dimanche 26 juillet 2020

AU NOM DU DÉCOLONIALISME...




C'est sur les réseaux sociaux que l'appel à "faire disparaître les monuments" avait été lancé il y a quelques jours. Les activistes ont tenu leur promesse et c'est à coup de massue qu'ils ont renversé la statue de Joséphine puis celle de Pierre Belain D'Esnambuc ce dimanche matin (26 juillet 2020). 
Au son du tambour, la massue s'abat sur le socle sur lequel est posée la statue de Joséphine de Beauharnais, place de la Savane au centre-ville de Fort-de-France.

Les activistes se relaient pour faire tomber la dame déjà privée de tête depuis plus de 20 ans. Autour, plus d'une centaine de personnes chantent et filment la scène qui restera dans les mémoires.
Puis, une fois détachée du socle, la statue est tirée à l'aide de cordes vers le sol. Peu après 11h40, elle est renversée et est couverte de feuilles de palmiers. Le feu y sera mis quelques minutes plus tard.
Statue de Joséphine détruite
© François Marlin | La statue de Joséphine déjà amputée de sa tête, il y a plus de 30 ans, a été détruite par les activistes, dimanche 26 juillet 2020 à Fort-de-France.
Des personnels de la mairie de Fort-de-France sont présents sur place, mais n'ont pas tenté d'intervenir.

Quelques minutes après, c'est cette fois la statue du colon Pierre Belain D'Esnambuc qui se retrouve au sol. Les activistes l'ont tiré avec des cordes jusqu'à ce qu'elle se détache du socle.
Statue de Pierre Belain d’Esnambuc renversée
© François Marlin | La statue de Pierre Belain d’Esnambuc a été renversée ce dimanche 26 juillet 2020.
Les activistes n'hésitent pas à sauter sur la statue dans une expression similaire à celle qui avait succédé à la démolition des statues de Schoelcher en mai 2020, à Schoelcher et Fort-de-France.

Par la suite, les activistes ont traîné la tête séparée de la statue du colon, dans la rue de la Liberté avant de la jeter dans la cour de la préfecture.

Une partie des activistes a retiré la plaque de la rue Blénac et les autres sont restés pendant quelques minutes devant la préfecture, entourés de policiers. 

Le préfet de la Martinique condamne ces destructions


Ce dimanche 26 juillet 2020, à Fort-de-France, les statues de Pierre Belain d'Esnambuc et de Joséphine de Beauharnais ont été détruites par un groupe de militants politiques.

Le préfet de la Martinique condamne ces destructions qui sont l'action inadmissible d'une minorité violente.

Des commissions mémorielles ont été mises en place dans plusieurs communes. Ces initiatives permettront aux conseils municipaux de prendre des décisions respectueuses des convictions et des faits historiques.

L’État soutient ces initiatives car elles permettent le dialogue et s'inscrivent dans un débat démocratique. Laissons les commissions mémorielles faire leur travail.
Stanislas Cazelles, préfet de Martinique

Des précédents 


Ce n'est pas la première fois que ces statues sont attaquées. En 1991, un commando avait décapité la statue sur la place de la savane à Fort-de-France.
Plus récemment, les activistes avaient taggué et mis le feu à la statue de Pierre Belain D'Esnambuc, lors d'une nuit de violence au centre ville du chef lieu.

Le maire de Fort-de-France, Didier Laguerre envisageait de démonter la statue.
Le 22 mai 2020, ce sont les statues de Victor Schoelcher situées à Fort-de-France et à Schoelcher qui avaient été renversées.





Le symposium du Cénacle, "comment concilier Histoire et Mémoire dans l’espace public" fut de haute tenue. Le public qui a pris d'assaut le kiosque Guedon les jeudi 23 et vendredi 24 juillet 2020, a partagé des moments forts avec des intervenants de qualité lors d'un débat plutôt riche.
Ces deux journées dans le cadre du 49e festival, se sont déroulées dans un climat d'échange et de dialogue constructifs. Le maire de Fort-de-France, Didier Laguerre, a rappelé en ouverture, "le mouvement inédit de mondialisation de l’antiracisme et les statues déboulonnées ne peuvent laisser insensible et sourd".

