Iles du Venezuela (suite 2) : Les Roques
L’ARCHIPEL DES ROQUES
Le 24 juillet, départ de Tortugas le soir à 7 heures : 90 miles nous séparent des Roques. Poussé par un alizé de sud-est bien établi, la moitié de la route était faite à minuit. Yves prend le 3ème ris dans ma grand-voile pour me ralentir. Mais rien n’y fait : à 6 heures du matin, les Roques sont en vue.
A 7 heures, il y a assez de lumière pour s’engager dans la passe. Le manque de précision des cartes et les décalages en latitude et longitude font que la navigation aux instruments est remplacée par la navigation à vue. Il faut donc que le soleil soit suffisamment haut pour distinguer les hauts fonds.
Les
Roques sont un archipel corallien formant un rectangle de 40 km sur 25.
Nous allons visiter les îles du nord et de l’est pendant presque un
mois. Au retour des Aves, nous naviguerons dans l’ouest de l’archipel.
Aussitôt
après la passe, nous faisons une première escale à Cayo Madrisqui et
Yves rejoint tout de suite sa couchette : il n’a pas beaucoup dormi
pendant la nuit.
Le mouillage est calme et moi, je me sèche des embruns de la nuit.
GRAN ROQUE
En fin d’après-midi, nous allons à Gran Roque qui se trouve à 1 mile dans l’Est. C’est la seule « ville » de l’archipel.
Je suis sur mon ancre à 100 mètres de la plage.
Tous les jours, les lanchas passent et repassent sans jamais ralentir. Elles transportent aussi bien des marchandises que des passagers.
Le matin et le soir, des avions me rasent les étraves. Ailleurs, les vaches regardent passer les trains ; ici les bateaux regardent passer les avions. Il faut dire que le tourisme est l’activité principale des Roques.
Le passage des avions ne donne aucun complexe aux oiseaux qui n’interrompent pas leurs repas au passage des oiseaux d’aluminium.
Visite des garde-côtes : il y a bien entendu des formalités à accomplir (pas grave) et des taxes à payer (moins drôle).
Un tour en ville qui n’a rien d’une ville : pas de feu rouge, pas de voiture, pas de mobylette, pas de bitume ni de trottoir.
Bien qu’il n’y ait pas de trottoir, il y a de l’ombre de chaque côté de la rue.
Sur l’île, tous les transports de marchandises et de bagages se font avec des diables.
Déchargement de fruits et légumes : le lanchero a placé son bateau là où il y a de l’ombre sur la plage. Le travail des dockers sera moins pénible.
Gran Roque est la seule île de l’archipel dont l’altitude est supérieure à 3 mètres. Elle a donc un phare en activité. Celui-ci a été construit il y a plusieurs siècles par les hollandais : il est à la retraite.
La cote au vent : elle est battue par les vagues …
… L’autre cote est plus douce et c’est là que se trouve la piste d’aviation.
FRANCISQUI
nous quittons Gran Roque pour Francisqui : une navigation de 2
miles. Le filet et le frigo sont pleins de fruits et de légumes pour
tenir aussi longtemps que possible.
Francisqui
est un bon abri quel que soit la direction du vent. A chaque passage
d’une dépression tropicale aux Antilles, nous subissons ici une rotation
complète du vent. Pas toujours très fort, mais il faut se méfier et
suivre les variations du vent.
Mouillé
à l’abri de la mangrove, je vais voir le vent effectuer une rotation de
360° en 24 heures. Cette fois-ci, il est resté faible.
Un
peu plus loin, sur la plage, un bar avec une terrasse qui se prolonge
dans l’eau. Plus facile de nettoyer le sol que de ranger les chaises.
Deux des trois habitants permanents de l’île. Le troisième est également noir et à quatre pattes.
Les Roques, c’est comme un iceberg : il y a plus à voir dessous que dessus. Amors Yves est allé voir …
Du corail,
Encore du corail,
Toujours du corail,
En dans le corail, des poissons…
… beaucoup de poissons. Ce qui est maintenant certain, c’est que l’appareil photo est bien étanche
NORONSQUI
Nous
quittons Francisqui le 6 août pour Noronsqui. Navigation de 7 miles
vers l’Est sous foc seul : c’est suffisant pour un saut de puce.
Le ciel se couvre le soir …
… et nous subissons le lendemain une journée de pluie : rinçage efficace du mat, des haubans, du trampoline et du pont.
