"AU REVOIR "
L'ancien président Valéry Giscard d'Estaing est mort à l'âge de 94 ans
Le troisième président de la Ve République Valéry Giscard d'Estaing (1974-1981), qui modernisa dans les années 70 la vie politique avant de voir son mandat fracassé par la crise économique, est mort mercredi 2 décembre du Covid-19, entouré des siens dans sa propriété d’Authon dans le Loir-et-Cher, à l’âge de 94 ans.
L'ancien président de la République Valéry Giscard d'Estaing est mort à l'âge de 94 ans ce mardi 2 décembre 2020. Élu en 1974, il est mort "entouré de sa famille".
L'ancien président Valéry Giscard d'Estaing, âgé de 94 ans, est décédé mercredi soir "entouré de sa famille" dans sa propriété d'Authon dans le Loir-et-Cher, a appris l'AFP auprès de son entourage, confirmant une information d'Europe 1.
Il avait été hospitalisé à plusieurs reprises ces derniers mois pour des problèmes cardiaques. Plus jeune président de la Vème République lorsqu'il est élu en 1974, Valéry Giscard d'Estaing avait fait l'une de ses dernières apparitions publiques le 30 septembre 2019 lors des obsèques à Paris d'un autre président de la République, Jacques Chirac, qui fut son Premier ministre.
1974, Valéry Giscard d’Estaing à la barre Vincent Rémy |
Le 27 mai 1974, le centriste Valéry Giscard d’Estaing est élu président de République. Cette année-là, notre journaliste Vincent Rémy a tout juste 18 ans. Et pas encore le droit de vote. Il se souvient du regard qu’il posait alors sur la société française, et comment il vécut les premiers mois, étonnamment réformateurs, du nouveau chef de l’État : « Le 5 juillet, Giscard abaisse la majorité civique à 18 ans – ouvrant le droit de vote à 2,5 millions de jeunes. Le 7 août, il démantèle l’ORTF et abolit le monopole public de la radio et de la télévision. Le 14 octobre, faisant face au premier choc pétrolier de 1973, il indemnise les récents licenciés économiques sur la base de 90 % de leur dernier salaire pendant un an. [...] La France sort peu à peu du Moyen Âge. Mais l’action de VGE la plus forte est assurément en direction des femmes. [...] Le 28 novembre, Simone Veil, ministre de la Santé, fait adopter la loi qui légalise l’avortement. » Et si la parenthèse d’audace et de modernité se referma vite, la France d’aujourd’hui en porte encore les traces. Lire la suite du témoignage |
- « Son état de santé s’était dégradé et il est décédé des suites du Covid-19 », a indiqué sa famille dans un communiqué transmis à l’AFP, en précisant que ses obsèques se dérouleront « dans la plus stricte intimité familiale. »
- Dans la nuit, son lointain successeur Emmanuel Macron a rendu hommage dans un communiqué à la mémoire d’un chef d’État dont « le septennat transforma la France ». Il s’adressera aux Français à 20 h pour lui rendre hommage. Les réactions affluent pour saluer « un homme qui a fait honneur à la France », selon Nicolas Sarkozy.
- Figure de la vie politique française, incarnation du centre droit et tombeur du gaullisme, Valéry Giscard d'Estaing avait été élu à l’Élysée en mai 1974 à l’âge de 48 ans, alors le plus jeune président depuis Louis Napoléon-Bonaparte.
À son élection, il se voulait l'incarnation d'une modernité triomphante, issue du centre-droit libéral et démocrate-chrétien qui a bâti l'Europe d'après-guerre.
Né le 2 février 1926, engagé à 18 ans en 1944 dans la 1ère armée du général de Lattre de Tassigny, Valéry Giscard d'Estaing disait admirer deux hommes, le général de Gaulle et Jean Monnet, père de l'Europe.
Il n'a que 48 ans lorsqu'il est élu président en 1974, battant sur le fil François Mitterrand, et devient ainsi, dans une France qui enterre les Trente-Glorieuses et digère mai-68, le premier non-gaulliste à s'emparer de l'Élysée.