Dans un espace en plein air réaménagé pour respecter les gestes barrière, les modérateurs, le bâtonnier Me Danielle Marcelline et le journaliste de France 24, par ailleurs écrivain, Philomé Robert, ont guidé les débats.

Durant ces 2 jours, (jeudi 23 et vendredi 24 juillet 2020), les intervenants ont éclairé les festivaliers sur ce thème sensible.

Le vivre ensemble à travers l'histoire dans sa complexité


La chercheuse Sandrine Lemaire, rappelle que le déboulonnage de statues dans ce mouvement lié à la lutte antiraciste, est parti du 22 mai 2020 en Martinique. Elle rappelle que les actes symboliques où l'on s’attaque aux monuments publics ne sont pas récents. Elle cite la Révolution française de 1789, où les insurgés ont attaqué les symboles de la royauté ou l'occupation allemande et le régime de Vichy, qui s’en sont pris aux symboles républicains...

Spécialiste de l’histoire coloniale et de l’esclavage, Sandrine Lemaire explique que la statuaire est un héritage de la IIIe République. Celle-ci, dans un contexte fragile a eu besoin de "symboles amenant des lumières pour s’affirmer, s’identifier et s’incarner". Sandrine Lemaire a mis l’accent sur l'importance et la vulgarisation de l'histoire, "car vivre ensemble passe par une transmission de l’histoire, toute l’histoire dans sa complexité".

Karfa Diallo salue le courage politique des organisateurs 

Intervenants au cénacle
© Caroline Popovic | Table des intervenants du cénacle, au festival de Fort-de-France - (forum du jeudi 23 juillet 2020, sur l'histoire et la mémoire dans l'espace public).
Karfa Diallo, président de l'association Mémoires et partage, parle de dialectique entre histoire et mémoire, comparant dans son univers militant, les activistes à des artistes. Il évoque Bordeaux, 2e port négrier et 1er port colonial qui s'est enrichi dans le commerce d'esclaves. Karfa Diallo déclare : "le laboratoire du racisme est né sur les plantations".

Il explique avec précision, le processus de l'esclavage, parle de son travail de longue haleine, de son action militante, de la nécessité de compléter la loi Taubira en matière de réparation en commençant par Haïti. Karfa Diallo fait aussi remarquer que la France est le seul pays d’Europe à avoir reconnu l'esclavage crime contre l'humanité.

Les jeunes militants s'expriment sans tabou


Keziah Virapin-Armand et Alexane Ozier Lafontaine (le jeudi) ont expliqué leur motivation face à un réel problème d'éducation sur notre histoire et aux  "nombreux mensonges trouvés dans les livres, cautionnés par le silence des éducateurs du peuple".

Face à ces oublis, ces activistes se sont fait entendre "afin que notre histoire nous soit contée", disent-ils. Ils ont aussi évoqué plusieurs faits d'actualités comme les violences policières et le chloredécone et ont invité les festivaliers à ne pas garder le silence.

Jean-Baptiste (J.B), Web designer, au nom des descendants de la génération Bumidom a mis l'accent sur  l'impact psychologique d'images de "glorieux bourreaux" véhiculant une domination. "Pourquoi ces images décidées à nous faire oublier notre histoire ?"

Un autre intervenant Thierry Rabatani, a mené sa réflexion sur la place accordée à la société civile dans la prise de décision politique.

Réactions diverses des politiques


Philippe Pierre-Charles du GRS (Groupe Révolution Socialiste), Robert Saé du Conseil National des Comités Populaires (Cncp), Marc  Séfil (droite Martiniquaise), Marcellin Nadeau (Péyia-a), maire du Prêcheur se sont aussi exprimés. 3 d'entre eux ont enseigné l'histoire à leurs élèves.

