1er mai : les origines de la fête du muguet et du travail
La fête du 1er mai a en réalité deux origines et deux histoires. La première remonte au Moyen-Age tandis que la seconde trouve ses origines à Chicago en 1886.
Publié le 30 avril 2013
Pourquoi le 1er mai est la fête du muguet ?
Depuis le Moyen-Age. Il semble que le muguet aussi appelé lys des vallées, une plante originaire du Japon, soit présente en Europe depuis le Moyen-Age. La plante à clochettes a toujours symbolisé le printemps et les Celtes qui lui accordaient des vertus porte-bonheur.
Le 1er mai 1561, le roi Charles IX officialisa les choses : ayant reçu à cette date un brin de muguet en guise de porte-bonheur, il décida d'en offrir chaque année aux dames de la cour. La tradition était née.
La fleur est aussi celle des rencontres amoureuses. Longtemps, furent organisés en Europe des "bals du muguet". C'était d'ailleurs l'un des seuls bals de l'année où les parents n'avaient pas le droit de cité. Ce jour-là, les jeunes filles s'habillaient de blanc et les garçons ornaient leur boutonnière d'un brin de
muguet.
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Affiche de 1936 © Archives nationales
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A Paris, au début du siècle, les couturiers en offrent trois brins aux ouvrières et petites mains. Mais il faut attendre 1976 pour qu'il soit associé à la fête du 1er mai. Sur la boutonnière des manifestants, il remplace alors l'églantine et le triangle rouge qui symbolisait la division de la journée en trois parties égales : travail, sommeil, loisirs.
Pourquoi le 1er mai est la fête du Travail ?
1er mai 1886. Ce samedi à Chicago, un mouvement revendicatif pour la journée de 8 heures est lancé par les syndicats américain. Une grève, suivie par 400 000 salariés paralyse de nombreuses usines. Le mouvement se poursuit et le 4 mai, lors d'une manifestation, une bombe est jetée sur les policiers qui ripostent. Bilan : une dizaine de morts, dont 7 policiers. S'en suivra la condamnation à mort de cinq anarchistes.
20 juin 1889 : le congrès de la IIe Internationale socialiste réuni à Paris pour le centenaire de la Révolution française, décide de faire du 1er mai un jour de lutte à travers le monde avec pour objectif la journée de huit heures. Cette date fut choisie en mémoire du mouvement du 1er mai 1886 de Chicago.
Dès 1890, les manifestants arborent un triangle rouge symbolisant leur triple revendication : 8 heures de travail, 8 heures de sommeil, 8 heures de loisirs. Cette marque est progressivement remplacée par une fleur d'églantine, puis en 1907 par un brin de muguet. Le muguet fait son grand retour...
Les manifs de 1936 : dans les années qui suivent, le 1er mai s'impose peu à peu comme un rendez-vous et un jour de grèves ouvrier, mais c'est en 1936 qu'ont lieu les plus grandes manifestations. Ces manifestations du 1er mai 1936 marquent durablement l'imaginaire français. Elles contribuent en effet à l'élection de la première coalition républicaine de centre gauche, deux jours plus tard : le Front populaire. Présidée par le socialiste Léon Blum, ce gouvernement ne tarde pas à adopter des mesures historiques pour les travailleurs, la semaine de 40h, les deux premières semaines de congés payés ou la reconnaissance du droit syndical.
24 avril 1941 : en pleine occupation allemande, le 1er mai est officiellement désigné comme la fête du Travail par le gouvernement de Vichy qui espérait rallier les ouvriers. Le jour devient chômé.
Avril 1947 : la mesure est reprise par le gouvernement issu de la Libération. Celui-ci fait du 1er mai un jour férié et payé.
Aujourd'hui, la Fête du Travail est commémorée par un jour chômé dans la plupart des pays d'Europe à l'exception notamment de la Suisse et des Pays-Bas. Le 1er mai est aussi fêté en Afrique du Sud, en Amérique Latine, en Russie, au Japon. Au Royaume-Uni, c'est le premier lundi de mai qui est fêté. Étonnemment, aux Etats-Unis, le "Labor Day" est célébré le premier lundi de septembre, et non en mai, en mémoire d'un autre épisode de la répression ouvrière.
