jeudi 31 mai 2012

EINSTEIN ON THE BEACH


Einstein on the Beach


1976



Genre : Opéra en 4 actes, musique de Philip Glass
livret Christopher Knowles, Samuel L. Johnson et Lucinda Childs
langue Anglais
année 1975-1976
création 25 juillet 1976
Festival d'Avignon en France par le Philip Glass Ensemble

Einstein on the Beach est un opéra écrit et mis en musique, en 1976, par Philip Glass, mis en scène et dirigé par Robert Wilson. L'opéra contient également des textes de Christopher Knowles, Samuel L. Johnson et Lucinda Childs. Einstein on the Beach est défini par Philip Glass comme un opéra en quatre actes, pour ensemble, chœur et solistes.


Avec une durée de cinq heures, c'est le premier et le plus long opéra de Philip Glass. Étant donné la nature de la musique (lente répétition de petits éléments, évolution et changements très graduels, motifs récurrents) et la durée, Robert Wilson a voulu que l'entrée et la sortie des spectateurs soient libres.


Einstein on the Beach a rejoint deux autres opéras (Satyagraha en 1980 et Akhnaten en 1983) pour former une trilogie informelle. Chacun de ces opéras a pour vocation d'établir le portrait de personnages dont la vision et la puissance de leurs idées transformera la pensée de leur temps.


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Conception et représentations


Philip Glass découvre le travail de Robert Wilson en 1973 avec la représentation de The Life and Times of Joseph Stalin à la Brooklyn Academy of Music[1]. Ils décident en 1973 de concevoir une œuvre commune, projet qu'ils mettent en place durant le printemps 1974 lors de nombreuses rencontres[2]. Ils décidèrent alors de créer un opéra d'une durée de quatre à cinq heures, basé sur un personnage de l'histoire. Wilson proposa les noms de Charlie Chaplin et de Adolphe Hitler, ce que Glass rejeta[2]. Ce dernier proposa le mahatma Gandhi (qui deviendra le personnage central de son second opéra Satyagraha). C'est le personnage d'Albert Einstein qui sera finalement retenu et interprété par le violoniste Paul Zukofsky, un proche de Philip Glass.


Le titre de l'œuvre originale était à l'origine Einstein on the Beach on Wall Street sans que la raison soit connue[2]. L'écriture théâtrale de l'œuvre s'est faite à partir de dessins de Wilson après un accord sur l'agencement des thèmes, des sections, et des durées décidé en commun avec Glass[2]. Les textes se composent de nombres, de notes de solfège, ainsi que de poèmes écrits par un jeune autiste, Christopher Knowles, que Robert Wilson connut lorsqu'il était éducateur pour enfants perturbés[1]. D'autres courts textes ont été écrits par la chorégraphe Lucinda Childs et Samuel L. Johnson. L'ensemble de ces textes ne forment pas d'intrigue particulière, comme on en trouve dans les opéras traditionnels. Ils participent à un tout, en s'entrelaçant avec la musique, l'action scénique et les éclairages. La partie chorégraphique de Einstein fut écrite par Andy Degroat pour les mouvements d'ensemble et par Lucinda Childs quant à ses propres solos[2].


La première de l'opéra, interprétée par le Philip Glass Ensemble, s'est tenue lors du Festival d'Avignon le 25 juillet 1976 où elle fit forte impression. L'opéra sera ensuite joué durant l'été à Hambourg, Paris, Belgrade, Venise, Bruxelles, Rotterdam et enfin, en novembre, au Metropolitan Opera de New York.

En 1988, le directeur Achim Freyer (qui réalisa également la première de Akhnaten à Stuttgart en 1984) proposa une version retravaillée dans un style très abstrait, et comportant de nouveaux textes. Cette version eut un succès mitigé. En 1992, une version, où participèrent Robert Wilson, Philip Glass et Lucinda Childs, fut organisée à l'Université de Princeton, puis jouée en tournée à Frankfort, Melbourne, Barcelone, Madrid, Brooklyn et Paris. Une nouvelle tournée mondiale d'une version montée avec d'importants moyens financiers est prévue en 2012[3].


Argument



Dès le début de leur collaboration, Glass et Wilson décidèrent de ne pas apporter d'histoire linéaire à Einstein. Leur objectif était plutôt d'incorporer des symboles liés à la vie d'Einstein, au travers de la mise en scène, des personnages, des textes et de la musique. Par exemple, le premier Knee Play se compose de musique jouée à l'orgue et de nombres répétés par les récitants. Philip Glass explique qu'au départ, ces nombres étaient là simplement pour offrir un texte repère aux récitants, en attendant les textes finaux. Ils furent finalement conservés car ils symbolisaient bien les aspects mathématiques et scientifiques liés à Einstein.


Les thèmes développés font référence à la théorie de la relativité, à la théorie des champs de force unifiés, à l'arme nucléaire ou encore à la radio grandes ondes.