Philippe Pierre-Charles, ancien professeur agrégé d'histoire, a salué la fougue de la nouvelle génération. Il se pose la question sur la Martinique dans sa construction d'une conscience historique de peuple. "Chaque génération a sa mission à accomplir", explique-t-il.
Philippe Pierre-Charles a apporté à l'aide de textes (1840 examen critique du préjugé contre la couleur des africains, 1879, 1882, extrait de publications), un éclairage sur Schœlcher fustigeant certaines idées véhiculées (raciste, esclavagiste, suprémaciste blanc). Il suggère un véritable séminaire sur l'histoire du colonialisme.

Robert Saé a mis en exergue cette déferlante planétaire de déboulonner les statues et les mutations idéologiques. "Il faut nettoyer les espaces publiques de statues réactionnaires". L'ancien professeur d'histoire salue les villes de Fort-de-France, Lamentin, Rivière Pilote, Case-Pilote, Robert qui ont entamé ce travail.
Le devoir de mémoire passe par une offensive générale de se réapproprier l'espace public, une démarche s'inscrivant dans un projet global solidaire et consensuelle. Robert Saé propose des lieux  dédiés (camp de balata, le fort Saint-Louis, le château Dubuc).

Marc Sefil professeur d'histoire lui aussi, conseille de marcher dans le pas des ancêtres et de ne pas être esclave de l'esclavage. S'il a exposé sur l'assimilation, "c'est pour une lecture honnête", plaide-t-il. Il ne faut pas instrumentaliser l'histoire. Selon lui "il faut dompter les vieilles peurs, tuer nos tabous désuets et transcender nos traumatismes coloniaux".

Pour sa part, le maire du Prêcheur Marcellin Nadeau, considère que la construction du monde de demain passe par un débat dans l’espace publique. Favorable à cette idée, il rappelle que les projets doivent s’inscrire dans une stratégie de gestion au sein d’une écologie politique.
Comme ses prédécesseurs, il exhorte la jeunesse à s'investir et investir les structures, participer aux débats s'inscrivant dans le récit historique. "Réconcilier, se réconcilier, se réaliser au sein de foyer de discussions pour une bonne transmission." 

L'expertise de la psychiatre-psychanaliste Jeanne Wiltord 


La psychiatre-psychanalyste Jeanne Wiltord explique que "cette discipline n'est pas un guide de bonnes conduites". Elle a abordé, la coexistence, la rivalité ou moi ou toi. Jeanne Wiltord a évoqué les identifications (symbolique et imaginaire) et les effets post-traumatiques de l'esclavage.

Les débats fort intéressants, ont répondu à plusieurs questions et ouverts plusieurs pistes sur un sujet immense et complexe.





Une pétition circule, pour réclamer que des rues de France soient baptisées du noms des soldats venus des anciennes colonies, pour libérer la Patrie, en 1945. Un courrier a été envoyé à François Baroin, président de l'Association des maires de France (AMF).

De l'hommage ponctuel...

Une cérémonie discrète mais symbolique s’est tenue ce samedi 25 juillet 2020, à Paris. Sous l’Arc de Triomphe, à l’initiative d'Aïssata Seck, la présidente de l’Association pour la mémoire et l’histoire des tirailleurs Sénégalais, un hommage a été rendu à tous les soldats venus d’Afrique, de l’Océan Indien, du Pacifique et des Antilles, engagés dans la lutte pour une France. Car nombreux sont ces hommes, venus d’ailleurs, qui ont combattu pour la Patrie, lors de la seconde Guerre mondiale. Dans la continuité de cette cérémonie, une pétition a été lancée, via Internet, pour que les maires de France rebaptisent certaines rues, par les noms de ces combattants oubliés de l’Histoire de France.
Un courrier a été envoyé, en ce sens, à François Baroin, le président de l’Association des maires de France (AMF).
 