EN VIDEO : Cette année, le muguet du premier mai, produit par des maraîchers de la région nantaise à 80 %, s'annonce très belle :
En France, au début du XXe siècle, il devient habituel, à l'occasion du 1er mai, d'offrir un brin de muguet, symbole du printemps en Île-de-France. C'est une coutume de la Cour lancée, ou adoptée, le 1er mai 1561 par la régente Catherine de Médicis : dans l'attente de son prochain sacre, le jeune roi Charles IX, âgé de dix ans, offrit un brin de muguet aux dames présentes. Aujourd'hui, une tolérance de l'administration fiscale permet aux particuliers et aux organisations de travailleurs de vendre les brins de muguet sans formalités ni taxes (attention, il s'agit de muguet du jardin ou des bois et non pas de muguet acheté, car dans ce cas ce serait de la revente, donc pas autorisé).
Le 23 avril 1919, le Sénat ratifie la journée de huit heures et fait du 1er mai suivant une journée chômée.
Le 24 avril 1941, le maréchal Pétain instaure officiellement le 1er mai comme « la fête du Travail et de la Concorde sociale ». À l’initiative de René Belin, ancien dirigeant de l’aile anticommuniste de la CGT (Confédération générale du travail) devenu secrétaire d’État au travail dans le gouvernement de François Darlan, le jour devient férié, chômé et payé[16]. La radio ne manque pas de souligner que le 1er mai coïncide aussi avec la fête du saint patron du maréchal, saint Philippe. L’églantine rouge (Rosa canina ou Rosa rubiginosa), associée à la gauche, est remplacée par le muguet.
En 1947, le 1er mai devient, dans le code du travail, un jour férié chômé et payé pour tous les salariés sans conditions[17] (mais il n’est pas officiellement désigné comme fête du Travail). Ce n’est que le 29 avril 1948 qu’est officialisée la dénomination « fête du Travail » pour le 1er mai.
Beaucoup à gauche voudraient que la fête du Travail redevienne la fête des Travailleurs, rejetant les mesures de Pétain. Par contre l’églantine rouge (d’origine révolutionnaire) n’est plus vraiment une revendication, d’autant que la vente libre du muguet par tous ce jour-là donne l’occasion aux syndicats de rencontrer la population et de faire connaître leurs activités et revendications.
Des manifestations syndicales, voire intersyndicales ou unitaires (selon les années, les revendications et les mouvements sociaux en cours), ont lieu dans les grandes villes de France le 1er mai, les plus importantes d'entre elles ayant traditionnellement lieu à Paris.
La Fête du Travail est le nom de plusieurs fêtes qui furent instituées à partir du XVIIIe siècle pour célébrer les réalisations des travailleurs.
De nos jours, elle se confond dans de nombreux pays avec la journée internationale des travailleurs, fête internationale instaurée à l'origine comme journée annuelle de grève pour la réduction du temps de travail, qui devint rapidement une journée de célébration des combats des travailleurs. Elle est célébrée dans de nombreux pays du monde le 1er mai et est l’occasion d’importantes manifestations du mouvement ouvrier.
On peut remarquer des différences dans plusieurs pays sur la façon dont la fête des travailleurs est pratiquée. Au Canada et aux États-Unis, la journée internationale des travailleurs est célébrée le 1er mai, tandis que la fête du travail est un jour férié du mois de septembre[1],[2]. Au Royaume-Uni et en Irlande, elle est décalée le premier lundi de mai. En Australie, elle est fêtée à différentes dates proches du printemps ou de l’automne.
Cette journée est souvent un jour férié. Elle est parfois associée à d’autres festivités ou traditions populaires.
Les premières « Fêtes du travail »
Des premières célébrations de "fêtes du travail" existent dès la fin du
XVIIIe siècle.
En
France, dès 1793, le
calendrier républicain de
Fabre d’Églantine proposait une fête du Travail au
3e jour des
sansculottides [3]. Elle fut instituée au
1er pluviôse (20 janvier) par
Saint-Just, et fut célébrée pendant quelques années
[4].
