C'est sur les réseaux sociaux que l'appel à "faire disparaître les monuments" avait été lancé il y a quelques jours. Les activistes ont tenu leur promesse et c'est à coup de massue qu'ils ont renversé la statue de Joséphine puis celle de Pierre Belain D'Esnambuc ce dimanche matin (26 juillet 2020).
Au son du tambour, la massue s'abat sur le socle sur lequel est posée la statue de Joséphine de Beauharnais, place de la Savane au centre-ville de Fort-de-France.
Les activistes se relaient pour faire tomber la dame déjà privée de tête depuis plus de 20 ans. Autour, plus d'une centaine de personnes chantent et filment la scène qui restera dans les mémoires.
Puis, une fois détachée du socle, la statue est tirée à l'aide de cordes vers le sol. Peu après 11h40, elle est renversée et est couverte de feuilles de palmiers. Le feu y sera mis quelques minutes plus tard.
Des personnels de la mairie de Fort-de-France sont présents sur place, mais n'ont pas tenté d'intervenir.
Quelques minutes après, c'est cette fois la statue du colon Pierre Belain D'Esnambuc qui se retrouve au sol. Les activistes l'ont tiré avec des cordes jusqu'à ce qu'elle se détache du socle.
Les activistes n'hésitent pas à sauter sur la statue dans une expression similaire à celle qui avait succédé à la démolition des statues de Schoelcher en mai 2020, à Schoelcher et Fort-de-France.
Par la suite, les activistes ont traîné la tête séparée de la statue du colon, dans la rue de la Liberté avant de la jeter dans la cour de la préfecture.
Une partie des activistes a retiré la plaque de la rue Blénac et les autres sont restés pendant quelques minutes devant la préfecture, entourés de policiers.
Ce n'est pas la première fois que ces statues sont attaquées. En 1991, un commando avait décapité la statue sur la place de la savane à Fort-de-France.
Plus récemment, les activistes avaient taggué et mis le feu à la statue de Pierre Belain D'Esnambuc, lors d'une nuit de violence au centre ville du chef lieu.
Le maire de Fort-de-France, Didier Laguerre envisageait de démonter la statue.
Le 22 mai 2020, ce sont les statues de Victor Schoelcher situées à Fort-de-France et à Schoelcher qui avaient été renversées.
La chercheuse Sandrine Lemaire, rappelle que le déboulonnage de statues dans ce mouvement lié à la lutte antiraciste, est parti du 22 mai 2020 en Martinique. Elle rappelle que les actes symboliques où l'on s’attaque aux monuments publics ne sont pas récents. Elle cite la Révolution française de 1789, où les insurgés ont attaqué les symboles de la royauté ou l'occupation allemande et le régime de Vichy, qui s’en sont pris aux symboles républicains...
Spécialiste de l’histoire coloniale et de l’esclavage, Sandrine Lemaire explique que la statuaire est un héritage de la IIIe République. Celle-ci, dans un contexte fragile a eu besoin de "symboles amenant des lumières pour s’affirmer, s’identifier et s’incarner". Sandrine Lemaire a mis l’accent sur l'importance et la vulgarisation de l'histoire, "car vivre ensemble passe par une transmission de l’histoire, toute l’histoire dans sa complexité".
Karfa Diallo, président de l'association Mémoires et partage, parle de dialectique entre histoire et mémoire, comparant dans son univers militant, les activistes à des artistes. Il évoque Bordeaux, 2e port négrier et 1er port colonial qui s'est enrichi dans le commerce d'esclaves. Karfa Diallo déclare : "le laboratoire du racisme est né sur les plantations".
Il explique avec précision, le processus de l'esclavage, parle de son travail de longue haleine, de son action militante, de la nécessité de compléter la loi Taubira en matière de réparation en commençant par Haïti. Karfa Diallo fait aussi remarquer que la France est le seul pays d’Europe à avoir reconnu l'esclavage crime contre l'humanité.
Les activistes se relaient pour faire tomber la dame déjà privée de tête depuis plus de 20 ans. Autour, plus d'une centaine de personnes chantent et filment la scène qui restera dans les mémoires.
Puis, une fois détachée du socle, la statue est tirée à l'aide de cordes vers le sol. Peu après 11h40, elle est renversée et est couverte de feuilles de palmiers. Le feu y sera mis quelques minutes plus tard.