A la reconnaissance de la Nation

Aïssata Seck est petite fille de tirailleur Sénégalais. Elle est aussi conseillère municipale d’une ville de la région parisienne et à l’origine d’une pétition.
En marge de tout communautarisme, la jeune femme a décidé d’en appeler aux maires de France. Elle leur demande de renommer des rues de leur territoire et de les rebaptiser par les noms des milliers de combattants venus d’Afrique, des Antilles ou encore du Pacifique, pour se battre sous les couleurs de la France Libre.

En Aout 1945, ces milliers d’hommes Algériens, Marocains, Sénégalais, originaires du Pacifique ou Antillais, ont participé à la libération de la France.
Mais, dans l’histoire, pas de traces de ces combattants. Selon Aissata Seck, il est grand temps de leur rendre hommage.

Son action consiste à les faire réapparaitre dans l’espace public, pour que leurs descendants directs ne se sentent pas étranger de l'Histoire de France, qui doit être racontée dans sa diversité.
Des rues, des écoles, des places publiques, au nom d’Addi Bâ ou encore de la Mulâtresse Solitude... pour Aïssata Seck, le temps des actes est venu, au moment même où la société vit, de plein fouet, les déchirements liés à l’Histoire et au devoir de mémoire de la France.
 

La pétition

Cette pétition est une occasion, pour l’élue de Bondy, de faire "France". De raconter une histoire commune, visible dans l’espace public. Une histoire expliquée à une frange de la population qui se sent oubliée.
Un courrier a, donc, été envoyé au président de l’Association des Maires de France, au moment même où (hasard du calendrier ?) le gouvernement a remis aux Parlementaires un document résumant le parcours de 100 combattants de la seconde Guerre mondiale, issus de ce que l’on appelait jadis les colonies. Un document pour, précisément, inciter les maires à agir, en rebaptisant des rues.
Des actions qui deviendront incontournables, si la population toute entière s’empare de ce dossier.

Pour signer cette pétition, rendez-vous sur la page dédiée, en cliquant ICI !
Plus 15 000 personnes l’ont déjà signé !
Des centaines de personnes ont rendu hommage, samedi, aux soldats des Outre-mer et d'Afrique morts pour la France
© Aïssata SECK | Des centaines de personnes ont rendu hommage, samedi, aux soldats des Outre-mer et d'Afrique morts pour la France.


Pour aller plus loin

A (re)voir ce reportage décryptage, de Marie Radovic, sur le rôle des Outre-mer dans la seconde guerre mondiale :

ONDE TROPICALE ACTIVE 92L







https://la1ere.francetvinfo.fr/martinique/nouveau-phenomene-cyclonique-se-rapproche-petites-antilles-856602.html

Cet éventuel système dépressionnaire tropical pourrait ensuite se déplacer rapidement vers l'Ouest puis l'Ouest-Nord-Ouest en se rapprochant de l'arc Antillais qu'il pourrait traverser mercredi 29 ou jeudi 30 dans sa moitié Nord (entre Sainte-Lucie et les îles du nord des petites Antilles) à une intensité qui reste à préciser à cette échéance.
Météo France, Antilles-Guyane

Les Petites Antilles en alerte 


Si la tendance ne change pas, les Petites Antilles seraient sous la menace directe de cette perturbation, en milieu de semaine prochaine. Les habitants s'y préparent.
Rappel de la vigilance en cette saison cyclonique⇒ à retrouver ici

Quant à Gonzalo qui a atteint le sud des Antilles, il s'est déstructuré en traversant l'arc Antillais (samedi 25 juillet 2020) et a perdu ses caractéristiques cycloniques

samedi 25 juillet 2020

PRÉVISIONS À 10 JOURS



Prévisions des membres du CEPMMT (dont Météo-France) et du GFS pour les 10 prochains jours du 25 juillet 2020 au 4 août 2020.

