Honneur et Patrie était la devise de la France libre, et il n’y a rien d’étonnant qu’elle soit reprise dans le texte qui a soulevé la colère vengeresse de ceux qui nous gouvernent.
Dans le processus d’inversion des valeurs qui est en train de tuer notre pays, nos dirigeants récidivent. Ils opposent un légalisme surjoué pour cacher la légitimité de la mise en garde. La France est en chute libre dans de nombreux domaines. Son « Président » cultive la repentance et participe ainsi à l’entreprise de déconstruction de l’Histoire destinée à ôter aux Français la fierté de leur passé et la conscience de leur identité. La dénonciation d’un antiracisme à sens unique qui éveille les tensions communautaires, celle d’un islamisme virulent et conquérant qui soustrait des quartiers à la République, sont des cris du cœur, l’expression d’indignations partagées par une multitude de Français.
S’il ne s’agissait pas du patriotisme affirmé par des militaires mais d’une lubie écologiste ou d’une protestation communautaire, on parlerait de « lanceurs d’alerte », mais ceux-ci sont du mauvais côté de la rue. Sans doute, derrière le constat, il y a la critique « des louvoiements et des silences » de ceux qui nous gouvernent. Mais les soldats sont-ils condamnés au silence ? On peut penser, au contraire, qu’ils ont davantage le droit à la parole que beaucoup d’autres parce qu’ils ont offert leur vie au pays et qu’ils sont en première ligne dans sa défense face aux menaces qui montent. Les militaires sont des citoyens à part entière, et même plus citoyens que d’autres en raison de leur engagement au service de la cité, de la nation.
La réponse de la gauche, et du pouvoir qui rappelle ainsi son véritable ancrage, est scandaleuse. « Factieux », ose le clown Mélenchon. Des ministres évoquent le putsch manqué de 1961 et disent entendre des bruits de bottes. Il n’y a rien dans le texte, pourtant, qui exprime une menace pour la légalité, si ce n’est celle qui viendrait de la partition du pays et de la montée du séparatisme, et sur laquelle les militaires veulent attirer l’attention.
L’appel des militaires est donc légitime et ne menace nullement la légalité. En revanche, c’est la légitimité des réactions de nos « ministres » qui est en cause. De quel droit stigmatisent-ils les auteurs d’un rappel salutaire ? L’appartenance à l’oligarchie de connivence confère-t-elle une légitimité illimitée ? La carrière est le maître mot de leur vie, une vie sans risque, d’une famille bourgeoise à de grandes écoles, puis à une enfilade de cabinets ministériels et d’entreprises, en alternance, sans crainte du chômage et avec de somptueux revenus assurés. Tout cela est-il justifié ?
De quel droit une carriériste socialiste comme Mme Parly interdirait-elle à des soldats de s’exprimer ? Certes, la gauche de la IIIe République ne leur donnait pas le droit de vote. Mais est-il acceptable que celui qui fait plus pour le pays y ait moins de droits ? Mme Pannier-Runacher, coutumière des dérapages d’une énarque qui s’imagine sans doute propriétaire de la République, sans même avoir été élue, ose parler de militaires en charentaises. Pour celle qui a entamé une carrière entre couveuse ministérielle et pantouflage en entreprise, le mot devient un boomerang.
Les réactions politiciennes sont dérisoires. Les menaces de sanctions sont, en revanche, insupportables. Elles sont formulées avec plus de rigueur que lorsque l’on vise des loubards, avec le même discours mécanique de la « condamnation avec fermeté » après une attaque de policiers par une horde de banlieue. L’appel lancé par des militaires était responsable et respectable. La réponse du pouvoir que la France subit est irresponsable et méprisable. Est-il normal que, dans un pays, ceux qui ne prennent aucun risque, fût-ce celui d’une élection, à défaut de celui de perdre sa vie, ou de couler avec son entreprise, stigmatisent ceux dont le risque vital est l’axe de leur métier, de leur vocation ?