© François Marlin | La statue de Joséphine déjà amputée de sa tête, il y a plus de 30 ans, a été détruite par les activistes, dimanche 26 juillet 2020 à Fort-de-France.
Quelques minutes après, c'est cette fois la statue du colon Pierre Belain D'Esnambuc qui se retrouve au sol. Les activistes l'ont tiré avec des cordes jusqu'à ce qu'elle se détache du socle.
© François Marlin | La statue de Pierre Belain d’Esnambuc a été renversée ce dimanche 26 juillet 2020.
Par la suite, les activistes ont traîné la tête séparée de la statue du colon, dans la rue de la Liberté avant de la jeter dans la cour de la préfecture.
Une partie des activistes a retiré la plaque de la rue Blénac et les autres sont restés pendant quelques minutes devant la préfecture, entourés de policiers.
Le préfet de la Martinique condamne ces destructions
Ce dimanche 26 juillet 2020, à Fort-de-France, les statues de Pierre Belain d'Esnambuc et de Joséphine de Beauharnais ont été détruites par un groupe de militants politiques.
Le préfet de la Martinique condamne ces destructions qui sont l'action inadmissible d'une minorité violente.
Des commissions mémorielles ont été mises en place dans plusieurs communes. Ces initiatives permettront aux conseils municipaux de prendre des décisions respectueuses des convictions et des faits historiques.
L’État soutient ces initiatives car elles permettent le dialogue et s'inscrivent dans un débat démocratique. Laissons les commissions mémorielles faire leur travail.
Des précédents
Ce n'est pas la première fois que ces statues sont attaquées. En 1991, un commando avait décapité la statue sur la place de la savane à Fort-de-France.
Plus récemment, les activistes avaient taggué et mis le feu à la statue de Pierre Belain D'Esnambuc, lors d'une nuit de violence au centre ville du chef lieu.
Le maire de Fort-de-France, Didier Laguerre envisageait de démonter la statue.
Le 22 mai 2020, ce sont les statues de Victor Schoelcher situées à Fort-de-France et à Schoelcher qui avaient été renversées.
Le symposium du Cénacle, "comment concilier Histoire et Mémoire dans l’espace public" fut de haute tenue. Le public qui a pris d'assaut le kiosque Guedon les jeudi 23 et vendredi 24 juillet 2020, a partagé des moments forts avec des intervenants de qualité lors d'un débat plutôt riche.
Ces deux journées dans le cadre du 49e festival, se sont déroulées dans un climat d'échange et de dialogue constructifs. Le maire de Fort-de-France, Didier Laguerre, a rappelé en ouverture, "le mouvement inédit de mondialisation de l’antiracisme et les statues déboulonnées ne peuvent laisser insensible et sourd".
Dans un espace en plein air réaménagé pour respecter les gestes barrière, les modérateurs, le bâtonnier Me Danielle Marcelline et le journaliste de France 24, par ailleurs écrivain, Philomé Robert, ont guidé les débats.
Durant ces 2 jours, (jeudi 23 et vendredi 24 juillet 2020), les intervenants ont éclairé les festivaliers sur ce thème sensible.
Dans un espace en plein air réaménagé pour respecter les gestes barrière, les modérateurs, le bâtonnier Me Danielle Marcelline et le journaliste de France 24, par ailleurs écrivain, Philomé Robert, ont guidé les débats.
Durant ces 2 jours, (jeudi 23 et vendredi 24 juillet 2020), les intervenants ont éclairé les festivaliers sur ce thème sensible.
Le vivre ensemble à travers l'histoire dans sa complexité
La chercheuse Sandrine Lemaire, rappelle que le déboulonnage de statues dans ce mouvement lié à la lutte antiraciste, est parti du 22 mai 2020 en Martinique. Elle rappelle que les actes symboliques où l'on s’attaque aux monuments publics ne sont pas récents. Elle cite la Révolution française de 1789, où les insurgés ont attaqué les symboles de la royauté ou l'occupation allemande et le régime de Vichy, qui s’en sont pris aux symboles républicains...
Spécialiste de l’histoire coloniale et de l’esclavage, Sandrine Lemaire explique que la statuaire est un héritage de la IIIe République. Celle-ci, dans un contexte fragile a eu besoin de "symboles amenant des lumières pour s’affirmer, s’identifier et s’incarner". Sandrine Lemaire a mis l’accent sur l'importance et la vulgarisation de l'histoire, "car vivre ensemble passe par une transmission de l’histoire, toute l’histoire dans sa complexité".
