la brume en baiser et te ramasser dans ses rimes comme le trémail de juillet où luisait le loup solitaire. Celui que je voyais briller aux doigts de sable de la terre.
P1200183bisRappelle-toi ce chien de mer que nous libérions sur parole et qui gueule dans le désert des goémons de nécropole.
P1200184bisJe suis sûre que la vie est là avec ses poumons de flanelle quand il pleure de ces temps-là, le froid tout gris qui nous appelle.
P1200185Je me souviens des soirs là-bas et des sprints gagnés sur l'écume. Cette bave des chevaux ras, au ras des rocs qui se consument.  Ô l'ange des plaisirs perdus. Ô rumeurs d'une autre habitude. Mes désirs dès lors ne sont plus qu'un chagrin de ma solitude.
P1200185terEt le diable des soirs conquis avec ses pâleurs de rescousse. Et le squale des paradis dans le milieu mouillé de mousse.
P1200187bisReviens fille verte des fjords. Reviens violon des violonades. Dans le port fanfarent les cors pour le retour des camarades.
P1200188terÔ parfum rare des salants dans le poivre feu des gerçures. Quand j'allais, géométrisant mon âme au creux de ta blessure, dans le désordre de ton cul poissé dans des draps d'aube fine.
P1200190terJe voyais un vitrail de plus, et toi fille verte, mon spleen.
P1200193bisLes coquillages figurant sous les sunlights cassés liquides, jouent de la castagnette tant qu'on dirait l'Espagne livide.
P1200198bisDieux de granit, ayez pitié de leur vocation de parure, quand le couteau vient s'immiscer dans leur castagnette figure.
P1200105Et je voyais ce qu'on presse quand en pressant l'entrevoyure entre les persiennes du sang et que les globules figurent une mathématique bleue, sur cette mer jamais étale d'où me remonte peu à peu cette mémoire des étoiles.
P1200106Cette rumeur qui vient de là, sous l'arc copain où je m'aveugle. Ces mains qui me font du fla-fla, ces mains ruminantes qui meuglent.
P1200126quaterCette rumeur me suit longtemps comme un mendiant sous l'anathème, comme l'ombre qui perd son temps à dessiner mon théorème.
P1200127terEt sous mon maquillage roux s'en vient battre comme une porte cette rumeur qui va debout dans la rue aux musiques mortes.
P1200128bisC'est fini la mer c'est fini. Sur la plage le sable bêle comme des moutons d'infini... Quand la mer bergère m'appelle.
P1200129bisTexte et musique sont de Ferré. Ce texte émminemment poétique tient dans le répertoire de Léo Ferré une juste place à côté des poèmes de Baudelaire, Rimbaud, Aragon ... On ignore la véritable nature d'un poème. La poésie est d'abord et surtout dans la musique des mots.
P1200130bisParue sur le volume 1 de l'album "Amour Anarchie" (1970),  La Mémoire et la Mer est une chanson emblématique de Léo Ferré, considérée souvent comme l'une de ses chansons les plus mystérieuses et fascinantes.
P1200131bisCe texte est considéré à juste titre comme étant difficile à comprendre. En effet, l'écriture de Ferré fait ici appel à des images complexes et à des éléments autobiographiques que l'artiste imbrique dans un fil d'Ariane difficile à suivre pour le profane. Mais Dieu que c'est joli et troublant ce balancement des mots ...
P1200132terDans ce poème, le lyrisme de Ferré atteint la maestria et sa versification est empreinte d'une grande rigueur. L'artiste se sert d'une palette marine pour établir, tout au long de la chanson, des parallèles entre la vie portuaire et insulaire et ses propres souvenirs. 
P1200138bisCette chanson éblouissante de sensualité nous raconte le rivage breton mais c'est aussi un chant d'amour déchirant. Dans un double sens filant, Léo Ferré emmêle la mer envoutante et l'amour impudique et pourtant mystique, conjuguant le mystère de la chair à celui de la mer dans chaque image.
P1200139On entend dans la musique des mots, le déferlement des vagues bien sûr, mais aussi la complainte d'amour d'une femme, et de leur écho mutuel émerge une mémoire organique et originelle de la Vie, une mémoire matricielle que Ferré contemple du haut de ses années, avec mélancolie, comme le fruit de sa jeunesse, les réminiscences chimériques de son existence. 
P1200142La mer est omniprésente dans le texte, comme une déchirure, comme pour rappeler ces marins fatigués, aux mains et aux lèvres gercées mais qui reviennent heureusement à bon port. Pour eux aussi, la mer, nourricière, est une matrice comme le ventre d'un femme. Cette mise en parallèle persiste tout au long du poème.
P1200143Pour comprendre le sens primaire, quelques bribes d'explication ... Un "trémail" est un filet de pêche. Le "loup solitaire" est un poisson autrement nommé "bar" qu'un jour Ferré a pêché ou a vu être pêché puis ce poisson a été rejeté à la mer. Son texte fait allusion au "Fort du Guesclin", bâtisse située sur une minuscule ile au large des côtes bretonnes dont il a fait l'acquisition en 1959. Léo Ferré plante donc le décor d'une partie de pêche où est capturé un bar, dont les écailles sont brillantes par la magie de l'éclat lunaire.
P1200145Le fantôme Jersey est un phénomène naturel, une ligne brumeuse que l'on aperçoit au lointain quand on se trouve sur l'île Du Guesclin, et qui laisse à penser qu'il s'agit là d'une émanation fantômatique de l'île anglo-normande qu'est Jersey. 
P1200165La "mathématique bleue" est peut-être le tableau des horaires des marées affiché devant les plages sur un fond bleu tellement typique des côtes françaises. Mais certains pensent que "mathématique bleue","mémoire des étoiles"et"théorème" font référence à Pythagore qui avait une philosophie basée sur l'universalité, l'harmonie des sphères et les mystères. Ici Ferré nous montre une mer qui ne se définit pas à la seule perception humaine que nous pouvons en avoir. Il nous fait ressentir la mer comme faisant partie de quelque chose de bien plus vaste, comme un élément naturel d'où la Vie est apparue un jour, un corps vivant du Cosmos : la mer qui donne la vie comme la mère qui donne la vie.
P1200168C'est l'exemple type du texte "Ferréien" qu'on dit hermétique, parce qu'il comporte plusieurs niveaux de compréhension, dont certains ne sont accessibles qu'avec les clés biographiques de la vie de l'artiste, d'autres avec la simple sensibilité poétique qui nous conduit de rime en rime, de ligne en ligne, de mot en mot. Le rattachement de mots qui ne font pas toujours sens, fait en effet appel à une mémoire. Cette écriture imagée, évocatrice, intègre notre propre mémoire, met en mouvement des reminiscences. La mer fonctionne comme une mémoire, par réminiscence.  En cela, au sens littéral, c'est la plus émouvante chanson de Ferré. Son testament poétique, énigmatique ... Lui-même a dit un jour, que cette chanson (ou ce poème) ne pouvait être compris que par lui-même ou quelqu'un de très proche, qu'il s'agissait d'un rébus avec des clefs biographiques.
P1200176bisPersonnellement, bien qu'ayant lu assez récemment le roman autobiographique de Léo Ferré (paru en 1970, "Benoît Misère"), je n'ai aucune envie d'aller plus avant dans le décryptage de "La mémoire et la mer". Nul besoin de faire de la chirurgie littéraire, aussi l'énigme et le mystère seront pour moi à jamais des composantes intrinsèques de la beauté de ce poème.
P1200178bis"La mémoire et la mer" a été maintes fois reprise. De nombreux artistes l'ont interprétée, avec plus ou moins de bonheur. 
Citons 
Catherine Lara,