Son élection fait souffler un vent de liberté sur le pays, après le années De Gaulle et Pompidou. Aux réformes progressistes - abaissement de la majorité à 18 ans, dépénalisation de l'avortement -, le nouveau président ajoute un style inédit, s'affichant au ski ou sur un terrain de football, convoquant sa fille sur ses affiches de campagne et son épouse Anne-Aymone lors de voeux télévisés pour la nouvelle année. L'homme à la silhouette élancée et au crâne dégarni renonce à l'apparat présidentiel pour sa photographie officielle, fait éclaircir le bleu et le rouge du drapeau tricolore et ralentir le rythme de la Marseillaise.
L'Auvergnat qui joue de l'accordéon à la télévision s'invite également chez les Français pour dîner, ouvre l'Elysée à des éboueurs maliens pour un petit-déjeuner de Noël, renouvelant une communication politique encore très cadenassée. Le très officiel ORTF est supprimé quelques mois après son arrivée au pouvoir.
Giscard d'Estaing est pourtant un pur produit de l'élite française: polytechnicien et énarque, il s'était distingué sous les ordres du maréchal de Lattre de Tassigny lors de la Libération, puis pendant huit mois en Allemagne et en Autriche jusqu'à la capitulation du Reich.
Né à Coblence, en Allemagne alors occupée par les forces françaises, Valéry Giscard d'Estaing est issu d'une grande famille bourgeoise.
"Jamais imaginé la défaite"
Entré au gouvernement dès 1959, VGE multiplie les postes ministériels à l'Economie et aux Finances dans les années 60 et 70. Le maire de Chamalières éclipse Jacques Chaban-Delmas, pour s'imposer comme chef de file de la droite jusqu'à sa victoire en 1974.
Après des débuts prometteurs, VGE connaît une première crise avec la démission de son Premier ministre, Jacques Chirac, en 1976. Initiateur du "G7", le club des dirigeants des pays les plus riches, il donne une impulsion décisive à l'axe franco-allemand aux côtés du chancelier Helmut Schmidt.
Le ralentissement économique consécutif au choc pétrolier, les affaires - suicide suspect de son ministre Robert Boulin, diamants offerts par le président centrafricain Bokassa - ainsi qu'une inflexion de sa politique, plus conservatrice et économiquement austère, pèsent sur sa popularité.
Le 10 mai 1981, il échoue à se faire réélire face à François Mitterrand, qui recueille plus d'un million de voix de plus que lui. "Je n'avais jamais imaginé la défaite", confiera-t-il plus tard.
Après son départ resté dans les mémoires -- il laisse une chaise vide lors d'une ultime allocution télévisée -- Valéry Giscard d'Estaing, alors seul ex-président en vie, traverse une profonde dépression. "Ce que je ressens, ce n'est pas de l'humiliation, mais quelque chose de plus sévère: la frustration de l'oeuvre inachevée", écrit-il en 2006 dans "Le pouvoir et la vie" (Compagnie 12).
Académie française
Élu conseiller général en 1982 dans son fief de Chamalières, dans le Puy-de-Dôme, puis député en 1984, d'aucuns lui prêtent l'intention de diriger le premier gouvernement de cohabitation en 1986 - Jacques Chirac lui est préféré.
Il redevient malgré tout l'un des leaders de la droite en dirigeant à nouveau son parti, l'UDF.
Mais, certain de la réélection de François Mitterrand, il ne concourt pas à la présidentielle de 1988. Sept ans plus tard, crédité de 2% dans les études d'opinion, il renonce à nouveau. Peu de temps avant sa mort, il se disait pourtant persuadé que, s'il s'était présenté, il aurait gagné contre Balladur et Chirac.
A partir de la deuxième moitié des années 90, Giscard et le giscardisme disparaissent peu à peu du paysage politique.
L'ancien président de la France, européen convaincu, poursuit pourtant un ultime but: devenir président de l'Europe. En 2001, il prend la tête de la Convention pour l'Europe, chargée de rédiger une constitution européenne, qui sera rejetée par référendum (55% de non).
