Le 31 juillet 1944 disparaissait Antoine de Saint-Exupéry, pilote, poète, romancier, écrivain et journaliste français.
Saint-Exupéry : portrait d’un rêveur
Antoine Jean-Baptiste Marie Roger de Saint-Exupéry est un pilote, poète, romancier, écrivain et journaliste français. Le Petit Prince, son œuvre majeure, est traduit dans plus de 350 langues et dialectes et vendu à presque 200 millions d’exemplaires.
Un garçon distrait
Né dans une famille issue de la noblesse française le 29 juin 1900 à Lyon, il est le fils de Martin Louis Marie Jean de Saint-Exupéry et d’Andrée Marie Louise Boyer de Fonscolombe. Suite à une hémorragie cérébrale, son père décède en 1904 laissant le petit Saint-Exupéry être éduqué par sa mère, sa tante, sa grand-mère ainsi que par la gouvernante autrichienne à laquelle il rendra un hommage dans son roman Pilote de guerre : « Mais qui peut quelque chose contre le petit garçon dont une Paula toute-puissante tient la main bien enfermée ? Paula, j’ai usé de ton ombre comme d’un bouclier…»
Vivant relativement mal son veuvage, Marie de Saint-Exupéry tisse avec son troisième fils des liens privilégiés permettant de lui inculquer une éducation propice à son épanouissement. Des valeurs comme l’honneur, le respect, l’honnêteté, le suivront tout au long de sa vie et prendront une part décisive dans son style d’écriture et dans la morale se dégageant de ses œuvres. Il est particulièrement influencé par les lectures des Contes d’Andersen que lui lit sa mère.
Dans le but de se rapprocher de sa belle-famille, Marie de Saint-Exupéry emménage avec elle au Mans. Élève rêveur et indiscipliné au collège jésuite de Notre-Dame de Sainte-Croix, le jeune Antoine est distrait et aspire à l’horizon, à l’aventure et à la liberté. Très vite, il montre des goûts pour les jeux, les découvertes, les expériences scientifiques. Il fabrique notamment une « bicyclette volante », qui ne volera jamais…
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Fasciné dès son plus jeune âge par les airs, il se rend en 1912 à l’aéroport Ambérieu-en-Bugey, à vélo, situé à quelques kilomètres de son lieu de vacances, y restant des heures entières à rêvasser et à questionner les mécaniciens sur le fonctionnement des appareils. Un jour, prétextant l’autorisation de sa mère, il convainc le pilote de lui faire faire son baptême de l’air. C’est à ce moment que naît sa passion pour l’aviation.
Une période d’instabilité
Bien qu’ayant des résultats scolaires médiocres, le jeune Antoine remporte le prix de narration de son lycée. En 1917, il obtient son baccalauréat chez les frères marianistes de Fribourg en Suisse et se découvre finalement plus à l’aise dans les matières scientifiques que littéraires. C’est au cours de cette année-là que son petit frère François, souffrant de rhumatismes articulaires, décède d’une péricardite. Très affecté par ce décès prématuré, Antoine le vivra comme son passage de l’enfance à la vie d’adulte.
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A l’issue de son baccalauréat, il monte à Paris dans le but de préparer le concours d’entrée à l’École Navale. Admirant la belle littérature telle que Balzac ou Baudelaire, il est introduit dans les milieux mondains de la capitale par une cousine de sa mère. Dès lors, il va côtoyer les intellectuels littéraires de l’époque, parmi lesquels Gallimard et Gide et fréquenter les différents théâtres et expositions parisiennes où il fait la connaissance de sa future fiancée. La guerre s’invitant à Paris, un jour au lieu de rejoindre un abri lors d’un bombardement allemand, Saint-Exupéry se rendra sur les toits afin d’admirer le « spectacle féerique » des bombes, des explosions et des tirs de batteries antiaériennes.
Après son échec au concours d’entrée de l’École Navale en 1919 dû aux matières littéraires, il s’inscrit en tant qu’auditeur libre à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts à Paris. Une période difficile de sa vie commence. Celle-ci lui inspire des poèmes où il se présente comme une personne sans projet de vie et sans avenir.
Début dans l’aviation militaire
Antoine y étudie jusqu’à son départ en 1921 pour Strasbourg, où il effectue son service militaire au 2ème régiment d’aviation en tant que mécanicien. Prenant des cours de pilotage civil à ses frais, il obtient son brevet de pilote après un léger incident. Étant admis à passer son brevet de pilotage militaire, Antoine est affecté à Casablanca où il obtient celui-ci à la fin de la même année.