L'opéra se compose de neuf scènes d'environ vingt minutes séparées par des Knee Play. Cinq d'entre eux structurent l'opéra en quatre actes. Pour Philip Glass, un Knee Play est un interlude reliant deux actes et d'une certaine façon, ressemble au genou de l'anatomie humaine (Knee = Genou). Les Knee Play jouaient également le rôle d'entractes durant lesquels la scène pouvait être réorganisée en vue du tableau suivant. Ces interludes n'en restent pas moins des pièces musicales importantes, encore jouées de nos jours, indépendamment de l'opéra tout entier.


L'exécution de l'opéra nécessite deux femmes, un homme et un enfant pour les rôles récités (dans la version de Wilson), un chœur de 16 personnes (sopranos, altos, ténors et basses) avec une importante contribution soliste du soprano et une partie plus petite pour le ténor, une flûte (doublée d'un piccolo et d'une clarinette basse), un saxophone soprano (doublé d'une flûte), un saxophone ténor (doublé d'un saxophone alto), un violon solo et deux orgues/synthétiseurs. L'orchestration était à l'origine prévue pour les cinq membres du Philip Glass Ensemble, auquel s'ajoutait un violon solo.


Structure



  • Knee 1
  • Train 1
  • Trial 1
    • Entrance
    • Mr. Bojangles
    • All Men Are Equal
  • Knee 2
  • Dance 1
  • Night Train
  • Knee 3
  • Trial 2
    • Prematurely Air-Conditioned Supermarket
    • Ensemble
    • I Feel the Earth Move
  • Dance 2
  • Knee 4
  • Building
  • Bed
    • Cadenza
    • Prelude
    • Aria
  • Spaceship
  • Knee 5


Enregistrements



Il existe, à ce jour, deux enregistrements complets, publiés en disques.


Le premier enregistrement date de 1979 et fut publié en quatre disques LP chez Tomato Records (devenu ensuite CBS Masterworks puis Sony). Cet enregistrement fut ramené à 160 minutes pour tenir en quatre disques. De ce fait, certains passages sont fortement raccourcis.


Le second enregistrement a été publié en trois CD, en 1993, chez Nonesuch Record. L'opéra dure 190 minutes. Les récitants sont les mêmes que pour le premier enregistrement, à l'exception de Samuel L. Johnson, décédé entretemps et remplacé par Jasper McGruder. Le violon est tenu par Gregory Fulkerson, la soprano par Patricia Schuman.


L'album Songs from the Trilogy, CBS Records (1989), est une compilation incluant quatre extraits de Einstein on the Beach ainsi que des extraits de Satyagraha et Akhnaten.


Bibliographie

  • (en) Keith Potter, Four Musical Minimalists: La Monte Young, Terry Riley, Steve Reich, Philip Glass, Cambridge


 








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Einstein on the Beach
Genre
Nb. d'actes
4 actes
Musique
Livret
Langue
originale
Durée
approximative
environ 5 heures
Dates de
composition
Création
Création
française
idem
Einstein on the Beach est un opéra écrit et mis en musique, en 1976, par Philip Glass, mis en scène et dirigé par Robert Wilson. L'opéra contient également des textes de Christopher Knowles, Samuel L. Johnson et Lucinda Childs. Einstein on the Beach est défini par Philip Glass comme un opéra en quatre actes, pour ensemble, chœur et solistes.


Avec une durée de cinq heures, c'est le premier et le plus long opéra de Philip Glass. Étant donné la nature de la musique (lente répétition de petits éléments, évolution et changements très graduels, motifs récurrents) et la durée, Robert Wilson a voulu que l'entrée et la sortie des spectateurs soient libres.


Einstein on the Beach a rejoint deux autres opéras (Satyagraha en 1980 et Akhnaten en 1983) pour former une trilogie informelle. Chacun de ces opéras a pour vocation d'établir le portrait de personnages dont la vision et la puissance de leurs idées transformera la pensée de leur temps.

 

Philip Glass découvre le travail de Robert Wilson en 1973 avec la représentation de The Life and Times of Joseph Stalin à la Brooklyn Academy of Music[1]. Ils décident en 1973 de concevoir une œuvre commune, projet qu'ils mettent en place durant le printemps 1974 lors de nombreuses rencontres[2]. Ils décidèrent alors de créer un opéra d'une durée de quatre à cinq heures, basé sur un personnage de l'histoire. Wilson proposa les noms de Charlie Chaplin et de Adolphe Hitler, ce que Glass rejeta[2]. Ce dernier proposa le mahatma Gandhi (qui deviendra le personnage central de son second opéra Satyagraha). C'est le personnage d'Albert Einstein qui sera finalement retenu et interprété par le violoniste Paul Zukofsky, un proche de Philip Glass.


