Une cérémonie en présence du dernier compagnon de la Libération, Hubert Germain.
Le chef de l'Etat a commémoré vendredi l'appel du 18 juin 1940 du général de Gaulle, en présence d'Hubert Germain, de Léon Gautier et de Colette Marin-Catherine.
Le président Emmanuel Macron a commémoré vendredi l'appel du 18 juin 1940 du général de Gaulle, en présence du dernier compagnon de la Libération, Hubert Germain, du seul survivant du commando Kieffer, Léon Gautier et Colette Marin-Catherine, la résistante rendue célèbre par un documentaire récemment primé d'un Oscar.
En 1940, c’est à Huppy, un village de 800 habitants dans la Somme, que le Général de Gaulle aurait eu l’idée de son célèbre discours après être venu fin mai de la même année.
En cette année 2021, le 81 on célèbre le 81e anniversaire de l’appel du 18 juin 1940 du Général de Gaulle. Ce célèbre discours, prononcé à la radio de Londres, est considéré comme le texte fondateur de la Résistance française, dont il demeure le symbole.
Un événement majeur qui a marqué l’Histoire de France, mais aussi, celle d’un village de la Somme, Huppy. Car c’est dans cette bourgade de 800 habitants que le Général de Gaulle aurait eu l’idée de faire appel aux Français pour continuer le combat contre l’Allemagne.
Un passage express à Huppy en 1940 à l’origine de tout
En mai 1940, nous ne sommes qu’au début de la Seconde guerre mondiale et Charles de Gaulle n’est encore que colonel. À la tête de la 4e division cuirassée (4e DCr), il dirige le 17 mai une contre-attaque vers Montcornet, au nord-est de Laon dans l'Aisne. Offensive réussie pour une division blindée récemment constituée et dont les unités n’avaient encore jamais opéré ensemble.
Une dizaine de jours plus tard, la division se dirige au sud d’Abbeville dans la Somme dans le but d’attaquer la tête de pont allemande, l'objectif général étant de dégager les unités encerclées de la poche de Dunkerque.
De Gaulle et ses unités prennent alors pleinement part à la bataille d’Abbeville face aux Allemands du 27 mai au 4 juin 1940. C’est à cette occasion que le Général de Gaulle pose pour la première fois les pieds à Huppy, dans la Somme. "Il est arrivé le 28 mai 1940 et il installe son poste de commandement à l’intérieur du château de Huppy, précise Jean-Pierre Parant, président de l’association de sauvegarde du patrimoine artistique et culturel de la ville d’Huppy (ASPAC). Il y restera jusqu'au 30 mai car il a eu ordre de cesser les combats avec la 4e DCr".
Trois jours dans ce petit village de la Somme qui auront suffi à lui insuffler l’idée de l’appel du 18 juin 1940 selon Jean-Pierre Parant : "Son passage à Huppy est historique, car c’est ici que lui vient de l’idée de la résistance française". Le spécialiste du patrimoine huppinois se base sur les Mémoires de guerre de Charles de Gaulle : "À la page 30, il dit que, "le 30 mai, la bataille est virtuellement perdue". Or, le 30 mai, il se trouve à Huppy".
Dans mon cantonnement de Picardie, je ne me fais pas d’illusions. Mais j’entends garder l’espérance. Si la situation ne peut être, en fin de compte, redressée dans la métropole, il faudra la rétablir ailleurs.
Ainsi, Jean-Pierre Parant est formel : "l’appel du 18 juin, s’il n’a pas été écrit à Huppy, l’idée vient d’ici".
Le 6 juin 1940, le général de Gaulle est convoqué d'urgence à Paris par Paul Reynaud, président du Conseil et ministre de la Guerre, pour occuper un poste ministériel dans son gouvernement, celui de sous-secrétaire d'État à la Guerre et à la Défense nationale. Le 17 juin, il apprend avec consternation la démission de Paul Reynaud au profit du Maréchal Pétain. De Gaulle quitte alors la France pour Londres. La suite, nous la connaissons.