Cet économiste brillant, auteur de plusieurs ouvrages dont un roman où il imagine une relation avec Lady Di, avait été élu en 2003 à l'Académie française, dans le fauteuil de l'ancien président sénégalais Léopold Sédar Senghor.
En mai dernier, il avait fait l'objet d'une enquête pour agression sexuelle après la plainte d'une journaliste allemande qui l'accusait de lui avoir touché les fesses lors d'une interview plus d'un an plus tôt.
Hospitalisé à plusieurs reprises ces derniers mois, notamment pour "insuffisance cardiaque", il est décédé mercredi soir, entouré de sa famille, dans sa propriété d'Authon dans le Loir-et-Cher.
Avions renifleurs, diamants de Bokassa… Les « affaires » de Valéry Giscard d’Estaing
Plusieurs affaires ont assombri le septennat de l’ex-Président Valéry Gicard d’Estaing, décédé ce mercredi 2 décembre. Notamment celle autour des faux avions renifleurs, ainsi que les diamants du Jean-Bedel Bokassa, président du Centrafrique.
Trois affaires importantes auront écorné la réputation de Valéry Giscard d’Estaing, décédé ce mercredi 2 décembre : les avions renifleurs, l’affaire des diamants de Bokossa et l’affaire Boulin.
Les avions renifleurs
La France, en pleine crise pétrolière, est prête à tout pour trouver l’or noir. C’est dans ce contexte que l’entreprise Elf Aquitaine et l’État français se laissent berner par deux escrocs. Fin 1976, Aldo Bonassoli et Alain de Villegas se rendent chez Elf avec une prétendue découverte. Le duo affirme avoir fabriqué un appareil pour détecter les gisements de pétrole.
Le système repose sur un dispositif embarqué dans un avion. Un simple survol permettrait de localiser les gisements jusqu’à plusieurs milliers de mètres sous terre. À une époque où le prix du pétrole vient d’être multiplié par trois, la France dépend des pays arabes. Avec une telle invention, les deux « scientifiques » proposent à la France de devenir indépendante. Grâce à un essai truqué, l’entreprise Elf se fait duper et Giscard donne son feu vert.
C’est en 1979 que la supercherie est découverte. Un physicien, désigné par le ministre de l’Industrie, dévoile l’escroquerie. Tous y ont cru, mécaniciens, physiciens, géologues, cadres, directeur, jusqu’au Président. L’affaire est enterrée, classée secret-défense. Aldo Bonassoli redevient réparateur de télévisions à Lurano, en Italie. Alain de Villegas, ruiné, se serait retiré dans un monastère en Amérique du Sud.
Le 21 décembre 1983, Le Canard enchaîné révèle au grand public une partie de l’affaire. L’expression des « avions renifleurs » est utilisée pour la première fois par Pierre Péan, journaliste d’investigation. Le lendemain, VGE intervient au journal télévisé : Je ne suis pas venu me défendre car je n’ai pas à me défendre »,
assure-t-il, la voix cassante sur Antenne 2, il refuse de figurer au banc des accusés. L’ancien président de la République sera finalement exonéré de toute responsabilité par une commission d’enquête parlementaire.
Les diamants de Bokassa
L’affaire, dite « des diamants », fait beaucoup parler d’elle lors de la campagne de réélection de Valéry Giscard d’Estaing. Elle participe à sa défaite face à François Mitterrand en 1981.
Alors ministre des Finances de Georges Pompidou, Giscard se rend plusieurs fois en Centrafrique pour rendre visite à son ami Jean-Bedel Bokassa, futur empereur. Lors de chacun de ses voyages, le ministre rentre avec nombreux cadeaux. À plusieurs reprises, le chef de l’État centrafricain offre à son hôte des plaquettes de diamants.
En 1979, alors que VGE est devenu Président et que Bokassa a été renversé du pouvoir, avec la complicité de la France, Le Canard enchaîné révèle l’« affaire des diamants ».