Les membres combinés des 2 meilleurs modèles envisagent que la zone d'investigation 92L évoluera en dépression tropicale (cyclone) à partir de l'après-midi du lundi 27 juillet vers le 12°Nord et 42°Ouest puis en tempête tropicale l'après-midi du mardi 28 juillet vers le 12.5°Nord et 47.5°Ouest.
Modele ECMF
Selon la trajectoire médiane des 5 prochains jours (120 heures) entre ces deux modèles, la 92L devrait passer entre le sud de la Dominique et le sud d'Antigua la journée du jeudi 30 juillet avec des vents soutenus de l'ordre de 65 km/h à 150 km/h.

Modèle GEFS




Pour l'anecdote,  le nom ISAIAS pour une tempête est un mauvais souvenir...CLIC 

GONZALO S'EN VA, ISAIAS ARRIVE




Bonsoir,

L'ouragan Hanna s'en va sûr le Mexique   , de l'autre côté Isaias s'éloigne de l'Afrique pour venir la semaine prochaine dans la Caraïbe  .🤔⛵

ça commence tôt pour la saison  ...

On est entré un peu plus tôt que d'habitude dans le coeur de la saison cyclonique. Un ouragan, une tempête et un Invest menaçant le 25 juillet, c'est pas vraiment habituel.

Gonzalo est en train de passer à proximité de Trinidad et Tobago et agite un peu le sud de l'arc antillais. L'aéroport de Grenade enregistre 20/25 kts établi et des rafales à plus de 35 kts.

Pendant ce temps l'Invest 92L cherche à se frayer un chemin dans un environnement un peu hostile avec du cisaillement fort à son sud et de l'air sec et du sable à son nord.

ALORS  ??


Cette saison cyclonique 2020 part sur des bases élevées. On est le 25 juillet, déjà 8 cyclones ont été nommés sur le bassin et un 9e menace de l’être la semaine prochaine. Il faut dire que la température de l’eau est particulièrement chaude (et encore, merci à la brume de sable des dernières semaines d’avoir un peu limité son réchauffement !) et que le cisaillement est globalement faible en Atlantique tropical. Heureusement qu’il reste des zones d’air très sec et de sable ce qui limite un peu la possibilité de renforcement.

Gonzalo

Tempête Gonzalo - image satellite - 25 juillet 2020 - 14h30 UTCMalgré un affaiblissement très marqué et une organisation hasardeuse, Gonzalo maintient une convection profonde proche de son centre. C’est désormais une tempête petite et faible (35 kts) qui ne devrait pas survivre très longtemps, toujours à proximité d’air sec mais en plus avec un petit cisaillement et surtout l’interaction avec la terre. Ses heures sont comptées, mais la tempête génère de grosses précipitations sur Trinidad et Tobago, le nord du Venezuela et le sud de l’arc antillais. Des grains violents risquent de provoquer des rafales dépassant les 40 kts … donc restez prudents.

Invest 92L

L’onde qui est sortie d’Afrique cette semaine et a fait l’objet de prévisions plus ou moins farfelues de la part de quelques modèles est désormais suivie de près par le NHC et est passé en Invest. De nombreuses rumeurs et fake news ont circulé sur son compte ces dernières heures, comme souvent dans ces circonstances. Il faut croire que les gens adorent se faire peur ou faire peur aux autres … donc, on va faire le point sur ce qu’il en est pour le moment et ce que l’on sait … plus ou moins !
Invest 92L - environnement - 25/07/2020 14h30 UTC92L est pour le moment en situation précaire avec de l’air très sec et du sable à son nord et un cisaillement assez fort au sud. L’onde bataille pour se frayer un chemin dans ces conditions pas vraiment favorables pour elle. Ces conditions devraient perdurer jusqu’au début de la semaine prochaine.
Ensuite, le cisaillement est prévu pour faiblir et l’air sec pourrait un peu se dissiper … mais c’est une prévision extrêmement délicate et il est difficile de tirer des conclusions pour la semaine prochaine.