En 1867, au
familistère Godin de Guise naît une fête du Travail
[5], alors que
Jean-Baptiste André Godin venait tout juste d'achever la rédaction de
Solutions sociales. La date de la manifestation est fixée au 5 juin ; elle est toujours célébrée aujourd'hui.
La première proposition de
Labor Day serait due, selon le
Département du Travail des États-Unis, à
Peter J. McGuire (en), secrétaire général de la Confrérie des charpentiers et des menuisiers avec l'aide d'un cofondateur de la
Fédération américaine du travail (
American Federation of Labor ou AFL), afin d'honorer « Ceux qui de la nature brute ont taillé et ouvragé toute la splendeur que nous contemplons. »
[6] Les ouvriers new-yorkais manifestèrent pour la première fois le mardi 5 septembre 1882. De l'hôtel de ville à la place des syndicats,
10 000 ouvriers marchent, inaugurant le tout premier défilé de la Fête du travail.
Les origines de la Journée internationale des travailleurs
La fête internationale telle qu'elle est célébrée de nos jours tire son origine des combats du mouvement ouvrier pour obtenir la
journée de huit heures, à la fin du
XIXe siècle.
Aux
États-Unis, au cours de leur congrès de
1884, les
syndicats américains se donnent deux ans pour imposer aux patrons une limitation de la journée de travail à huit heures. Ils choisissent de débuter leur action le
1er mai parce que beaucoup d’entreprises américaines entament ce jour-là leur année comptable, et que les contrats ont leur terme ce jour-là. La grève générale du
1er mai
1886 est largement suivie
[7]. Ils sont environ 340 000 dans tout le pays.
À Chicago, la grève se prolonge dans certaines entreprises, et le 3 mai
1886, une manifestation fait trois morts parmi les grévistes de la société
McCormick Harvester. Le lendemain a lieu une marche de protestation et dans la soirée, tandis que la manifestation se disperse à
Haymarket Square, il ne reste plus que 200 manifestants face à autant de policiers.
C’est alors qu'une bombe explose devant les forces de l’ordre. Elle fait un mort dans les rangs de la police. Sept autres policiers sont tués dans la bagarre qui s’ensuit. À la suite de cet attentat, cinq syndicalistes anarchistes sont condamnés à mort (
Albert Parsons,
Adolph Fischer,
George Engel,
August Spies et
Louis Lingg) ; quatre seront pendus le vendredi
11 novembre 1887 (connu depuis comme
Black Friday ou « vendredi noir ») malgré l’inexistence de preuves, le dernier (Louis Lingg) s’étant suicidé dans sa cellule. Trois autres sont condamnés à perpétuité.
En
1893,
le gouverneur progressiste de l'Illinois signe des pardons pour les syndicalistes encore détenus, en raison de la fragilité de l'enquête et du processus judiciaire[réf. nécessaire] [8].
Sur une stèle du cimetière de Waldheim, à Chicago, sont inscrites les dernières paroles de l’un des condamnés,
August Spies :
- « Le jour viendra où notre silence sera plus puissant que les voix que vous étranglez aujourd’hui[9] »
De la revendication à la commémoration
Trois ans plus tard, la
IIe Internationale socialiste se réunit à
Paris, à l'occasion du centenaire de la
Révolution française et de l’
exposition universelle.
Sur une proposition de
Raymond Lavigne, elle décide le
20 juillet 1889 de faire de chaque
1er mai une journée de manifestation avec pour objectif la réduction de la journée de travail à huit heures (soit 48 heures hebdomadaires, le dimanche seul étant chômé)
[10].
Le
1er mai
1890, l'événement est ainsi célébré dans la plupart des pays, avec des participations diverses.
Le
1er mai
1891, à
Fourmies, dans le
Nord, en
France, la manifestation tourne au drame : la police tire sur les ouvriers et fait neuf morts (voir la
Fusillade de Fourmies et
affaire de Clichy). Avec ce nouveau drame, le
1er mai s’enracine dans la tradition de lutte des ouvriers européens. Les militants épinglent une églantine écarlate (
Rosa canina ou
Rosa rubiginosa), fleur traditionnelle du Nord, en souvenir du sang versé
[11].