De retour à Huppy après la victoire
À l’occasion du rassemblement de la 4e DCr, De Gaulle reviendra à Huppy 4 ans après la victoire, en mai 1949. Il loge à nouveau dans le château de Huppy. Dans une lettre, il remercie le propriétaire, Jacques Buiret.
Dans son discours, il souligne l’importance du village dans les événements qui ont suivi la bataille d’Abbeville : "C’est par là, à Huppy, qu’une histoire a commencé et qu’une histoire s’est poursuivie", déclare-t-il.
Oui, c'est ici qu'en vint l'idée à celui qui vous parle, quand il s'aperçut d'abord que les Français, pourvu qu'ils fussent commandés et cohérents, ne cédaient rien à l'ennemi le mieux armé. C'est ici aussi, je le dis, que celui qui vous parle mesura quelle était la constance, la résolution de nos alliés qui, par la suite, allaient nous relever dans le grand effort de guerre et avec lesquels nous reviendrons ici victorieux. […] Par-dessus-tout, c’est ici que le serment fut fait dans mon cœur que si je revenais à Huppy, ce ne serait pas après un désastre, mais après une victoire avec vous tous.
En 1964, c’est le Président de la République Charles De Gaulle qui, en visite officielle de la Picardie, ne manque pas de faire une halte à Huppy qu’il n’a pas oubliée. "À la base, Huppy n’était pas prévu dans son déplacement mais il a obligé les responsables à ce qu’il y ait une pause à Huppy. Il a montré que le village était dans ses souvenirs", conclut Jean-Pierre Parant.
Le chef de l'Etat a assisté dans la matinée à la traditionnelle cérémonie militaire au mémorial du Mont Valérien près de Paris, principal lieu d'exécution de résistants et d'otages en France par l'armée allemande pendant la Seconde Guerre mondiale. Il s'envolera plus tard pour Berlin pour un dîner de travail avec la chancelière allemande Angela Merkel.
Décorations
En présence du Premier ministre et de plusieurs membres du gouvernement, il a notamment élevé Léon Gautier, 98 ans, au rang de grand officier de la légion d'honneur, et a décoré de la médaille militaire quatre hommes d'active qui se sont illustrés en opérations extérieures, notamment au Sahel.
Auparavant il a reçu à l'Elysée Léon Gautier et Colette Marin-Catherine, "inlassable témoin des mérites de son frère résistant déporté" et ancienne résistante elle-même, "deux personnalités marquées par leur souci de transmission de la mémoire de la Résistance et de ses valeurs", selon l'Elysée. La résistante de 92 ans, rendue célèbre par le documentaire "Colette" primé aux Oscars 2021, a reçu la médaille de la résistance pour son frère à titre posthume.
Après les décorations, le président s'est ensuite approché d'Hubert Germain, s'inclinant et serrant les mains du centenaire coiffé de son béret vert et assis dans son fauteuil roulant devant l'immense croix de Lorraine ornant le mur du monument.
Ils se sont ensuite recueillis dans la crypte où le dernier de l'ordre de la Libération, résistant de la première heure parti à Londres fin juin 1940, sera enterré.
Au lendemain de son arrivée à Londres le 17 juin 1940, De Gaulle avait appelé les militaires, ingénieurs et ouvriers français à le rejoindre pour poursuivre la lutte contre l'Allemagne nazie, malgré l'armistice demandé par le maréchal Pétain. "Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas", avait-il déclaré en concluant sa célèbre intervention radiophonique, que très peu de Français avaient alors entendue.
Légionnaire pendant la Seconde Guerre mondiale, Hubert Germain a combattu en Syrie, en Libye où il a participé à la bataille de Bir Hakeim, en Egypte, en Italie, en Provence, dans les Vosges et en Alsace. Blessé et décoré par le général de Gaulle fin juin 1944 en Italie, le vétéran est aujourd'hui pensionnaire des Invalides. Seules 1.038 personnes ont reçu le titre de compagnon de la Libération.
