mardi 26 septembre 2006

LITTLE CURAçAO






LITTLE CURAçAO


Klein Curaçao signifie "Petit Coeur".
L'île est minuscule et située dans le sud-est de Curaçao. Paysage simple qui se résume à une côte au vent tapissée d'épaves et à une côte sous le vent qui abrite une superbe plage de sable blanc agrémentée de petites churuatas qui offrent des ombrages ventilés aux touristes qui viennent ici à la journée. Au centre de l'île un phare trône. Il attire les quelques curieux qui viennent jusqu'ici. Il faut dire qu'il est de construction originale.
Une haute tour blanche est enchâssée au creux de deux bâtiments de briques rouges aux toits pointus. Les murs sont encore en bon état, mais à l'intérieur les planchers vacillent. Peu importe, mon capitaine aime atteindre des sphères toujours plus hautes. Il grimpe le petit escalier en colimaçon, je le suis. Mais les escaliers s'arrêtent aux trois quarts de la bâtisse... Pour atteindre le sommet, il faut agripper un bout, glisser son pied dans la boucle d'un noeud de chaise et se hisser à l'étage supérieur tout en se dandidant au-dessus du vide qu'offre les 4 étages du dessous! Très peu pour moi, merci! Mon capitaine beaucoup plus courageux atteint l'antre lumineux du phare... C'est beaucoup dire, il ne fonctionne plus depuis 5 ans! De là-haut : vue imprenable sur l'horizon.


Après tant d'efforts sous le soleil de plomb, nous revenons au bateau. L'originalité de Klein Curaçao réside dans ses fonds sous-marins. Une bande d'eau peu profonde longe la plage sous le vent de l'île. Sur une largeur de 60 mètres, les fonds de sable sont de 3 à 4 mètres, puis sans crier gare, la profondeur tombe d'un coup à plus de 30 mètres. Il suffit de mettre la tête sous l'eau à l'arrière du bateau, pour être conquis. L'eau est translucide, voir la déclivité s'enfoncer dans la noirceur bleutée donne presque le vertige. Envoûtés par ce grand trou noir, nous comprenons l'image de fin, du film "le grand bleu"!


A l'orée du tombant, nous sommes au coeur d'un réel aquarium. Toutes les tailles et toutes les variétés de poissons sont là. Le corail est vivant à cet endroit. C'est prodigieusement beau.

Nous pensions passer ce moment d'apnée à regarder oisivement les petits poissons, quand une tortue passe devant notre masque. On n'y croit pas! Elle bat des nageoires tranquillement, à quelques dizaines de centimètres de nous, comme si elle voulait chatouiller nos tubas. Jusqu'à présent nos rencontres de tortues marines ont été fugaces. Dès qu'elles nous repèrent, elles fuient et en quelques battements de nageoires elles sont hors de portée du regard. Mais là, notre tortue caret nage le plus sereinement du monde. Nous décidons de la suivre, elle nous entraîne dans les eaux peu profondes. Elle nage lentement. Elle se pose de temps à autre sur le sable, elle farfouille le sable, elle se promène sur son "plat de salade", je dirais presque distraitement. Si insouciante qu'à un moment donné, je suis obligée de reculer, miss tortue a décidé de remonter à la surface pour prendre une goulée d'air frais. Et, je suis tout bonnement sur son passage. Je la vois, si je tends mon bras, je la touche. On s'amuse avec elle. Une copine ou une cousine de notre tortue vient nous voir elle aussi. On plonge avec elles, à un moment l'une d'elle est si proche que je peux la prendre par la taille... (Heu, pardon, par le plastron!) Elle se débat à peine, je la lâche, car nous ne voudrions pas la traumatiser. Je passe sous elle, et voici notre tortue qui nage sur le dos elle aussi. Est-ce du mimétisme? Je pense plutôt que miss tortue a du goût, elle veut plonger son regard dans mes beaux yeux !!!

 
Les tortues

 

Lors de nos escales à Little Curaçao, aux Testigos ou à la Blanquilla nous avons eu l’occasion de voir ces impressionnantes créatures, qui ont bien 1m50 d’envergure et peuvent vivre 150 ans, débarquer sur la plage pour y pondre, laissant une tranchée derrière elles pour creuser pour creuser au-dessus du niveau des marées un énorme cratère de deux à trois mètres de diamètre ! Leurs pattes postérieures continuent de gratter le sable afin d’approfondir le trou au fond duquel elles déposeront leurs œufs.