Le titre de l'œuvre originale était à l'origine Einstein on the Beach on Wall Street sans que la raison soit connue[2]. L'écriture théâtrale de l'œuvre s'est faite à partir de dessins de Wilson après un accord sur l'agencement des thèmes, des sections, et des durées décidé en commun avec Glass[2]. Les textes se composent de nombres, de notes de solfège, ainsi que de poèmes écrits par un jeune autiste, Christopher Knowles, que Robert Wilson connut lorsqu'il était éducateur pour enfants perturbés[1]. D'autres courts textes ont été écrits par la chorégraphe Lucinda Childs et Samuel L. Johnson. L'ensemble de ces textes ne forment pas d'intrigue particulière, comme on en trouve dans les opéras traditionnels. Ils participent à un tout, en s'entrelaçant avec la musique, l'action scénique et les éclairages. La partie chorégraphique de Einstein fut écrite par Andy Degroat pour les mouvements d'ensemble et par Lucinda Childs quant à ses propres solos[2].


La première de l'opéra, interprétée par le Philip Glass Ensemble, s'est tenue lors du Festival d'Avignon le 25 juillet 1976 où elle fit forte impression. L'opéra sera ensuite joué durant l'été à Hambourg, Paris, Belgrade, Venise, Bruxelles, Rotterdam et enfin, en novembre, au Metropolitan Opera de New York.


En 1988, le directeur Achim Freyer (qui réalisa également la première de Akhnaten à Stuttgart en 1984) proposa une version retravaillée dans un style très abstrait, et comportant de nouveaux textes. Cette version eut un succès mitigé. En 1992, une version, où participèrent Robert Wilson, Philip Glass et Lucinda Childs, fut organisée à l'Université de Princeton, puis jouée en tournée à Frankfort, Melbourne, Barcelone, Madrid, Brooklyn et Paris. Une nouvelle tournée mondiale d'une version montée avec d'importants moyens financiers est prévue en 2012[3].


Argument



Dès le début de leur collaboration, Glass et Wilson décidèrent de ne pas apporter d'histoire linéaire à Einstein. Leur objectif était plutôt d'incorporer des symboles liés à la vie d'Einstein, au travers de la mise en scène, des personnages, des textes et de la musique. Par exemple, le premier Knee Play se compose de musique jouée à l'orgue et de nombres répétés par les récitants. Philip Glass explique qu'au départ, ces nombres étaient là simplement pour offrir un texte repère aux récitants, en attendant les textes finaux. Ils furent finalement conservés car ils symbolisaient bien les aspects mathématiques et scientifiques liés à Einstein.


Les thèmes développés font référence à la théorie de la relativité, à la théorie des champs de force unifiés, à l'arme nucléaire ou encore à la radio grandes ondes.


L'opéra se compose de neuf scènes d'environ vingt minutes séparées par des Knee Play. Cinq d'entre eux structurent l'opéra en quatre actes. Pour Philip Glass, un Knee Play est un interlude reliant deux actes et d'une certaine façon, ressemble au genou de l'anatomie humaine (Knee = Genou). Les Knee Play jouaient également le rôle d'entractes durant lesquels la scène pouvait être réorganisée en vue du tableau suivant. Ces interludes n'en restent pas moins des pièces musicales importantes, encore jouées de nos jours, indépendamment de l'opéra tout entier.

L'exécution de l'opéra nécessite deux femmes, un homme et un enfant pour les rôles récités (dans la version de Wilson), un chœur de 16 personnes (sopranos, altos, ténors et basses) avec une importante contribution soliste du soprano et une partie plus petite pour le ténor, une flûte (doublée d'un piccolo et d'une clarinette basse), un saxophone soprano (doublé d'une flûte), un saxophone ténor (doublé d'un saxophone alto), un violon solo et deux orgues/synthétiseurs. L'orchestration était à l'origine prévue pour les cinq membres du Philip Glass Ensemble, auquel s'ajoutait un violon solo.



 



          
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AIMéE DUBUC, LA SULTANE FRANçAISE

La légende de la sultane Validé






Aimée Dubuc de Rivery est née en 1776 à Pointe Royale, au sud-ouest du Robert, en Martinique.
Cette jeune cousine de Joséphine Rose Tascher de la Pagerie, la future Impératrice Joséphine, femme de Napoléon Ier, fut envoyée en France pour y parfaire son éducation.

Tandis qu'elle rejoignait sa famille, quelques années plus tard, le bateau qui la transportait fut attaqué par des corsaires au large des îles Majorque.
Selon la légende, la jeune fille fut emmenée à Alger comme esclave. Elle fut ensuite offerte par le Bey d’Alger à son sultan Abdulhamit Ier d’Istanbul.

Cette jeune créole de la Martinique aurait donné naissance au Sultan Mahmut II, ce qui lui aurait valu le titre de sultane Validé et qui signifie sultane-mère en turc.









La lettre de la comtesse


Nous reproduisons ici, une lettre écrite par la Comtesse de la Ferté-Meun à Constantinople, le 15 aout 1817 et qui fut éditée à Paris en 1820. Il s’agit d’un témoignage d’époque, mais rien ne permet de dire qu’il s’agit de la réalité. L'histoire concerne une fille créole âgée d'à peine quatorze ans, capturée et vendue au harem de Topkapi pendant le règne du sultan Abdulhamit Ier (1774-1789). Son nom de harem était Naksidil. Elle était la mère de sultan Mahmut II et est ainsi devenue la validé de l’Empire ottoman.