Lire aussi : Hubert Germain, entretien avec le dernier des compagnons de la Libération
"Nous nous devons d'être inspirés par cette force d'âme", lui avait déclaré le chef de l'Etat le 18 juin 2020: "Votre courage, votre vertu au sens romain du terme, sont une fierté pour notre pays et nous inspirent encore".
Les 177 fusiliers marins des Forces françaises libres du commando Kieffer, intégré au Royal Marine Commando N°4, sont les seuls Français en uniforme à avoir participé au débarquement allié. Portant le nom du capitaine de corvette Philippe Kieffer, qui avait constitué ce groupe de volontaires, le commando, entraîné en Ecosse, avait débarqué le 6 juin 1944 à Sword Beach.
"On les aura, c'est la victoire. Merci mes petits"
Pendant la visite de la crypte, le Premier ministre Jean Castex a échangé à l'extérieur avec plusieurs jeunes enfants descendants de résistants, qui portaient les décorations de leurs ancêtres, évoquant avec eux leur souvenir et l'importance de la transmission de cette mémoire, une volonté politique du président Macron à mesure que disparaissent les derniers témoins directs de la guerre. Pendant ce temps également, en faisant le V de la victoire, Colette Marin-Catherine avait glissé à la caméra "On les aura, c'est la victoire. Merci mes petits".
Le président Emmanuel Macron célèbre vendredi le 81e anniversaire de l'appel du 18 juin 1940 du général de Gaulle, en présence du dernier compagnon de la Libération, Hubert Germain, et du seul survivant du commando Kieffer, Léon Gautier, qui sera décoré. Le chef de l'État assistera dans la matinée à la traditionnelle cérémonie militaire au mémorial du Mont-Valérien près de Paris, principal lieu d'exécution de résistants et d'otages en France par l'armée allemande pendant la Seconde Guerre mondiale. Il s'envolera plus tard pour Berlin pour un dîner de travail avec la chancelière allemande Angela Merkel.
Au lendemain de son arrivée à Londres le 17 juin 1940, de Gaulle avait appelé les militaires, ingénieurs et ouvriers français à le rejoindre pour poursuivre la lutte contre l'Allemagne nazie, malgré l'armistice demandé par le maréchal Pétain. « Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas », avait-il déclaré en concluant sa célèbre intervention radiophonique, que très peu de Français avaient alors entendue.
À LIRE AUSSI« Les enfants n'étaient pas étrangers à l'action de la Résistance »
« Personne ne l'a entendu, l'appel ! »
Résistant de la première heure, parti à Londres fin juin 1940, Hubert Germain, qui fêtera cet été ses 101 ans, sera présent vendredi aux côtés du président Macron. Il y a 81 ans, ce n'est pas l'appel du 18 Juin qui l'a décidé à rejoindre la Résistance. « On ne va pas recommencer ce cinéma-là, personne ne l'a entendu, l'appel ! On a tous entendu ce laïus effrayant du maréchal Pétain, disant qu'il fallait terminer la guerre et déposer les armes. Ça a été un choc. »
Légionnaire pendant la Seconde Guerre mondiale, Hubert Germain a combattu en Syrie, en Libye, où il a participé à la bataille de Bir Hakeim, en Égypte, en Italie, en Provence, dans les Vosges et en Alsace. Blessé et décoré par le général de Gaulle fin juin 1944 en Italie, le vétéran aujourd'hui pensionnaire des Invalides est le dernier survivant de l'ordre de la Libération créé par le chef de file de la France libre.