La cuvette mesure environ 0cm de large sur 60cm de profondeur. C’est énorme !quel travail ! La tortue semble très fatiguée après cela…

Si un biologiste se trouve là il li place une bague sous l’aisselle de la patte avant droite – ce que l’animal n’apprécie guère- pas plus que le flash de l’appareil photo  qui nous permettra de revoir ce reptile insolite qui nous vient du fond de la nuit et du fond des âges…car on dirait vraiment un animal préhistorique, comme les iguanes ou les agoutis…

On s’apitoie sur ses yeux larmoyants qui semblent être le reflet de tant d’efforts et de souffrances…

En fait on nous explique que ce n’est pas forcément cela,  que ces écoulements ont pour but, outre de nettoyer du sel et du sable, de recréer une vision avec un indice de réfraction semblable à celui que l’animal a sous l’eau ! Ce qui est beaucoup moins romantique…

Puis la tortue repart ensuite lourdement vers la mer…

Chaque matin des traces fraîches, ressemblant à celles d’une chenillette, mènent à une large dépression à l’intérieur de laquelle on devine plusieurs monticules. En fait on nous explique qu’il s’agit de leurres, qu’un seul de ces tas recouvre  des œufs !...

Les tortues de mer deviennent facilement centenaires et pondent tous les deux trois ans environ 800 œufs, et cela quatre à sept fois. Les femelles ont la faculté de conserver la semence du même plusieurs mois avant que la fécondation ne s’opère. Ce phénomène n’est pas expliqué, comme ne l’est pas non plus le sens de ‘orientation qui permet aux tortues de revenir pondre toujours au même endroit, qui, de surcroit, est aussi le lieu de leur propre naissance !...la période d’incubation est de six semaines, au terme desquelles les œufs éclatent en même temps et les bébés se dirigent tous d’instinct vers la mer.si les biologistes et scientifiques sont sur place ils se mobilisent alors pour écarter les frégate et les sternes qui se précipitent pour la curée ! mais dans l’océan, la prédation es telle que les chances d’atteindre l’âge adulte ne sont que de 3 à 12 / 000 !


vendredi 14 juillet 2006

LE MAITRE DE BALLANTRAE

C'est Antoine Decaunes qui en a parlé l'autre jour à la radio



Le Maître de Ballantrae
Couverture de la première édition







Auteur
Genre
Version originale
Titre original
The Master of Ballantrae: A Winter's Tale
Éditeur original
Cassel and Company
Langue originale
Pays d'origine
Lieu de parution original
Date de parution originale
Version française
Traducteur
Lieu de parution
Paris
Éditeur
La Sirène
Date de parution

Le Maître de Ballantrae (The Master of Ballantrae) est un roman d'aventures de l'écrivain écossais Robert Louis Stevenson.




L'auteur commence à l’écrire dans les Adirondacks, durant l’hiver 1887, alors qu’il vient de relire The Phantom Ship de Frederick Marryat[1], écrivain de la mer, des conflits familiaux et du statut social. Le récit paraît tout d'abord dans la revue américaine Scribner's Magazine, sous forme d'un feuilleton en douze épisodes, de novembre 1888 à octobre 1889. La publication de l'œuvre en volumes, sous le titre The Master of Ballantrae: A Winter's Tale (Le Maître de Ballantrae : un conte d'hiver), a lieu le 20 septembre 1889[2].

Synopsis

En Écosse, au XVIIIe siècle, au manoir des Durrisdeer, vivent les deux frères Durie : James, le Maître[3] de Ballantrae, l'aîné de la famille, est un libertin calculateur, ambitieux, amoral, mais charismatique et respecté ; Henry, le cadet, est quant à lui modéré, plus vertueux, mais injustement mal-aimé.
En 1745, le pays est plongé dans une guerre civile opposant les jacobites, partisans du prétendant Jacques François Stuart, à l’armée du roi en place, George II. Par opportunisme, James souhaite soutenir la cause des rebelles, malgré l'avis contraire de son père et de son frère. Ces derniers pensent qu'en tant qu'aîné, il devrait rester au manoir afin de montrer sa fidélité au roi George ; et que c'est plutôt à Henry de s'engager auprès des jacobites. James scelle son destin et celui des Durrisdeer en allant malgré tout combattre aux côtés du prince Charles. Le 16 avril 1746, la célèbre bataille de Culloden voit l’écrasement de la rébellion jacobite et James est présumé mort. Ayant en fait survécu, le Maître conçoit alors une haine féroce à l'encontre de Henry, auquel il reproche sa disgrâce et la spoliation de ses biens. Dès lors, et tout au long de son existence, James n'aura de cesse de persécuter son frère. Au début, Henry endurera toutes les humiliations. Puis il finira dévoré par cette même haine qui anime son frère. L'ultime confrontation se terminera tragiquement, au cœur de la forêt sauvage des Adirondacks.

Thèmes

  • Six ans après la publication de L'Île au trésor (Treasure Island, 1883) et trois ans après celle de L'Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde (The Strange Case of Dr Jekyll and Mr Hyde, 1886), Stevenson reprend ici tous les thèmes ayant contribué au succès de ces deux ouvrages.
  • Les prénoms des deux frères ennemis forment un hommage de la part de Stevenson à son grand ami, l'écrivain Henry James.