"Constantinople, le 15 août 1817

La sultane Valide vient de mourir. J'ai vu qu'elle a été placée dans la crypte ou mausolée qu'elle avait commencé à faire construire il y a maintenant deux ans et que le Padishah (1) s'est promis de terminer. J'ai vu le cercueil partir du palais. Deux pages l'ont transporté dans un des caïques couverts de Sultan qui ont traversé le Bosphore. Son palais était à côté de celui du Grand-Seigneur, près de Bechick-Tash (Beşiktaş). De nombreuses personnes de haut rang ont attendu sur l'autre rivage pour prendre la charge du cercueil, ainsi que le veut la coutume. On lutte pour l'honneur de porter, après sa mort, la personne qu'on a respectée dans la vie, ou la toucher au moins, ce qui est facile, même pour les Turcs ordinaires. Mais cette fois la sépulture était fermée et déposée au centre de la crypte qui est un immense salon teint dans les tons arabesques verts. En général, les tombeaux de sultans et sultanes sont des bâtiments où les vivants seraient très bien logés. Son altesse a envoyé le châle pour couvrir le sarcophage.
On lui dit que la sultane décédée était française, d'origine américaine, et qu'elle était née à Nantes ; on ajoute que quand elle avait à peine deux ans, embarquée avec ses parents pour l'Amérique, ils furent capturés par des corsaires et transportés à Alger où ses parents périrent. La petite fille a été achetée par un négociant slave qui a calculé qu'une beauté d'un âge si tendre le rembourserait un jour proportionnellement à l'éducation qu'il lui fournirait. Il n'a pas été déçu dans ses espoirs, puisqu' à l'âge de quatorze ans, d'une beauté resplendissante, elle fut vendue au Bey d'Alger en échange de l’hommage dû au Grand-Seigneur.

Elle a été envoyée au sultan Abdulhamit, qui l'a trouvée avenante et l'a élevée au rang de Kadin, c'est-à-dire d'épouse. Elle lui a donné Mahmut, le sultan régnant. Mahmut a toujours eu le plus grand respect pour sa mère. On lui dit qu'elle a surpassé dans la beauté, le charme et l'amabilité les Circassiennes ou Géorgiennes, ce qui n'étonne pas puisqu'elle était française. Le Grand-Seigneur a exaucé toutes les charités annuelles de Valide. Par exemple, lors de la célébration du point médian du Ramadan, des gâteaux appelés baklava sont distribués. C'est une pâte feuilletée, une bagatelle très riche mais néanmoins tout à fait exquise. On ne peut croire que cette philanthropie de la part de Valide est une question de 200.000 francs. Toutes les familles Janissaires, c'est-à-dire la ville entière de Constantinople, recevaient leur plat de Baklava.

La sultane est morte des suites d'une fièvre maligne. Son fils a refusé d'appeler un docteur, ainsi que le veut la pratique dans ce pays: si les patients succombent, on élimine l'homme qui a donné seulement le succin inutile. Il ne me semble pas que cette tradition donne au docteur turc une réussite plus grande ou une plus expertise que le nôtre. Nous avons fait ce que nous pouvions pour distraire le Grand-Seigneur, qui, depuis cet événement mortel, est plongé, dit-il, dans une douleur profonde. Les promenades en solitaire sont ses occupations préférées pour dissiper son chagrin.

Les Turcs ne portent jamais le deuil : la couleur noire a le même symbole pour eux que le bleu ou le vert en Europe. En général, la peine ne laisse pas des conséquences prolongées sur ces personnes qui aiment légèrement; qui manifestent moins d'affliction et de regrets que nous. L'habitude de recevoir tout comme une bénédiction du ciel rend leur souffrance presque insensible.

La sultane Valide affichait ouvertement Ali Efendi comme son favori, en second lieu seulement de son fils : le sultan continue à prodiguer sur lui sa dévotion. "C'est dans la mémoire de ma mère " dit-il "qu'il mérite ma bienveillance." Certainement il y a une âme française dans une telle qualité émouvante. "