Quelques mois plus tard, à
Bruxelles, l'
Internationale socialiste renouvelle le caractère revendicatif et international du
1er mai.
En
1920, la
Russie bolchévique décide que le
1er mai sera désormais chômé et deviendra la fête légale des travailleurs.
Son exemple est suivi dans la plupart des autres pays[réf. nécessaire].
Pie XII institue en
1955 la fête de
saint Joseph artisan, destinée à être célébrée le
1er mai de chaque année.
Dans le monde
Aujourd’hui, la
fête des Travailleurs (appelée fête du travail par les conservateurs) est commémorée par un
jour férié chômé
[12] le
1er mai dans la plupart des pays ayant institué une telle fête, comme la France
[13].
Affichette pour un rassemblement anticapitaliste le
1er mai à Montréal (2011).
En
Amérique du Nord, il existe une distinction entre fête du Travail et fête des Travailleurs :
- En effet la fête du Travail (Labor Day) est célébrée le premier lundi de septembre, il s’agit d’un jour férié et chômé marquant traditionnellement la rentrée (scolaire, artistique, , etc.) après les vacances d’été. Elle n'a pratiquement plus de signification politique particulière.
- La fête des Travailleurs a lieu, quant à elle, le 1er mai. Ce jour n’est pas férié, mais est très largement célébré par les syndicats ainsi que les partis, groupes et organisations de gauche ; elle est vue comme une journée de la célébration de la classe ouvrière. Traditionnellement, lorsqu’il y a une augmentation du salaire minimum au Québec, cela a lieu le 1er mai.
Manifestation du
1er mai à Chicago (2012)
Aux
États-Unis, le
Labor Day (ou Fête du Travail) n'est pas directement lié aux fameuses journées de mai
1886 à Chicago dites
Haymarket affair.
C'est avec la résolution suivante prise dans l'été de 1885, par le
Central Labor Union fondé à New-York en mars 1882 que le
1er mai se changea en
1er lundi de septembre aux États-Unis. Alors que d’autres organisations syndicales avaient déjà voté et adopté une proposition visant à honorer le
1er mai 1886.
« Considérant que différents jours de l'année sont consacrés par la loi comme jour de repos en mémoire d'événements importants, et considérant qu'il n'en est aucun qui se rapporte à une démonstration ouvrière, Le Central Labor Union déclare le premier lundi de septembre de chaque année
Labor Day et décide que ce jour sera observé comme jour de repos. Nous demandons à toutes les organisations centrales de travailleurs dans tous les États-Unis de s'unir à nous pour exécuter dans sa lettre et dans son esprit la présente résolution. »
[réf. souhaitée]
Le 11 mai 1894, les ouvriers de
Pullman Palace Car Company à Chicago protestent contre des réductions de salaire et le licenciement des représentants des syndicats. Ils cherchent l'appui de leur syndicat central mené par Eugene V. Debs. Le 26 juin, l'Union américaine des chemins de fer appelle à un boycott de toutes les voitures ferroviaires de Pullman. Dans les jours qui suivent,
50 000 ouvriers du rail se conforment à cette directive et la circulation ferroviaire à Chicago s’arrête.
Le 4 juillet, le président américain
Grover Cleveland envoie
12 000 hommes de troupe pour briser le mouvement, s'ensuivent des émeutes et des affrontements violents. Deux hommes sont tués au cours de ces affrontements, à
Kensington, près de
Chicago. La grève est déclarée terminée le
3 août 1894, les ouvriers de Pullman prenant même l’engagement de ne plus se syndiquer
[14].
En raison de la brutalité démontrée, les représentants s'émeuvent et ceux de
Washington réussissent à faire passer la proposition d’un jour chômé (le
1er lundi de septembre) pour honorer les travailleurs. Le président lui-même signe le projet de loi instaurant officiellement le
Labor Day (six jours à peine après l’intervention de l’armée) dans l’espoir de se faire réélire la même année, mais cet espoir s’est avéré vain
[14].