Publication

L'édition originale contenait ce que Stevenson qualifia lui-même de « bourde inconcevable », d'« exagération à faire frémir Hugo ». En effet, à l'issue du duel entre les deux frères (chapitre V), Mrs Henry enfonçait jusqu'à la garde l'épée de son mari dans le sol gelé. Dans une lettre adressée à Marcel Schwob, Stevenson demande au traducteur de corriger ce passage afin de le rendre plus plausible[4].

Accueil critique

Après L’Étrange Cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde qui l’a consacré en 1886, Stevenson publie cinq livres d’un retentissement moindre, donnant à penser que son talent décline. Le Maître de Ballantrae est salué comme un brillant retour : on retrouve le suspense et l’exotisme de L’Île au trésor, la complexité psychologique de Dr Jekyll et Mr Hyde, et surtout un remarquable art de la construction du récit[5]. Peu connu du grand public, ce livre contiendrait, selon les critiques, les scènes les plus puissantes jamais écrites par Stevenson. Le Maître de Ballantrae est généralement considéré comme le chef-d’œuvre de son auteur — exception faite des derniers chapitres, que la critique anglaise a dénoncés pour faibles et invraisemblables[6]. The Times estime que peu de livres approchent à ce point de la perfection[5]. Henry James partage cet enthousiasme, affirmant dans une lettre à l’auteur que ce « pur joyau » lui aurait procuré « l’émoi le plus intense » de sa vie littéraire[7].




André Gide se plaint d’avoir du mal à en achever la lecture : « Curieux livre, où tout est excellent, mais hétérogène, au point qu’il semble la carte d’échantillons de tout ce où peut exceller Stevenson »[8].




Certains critiques dénoncent le côté sombre du livre, parfois à la limite du morbide. D’autres, au contraire, sont sensibles à la dimension nouvelle que confère au roman d’aventures l’apport du tragique[5].

Bertolt Brecht souligne l’extraordinaire originalité de la narration. Par exemple, le personnage central (le Maître de Ballantrae) nous est surtout connu par le témoignage d’une personne qui lui est profondément hostile (l’intendant MacKellar, narrateur principal). Autre originalité, on sait qu’un roman d’aventures vit exclusivement de la sympathie que le lecteur éprouve pour l’aventurier. Or, ici, la sympathie est très péniblement acquise[9].




Enfin, le cheminement du narrateur ne laisse pas les critiques indifférents. À la première page de son récit, l'intendant MacKellar affirme écrire dans le but de réhabiliter Henry, le plus jeune des frères, la victime. Et, en effet, dans la plus grande partie du livre, il prend résolument le parti de Henry : on le voit longtemps batailler, homme de raison, contre l’aveuglement passionnel du père et de l’épouse, subjugués par le criminel. Puis MacKellar se laisse prendre lui aussi, peu à peu, au charme pervers de l’aîné. Et les deux épitaphes qu’il dédie aux deux frères, à la dernière page, ne laissent aucun doute sur la transformation qui s’est opérée en lui[10]. Comme le dit Michel Le Bris, parlant de la théorie littéraire de Stevenson : « Il ne s'agit pas d'interpréter autrui, mais de manifester l'évidence de son étrangeté, étrangeté constitutive de votre propre mystère. Car vous écrivez toujours sur l'étranger qui est en vous... c'est peut-être même l'étranger qui est en vous qui écrit ! »[11].

Adaptations


Notes et références

  1. Jean Echenoz, « La nuit dans les Adirondacks », in Robert Louis Stevenson, Le Maître de Ballantrae, Gallimard, coll. « folio classique », 2000 (ISBN 2-07-040354-8), p. 325
  2. Date de l’édition Cassel and Company, Londres, Paris, New York, Melbourne. L’édition américaine de Charles Scribner’s Sons paraît le lendemain, 21 septembre. Sumner & Stillman [archive]. La date du 20 septembre 1889 est, dans le livre, celle de l’ouverture du paquet contenant le manuscrit de MacKellar, p. 29 de l’édition « folio classique ».
  3. Le terme « Maître » (« Master » en anglais) est le titre porté par le fils aîné dans certaines familles écossaises.
  4. Lettre à Marcel Schwob (Sydney, 19 janvier 1891, in The Letters of Robert Louis Stevenson, Volume 2, Chapter XI).
  5. a, b et c Alain Jumeau, « Notice », in Robert Louis Stevenson, op. cit., p. 342.
  6. Le Nouveau Dictionnaire des œuvres, vol. IV, Bompiani et Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1994 (ISBN 2221900960), p. 4329 . Jean Echenoz parle d’une « fin splendidement mal foutue [...] pleine de rustines et de chevilles narratives ». Jean Echenoz, id., p. 331.
  7. Cité par Jean Echenoz, id., p. 330.
  8. André Gide, Journal : 1889-1939, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1951, p. 393
  9. Bertolt Brecht, Berliner Börser-Courier, 19 mai 1925.
  10. Alain Jumeau, « Introduction », dans Robert Louis Stevenson, op. cit. p. 19 et 20.
  11. Recueilli par Thomas Régnier, « Stevenson et Le Bris », 6 août 2001, sur parutions.com [archive].