La prophétie



extrait de La Grande Sultane par Barbara Chase-Riboud


"Elle s'appelait Euphémia David, expliqua Naksh-i-dil à l'Eunuque noir et à la Kiaya étonnés. C'était l'Obeah la plus connue de la Martinique. C'est elle qui m'a prédit mon destin. Elle détenait le secret de la vie, de la médecine, des poisons, des remèdes contre le mauvais oeil. Elle savait lire le futur, le passé et le présent. Tous la craignaient, les Noirs comme les Blancs. Tuer un homme blanc était aussi facile pour elle que de briser un fétu de paille... avec sa magie noire..." (...)
Il était midi, ce jour de décembre 1776. La forteresse de pierre juchée sur un promontoire regardait la mer enfermée entre deux digues escarpées, ce qui la faisait ressembler davantage à un repère de pirates qu'à une demeure coloniale. Sur l'île de la Martinique, le luxe était rudimentaire, rare et importé. (...) Cette fête était donnée à l'occasion du baptême du nouveau-né d'une Grande Blanche. Tout le monde s'était assemblé autour du négrier français, le capitaine Marcel Dumas, qui venait d'arriver de Nantes avec sept cent trente nègres de premier choix. (...)
A la tombée de la nuit, alors que le bal battait son plein, je me suis éclipsée avec deux autres filles et mon esclave Angélique. En suivant la plage, nous sommes allées jusqu'à la hutte d'une célèbre Obeah, Euphémia David. De nous trois, une seule, Joséphine, croyait en la magie noire. Nous avions si peur que nous tenions d'une main notre chapeau de paille et de l'autre, la jupe blanche de celle qui nous précédait. L'Ikbal sourit. Cela lui faisait plaisir de raconter tout cela à Hitabetullah. Toutes ensemble nous formions un animal à six pattes, qui caracolait sur le chemin. La fille en tête tenait un bouquet de lis qui faisait penser à la crinière empanachée d'un poney au trot. Nous devions l'offrir à la sorcière.
Euphémia David était la fille mulâtre de John David, un aventurier irlandais. Elle appartenait à la grande et toute-puissante Mme Marie-Euphémia Désirée Tascher de la Pagerie Renaudin, et elle vivait à la plantation Le Robert, car en Martinique, toutes les plantations dignes de ce nom possédaient une Obeah. Africains, Créoles et mulâtres la révéraient, la consultaient et la craignaient. Nous sommes arrivées au moment où Euphémia s'y attendait le moins. C'était jour de repos à la plantation, et les esclaves s'étaient réunis. Nous avions très peur de rencontrer la Quimboiseuse, la magicienne, l'Obeah. C'était un personnage si redouté que lorsqu'un jeune esclave méritait quelques coups de fouet, on le menaçait de l'envoyer à Euphémia. Nous l'avons trouvée dans sa hutte, entourée d'une foule sombre et silencieuse. Un murmure surpris nous a accueillies quand nous avons poussé le rideau de palmes tressées. Puis ça a été le silence total. Nous avons regardé ce cercle de visages noirs, imaginant qu'une tempête allait surgir de la tête de la sorcière, ou que des centaines de serpents siffleraient à ses pieds, mais tout à fait prosaïquement, l'Obeah nous a dit : "Vous voyez, mes enfants, je n'exhale ni vapeurs étranges, ni fumées, ni flammes, ni volutes sulfureuses. Non, jolies Créoles, ne regrettez pas de m'avoir fait l'honneur de me rendre visite."
Puis l'Obeah s'est tournée vers l'est et a fait le signe de la croix. Ce n'était pas la croix des chrétiens, mais une croix aux bras égaux qui montraient les quatre points cardinaux. Et elle a dit en levant les bras : "Protégez- moi du mal venant de l'est." Elle s'est ensuite tournée vers le nord, le sud et l'ouest en disant : "Protégez- moi du mal venant du nord. Protégez- moi du mal venant de l'ouest.Protégez- moi du mal venant du sud." Après, elle a tracé un cercle dans le sens des aiguilles d'une montre, de l'est au sud et de l'ouest à l'est en suivant la course du soleil. Le cercle n'était pas uniquement destiné à tenir les forces du mal en échec mais à concentrer celles de la nature. A l'intérieur de ce cercle, elle a placé un petit brasier et après l'avoir allumé, elle y a fait brûler des herbes. Les vapeurs attiraient les esprits, et ceux-ci pouvaient prendre forme à l'aide de la fumée. Elle a jeté tour à tour de la coriandre, de la cigüe, du persil, du pavot noir, du fenouil, du bois de santal, de la jusquiame, de la férule, de la civette, du musc, de la myrrhe, de la mandragore, de l'opium, du soufre et la cervelle réduite en poudre d'un chat noir. Elle nous a regardées à travers la fumée puis elle s'est adressée à la plus âgée d'entre nous, à Mlle du B, qui avait vingt et un ans :
"Vous êtes douées d'une certaine maturité, et du talent de votre mère pour l'administration, ce qui est tout à fait indispensable pour diriger une maison. Vous épouserez votre cousin, un Grand Blanc de la Guadeloupe et mettrez au monde un seul enfant, une fille. Vous passerez une grande partie de votre vie au-delà de l'océan. Votre rôle sur cette planète sera éphémère, mais la fortune matérielle ne vous fera jamais défaut."
Ensuite, les yeux d'Euphémia ont tourné dans leurs orbites et d'une voix qui ressemblait au tonnerre sur le Mont Pelé, elle s'est tournée cette fois vers Joséphine Tascher. Elle, elle n'avait que treize ans.
"Vous épouserez un bel homme promis à une autre personne de votre famille. Cette jeune personne ne vivra pas longtemps. Vous aimez un Créole, mais jamais vous ne l'épouserez, et un jour vous devrez même lui sauver la vie. Les étoiles vous promettent deux mariages. Le premier de vos maris, un noble, est né en Martinique, mais il vit en France. Il est militaire. Vous passerez avec lui des moments heureux, mais comme vous serez tous les deux infidèles, vous serez désunis, après quoi le royaume de France connaîtra la Révolution et des troubles graves, et il périra de façon tragique, vous laissant avec deux enfants. Votre second mari sera d'origine européenne mais il aura la peau très foncée, pas de fortune et pas de nom. Néanmoins, il deviendra célèbre, le monde entier entendra parler de sa gloire et il conquerra toutes les nations. Vous serez célèbre, vous aussi, et on vous honorera plus qu'une reine, mais un jour, ce monde ingrat oubliera vos bonnes actions, et ne se souviendra que des mauvaises. Vous regretterez la vie douce et facile que vous meniez dans nos colonies." Elle s'arrêta un instant. "Vous reviendrez sur cette île, mais vous partirez pour la France, et à ce moment-là, une grande comète s'allumera dans le ciel, signe de votre destinée prodigieuse."
Et Euphémia s'est enfin adressée à moi, Mlle de S, poursuivit Naksh-i-dil en parlant aussi bas que dans un confessionnal. J'avais dix ans. Soudain l'Ikbal prit la même voix rauque que l'Obeah.
"Votre nouveau tuteur va bientôt vous envoyer en Europe parfaire votre éducation. Votre bateau sera capturé par des pirates algériens. Vous serez faite prisonnière et rapidement enfermée dans un couvent pour femmes d'une autre nation que la vôtre, ou dans une prison... Là, vous aurez un fils. Ce fils régnera glorieusement sur un empire, mais un régicide ensanglantera les marches de son trône. Quant à vous, vous ne jouirez jamais d'honneur public ni de gloire, mais vous régnerez, Reine voilée, invisible, vous vivrez dans un vaste palais où chacun de vos souhaits sera un ordre, et des esclaves innombrables, par milliers, vous serviront. Au moment même où vous vous sentirez la plus heureuse des femmes, votre bonheur s'évanouira comme un rêve, et une longue maladie vous conduira jusqu'à la tombe."