Le dernier survivant du commando Kieffer honoré
Seules 1 038 personnes ont reçu le titre de compagnon de la Libération. À sa mort, Hubert Germain sera inhumé au Mont-Valérien. Vendredi, Emmanuel Macron décorera un autre illustre vétéran : Léon Gautier, 98 ans, dernier survivant du commando Kieffer, qui débarqua en Normandie en juin 1944. Les 177 fusiliers marins des Forces françaises libres du commando Kieffer, intégré au Royal Marine Commando n° 4, sont les seuls Français en uniforme à avoir participé au débarquement allié.
À LIRE AUSSILe dernier compagnon de la Libération parle
Portant le nom du capitaine de corvette Philippe Kieffer, qui avait constitué ce groupe de volontaires, le commando, entraîné en Écosse, avait débarqué le 6 juin 1944 à Sword Beach. Les faits d'armes de ces commandos français ont été tardivement reconnus. De Gaulle n'avait pas été associé aux préparatifs du Débarquement. Il faudra attendre 1984 pour voir le président François Mitterrand rendre hommage au commando Kieffer pour la première fois à Ouistreham (Calvados).
Hubert Germain, dernier survivant des Compagnons de la Libération
Le dernier Compagnon de la Libération Hubert Germain, qui commémorera vendredi l'Appel du 18 juin avec Emmanuel Macron, a vécu la débâcle de l'été 1940 à Bordeaux, où il passait le concours d'entrée de l'Ecole navale.
"Au bout de cinq minutes je me suis dit +Mais qu'est-ce que tu fais là ?+", confiait-il à l'AFP en 2017. "Je me suis levé en disant à l'examinateur: +Je pars faire la guerre+".
Dans le port de Saint-Jean-de-Luz, le jeune homme trouve l'Arrandora Star, qui s'apprête à convoyer des soldats polonais vers l'Angleterre. Il monte à bord avec trois camarades et arrive à Londres le 24 juin 1940.
Né le 6 août 1920 à Paris, fils d'un général des troupes coloniales, l'ancien colosse de 1m90 est âgé de près de 101 ans. Il est en fauteuil roulant et ne quitte plus sa chambre médicalisée des Invalides.
Il est aujourd'hui tout entier tourné vers cette cérémonie du Mont-Valérien. "Le 19, adieu !" glisse-t-il à ses visiteurs, selon Le Parisien.
Il y a 81 ans, ce n'est pas l'Appel du 18 juin qui l'a décidé. "On ne va pas recommencer ce cinéma-là, personne ne l'a entendu, l'appel ! (...) On a tous entendu ce laïus effrayant du maréchal Pétain, disant qu'il fallait terminer la guerre et déposer les armes. Ça a été un choc".
Le souvenir de sa première rencontre avec de Gaulle, cet été-là, est intact : "Il s'arrête un instant, me regarde et me dit: +Je vais avoir besoin de vous+. Quand, à 18-19 ans, vous vous ramassez ça en pleine figure, dans le désastre général qui est là, il y a quelque chose qui vous émeut profondément".
Engagé dans les premiers au sein des Forces françaises libres (FFL), Hubert Germain est affecté sur un cuirassé, où il suit les cours d'élève officier de marine.
La journée, il étudie entre les alertes, la nuit il participe à la défense antiaérienne contre les raids allemands.
Au printemps 1941, il rejoint en Palestine la 1ère division française libre destinée à combattre au Levant. Il intègre ensuite la Légion étrangère et combat en Libye.
- "Les braises ardentes" -
"Enfant, je me disais que c'est ce que je devais toujours rechercher dans ma vie : le plus difficile", confiait-il dans "Espérer pour la France", un livre d'entretiens avec Marc Leroy paru en 2020. Chef de section antichars, il se distingue lors de la bataille de Bir-Hakeim en juin 1942 et est cité à l'ordre de l'armée.
Il combat ensuite en Egypte (El Alamein), en Tunisie et débarque en Italie. Blessé à Pontecorvo, il est évacué sur Naples, où il est décoré de la Croix de la Libération par le général de Gaulle fin juin 1944.