Les modèles de prévision et le NHC

Comme souvent au classement d’une onde en Invest, les modèles partent un peu dans tous les sens et on retrouve des options parfois réalistes mais parfois totalement hors de propos.
Le modèle le plus agressif, avec le passage d’un Cat. 1 ou 2 sur le nord de l’arc, est étrangement le GFS qui a pourtant ignoré cette onde jusqu’à hier. Mais il est connu pour avoir un biais d’initialisation des Invest avec une réaction souvent disproportionnée.Dans les sorties agressives on a aussi le SHIPS qui est un modèle qui intègre une bonne part de statistique qui voit lui aussi un gros renforcement.
On a ensuite un début de consensus avec les autres modèles globaux qui varient d’une dépression à une tempête sur la moitié nord de l’arc. De son côté le NHC ne se mouille pas trop comme à son habitude pour un Invest, d’autant plus si celui-ci est face à un environnement complexe. Ils se contentent de monter au fur et à mesure le risque de renforcement mais ne s’aventurent pas au delà. Et c’est de loin la position la plus raisonnable !
Il faut prendre en compte que les sorties brutes des modèles ne sont en aucun cas une prévision. Il s’agit de tendances et d’estimations qui doivent impérativement faire l’objet d’une expertise humaine de qualité. Je dis depuis plusieurs années que le fait que ces données soient dans le domaine public pose de gros problèmes d’interprétation. J’entends souvent dire “Windy a prévu …” ou “Windy est la meilleure prévision” … sauf que Windy (qui est par ailleurs un excellent site) ne prévoit ABSOLUMENT RIEN !! il se contente de rendre graphiquement les données brutes des modèles de prévision, sans intervention humaine. Alors pour la météo commune en zone tempérée, c’est parfait parce que ces modèles sont extrêmement performants pour ce genre de choses. Mais pour la prévision et l’analyse cyclonique, on est encore loin du compte. Il suffit de regarder les désaccords pour Gonzalo tout au long de son périple Atlantique pour s’en rendre compte.

Invest 92L - Modèles trajectoire
Invest 92L - Prévisions GFS

Oui, mais 92L, qu'est-ce qu'il va y avoir ?

On est à plus de 130H d’un éventuel passage sur l’arc … donc très loin. En zone tropicale, on a l’échéance à moins de 48h qui est pas mal maîtrisée, celle de 48 à 120h qui est un mélange de tendance et de confiance et celle au delà de 120h qui est uniquement de la tendance prospective. On est donc à une échéance à laquelle on ne peut parler QUE de tendance. Tous ceux affirment quoi que ce soit à cette échéance mentent.
Néanmoins, lorsque tous les modèles globaux initialisent un cyclone dans une zone identifiée, le plus souvent il finit par arriver. C’est le cas ici donc on peut raisonnablement penser qu’un système va voir le jour en Atlantique ces prochains jours. Maintenant, savoir où il va passer et à quelle intensité, c’est juste impossible. La moitié nord de l’arc antillais c’est grand et entre une tempête et un Cat. 2 la différence est très importante. Et demain il est possible qu’un ou 2 modèles annoncent un Cat.4 … et ça ne changera rien à tout ça.
Donc pour le moment, il n’y a rien d’autre à faire que d’attendre d’y voir un peu plus clair et qu’un consensus fort s’établisse entre les modèles et soit confirmé par le NHC. D’ici là, n’écoutez aucune affirmation. Celui qui hurle au loup à chaque fois aura forcément raison un jour, comme celui qui annonce une petite onde. Mais au final, 95 fois sur 100 … ils auront tord. Je réagis rarement à ces échéances parce que ça ne sert à rien.
Le risque d’un cyclone la semaine prochaine est réel et il y a des signes évidents pour qu’il passe sur la moitié nord de l’arc voire plus au nord. Il faut le surveiller de près et être vigilants, c’est une certitude (comme toujours d’ailleurs). Tout le reste n’est que spéculation.
Pour suivre l’évolution chiffrée en direct de Invest 92L, c’est ICI.