Légende ou réalité ?

Rien ne permet d’avoir des certitudes quant à la véracité du texte ci-dessus. En effet, une certaine Aimée-Rose du Buc, née le 19 décembre 1776 dans les îles américaines, a bien disparue en juillet 1788 lors de son retour de France en Martinique. Mais, ceci est en contradiction avec la date de naissance du sultan Mahmut II, en 1785.
Certaines sources turques indiquent que la sultane Naksidil, quatrième Kadin (épouse), de l’empereur, adopta le petit Mahmut, fils d’une autre femme du sultan, décédée prématurément et qui aurait aussi été d’origine créole.
Autre possibilité : Aimée-Rose du Buc et Aimée Dubuc de la Rivery, sont deux personnes différentes qui ont toutes deux disparues en mer.
Ce qui ne fait pas de doutes, ce sont les origines créoles de la sultane Naksidil. Ainsi, cette sultane devenue sultane-mère ou « validé » lors du règne de Mahmut II, avait même fait venir des sœurs catholiques de France pour parfaire l’éducation de son fils, que la population appelait : Gavur Sultan, c’est-à-dire, le sultan infidèle.
On est donc à peu près sûr aujourd’hui, que la sultane-mère a gardé sa religion d’origine tout au long de sa vie et l’a même transmise à son fils sultan. Ainsi, et bien que l’on trouve des traces de dons à certaines fondations religieuses musulmanes de la part de la sultane et du sultan, aucun des deux personnages n’a laissé une mosquée impériale, comme il était de tradition de le faire, même pour les sultanes mères qui avaient gardé leur religion d’origine en secret.
Le sultan Mahmut II qui, de façade, pratiquait la religion musulmane, a laissé des traces importantes dans l’histoire de l’Empire ottoman. C’est sous son ordre, dicté du haut du mihrab
de la mosquée du Sultan Ahmet (mosquée Bleue), que la garde impériale des janissaires fut dissolue. Un massacre général s’en suivit sur la place de l’Hippodrome et dans leur quartier de Vatan, autour de la mosquée de Fenari Isa.
Mahmut II fut apprécié des habitants chrétiens de l’empire, notamment les Arméniens grégoriens et les Grecs orthodoxes. Plusieurs églises et chapelles ont été construites sous son règne, avec son financement. L’église la plus importante est sans doute, celle de la Panaya à Balikli (Panaghia Balouklou).
Mahmut II a également laissé des traces dans l’architecture civile, comme sa fameuse bibliothèque à Nicosie (
République de Chypre du Nord).





Ali Efendi



Ali Efendi était un janissaire amoureux de la sultane Naksidil. Fils d'un négociant de chevaux albanais et d'une Vénitienne catholique de Corfou, il était lieutenant du sultan Mahmut II.
Ali Efendi rencontra Naksidil en 1808, elle était déjà la sultane Valide, son fils était sultan, et Abdulhamit était mort depuis le 6 avril 1789.
Après que Naksidil ait présenté Ali en tant que son amoureux, Mahmut l'a promu au grade de Pacha, équivalent au rang principal d'aujourd'hui de général.