Il participe au débarquement de Provence en août 1944. Arrivé sur la plage, il tombe dans le sable et "pleure comme un enfant" : "J'avais retrouvé mon pays".
Puis il combat pour la libération de Toulon, de la vallée du Rhône et de Lyon, prend part aux campagnes des Vosges, d'Alsace et termine la guerre dans le sud des Alpes.
Nommé aide de camp du général Koenig, commandant les forces françaises d'occupation en Allemagne, le lieutenant Germain est démobilisé en 1946.
Le voilà attaché de direction dans une entreprise de produits chimiques, avant d'être élu maire de Saint-Chéron (Essonne) en 1953, mandat qu'il conserve jusqu'en 1965.
Devenu député de Paris en 1962, il est ministre des PTT de 1972 à 1974 et brièvement ministre chargé des relations avec le Parlement, en 1974. Il dirige ensuite la Société française de télédistribution.
"Nous étions les braises ardentes et l'Ordre de la Libération s'est donné pour mission de garder ces braises ardentes en témoignage de cette époque", dit-il à propos de cet ordre, fondé par le général de Gaulle.
"Voilà mon rôle pour le peu de temps que j'ai à vivre encore : à tous les jeunes qui aspirent à travailler pour une France belle forte, saine, je suis apte à leur en donner un message".
Seules 1.038 personnes ont reçu le titre de compagnon de la Libération. Hubert Germain, dernier survivant, sera inhumé au Mont-Valérien, lieu de martyre de la Résistance.
Emmanuel Macron sera accompagné d'Hubert Germain en ce 18 juin.
Légionnaire pendant la Seconde Guerre mondiale, Hubert Germain a combattu en Syrie, en Libye, où il a participé à la bataille de Bir Hakeim, en Égypte, en Italie, en Provence, dans les Vosges et en Alsace. Blessé et décoré par le général de Gaulle fin juin 1944 en Italie, le vétéran aujourd'hui pensionnaire des Invalides est le dernier survivant de l'ordre de la Libération créé par le chef de file de la France libre.
Le dernier survivant du commando Kieffer honoré
Seules 1 038 personnes ont reçu le titre de compagnon de la Libération. À sa mort, Hubert Germain sera inhumé au Mont-Valérien. Vendredi, Emmanuel Macron décorera un autre illustre vétéran : Léon Gautier, 98 ans, dernier survivant du commando Kieffer, qui débarqua en Normandie en juin 1944. Les 177 fusiliers marins des Forces françaises libres du commando Kieffer, intégré au Royal Marine Commando n° 4, sont les seuls Français en uniforme à avoir participé au débarquement allié.
À LIRE AUSSILe dernier compagnon de la Libération parle
Portant le nom du capitaine de corvette Philippe Kieffer, qui avait constitué ce groupe de volontaires, le commando, entraîné en Écosse, avait débarqué le 6 juin 1944 à Sword Beach. Les faits d'armes de ces commandos français ont été tardivement reconnus. De Gaulle n'avait pas été associé aux préparatifs du Débarquement. Il faudra attendre 1984 pour voir le président François Mitterrand rendre hommage au commando Kieffer pour la première fois à Ouistreham (Calvados).
Hubert Germain, dernier survivant des Compagnons de la Libération
Le dernier Compagnon de la Libération Hubert Germain, qui commémorera vendredi l'Appel du 18 juin avec Emmanuel Macron, a vécu la débâcle de l'été 1940 à Bordeaux, où il passait le concours d'entrée de l'Ecole navale.
"Au bout de cinq minutes je me suis dit +Mais qu'est-ce que tu fais là ?+", confiait-il à l'AFP en 2017. "Je me suis levé en disant à l'examinateur: +Je pars faire la guerre+".