 Catherine Ribeiro, 





Christiane Courvoisier






Renée Claude, 







Ann Gaytan, 




Camélia Jordana, 





Annick Cisaruk, 




Ute Lemper, 




Mônica Passos (cette dernière étant remarquable, je vais y revenir). 



Citons aussi Bernard Lavilliers, 




Michel Jonasz, 





Ian Dayeur 




et l'extrêmement touchante version parlée de Philippe Léotard. 


Selon Wikipédia, cette chanson occupe la septième place d'un palmarès de chansons établi en 2012 par 276 artistes contemporains de la variété francophone et 69 critiques.
P1200179L'interprétation que je préfère est, de loin et haut la main, celle de Monica Passos, dont je n'avais jamais entendu parler jusqu'à la rédaction de ce billet. Fabuleuse découverte ! Pour l'expression, on trouve un phrasé impeccable, une sonorité gutturale des "r" qui fait opportunément son effet, en faisant glisser un souffe rauque et virtuose sur les mots "cette bave des chevaux ras, au ras des rocs qui se consument". Pour la musique, étonnante, une rumba froufroutante, virevoltante, carrément inattendue, fait cascader les mots sur l'auditoire "du haut des cimes où l'âme se tient, la tragédie n'est plus" (Nietzsche). La version de Monica Passos est à la fois suave et dansante, un goût sucré, non plutôt doux-amer. Sa revisite de Ferré m'enchante ...
Selon Paul Guimard, éditeur du seul roman autobiographique de Léo Ferré, "après avoir lu ce livre, on n'entend plus beaucoup de chansons de Léo Ferré tout à fait de la même oreille parce qu'on sait davantage d'où elles viennent". 
Retour à la version originale, tragique et torturée mais inoubliable, de Léo Ferré, avec cette voix qui lui vient des tripes et nous arrache les nôtres, "la marée, je l'ai dans le coeur ..."
L'analagie entre la mémoire et la mer se retrouve fréquemment en littérature, non sans raison ...
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