Mausolée de la sultane Naksidil



Naksidil Sultan (Aimée Dubuc de la Rivery) Türbesi

C’est sur la 4e colline de Constantinople, dans l’immense enceinte du complexe de la mosquée de Fatih (Mehmet-le-Conquérant), que se trouve le mausolée de la légendaire sultane

Après la mort de sa mère en 1837, Mahmut fit exécuter Ali Efendi.

Si rien n’est vraiment sur quant à l’histoire d’Aimée Dubuc de la Rivery, cousine de l’impératrice française Joséphine, on sait que, celle qui avait pour nom de harem Naksili Sultane et qui avait des origines martiniquaises, repose à cet endroit, tout près de la femme du Conquérant, une autre française, la sultane Gülbahar.

L’immense mausolée se présente comme un ensemble de bâtiments encerclés par un haut mur et séparés du reste du complexe de Fatih et même du cimetière impérial. Une partie du mausolée s’ouvre néanmoins sur l’extérieur et impose sa lourde façade dans un angle, formant ainsi un coté de deux ruelles.

Une école religieuse se trouve dans la cour, ainsi que d’autres mausolées plus petits et divers bâtiments.
Le siège du müftü (autorité religieuse) de la
mairie de Fatih, se trouve ici et l’on est étonné que l’ensemble soit si peu entretenu, vu l’importance de l’endroit.

Le jardin n’est donc pas entretenu, pire que ça : des déchets de toutes sortes encombres la pelouse en broussaille, dont une voiture rouillée et l’entrée même du mausolée est bloquée par deux frigos. Les murs de l’ensemble des bâtiments sont dans un état assez dégénéré, tandis que la fontaine sur la façade extérieure à l’est, est pratiquement détruite.

Cet ensemble, qui reflète l’architecture ottomane religieuse du XIXe siècle, mériterait une complète restauration, qui n’est visiblement pas prévue au programme.

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Mausolée
Abdulhamit 1er


Sultan I. Abdülhamit TürbesiQuartier Eminönü. Mairie de Fatih, secteur Eminönü
Tram : Eminönü ou Sirkeci

Le mausolée du sultan Abdülhamit est bien éloigné de celui de son épouse la sultane Naksidil, d’origine française, ensevelie à coté de la mosquée du Conquérant (Fatih).

Autrefois, il y avait une école religieuse à l’ouest et une fontaine de donations à l’est du mausolée.
La fontaine fut déplacée lors de la construction de l’immeuble IV des Fondations, en face de l’entrée du parc de Gülhane. L’école fut incorporée à la série de bâtiments commerciaux qui forment la rue.

Un petit cimetière se trouve à coté du mausolée qui est décoré de céramique et qui est toujours ouvert aux visiteurs

Le château Dubuc



LA RESERVE NATURELLE DE LA CARAVELLE



Le " Château Dubuc" apparaît pour la première fois sur les cartes de la Martinique datées de 1773.
C'est en 1657 que Pierre DUBUC, originaire de Normandie, débarque en Martinique.
Pour avoir participé à plusieurs expéditions contre les Indiens Caraïbes, il reçoit en récompense une concession dans la région de La Trinité où il s'installe à partir de 1671.

Balthazar, son deuxième fils, s'établit à la Caravelle sur l'Habitation Spoutourne mais c'est son petit-fils Louis Dubuc du Galion qui fixe dans la pierre la puissance de cette famille en construisant l'Habitation Caravelle qui devait devenir, par la suite, le "château Dubuc".

Les installations de cette Habitation sont, pour l'époque, considérables.
L'importance des dépôts en particulier l'isolement de l'Habitation laissent supposer la pratique d'autres activités que la production de sucre, à savoir la contrebande et le trafic d'esclaves.
Cependant, dès 1770, le Château Dubuc est progressivement abandonné à la suite du terrible cyclone de 1766 et de la gestion désastreuse qui découle de la participation des Dubuc à différentes batailles contre les Anglais.

C'est en 1974 que le SIATNO (Communauté des Communes) fit l'acquisition pour le compte du Parc Naturel Régional, alors en gestation, des 2,5 h de terrain d'assiette des ruines du Château.
Malgré les nombreuse
s
difficultés à ravir les ruines de l'emprise des "figuiers maudits", le PNRM, dont une des missions consiste en la protection du patrimoine naturel et historique de la Martinique, poursuit un programme de restauration et de valorisation du site.

Le Château Dubuc est classé Monument Historique depuis 1991.
La presqu'île de la Caravelle marque le profil atlantique de l'île d'un bras de terre de 10 km de long, perpendiculaire à la côte.

L'extrémité de la presqu'île n'a pas échappé à un déboisement partiel pour la culture de la canne et l'exploitation du bois.
Cependant, depuis le XVIIème siècle, sa position géographique extrême et l'âpreté de son climat très sec lui ont épargné plus qu'ailleurs des dégradations irréversibles.
C'est ce qui a permis la reconstitution progressive des milieux naturels, à la faveur du découpage particulier de ses côtes et de son relief accidenté en une mosaïque remarquable de végétation très diversifiée telle que : forêt sèche, fourrés, mangrove, forêt d'arrière plage, savane, flore de falaises.