Dans le port de Saint-Jean-de-Luz, le jeune homme trouve l'Arrandora Star, qui s'apprête à convoyer des soldats polonais vers l'Angleterre. Il monte à bord avec trois camarades et arrive à Londres le 24 juin 1940.
Né le 6 août 1920 à Paris, fils d'un général des troupes coloniales, l'ancien colosse de 1m90 est âgé de près de 101 ans. Il est en fauteuil roulant et ne quitte plus sa chambre médicalisée des Invalides.
Il est aujourd'hui tout entier tourné vers cette cérémonie du Mont-Valérien. "Le 19, adieu !" glisse-t-il à ses visiteurs, selon Le Parisien.
Il y a 81 ans, ce n'est pas l'Appel du 18 juin qui l'a décidé. "On ne va pas recommencer ce cinéma-là, personne ne l'a entendu, l'appel ! (...) On a tous entendu ce laïus effrayant du maréchal Pétain, disant qu'il fallait terminer la guerre et déposer les armes. Ça a été un choc".
Le souvenir de sa première rencontre avec de Gaulle, cet été-là, est intact : "Il s'arrête un instant, me regarde et me dit: +Je vais avoir besoin de vous+. Quand, à 18-19 ans, vous vous ramassez ça en pleine figure, dans le désastre général qui est là, il y a quelque chose qui vous émeut profondément".
Engagé dans les premiers au sein des Forces françaises libres (FFL), Hubert Germain est affecté sur un cuirassé, où il suit les cours d'élève officier de marine.
La journée, il étudie entre les alertes, la nuit il participe à la défense antiaérienne contre les raids allemands.
Au printemps 1941, il rejoint en Palestine la 1ère division française libre destinée à combattre au Levant. Il intègre ensuite la Légion étrangère et combat en Libye.
- "Les braises ardentes" -
"Enfant, je me disais que c'est ce que je devais toujours rechercher dans ma vie : le plus difficile", confiait-il dans "Espérer pour la France", un livre d'entretiens avec Marc Leroy paru en 2020. Chef de section antichars, il se distingue lors de la bataille de Bir-Hakeim en juin 1942 et est cité à l'ordre de l'armée.
Il combat ensuite en Egypte (El Alamein), en Tunisie et débarque en Italie. Blessé à Pontecorvo, il est évacué sur Naples, où il est décoré de la Croix de la Libération par le général de Gaulle fin juin 1944.
Il participe au débarquement de Provence en août 1944. Arrivé sur la plage, il tombe dans le sable et "pleure comme un enfant" : "J'avais retrouvé mon pays".
Puis il combat pour la libération de Toulon, de la vallée du Rhône et de Lyon, prend part aux campagnes des Vosges, d'Alsace et termine la guerre dans le sud des Alpes.
Nommé aide de camp du général Koenig, commandant les forces françaises d'occupation en Allemagne, le lieutenant Germain est démobilisé en 1946.
Le voilà attaché de direction dans une entreprise de produits chimiques, avant d'être élu maire de Saint-Chéron (Essonne) en 1953, mandat qu'il conserve jusqu'en 1965.
Devenu député de Paris en 1962, il est ministre des PTT de 1972 à 1974 et brièvement ministre chargé des relations avec le Parlement, en 1974. Il dirige ensuite la Société française de télédistribution.
"Nous étions les braises ardentes et l'Ordre de la Libération s'est donné pour mission de garder ces braises ardentes en témoignage de cette époque", dit-il à propos de cet ordre, fondé par le général de Gaulle.
"Voilà mon rôle pour le peu de temps que j'ai à vivre encore : à tous les jeunes qui aspirent à travailler pour une France belle forte, saine, je suis apte à leur en donner un message".
Seules 1.038 personnes ont reçu le titre de compagnon de la Libération. Hubert Germain, dernier survivant, sera inhumé au Mont-Valérien, lieu de martyre de la Résistance.
Emmanuel Macron sera accompagné d'Hubert Germain en ce 18 juin.