Aux États-Unis, deux raisons au moins expliquent le fait que la fête du Travail est célébrée le 1er lundi de septembre. Les puissants syndicats nord-américains comme l’AFL-CIO n’ont pas voulu s’aligner sur les syndicats européens « d’orientation communiste » et le président Roosevelt (un démocrate social) trouvait que la date du 1er septembre équilibrait mieux le calendrier des jours fériés américains.[réf. nécessaire]
Au
Québec, les grandes centrales syndicales ainsi que quelques partis et organisations de gauche manifestent le
1er mai. Plus récemment, les institutions syndicales québécoises ont tendance à célébrer la Fête des travailleurs par des rassemblements festifs le samedi ou le dimanche précédent ou suivant le
1er mai, plutôt que la journée même lorsque celle-ci tombe un jour ouvrable. Malgré cette nouvelle tendance, des manifestations sont scrupuleusement organisées le
1er mai de chaque année par des collectifs et organismes anticapitalistes.
Caraïbes
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À
Trinité-et-Tobago, la
Fête du travail (
Labour Day) est marquée le
19 juin depuis
1973 pour commémorer les émeutes populaires de
1937. En
République dominicaine, la « Fête des travailleurs » est célébrée le 30 avril et est un jour férié. À Cuba,
el día del trabajadores est célébré le
1er mai et est un jour férié. Durant ce jour, de nombreux défilés de travailleurs ont lieu dans les rues du pays.
En Asie
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En
Indonésie, la
fête du Travail[réf. nécessaire] a commencé à être célébrée en
1920 à l'
époque coloniale. Sous le régime
Suharto, fêter le
1er mai était une activité subversive. Depuis la démission de Suharto en
1998, le
1er mai est célébré par les syndicats mais n'est toujours pas jour chômé.
En
Israël, on ne chôme pas le
1er mai.
La
fête du Travail[réf. nécessaire] est une
fête nationale célébrée au
Liban le
1er mai de chaque année ; jour légalement
férié. Quand ce
jour férié tombe un
dimanche, le lendemain est chômé.
Officiellement, la
Chine célébrait auparavant la
fête du Travail[réf. nécessaire] pendant trois jours, sauf depuis 2008, où les travailleurs n'ont que le
1er mai. Cependant une grande partie des magasins restent ouverts. La
Chine, le
Vietnam et la
Corée du Nord s'inscrivent dans la tradition ouvrière du
1er mai chômé introduit par la
IIe Internationale; le Parti Unique s'y retrouve politiquement et symboliquement. Quant à la
Corée du Sud, elle reste l'un des seuls pays asiatiques qui donnent au
1er mai le même symbole occidental et démocratique à la fête du Travail (노동절, No Dong Jeol).
Au
Japon, la fête du travail (勤労感謝の日, Kinrō Kansha no Hi) est célébrée le
23 novembre,
jour férié. Ce jour de congé fut établi en
1948, pour louer le travail et célébrer la production. Avant cela, le 23 novembre était célébré comme une fête de la moisson impériale appelée Niiname-sai (新嘗祭).
En Europe
L'arbre de mai
Le
1er mai a longtemps donné lieu à des réjouissances en l'honneur du printemps selon le rite ancestral de l’« arbre de mai », que l'on retrouve dans différentes régions d'Europe (on peut lire à ce propos un très joli poème de
Victor Hugo). Durant la nuit du 30 avril, les jeunes célibataires se rendent en forêt pour couper un arbre qu'ils décorent ensuite avant de le déposer comme gage de fiançailles devant la porte de la jeune fille courtisée. La coutume se transforme ensuite par l'offrande d'un bouquet de
muguet, tradition initiée par
Charles IX qui en offrait aux dames de la
cour le
1er mai[11].
En Allemagne
En
Allemagne, le
1er mai est chômé. On porte traditionnellement un
œillet rouge à la boutonnière pour la fête du Travail (
Tag der Arbeit). Cette tradition remonte au
1er mai
1890, où pour répondre à l'appel de la
IIe Internationale malgré l’interdiction de manifester prévue par la
Sozialistengesetz, les militants décident de se retrouver dans des parcs en portant un œillet rouge en signe de reconnaissance.