On apprendra plus tard que ces diamants ont été remis à des organisations caritatives et que leur valeur a été surestimée. Cette affaire, surnommée le « Watergate français » par Le Monde, n’a jamais eu de conséquences judiciaires. Mais l’image de VGE a été écornée.
L’affaire Boulin
Robert Boulin, alors ministre du Travail de Valéry Giscard d’Estaing, est retrouvé mort le 30 octobre 1979 dans l’étang Rompu de la forêt de Rambouillet (Yvelines). L’homme était pressenti pour devenir le Premier ministre de VGE. L’enquête bâclée conclut au suicide.
Une thèse qui ne convainc ni la famille ni les amis de Robert Boulin. À ce moment, le ministre menace de révéler des secrets sur des affaires concernant son parti. La famille porte plainte, mais cette action en justice aboutit finalement à un non-lieu en 1991.
En 2015, de nouveaux éléments relancent l’affaire. Un témoin affirme avoir vu Robert Boulin en compagnie d’autres hommes dans sa voiture… Selon une note des Renseignements généraux, datée de 1987, quatre hommes de main sont désignés comme les responsables de l’agression contre Boulin.
De Brest à Angers… Les visites présidentielles de Valéry Giscard d’Estaing dans l’Ouest
L’ancien Président, décédé ce mercredi 2 décembre, a effectué quatre visites comme chef des Armées dans l’Ouest. Il y est aussi passé en 1977 lors d’une année à forte tonalité électorale. Il s’est également rendu à Portsall cinq mois après le naufrage de l’Amoco Cadiz. Ses visites ont aussi été marquées par des manifestations fournies.
Valéry Giscard d’Estaing, président de la République de 1974 à 1981, et dont le décès est survenu ce mercredi 2 décembre, est venu plusieurs fois dans l’Ouest. Des visites parfois chahutées, notamment par des manifestations ou des conflits avec l’opposition.
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Dans un sous-marin à Brest
Le changement, c’est le thème sur lequel Valéry Giscard d’Estaing a mené sa bataille électorale après le décès de Georges Pompidou. Brest en a été la première illustration le 7 novembre 1974.
Ce jour-là, le nouveau président de la République, chef des Armées, passe vingt-quatre heures à bord du sous-marin nucléaire lanceur de missiles Le Terrible. Le bâtiment reste treize heures trente en plongée et procède, en sa présence, au tir fictif de seize missiles nucléaires.
Salué par les goélettes de l’École navale, toutes voiles dehors dans la rade de Brest, Giscard commente sobrement : Aucune impression. Les seules sensations sont des vibrations.
Vibration aussi au son d’une gavotte qui l’accueillit à bord, jouée par un marin de Landivisiau.
Les vibrations de la société sont-elles plus marquantes ? 10 000 personnes manifestent « contre la politique antisociale du gouvernement Giscard-Chirac » dans les rues de Brest où le Président ne s’aventurera pas.
Cela deviendra une habitude : chaque passage du Président dans l’Ouest sera accompagné de manifestations fournies. L’élection s’est jouée sur le fil du rasoir. L’union de la gauche empoisonnera les premières années du septennat jusqu’aux législatives de 1978. Gagnées de justesse, elles n’empêcheront pas la victoire de François Mitterrand et la défaite des deux camps de la droite désunie en 1981.
À Coëtquidan, un 8 mai…
Après la Marine, l’armée de Terre. Le 8 mai 1976, le président Giscard d’Estaing est en visite à Coëtquidan (Guer, Morbihan), où sont formés les officiers. Il n’est pas très prolixe avec les journalistes : cinq minutes et un second point presse annulé.
Et pour cause ! Sa décision de ne plus faire du 8 mai un jour férié, commémorant la Victoire de 1945, se révèle une erreur. Il se défend : « Cette décision a été prise pour témoigner de la volonté de réconciliation entre la France et l’Allemagne. À chaque collectivité ou association de déterminer la manière dont elle entend garder le souvenir de ses combattants. » Mitterrand rétablira le jour férié.
À Angers, le décollage de l’Ouest
Le 30 juin 1976, la France souffre de la chaleur et d’une sécheresse exceptionnelle depuis trois mois. Par 34 °C, Giscard va passer huit heures à Angers.