25 JUILLET 2020 MÉTÉO

Gonzalo, Hanna et une onde tropicale sous surveillance dans l'Atlantique

25 Juillet 2020 : 11 UTC
Dans le Golfe du Mexique la tempête Hanna s'apprête à atterrir sur le Texas. Quant à la tempête Gonzalo, elle va traverser le Sud des petites Antilles aujourd'hui. 
Plus à l'Est, une onde tropicale au Sud-Est du Cap Vert est sous surveillance.

Gonzalo fait pschit en approchant des petites Antilles

Ça commence à être chargé du côté de l'Atlantique Nord. Actuellement, 2 tempêtes tropicales sont suivies plus une onde tropicale sous surveillance à  proximité du Cap Vert. On commence par Gonzalo qui devrait traverser l'extrémité Sud de l'arc antillais aujourd'hui. Le système présente une signature satellite très dégradée. Ainsi, le stade d'ouragan ne sera pas atteint. La trajectoire du phénomène sera finalement nettement plus au Sud qu'envisagé initialement, validant le scénario proposé par le modèle Ukmo depuis le départ.

Mais on nest pas sorti de l'auberge...

Bon, cest pas tout ça...
Alors que GONZALO arrive sur Trindad
- habituellement choisi par nombre de Voiliers qui veulent être en-dessous du 12° nord de latitude en période cyclonique -
WINDY annonce déjà  des projections alarmantes pour la Martinique  pour le 29 juillet...
Ceux qui sont dans leurs trous à cyclones ont intérêt à y rester...


Lien utile :
https://spaghettimodels.com/






SAMEDI 24 JUILLET 2020 SITUATION À 8H00 LOCALE


Le Hurricane Hunter semble avoir trouvé le centre Gonzalo vers 9.8N 54.68W. C'est un tout petit peu plus sud que ce qui était anticipé. La pression à la surface relevée par la sonde de 1009 hPa...

Pour le moment le vent dans le quadrant NW au niveau de la surface ne dépasse pas les 30kts. Il est possible que ce soit un peu plus fort sur le quadrant NE.

Tant pour le vent que pour la pression Gonzalo semble plus faible qu'envisagé.

Les dernières investigations des Hurricane Hunters dans Gonzalo montrent une tempête très désorganisée et qui ne fonctionne que par à coups de convection. Le passage devrait être plus sud que prévu à proximité immédiate du Venezuela en petite tempête voire en dépression si il continue à s'affaiblir.












GONZALO SAMEDI 25 JUILLET 2020







CLIC

GONZALO





Bonjour 



Après avoir mis à rude épreuve les nerfs des prévisionnistes et les processeurs des modèles numérique, Gonzalo semble peu à peu rendre les armes.
Les investigations successives des Hurricane Hunters montrent un système très peu organisé avec des vents de surfaces qui ne dépassent pas le seuil de classement en tempête tropicale (35 kts). La pression minimale trouvée est de 1010 hPa ce qui est très élevé pour une tempête.
Tempête Gonzalo - Prévision NHC - 25 juillet 6h UTC





Plus aucun modèle n’envisage un renforcement et il y a même un consensus pour une dissipation rapide dans la mer Caraïbe. Même le NHC pourtant extrêmement prudent et conservateur sur ce système indique la possibilité d’un affaiblissement en dépression ces prochaines heures.
Cet affaiblissement marqué a eu pour effet de maintenir le centre autour de 10N, n’étant pas assez puissant pour repousser un peu les hautes pressions au nord. La conséquence directe est un passage probable sur l’extrême sud de l’arc, à proximité du Venezuela.
Néanmoins, les burst de convection restant fréquents, il reste possible d’avoir à faire à des conditions difficiles sur le sud de l’arc, de Trinidad aux Grenadines avec des grains robustes et des rafales à 50 kts voire plus. C’est toujours une tempête qui passe à proximité, ce n’est pas anodin.
C’est probablement le dernier point que je fais sur Gonzalo. Ce soir j’aborderai l’onde en sortie d’Afrique qui pourrait intéresser la moitié nord de l’arc cette fois-ci la semaine prochaine.


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