Karfa Diallo salue le courage politique des organisateurs
© Caroline Popovic | Table des intervenants du cénacle, au festival de Fort-de-France - (forum du jeudi 23 juillet 2020, sur l'histoire et la mémoire dans l'espace public).
Il explique avec précision, le processus de l'esclavage, parle de son travail de longue haleine, de son action militante, de la nécessité de compléter la loi Taubira en matière de réparation en commençant par Haïti. Karfa Diallo fait aussi remarquer que la France est le seul pays d’Europe à avoir reconnu l'esclavage crime contre l'humanité.
Les jeunes militants s'expriment sans tabou
Keziah Virapin-Armand et Alexane Ozier Lafontaine (le jeudi) ont expliqué leur motivation face à un réel problème d'éducation sur notre histoire et aux "nombreux mensonges trouvés dans les livres, cautionnés par le silence des éducateurs du peuple".
Face à ces oublis, ces activistes se sont fait entendre "afin que notre histoire nous soit contée", disent-ils. Ils ont aussi évoqué plusieurs faits d'actualités comme les violences policières et le chloredécone et ont invité les festivaliers à ne pas garder le silence.
Jean-Baptiste (J.B), Web designer, au nom des descendants de la génération Bumidom a mis l'accent sur l'impact psychologique d'images de "glorieux bourreaux" véhiculant une domination. "Pourquoi ces images décidées à nous faire oublier notre histoire ?"
Un autre intervenant Thierry Rabatani, a mené sa réflexion sur la place accordée à la société civile dans la prise de décision politique.
Face à ces oublis, ces activistes se sont fait entendre "afin que notre histoire nous soit contée", disent-ils. Ils ont aussi évoqué plusieurs faits d'actualités comme les violences policières et le chloredécone et ont invité les festivaliers à ne pas garder le silence.
Jean-Baptiste (J.B), Web designer, au nom des descendants de la génération Bumidom a mis l'accent sur l'impact psychologique d'images de "glorieux bourreaux" véhiculant une domination. "Pourquoi ces images décidées à nous faire oublier notre histoire ?"
Un autre intervenant Thierry Rabatani, a mené sa réflexion sur la place accordée à la société civile dans la prise de décision politique.
Réactions diverses des politiques
Philippe Pierre-Charles du GRS (Groupe Révolution Socialiste), Robert Saé du Conseil National des Comités Populaires (Cncp), Marc Séfil (droite Martiniquaise), Marcellin Nadeau (Péyia-a), maire du Prêcheur se sont aussi exprimés. 3 d'entre eux ont enseigné l'histoire à leurs élèves.
Philippe Pierre-Charles, ancien professeur agrégé d'histoire, a salué la fougue de la nouvelle génération. Il se pose la question sur la Martinique dans sa construction d'une conscience historique de peuple. "Chaque génération a sa mission à accomplir", explique-t-il.
Philippe Pierre-Charles a apporté à l'aide de textes (1840 examen critique du préjugé contre la couleur des africains, 1879, 1882, extrait de publications), un éclairage sur Schœlcher fustigeant certaines idées véhiculées (raciste, esclavagiste, suprémaciste blanc). Il suggère un véritable séminaire sur l'histoire du colonialisme.
Robert Saé a mis en exergue cette déferlante planétaire de déboulonner les statues et les mutations idéologiques. "Il faut nettoyer les espaces publiques de statues réactionnaires". L'ancien professeur d'histoire salue les villes de Fort-de-France, Lamentin, Rivière Pilote, Case-Pilote, Robert qui ont entamé ce travail.
Le devoir de mémoire passe par une offensive générale de se réapproprier l'espace public, une démarche s'inscrivant dans un projet global solidaire et consensuelle. Robert Saé propose des lieux dédiés (camp de balata, le fort Saint-Louis, le château Dubuc).
Marc Sefil professeur d'histoire lui aussi, conseille de marcher dans le pas des ancêtres et de ne pas être esclave de l'esclavage. S'il a exposé sur l'assimilation, "c'est pour une lecture honnête", plaide-t-il. Il ne faut pas instrumentaliser l'histoire. Selon lui "il faut dompter les vieilles peurs, tuer nos tabous désuets et transcender nos traumatismes coloniaux".