Bains de foule, descente à pied de l’avenue Foch en présence de 8 000 à 10 000 Angevins, discours à la foule place de la mairie. Venez voir mon HLM sans persienne, sans porte de placard, avec des sols mal fixés
, ose une femme, sur le parcours. Ministre du Logement, Robert Galley croit sauver le Président en répondant maladroitement : Demandez à votre mari de bricoler un peu.
En avait-elle un ?
Giscard promet le grand décollage
économique de l’Ouest, évoquant l’installation d’un grand terminal pétrolier à Montoir, près de Saint-Nazaire, et voulant faire de Nantes une grande place financière à l’égal de Lyon.
Dîner chez les Français à Malansac
Le 3 septembre 1976 amène Giscard dans une famille d’agriculteurs à Malansac (Morbihan), les Echelard et leurs quatre enfants. Au cours de cet épisode de « dîners chez les Français » destinés à se montrer proche du peuple, le Président s’entretient avec eux de la vie quotidienne et des aides à l’agriculture.
En Bretagne, terre de manifs
L’année 1977 voit deux voyages en Bretagne et un en Normandie. La bataille électorale est rude. Le Parti socialise emporte les grandes villes de l’Ouest : Rennes, Nantes, Saint-Herblain, Brest, La Roche-sur-Yon… Les législatives de 1978 risquent d’inaugurer ce que l’on n’appelle pas encore la cohabitation.
Pendant trois jours, du 7 au 9 février, un mois avant les municipales, Giscard sillonne la Bretagne, celle des villes moyennes. À Dinan, accueilli par le président du conseil régional – non encore élu au suffrage universel – André Colin et l’ancien président du conseil de la IVe République René Pleven, Giscard lance : La Bretagne est l’une des grandes chances de la France.
Il annonce l’achèvement des travaux de l’autoroute Le Mans-Rennes.
Les nouveaux élus de gauche boudent le déjeuner : le vice-président du conseil général des Côtes-d’Armor, René Régnault, manifeste avec les ouvriers des chantiers navals Siccna en grève depuis vingt-deux mois, et ceux de l’entreprise Actime occupée depuis deux mois.
Charles Josselin, député et président du conseil général, enlevé à René Pleven, s’interpose devant les CRS. Je souhaite que la France s’en tienne aux usages démocratiques et républicains
, rappelle Giscard.
La seconde étape mène le Président à Roscoff, Guénolé-Penmarch et Quimper. Les élus de gauche quimpérois ne seront pas de meilleurs convives que ceux de Dinan. 8 000 à 10 000 manifestants affrontent la police devant la préfecture, des jeunes, des ouvriers de Concarneau.
À Roscoff, Giscard annonce le financement d’une nouvelle tranche du port en eau profonde, dont une jetée, et salue les terriens laboureurs de la mer
derrière Alexis Gourvennec, fondateur de la Sica de Saint-Pol-de-Léon et de la Britanny Ferries.
De cette visite resteront le souvenir de cochons accrochés aux pales de l’hélicoptère présidentiel et le limogeage du préfet. À Penmarc’h, Giscard passe un quart d’heure à bord du chalutier Sant Yann et assiste à la vente à la criée, en fin d’après-midi.
À Vannes, le lendemain, le député PS de Lorient Yves Allainmat est en préfecture pour l’accueil au Président. Le brouillard empêche un saut d’hélicoptère présidentiel jusqu’à l’île d’Houat. Je reviendrai
, promet-il. Les promesses n’engagent que ceux qui y croient…
Le Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage d’Etel, la basilique Sainte-Anne-d’Auray sont moins rétifs. Giscard fait de sa matinée morbihannaise un engagement de la France à la pointe du mouvement écologique mondial
».
Il annonce une Charte de l’environnement. Son gouvernement compte un obscur secrétaire d’État à l’Environnement. Anne-Aymone, l’épouse du Président, est elle aussi victime du brouillard. Elle remplace son excursion à l’île de Sein par une quadruple visite à Châteaulin, Briec-de-l’Odet, Saint-Ségal et Locronan.