Gran Roque est toujours bien visible derrière Noronsqui qui culmine à 1 mètre.
CRASQUI
Escale à Crasqui : une île habitée par des humains …
… accompagnés de leurs chiens.
A l’heure du repas, les mouettes essayent (et réussissent souvent) d’attraper les restes des poissons des pélicans. Posée sur sa tête, elle attend qu’il relève le bec. Leçon d’apnée.
Poursuite
de la navigation dans les Roques à Sarqui. Heureusement que le nom des
îles se termine par « qui » et non « quo ». Surtout pour une île qui
n’est pas haute : mon pont dépasse le sommet.
Belle plage qui accueille des vacanciers débarqués des lanchas avec transats et parasols. Le soir, ils rentrent à Gran Roque.
Et les moustiques sont tranquilles pour la nuit …
CARENERO
Les passages entre les îles requièrent toute l’attention du capitaine : les écarts de route mènent directement sur le corail.
Carenero, comme Francisqui, est un mouillage dans la mangrove protégé de tous les vents.
Mais sujette à l’attaque des escadrilles de moustiques.
Sur la plage, la chapelle de la Virgen Del Valle est faite en matériaux de récupérations. Le banc est en bois flotté.
PELONA
8
miles vers le sud nous sommes à Pelona. Ces îles de l’Est de l’archipel
furent visitées 2000 ans AJC par les indiens venus de la côte du
Venezuela, distante deux jours et deux nuits de pirogue.
L’île de Pelona n’est pas habitée, mais il y a des cabanes de pêcheurs.
Elle
s’est créée sur la base des coquilles de lambi laissées par les indiens
Ocumaroides. Ils séchaient et salaient les lambis sur place.
Les pêcheurs d’aujourd’hui ont nettement amélioré l’habitat. Il y a une parabole à l’extérieur …
… et à l’intérieur, des lits avec matelas. Le sol est resté le même : du sable.
Les barques sont à l’ombre, étraves affutées pour la prochaine saison de pêche.
En résumé, les oiseaux sont chez eux.
C’est ici la fin des vivres frais : la dernière tomate est mangée à Pelona le 14 août. Reste les citrons verts dans le frigo.
MOSQUISES
Route
sur Mosquises, situé à seulement un demi-mile dans l’Est. U8ne route de
plus de deux miles est nécessaire pour éviter tous les hauts-fonds et
pâtés de corail.
Une manche à air. L’île aurait-elle un aérodrome ?
Eh oui : belle piste bitumée qui va d’un coté à l’autre de l’île.
Ici le porche d’entrée et derrière le tarmac.
L’équipement du service bagages, avec des pneus avions.
Ce palmier un peu solitaire est en fait un amer très utile pour trouver la passe d’entrée du lagon.
Aujourd’hui, l’occupant principal est le lézard. Ces îles de l’ouest de l’archipel ont été exploitées par les Valencioides à partir de 1300. Les richesses étaient les lambis, les tortues, les poissons et le sel.
Les tortues font maintenant l’objet de beaucoup d’attention. Martinez les élèvent avec beaucoup d’affection avant de les lâcher en mer dès qu’elles sont en âge de se défendre.
C’est vrai qu’elles sont mignonnes.
CAYO DE AGUA
En
route vers Becquevé, distant de 5 miles. Des dauphins qui tournaient
déjà derrière moi dans le lagon ce matin nous accompagnent.
Le
mouillage de Becquevé est mal protégé par vent de sud-est. Nous
changeons donc pour Cayo de Agua. Navigation toujours à vue du fond :
bleu foncé grand fond, bleu clair du sable, marron foncé des rochers.
Une erreur d’appréciation de la couleur et mes dérives se retrouvent sur
le corail. Je m’en sors avec une éraflure sur le gel coat. Ouf !
Cayo de Agua est bien protégé du vent de sud-est.
Cette île fournissait l’eau douce aux anciens navigateurs, très longtemps avant l’invention du dessalinisateur. D’où son nom ?
Elle est nettement plus longue que large …
… et avec ses dunes, c’est la plus haute que nous ayons visité depuis Gran Roque.
Le 20 août au matin, nous sortons de l’archipel des Roques après avoir salué le phare de la pointe Ouest des îles.
Nous disons au revoir aux Roques qui très vite disparaissent sous l’horizon.
Cap grand largue sur les Aves ...