Pour sa part, le maire du Prêcheur Marcellin Nadeau, considère que la construction du monde de demain passe par un débat dans l’espace publique. Favorable à cette idée, il rappelle que les projets doivent s’inscrire dans une stratégie de gestion au sein d’une écologie politique.
Comme ses prédécesseurs, il exhorte la jeunesse à s'investir et investir les structures, participer aux débats s'inscrivant dans le récit historique. "Réconcilier, se réconcilier, se réaliser au sein de foyer de discussions pour une bonne transmission."
Philippe Pierre-Charles, ancien professeur agrégé d'histoire, a salué la fougue de la nouvelle génération. Il se pose la question sur la Martinique dans sa construction d'une conscience historique de peuple. "Chaque génération a sa mission à accomplir", explique-t-il.
Philippe Pierre-Charles a apporté à l'aide de textes (1840 examen critique du préjugé contre la couleur des africains, 1879, 1882, extrait de publications), un éclairage sur Schœlcher fustigeant certaines idées véhiculées (raciste, esclavagiste, suprémaciste blanc). Il suggère un véritable séminaire sur l'histoire du colonialisme.
Robert Saé a mis en exergue cette déferlante planétaire de déboulonner les statues et les mutations idéologiques. "Il faut nettoyer les espaces publiques de statues réactionnaires". L'ancien professeur d'histoire salue les villes de Fort-de-France, Lamentin, Rivière Pilote, Case-Pilote, Robert qui ont entamé ce travail.
Le devoir de mémoire passe par une offensive générale de se réapproprier l'espace public, une démarche s'inscrivant dans un projet global solidaire et consensuelle. Robert Saé propose des lieux dédiés (camp de balata, le fort Saint-Louis, le château Dubuc).
Marc Sefil professeur d'histoire lui aussi, conseille de marcher dans le pas des ancêtres et de ne pas être esclave de l'esclavage. S'il a exposé sur l'assimilation, "c'est pour une lecture honnête", plaide-t-il. Il ne faut pas instrumentaliser l'histoire. Selon lui "il faut dompter les vieilles peurs, tuer nos tabous désuets et transcender nos traumatismes coloniaux".
Pour sa part, le maire du Prêcheur Marcellin Nadeau, considère que la construction du monde de demain passe par un débat dans l’espace publique. Favorable à cette idée, il rappelle que les projets doivent s’inscrire dans une stratégie de gestion au sein d’une écologie politique.
Comme ses prédécesseurs, il exhorte la jeunesse à s'investir et investir les structures, participer aux débats s'inscrivant dans le récit historique. "Réconcilier, se réconcilier, se réaliser au sein de foyer de discussions pour une bonne transmission."
L'expertise de la psychiatre-psychanaliste Jeanne Wiltord
La psychiatre-psychanalyste Jeanne Wiltord explique que "cette discipline n'est pas un guide de bonnes conduites". Elle a abordé, la coexistence, la rivalité ou moi ou toi. Jeanne Wiltord a évoqué les identifications (symbolique et imaginaire) et les effets post-traumatiques de l'esclavage.
Les débats fort intéressants, ont répondu à plusieurs questions et ouverts plusieurs pistes sur un sujet immense et complexe.
Un courrier a été envoyé, en ce sens, à François Baroin, le président de l’Association des maires de France (AMF).
En marge de tout communautarisme, la jeune femme a décidé d’en appeler aux maires de France. Elle leur demande de renommer des rues de leur territoire et de les rebaptiser par les noms des milliers de combattants venus d’Afrique, des Antilles ou encore du Pacifique, pour se battre sous les couleurs de la France Libre.
En Aout 1945, ces milliers d’hommes Algériens, Marocains, Sénégalais, originaires du Pacifique ou Antillais, ont participé à la libération de la France.
Mais, dans l’histoire, pas de traces de ces combattants. Selon Aissata Seck, il est grand temps de leur rendre hommage.
Son action consiste à les faire réapparaitre dans l’espace public, pour que leurs descendants directs ne se sentent pas étranger de l'Histoire de France, qui doit être racontée dans sa diversité.
Des rues, des écoles, des places publiques, au nom d’Addi Bâ ou encore de la Mulâtresse Solitude... pour Aïssata Seck, le temps des actes est venu, au moment même où la société vit, de plein fouet, les déchirements liés à l’Histoire et au devoir de mémoire de la France.