La charte culturelle de Ploërmel
Le discours de Ploërmel sera l’un des plus politiques de Giscard. Les Bretons attendront sa dernière partie pour se voir octroyer une Charte culturelle. Mais, pour la Bretagne, c’est une reconnaissance après dix ans d’explosion culturelle et d’explosions tout court d’attentats FLB.
L’enseignement de la langue, la dynamique des agences culturelles en seront les conséquences positives, avec des financements d’État jusqu’à la montée en charge des régions. Le temps est venu d’affirmer qu’il n’y a pas de contradiction entre le fait d’être pleinement Français et celui de continuer à vivre ses traditions et sa culture régionale
, déclare Giscard dans le Centre-Bretagne.
Giscard est une troisième fois à Brest le 6 novembre 1977 pour le départ de la campagne annuelle de la Jeanne d’Arc, bâtiment d’instruction des élèves officiers de l’École navale. Il est accueilli par Yvon Bourges, élu breton et ministre de la Défense. Encore 5 000 manifestants. La France affronte alors l’enlèvement de six compatriotes otages du Front Polisario au Sahara occidental.
À Vassy, la fable des maçons et de l’agriculteur
Le 15 décembre, c’est un vaste barnum qui s’installe dans la campagne de Vassy, un bourg de 1 250 habitants proche de Vire (Calvados).
Pour la quatrième fois de l’année, Giscard va s’adresser aux agriculteurs. 50 000 sont présents sous une douzaine de chapiteaux, chauffés par Michel Drucker, Danièle Gilbert, Serge Lama… Pour entendre le célèbre : L’agriculture doit être le pétrole de la France.
On est à trois mois des législatives de 1978 où la majorité UDF-RPR sauvera les meubles.
Cinq mois après l’Amoco
Le naufrage du pétrolier Amoco Cadiz se produit entre les deux tours des élections législatives de mars 1978. Giscard attendra cinq mois, le 5 août, avant de se déplacer à Portsall (Finistère), quelques jours après un Conseil des ministres où ont été prises des mesures de réparation et de prévention.
Parmi elles, l’éloignement de la circulation maritime à 50 km des côtes et le recours aux remorqueurs Abeille. L’Abeille-Normandie est le premier déplacé à Brest le jour même de la visite présidentielle.
De cette visite resteront, une nouvelle fois, le souvenir de cochons accrochés aux pales de l’hélicoptère présidentiel, un lancer de tomates sur les vitres du restaurant où déjeunait Giscard et le limogeage du préfet qui suivit.
Quarante ans après, Giscard en Mayenne
Le 7 septembre 2014, l’ancien Président passe la journée à La Baroche-Gondouin (Mayenne). Il est l’invité du député Yannick Favennec.
Le 19 mai 1974, la Mayenne l’avait élu avec 67 % des voix. Ce département très rural devenait, alors, l’un des plus giscardiens de France.
Pourquoi « VGE » s'appelait-il Giscard d’Estaing ?
Valéry Giscard d'Estaing qui s’est éteint à l’âge de 94 ans des suites du Covid-19 appartenait à la noblesse. Son père avait obtenu, en 1922, l’ajout à son patronyme des « d’Estaing », une famille noble dont il descendait.
Valéry Giscard d'Estaing, décédé le 2 décembre 2020, à 94 ans, aurait pu s'appeler Valéry Giscard, tout court.
Mais en 1922, soit quatre ans avant la naissance du futur président de la République, la famille Giscard fut anoblie par un décret du Conseil d’État, à la demande d’Edmond, le père de Valéry. C'est lui qui obtint l’ajout à son patronyme des « d’Estaing », une famille noble dont il descendait.
« VGE » avait racheté le château d'Estaing
Edmond Giscard d'Estaing avait une trisaïeule, Lucie « dite » d’Estaing, décédée en 1844, dont le père, Joachim -qui ne l’avait pas reconnue - était un héritier de cette famille, qui s’était notamment illustrée en défendant Philippe Auguste à Bouvines, en 1214.
