La baie de Saint-Pierre
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C’est une superbe destination plongĂ©e, car on peut y faire des plongĂ©es vraiment uniques, et je vais vous dire pourquoi.
Un tout petit rappel historique : le 8 mai 1902, le volcan de la Montagne PelĂ©e entre en Ă©ruption. Saint-Pierre, qui Ă©tait une ville prospĂšre et dynamique, est rayĂ©e de la carte en quelques minutes. La ville a depuis Ă©tĂ© reconstruite bien sĂ»r, mais les bateaux qui Ă©taient dans la baie de Saint-Pierre, et il y en avait une dizaine, ont coulĂ© suite Ă l’Ă©ruption.
Ce qui fait qu’aujourd’hui, la baie de Saint-Pierre est devenue un fascinant musĂ©e naval sous-marin avec de trĂšs belles Ă©paves. C’est une sorte de PompĂ©i sous-marin, si vous voulez. D'oĂč la chance de plonger sur la plus spectaculaire de ces Ă©paves, c’est le Roraima. C’est un bateau qui transportait des passagers, un monstre de 120 mĂštres de long. MĂȘme s’il a Ă©tĂ© dĂ©truit par l’incendie suite Ă l’Ă©ruption, on voit encore toutes les structures mĂ©talliques. On peut visiter la salle des machines, les coursives, les cales… La vision de ce monstre englouti qui apparaĂźt dans un halo bleutĂ© est indĂ©lĂ©bile. Seul inconvĂ©nient, il est Ă 50 m de fond, c'est donc pour les plongeurs confirmĂ©s.
Qu’est-ce qui vous a le plus marquĂ© dans la culture crĂ©ole ?
J’ai assistĂ© Ă un Carnaval Ă Fort-de-France et j’ai Ă©tĂ© fascinĂ© par l’ambiance et l’implication de toute la population. Il y a une ferveur incroyable, une atmosphĂšre de liesse trĂšs communicative. Pendant les 4 jours qui prĂ©cĂšdent le mercredi des Cendres, toute l’Ăźle vit au rythme endiablĂ© de cette grande fĂȘte populaire. Il y a des dĂ©filĂ©s costumĂ©s (les vidĂ©s), des musiciens, des danseurs, des vieilles voitures customisĂ©es et surchargĂ©es que l’on fait vrombir. Parmi les personnages traditionnels : les malprop (travestis outranciers), des hommes qui s’enduisent de mĂ©lasse de canne Ă sucre, les diables rouges. Et bien sĂ»r le roi Vaval, mannequin gĂ©ant qui symbolise l’esprit du Carnaval, qui est incinĂ©rĂ© le dernier jour. A vivre absolument !
Un coin secret, une pépite que vous avez dénichée, hors des sentiers battus ?
Une superbe balade Ă pied Ă faire Ă l’extrĂ©mitĂ© nord de l’Ăźle, entre Grand RiviĂšre et Anse Couleuvre. Le sentier longe la cĂŽte, mais dans la forĂȘt. Un parcours qui fait 18 km, et pour lequel il faut compter environ 4 heures. Et le dĂ©paysement complet est garanti, on est loin de tout; on ne croise aucune habitation, c’est vraiment sauvage, on se croirait au bout du monde.
Pour revenir Ă son point de dĂ©part (ce n’est pas une boucle) : vous pouvez demander Ă un pĂȘcheur de vous ramener par la mer cette fois-ci, autre ambiance, autres panoramas sur cette cĂŽte sauvage.
Pour la découverte du patrimoine historique, que recommandez-vous en particulier ?
La visite des distilleries de rhum ! Elles font vraiment partie de l’Ăąme de l’Ăźle. La plupart se visitent. ça vaut surtout le coup pendant la rĂ©colte de la canne Ă sucre, de fĂ©vrier Ă juin. lorsque les distilleries tournent Ă plein rĂ©gime. On voit les camions arriver, chargĂ©s de cannes Ă sucre… Celle qu’il ne faut vraiment pas louper c’est l’habitation ClĂ©ment, site classĂ© monument historique. Passionnant tĂ©moignage du patrimoine industriel martiniquais. On voit les machineries, les chais, la maison de maĂźtre et son mobilier de style colonial. C’est une plongĂ©e dans l’histoire de l’Ăźle. Autre distillerie : Depaz, prĂšs de Saint-Pierre. Domaine magnifique, du 17e siĂšcle, sur une colline vert pomme avec en arriĂšre-plan le bleu profond des CaraĂŻbes.
Des spécialités culinaires qui vous ont marqué ?
Les produits de la mer : thon, dorade, barracudas, thazard, marlin grillĂ© ou en blaff (un court-bouillon aromatisĂ©) ou Ă l’Ă©touffĂ©e, langouste, ouassous (grosses crevettes d’eau douce), chatrous (poulpe)...
En dessert, je vous conseille le flan coco; et bien sûr les bananes flambées au rhum, proposées dans presque tous les restaurants.
Quelles sont vos plages préférées ?
Vous voulez des plages de sable blanc ou bien des plages de sable noir ? Sachant qu’on trouve du sable noir car l’Ăźle est d’origine volcanique (anse Noire et anse CĂ©ron).
Et voulez-vous une plage de carte postale ou plutĂŽt une plage sportive ?
Une plage de carte postale : anse l’Etang, sur la presqu’Ăźle de la Caravelle, du cĂŽtĂ© Atlantique. Une page de sable blond et fin bordĂ©e sur toute sa longueur de grands cocotiers et de rĂ©siniers qui offrent des coins d’ombre encadrĂ©e par deux pointes rocheuses sur lesquelles vient se briser la houle. Elle garde un caractĂšre sauvage. Si vous y allez en semaine ou le matin, vous pourrez profiter pleinement du lieu car elle est quasiment dĂ©serte.
Il y a bien sĂ»r la mythique plage des Salines, la plus connue des plages de Martinique. Une rĂ©putation pas usurpĂ©e car elle est vĂ©ritablement magnifique avec son sable blanc trĂšs fin et ses cocotiers penchĂ©s sur les eaux d’un bleu Ă©clatant. Le petit plus : la vue sur le rocher du Diamant. Ăvidemment la mĂ©daille a son revers, elle est trĂšs frĂ©quentĂ©e. Pour gagner un peu en tranquillitĂ© on peut venir s’y baigner tĂŽt le matin ou s’installer sur la partie droite de la plage, gĂ©nĂ©ralement moins bondĂ©e.
Pour les sportifs, l'anse Caffard, au sud de l’Ăźle, une belle plage de sable blanc qui descend en pente douce. Mais on n’y vient pas pour s’y baigner car les courants sont trĂšs forts et la baignade dangereuse. En revanche, les bodyboarders s’en donnent Ă cĆur joie sur les rouleaux.
Une petite derniĂšre, un peu spĂ©ciale, celle-lĂ , l’anse Trabaud, au sud de l’Ăźle. Elle reste dĂ©serte en semaine et peu frĂ©quentĂ©e mĂȘme le weekend car l’accĂšs est un peu compliquĂ©, il faut emprunter une piste en mauvais Ă©tat pour l’atteindre. Elle a du sable blanc trĂšs fin, elle est longue de 2 km et il y a plein d’arbustes qui offrent des petites niches vĂ©gĂ©tales protĂ©gĂ©es du soleil. Et si elle est si spĂ©ciale, c’est parce que le naturisme y est tolĂ©rĂ©.