En 1922, il est reçu au concours d’élève officier de réserve et enchaîne alors les cours d’entraînements à la base aérienne d’Avord puis à celle de Versailles. Antoine se retrouve démobilisé au printemps 1923 suite à un accident d’avion, au Bourget, dans lequel il se fracture le crâne. De nouveau, une période d’ennui s’installe. Il rompt avec sa fiancée et enchaîne des métiers de contrôleur de fabrication ou encore de commercial. Il profite de cette période pour écrire : Manon, danseuse et sa suite L’Adieu.
Pilote dans l’aéropostale
En 1926, il entre sous recommandation comme pilote dans la société d’aviation Latécoère et effectue des vols entre Toulouse et Dakar. La même année il rédige et publie une nouvelle : L’évasion de Jacques Bernis, et rencontre également à cette époque Jean Mermoz et Henri Guillaumet, deux as de l’aviation. L’année suivante, Antoine stationne au Maroc où il est nommé chef d’escale à Cap Juby. Outre ses missions traditionnelles, il a pour fonction d’améliorer les relations de la compagnie entre les Espagnols et les dissidents Maures. C’est à cette époque qu’il découvre sa fascination pour le désert et publie son premier roman Courrier Sud.
Après l’Afrique, Antoine rejoint en 1929 Mermoz et Guillaumet en Amérique du Sud et s’installe en Argentine dans le but de créer de nouvelles voies aériennes régionales avec la France. Nommé Chevalier de la Légion d’honneur en 1930, il publie l’année suivante son second roman Vol de nuit évoquant ses aventures et le déploiement de l’aéropostale jusqu’en Patagonie. C’est à Nice la même année qu’il se marie avec Consuelo Suncin, écrivain, journaliste et peintre salvadorienne.
Sa compagnie rencontrant quelques déboires suite à son intégration à Air-France, Antoine rencontre une troisième période difficile durant laquelle il se consacre à l’écriture et au journalisme tout en restant pilote d’essai et pilote de raid. Ses activités de reporter l’emmènent au Viêt Nam puis à Moscou. Il est victime d’un troisième accident d’avion en 1935 alors qu’il tentait de battre un record Paris-Saïgon. Après avoir heurté un plateau rocheux, ils se retrouvent, lui et son mécanicien, à errer pendant trois jours dans le Sahara sans eau ni vivres, jusqu’à un miraculeux sauvetage.
En 1936, l’actualité l’amène à couvrir la guerre civile espagnole révélant les atrocités commises par les républicains. Son expérience, à travers ses voyages, le pousse à l’écriture d’un essai : Terre des hommes, récompensé par le prix de l’Académie française. Il est victime d’un quatrième accident d’avion au Guatemala suite à une mauvaise compréhension entre l’équipage et les ravitailleurs en quantité de carburant.
Pilote de guerre
Promu Officier de la Légion d’honneur en 1939, il est mobilisé au début de la guerre comme Capitaine dans une escadrille de reconnaissance. Il s’illustre alors dans une mission lors de laquelle il parvient à rentrer et se poser avec son équipage sain et sauf, malgré un avion criblé de balles. Ceci lui vaut la Croix de Guerre avec palme et citation à l’ordre de l’Armée de l’Air. Cette période lui inspire son roman Pilote de guerre.
L’armistice signé, Antoine s’envole pour New York avec pour objectif de faire entrer les américains dans la guerre. N’étant pas gaulliste, il est considéré de facto comme pétainiste, et peu de crédit lui est ainsi accordé. Il reproche à de Gaulle de nier la défaite militaire française. C’est à cette époque qu’il écrit Le Petit Prince.
Étant un homme d’action mais considéré comme trop âgé par les Américains, il quitte les États-Unis et reprend du service en Tunisie. Suite à plusieurs missions réussies, il obtient le grade de Commandant. Mais très vite, il est placé en arrière suite à plusieurs accidents de vol et à son état de santé fragile. Il s’ensuit une quatrième période d’inaction pendant laquelle il écrit Citadelle en 1943. Antoine reprend du service au printemps suivant où, de nouveau, plusieurs incidents surviennent.
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Une disparition prématurée
Le 31 juillet 1944, il doit réaliser une mission de reconnaissances photographiques précises dans le cadre du futur débarquement de Provence. Cette mission sera sa dernière car Antoine n’en reviendra pas. En 1948, il est reconnu « mort pour la France ». Son avion n’est retrouvé qu’en 2000 suite au repêchage de sa gourmette permettant de localiser les restes de l’épave. Elle est formellement identifiée en 2003 après la remontée de celle-ci. Nul ne connaît les circonstances de sa disparition. Attaque aérienne, malaise du pilote, panne technique ou mort en captivité ? Autant d’énigmes qu’Antoine emporte avec lui, formant le mystère « Saint-Ex ».