Olivier Giscard d'Estaing, frère de Valéry, fut dans les années 60 et 70 maire d’Estaing (Aveyron), ville dont l’ancien président acheta le château, datant du XVe siècle et construit pour les comtes d’Estaing.
Élu président de la République, Valéry Giscard d'Estaing fit supprimer tous les titres de noblesse dans les courriers d’invitation envoyés par l’Élysée. L’appartenance à la noblesse est reconnue en France, mais ne confère aucun droit.
Avant Valéry Giscard d’Estaing, quelles personnalités sont décédées des suites du Covid-19 ?
Le vingtième président de la République Française est décédé mercredi 2 décembre à l’âge de 94 ans des suites du Covid-19. Rappel des personnalités qui ont également succombé au coronavirus.
Valéry Giscard d'Estaing (1974-1981) est mort mercredi 2 décembre du Covid-19, entouré des siens, à l’âge de 94 ans. « Son état de santé s’était dégradé et il est décédé des suites du Covid-19 », a indiqué sa famille dans un communiqué. Au fil de sa progression sur la planète, le covid-19 a aussi emporté de nombreuses personnalités de la culture, du sport, ou encore de la politique.
Le saxophoniste Manu Dibango a été la première personnalité internationale à avoir été fauchée par l’épidémie. Âgée de 86 ans, la légende camerounaise de l’afro-jazz s’est éteinte le 24 mars dans un hôpital de la région parisienne.
Le dramaturge américain Terrence McNally, 81 ans, l’un des premiers auteurs à succès à banaliser les personnages gays au théâtre, est mort le même jour.
Début avril, le jazzman américain Ellis Marsalis, patriarche d’une famille de grands noms du jazz est emporté à 85 ans. Au même âge, Sergio Rossi, fondateur de la marque italienne éponyme de chaussures de luxe, disparaît le 3 avril.
Mort d’un grand défenseur de la forêt amazonienne
L’écrivain chilien Luis Sepulveda, contraint à l’exil sous la dictature de Pinochet, est décédé le 16 avril, à Oviedo, en Espagne, à l’âge de 70 ans. Ce militant de gauche, appartenant à la garde rapprochée du président Salvador Allende a été condamné à vingt-huit ans de prison pour trahison et conspiration, sous la dictature d’Augusto Pinochet.
Le 17 avril, c’est le saxophoniste américain Lee Konitz, qui meurt à l’âge de 92 ans.
Le chef indigène Paulinho Paiakan, l’un des plus ardents défenseurs de la forêt amazonienne, est mort à 65 ans, avaient annoncé à la mi-juin des militants de la cause des autochtones. Paiakan était devenu célèbre dans sa lutte contre la construction du projet hydroélectrique de Belo Monte dans les années 1980.
Parmi les personnalités internationales mortes du coronavirus, on compte également le plus célèbre des créateurs de mode japonais, Kenzo, qui décède le 4 octobre à l’âge de 81 ans.
Personnalités françaises
Parmi les personnalités françaises, l’ancien ministre Patrick Devedjian est décédé le 29 mars à l’âge de 75 ans dans un hôpital d’Antony (Hauts-de-Seine). Il avait été ministre de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy, et présidait depuis 2007 le conseil général des Hauts-de-Seine.
Le chroniqueur religieux Henri Tincq est également décédé le 29 mars, à l’hôpital de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne), à l’âge de 74 ans. Il avait travaillé pour le quotidien La Croix avant d’entrer au Monde en 1985.
Deux jours plus tard, le 31 mars, le franco-sénégalais Pape Diouf, ancien dirigeant de l’Olympique de Marseille est décédé à Dakar à l’âge de 68 ans, alors qu’il devait être rapatrié du Sénégal à Nice en avion sanitaire.
Quelques jours avant le décès de Valéry Giscard d'Estaing, le 28 novembre, le journaliste et patron de presse Jean-Louis Servan-Schreiber, fondateur notamment du magazine L’Expansion, meurt à l’âge de 83 ans.