Ces différents milieux constituent autant d'habitats pour un nombre important d'oiseaux sédentaires dont deux sont endémiques à la Martinique :
- La Gorge Blanche
- Le Carouge.

Cette Réserve Naturelle a une superficie de 422 ha dont 89% de propriété publique et vous permet de découvrir la flore et faune du littoral atlantique grâce à un petit et un grand sentier de randonnée.
Ces circuits offrent de remarquables points de vue sur la pointe de la presqu'île et permettent d'en découvrir les multiples milieux.

Par ailleurs, un circuit d'interprétation traverse la Réserve jusqu'au phare et à la station météo, rejoint les falaises à travers bois et longe la côte d'anses en pointes jusqu'à la Baie du Trésor avant de remonter vers les ruines du Château Dubuc*


Texte tiré du site :
http://www.crdp.ac-martinique.fr/arts-culture/fiche_museeDUBUC.html




















 













































Les petites morts d'Ivan Desditch

Les petites morts d'Ivan Desditch




Ivan Grossousoff Desditch, prince du district d'Aquitovo-Vosnovensk, avait de tout temps mené une vie de barodchez1, dilapidant les biens hérités du majorat de sa mère Selma Christeva Lagerloff, comme la fameuse tour Guenieff du palais des Grossousoff. Single* depuis la mort de sa petite étoile, Atchitchornia Salicila Demétyl, son épouse bien aimée, Ivan Desditch était d'abord resté sombre, comme coupable de ne pouvoir se consoler par des peccadilles qui lui inspiraient d'ailleurs de lui-même un profond sentiment de ragoudcha2 : le spleen*. Il y avait de quoi car Salicila Demétyl s'était pendue avec les cordes de son luth dans le cimetière des musiciens au bout de la perspective Nevski, sur la tombe de Mily Balakirev, en pleine nuit du Bolchoï3.
Doublement ruiné, Ivan Desditch dut reprendre son travail de sectateur de musique et voulut regagner les pertes au jeu que lui avait fait subir Ivan Désandvich Alagar, son collègue, ami - qui l'avait consolé lors de son deuil - et créancier. Ivan Desditch avait, en effet, perdu ses terres de la commune de Pausilippe, près de Tienvlamédor et les étangs d'Italazoff, les jardins de Tchernobyl et les bois de Rosmarin aux fines odeurs de goghs4. Mais Igor Kidine ne se souvenait plus à qui il avait vendu ces biens ou même donné un soir de beuverie entre musiciens : Pavel Chesnocov ou Igor Borodine, Nicolaï Korsakov ou Vassily Titov ? "That was the question".* Qu'importe, Ivan Desditch qui se prenait pour l'un ou l'autre de ces labadens* s'était réorganisé pour vivre sans déplaisir et se divertir de manière décente comme il se doit à un prince khonar5. Il eut donc une liaison avec Régina Kamtchatka dont il eut à rougir car la dame, provinciale et d'origine subalterne malgré son prénom, ne voulait que flatter le jeune Dhart6. Ensuite une fraternisation au nom de la Sainte-Croix avec des "soeurs de joie"* également de modeste origine - dites les six reines - dans les grottes de Saint-Basile de Koch.
Jusqu'au jour où Ivan Desditch souffrant de la solitude et du tragique de ce monde assujetti aux énormités tsaristes décida de refranchir le fleuve Amour pour établir des relations musicales avec des jeunes filles de son milieu. Il eut à choisir entre Fescovia Féodor Féodovna, une sainte, dont les Khopul7 l'agaçaient un peu et une véritable fée Ella Dubov Fornicatrich dont les cris au cours de leurs catleïas8 l'effrayaient prou*.
Mais le procédé des ménages, les caresses conjugales des premiers temps ne purent assouvir la passion de la moujik* chez Ivan Desditch qui se plut à méditer la parole de l'Évangéliste, qui a dit : « Celui qui ne peut vivre avec un petit pied n'aura pas droit au pied qu'il mérite ». Les six reines, Régina, Fescovia et Ella Dubov occupèrent alors une grande partie de ses nuits,
Il accrocha alors à la porte de sa barak9 l'icône d'un soleil noir, afin d'éloigner quelques popes obtus.

Géron Léard Nertoï comte de Tolsval
Traduit par Alanov Raphaëlovitch Zalmansky



1 Petit bourgeois2 Dégoût3 Nouvel an orthodoxe (6 janvier grégorien, 22 décembre julien)4 Santal5 Bon enfant6 Noble7 Soupirs8 Conversations9 Datcha en forme d'isba, mais plus confortable et chauffée grâce à une étable contigüe (système EBS)* En français dans le texte.


Pastiche de Léon Nikolaïevitch Tolstoï (1828-1910).