Plutôt délaissé en République fédérale d'Allemagne, ce symbole était très utilisé en
République démocratique allemande, entre autres par les organisations de jeunesse.
En certains endroits, comme à
Stuttgart, les enfants profitent de la nuit précédant le
1er mai pour faire des farces d’une façon qui rappelle l'
Halloween[15].
En Suisse
En
Suisse, le
1er mai n'est chômé que dans certains cantons (Bâle, Jura, Shaffhouse, Soleure, Tessin, Thurgovie, Zürich) et même district. Mais les syndicats organisent aussi des défilés dans l'après-midi ou en fin de journée, dans les cantons où ce jour n'est pas chômé.
En France
1er mai 1891 - L'échauffourée de
Clichy.
Un bouquet de
muguet, offert le
1er mai.
En
France, au début du
XXe siècle, il devient habituel, à l'occasion du
1er mai, d'offrir un brin de
muguet, symbole du
printemps en
Île-de-France. C'est une coutume de la Cour lancée, ou adoptée, le
1er mai
1561 par la régente
Catherine de Médicis : dans l'attente de son prochain sacre, le jeune roi
Charles IX, âgé de dix ans, offrit un brin de muguet aux dames présentes. Aujourd'hui, une tolérance de l'administration fiscale permet aux particuliers et aux organisations de travailleurs de vendre les brins de muguet sans formalités ni taxes (attention, il s'agit de muguet du jardin ou des bois et non pas de muguet acheté, car dans ce cas ce serait de la revente, donc pas autorisé).
Le
23 avril 1919, le
Sénat ratifie la journée de huit heures et fait du
1er mai suivant une journée chômée.
Le
24 avril 1941, le
maréchal Pétain instaure officiellement le
1er mai comme « la fête du Travail et de la Concorde sociale ». À l’initiative de
René Belin, ancien dirigeant de l’aile anticommuniste de la
CGT (Confédération générale du travail) devenu secrétaire d’État au travail dans le gouvernement de
François Darlan, le jour devient férié, chômé et payé
[16]. La radio ne manque pas de souligner que le
1er mai coïncide aussi avec la fête du saint patron du maréchal,
saint Philippe. L’églantine rouge (
Rosa canina ou
Rosa rubiginosa), associée à la
gauche, est remplacée par le
muguet.
En
1947, le
1er mai devient, dans le code du travail, un jour férié chômé et payé pour tous les salariés sans conditions
[17] (mais il n’est pas officiellement désigné comme fête du Travail). Ce n’est que le
29 avril 1948 qu’est officialisée la dénomination « fête du Travail » pour le
1er mai.
Beaucoup à gauche voudraient que la fête du Travail redevienne la fête des Travailleurs, rejetant les mesures de Pétain. Par contre l’églantine rouge (d’origine révolutionnaire) n’est plus vraiment une revendication, d’autant que la vente libre du muguet par tous ce jour-là donne l’occasion aux syndicats de rencontrer la population et de faire connaître leurs activités et revendications.
Des
manifestations syndicales, voire intersyndicales ou unitaires (selon les années, les revendications et les mouvements sociaux en cours), ont lieu dans les grandes villes de France le
1er mai, les plus importantes d'entre elles ayant traditionnellement lieu à Paris.
à lire :
- Maurice Dommanget, Histoire du Premier Mai, éd. Le Mot et le reste, 1953 ; rééd. 2006 (ISBN 2-915378-23-1)
- Danielle Tartakowsky, La Part du rêve - Histoire du 1er mai en France, éd. Hachette, Paris, 2005 (ISBN 2-01-235771-7)
- André Rossel-Kirschen, Histoire internationale du Premier Mai, Édition de la Courtille, 1977 ; rééd. 1984 (ISBN 2-7207-0043-6) Scan de l'ouvrage, site de l'auteur
- « Le Premier Mai dans l'Histoire », Les Cahiers no 2 du Centre d'histoire syndicale de l'union