Nous avons poursuivi notre traversée vers l'est, souvent contre le vent mais aussi en tirant des bords de près. Nous laissons derrière nous l'île dominicaine de Saona et entamons notre première nuit de navigation au bon plein. Cette soirée sera émaillée par un incident difficile à vivre qui fera l'objet d'un article ultérieur. Le lendemain, les côtes de Puerto Rico sont en vue et nous décidons de faire escale dans l'illégalité la plus totale puisque nous ne disposons pas des indispensablesVisas US qui font des USA un pays plus fermé que la Corée du Nord. Bien nous en prit car nous avons mouillé à deux reprises, dans des Cayos déserts et bien sympathiques, pour se reposer d'une traversée parfois éprouvante. Nous décidons de continuer à jouer notre chance crânement et procédons de la même façon aux îles Vierges Espagnoles, également sous tutelle US. Nous poussons même la provocation jusqu'à prendre une bouée sur l'île de Culeibra, destinée à la plongée. Nous n'avons jamais respecté la zone d'exclusion de 3 miles. A part les messages déplaisants des garde-côtes qui ne nous étaient pas adressés sur le 16 de la VHF, nous n'avons rencontré ni costguard, ni marine en hélicoptère... De toute façon, ces règles sont ineptes et donc inacceptables. A bon entendeur... La navigatiuon a été longue malgré ces chouettes escales, moitié à la voile exclusivement, moitié avec l'appui d'un moteur sur des allures de près trop serré.
vendredi 29 avril 2011
Les Caraïbes, ce n'est pas que des eaux transparentes, des palmiers et des langoustes
Partis
de l'île de Saona en République Dominicaine vers Porto Rico, nous entamons une
de nos plus longues navigations. Vers 20h00, à environ 40km des côtes
dominicaines, nous entendons des cris épouvantables sur notre arrière, dans une
nuit d'encre.
La
mer est agitée, les enfants regardent un film, nous pensons même que les cris
proviennent de la bande originale .
Lorsque
Luc braque le spot, nous découvrons avec horreur une vingtaine d’hommes noirs chargés sur une barque
minuscule à peine motorisée criant tous en même temps à l’aide en
espagnol.
Aucune
lumière ne signale ce bateau dans notre périmètre de
navigation.
Le
temps de ralentir le voilier et de comprendre la situation, ils se cramponnent,
tantôt à l’avant, tantôt à l’arrière de notre bateau en marche; nous manquons à
plusieurs reprises de les renverser.
Manifestement
accompagnés d’un passeur, ils sont apeurés par la houle qui les ballote dans
tous les sens.
Ils
ne parlent pas anglais mais nous comprenons qu’ils n’ont finalement besoin de
rien, pas de problème médical, pas besoin d’essence, …
Par
cette mer agitée, sur une embarcation plus que rudimentaire, nous craignons pour
leur vie et appelons sur 16 via VHF
(numéro d'urgence), les bateaux aux alentours en leur détaillant la situation.
Ni les 2 gros paquebots de croisière à portée de vue, ni les gardes côtes de
République Dominicaine n’ont daigné
répondre à notre appel d’urgence. Tout le monde reste sourd face à cette
détresse humaine qu’il est sans doute plus facile
d’ignorer.
Nous
sommes seuls en pleine mer avec eux, ils continuent à crier et tentent de se
rapprocher de notre bateau jusqu’au moment où ils commencent à s’agripper pour
monter.
Qu’adviendra-t-il
s’ils montent tous à bord ? s’ils nous
menacent, voire pire encore ?
Que
risquons-nous à transporter des immigrés sur le territoire
américain ?
Nous
bordons les voiles et partons vers le large craignant pour notre
sécurité.
Nous
ne sommes pas capables de gérer une telle situation sur notre petit
bateau.
En
outre, leur demande n'allait apparemment pas dans ce sens.
Bien
sûr, nous ne savons pas s’ils sont
arrivés au large des côtes américaines de Puerto Rico, ont-ils fait demi-tour
tentant leur chance une prochaine fois profitant d’une météo plus
clémente ?
Peut-être
ne sont-ils jamais arrivés ?
Nous
en reparlerons...