Un courrier a, donc, été envoyé au président de l’Association des Maires de France, au moment même où (hasard du calendrier ?) le gouvernement a remis aux Parlementaires un document résumant le parcours de 100 combattants de la seconde Guerre mondiale, issus de ce que l’on appelait jadis les colonies. Un document pour, précisément, inciter les maires à agir, en rebaptisant des rues.
Des actions qui deviendront incontournables, si la population toute entière s’empare de ce dossier.
Pour signer cette pétition, rendez-vous sur la page dédiée, en cliquant ICI !
Plus 15 000 personnes l’ont déjà signé !
Les débats fort intéressants, ont répondu à plusieurs questions et ouverts plusieurs pistes sur un sujet immense et complexe.
Une pétition circule, pour réclamer que des rues de France soient baptisées du noms des soldats venus des anciennes colonies, pour libérer la Patrie, en 1945. Un courrier a été envoyé à François Baroin, président de l'Association des maires de France (AMF).
De l'hommage ponctuel...
Une cérémonie discrète mais symbolique s’est tenue ce samedi 25 juillet 2020, à Paris. Sous l’Arc de Triomphe, à l’initiative d'Aïssata Seck, la présidente de l’Association pour la mémoire et l’histoire des tirailleurs Sénégalais, un hommage a été rendu à tous les soldats venus d’Afrique, de l’Océan Indien, du Pacifique et des Antilles, engagés dans la lutte pour une France. Car nombreux sont ces hommes, venus d’ailleurs, qui ont combattu pour la Patrie, lors de la seconde Guerre mondiale. Dans la continuité de cette cérémonie, une pétition a été lancée, via Internet, pour que les maires de France rebaptisent certaines rues, par les noms de ces combattants oubliés de l’Histoire de France.Un courrier a été envoyé, en ce sens, à François Baroin, le président de l’Association des maires de France (AMF).
A la reconnaissance de la Nation
Aïssata Seck est petite fille de tirailleur Sénégalais. Elle est aussi conseillère municipale d’une ville de la région parisienne et à l’origine d’une pétition.En marge de tout communautarisme, la jeune femme a décidé d’en appeler aux maires de France. Elle leur demande de renommer des rues de leur territoire et de les rebaptiser par les noms des milliers de combattants venus d’Afrique, des Antilles ou encore du Pacifique, pour se battre sous les couleurs de la France Libre.
En Aout 1945, ces milliers d’hommes Algériens, Marocains, Sénégalais, originaires du Pacifique ou Antillais, ont participé à la libération de la France.
Mais, dans l’histoire, pas de traces de ces combattants. Selon Aissata Seck, il est grand temps de leur rendre hommage.
Son action consiste à les faire réapparaitre dans l’espace public, pour que leurs descendants directs ne se sentent pas étranger de l'Histoire de France, qui doit être racontée dans sa diversité.
Des rues, des écoles, des places publiques, au nom d’Addi Bâ ou encore de la Mulâtresse Solitude... pour Aïssata Seck, le temps des actes est venu, au moment même où la société vit, de plein fouet, les déchirements liés à l’Histoire et au devoir de mémoire de la France.
La pétition
Cette pétition est une occasion, pour l’élue de Bondy, de faire "France". De raconter une histoire commune, visible dans l’espace public. Une histoire expliquée à une frange de la population qui se sent oubliée.Un courrier a, donc, été envoyé au président de l’Association des Maires de France, au moment même où (hasard du calendrier ?) le gouvernement a remis aux Parlementaires un document résumant le parcours de 100 combattants de la seconde Guerre mondiale, issus de ce que l’on appelait jadis les colonies. Un document pour, précisément, inciter les maires à agir, en rebaptisant des rues.
Des actions qui deviendront incontournables, si la population toute entière s’empare de ce dossier.
Pour signer cette pétition, rendez-vous sur la page dédiée, en cliquant ICI !
Plus 15 000 personnes l’ont déjà signé !
© Aïssata SECK | Des centaines de personnes ont rendu hommage, samedi, aux soldats des Outre-mer et d'Afrique morts pour la France.
Pour aller plus loin
A (re)voir ce reportage décryptage, de Marie Radovic, sur le rôle des Outre-mer dans la seconde guerre mondiale :