De Jean-Clément Martin au bourreau Sanson en personne, de Marina Bujoli-Minetti aux caricaturistes britanniques... Pour les 230 ans de l'exécution de « Louis Capet », historiens d'un côté, contemporains et acteurs de l'événement de l'autre vous content ce jour de janvier 1793 qui marqua irrémédiablement l'histoire de la Révolution.
— À la Une
INTERVIEW DE JEAN-CLÉMENT MARTIN
• L'exécution de Louis XVI, « un acte politique et politicien »
Pendant plusieurs mois, le sort de Louis XVI a été incertain. Jean-Cément Martin retrace les rivalités politiques et les violents affrontements qui ont abouti au verdict d'exécution, montrant que la mort du roi, loin d'être un passage obligé de la Révolution, est un acte surtout politique.
•Les derniers instants de Louis XVI, selon son bourreau
Un mois après l’exécution du roi, le célèbre bourreau de Louis XVI Charles-Henri Sanson prend la plume. Afin de répondre aux rumeurs entourant le supplice du dernier monarque absolu, il adresse au Thermomètre du jour une missive détaillant sa montée vers l’échafaud.
Témoignages extérieurs de la condamnation à mort du roi, les estampes et tableaux britanniques de l’exécution révèlent la consternation étrangère vis-à-vis de la violence de la Révolution. Toutefois, le sang versé semble volontairement absent de ces images.
Du Ça ira ! à La Carmagnole, redécouvrez grâce aux collections sonores de la BnF les chansons emblématiques de la Révolution française, ici dans une livraison de 1961.
•« Et le fatal couteau trancha sa tête » : récits en direct de la mort de Louis XVI
Le lendemain de l’exécution du roi honni, la presse met en scène le « supplice » dans de brèves saynètes décrivant un Paris silencieux, solennel mais heureux. Sans surprise, on décèle également un certain humour noir de la part des rédacteurs.
Le 18 janvier au soir, les députés de la Convention condamnent « Louis Capet » à l’échafaud. Si l’évènement marquera l’histoire de France, comment a-t-il alors été interprété par les citoyens français ? Quelles conséquences cette célèbre décapitation entraînera-t-elle ?
Lorsque l’on parle de Davos, on pense au forum annuel qui réunissait cette semaine de nombreux responsables politiques et dirigeants économiques. L’INA diffuse sur son site un reportage de 2009 permettant de découvrir d’autres aspects de cette station de sports d’hiver des Alpes suisses. Des personnalités, comme Thomas Mann ou Albert Einstein, y ont séjourné, ainsi que des personnes atteintes de tuberculose, venues se soigner dans les sanatoriums au style Art déco.
Davos, c'est aussi un petit village suisse où l'on venait prendre le bon air
Davos, c'est aussi un petit village suisse où l'on venait prendre le bon air
Le Forum de Davos, aussi connu sous le nom de Forum économique mondial, se tient dans la cité suisse qui lui a donné son nom du 16 au 20 janvier. La ville, connue mondialement pour cette rencontre des élites du monde entier, fut d'abord un lieu de villégiature pour malades de la tuberculose puis pour amateurs de sports d'hiver.
Le Forum économique mondial de Davos, qui fut longtemps l'une des rencontres des décideurs du monde entier parmi les plus courues, se tient dans la ville suisse du 16 au 20 janvier. Créée en 1971, cette réunion a d'abord réuni des entrepreneurs européens avant de s'ouvrir aux problèmes économiques et sociaux et d'inviter des responsables politiques du monde entier.
LES ARCHIVES.
« Davos, 1600 d'altitude, une ville station, 13 000 habitants, 24 000 lits. » En 2009, France 3 Alsace consacrait un reportage à la ville de Davos, en Suisse. Dans l'archive, présentée en tête d'article, il était dit que la commune était la commune célèbre « depuis les années 70 », grâce au Forum économique mondial. « Mais Davos était déjà à la une à la fin du XIXe siècle », dévoilait la journaliste. Installée dans les hauteurs du canton de Grisons à l'est de la Suisse, la cité bénéficiait déjà d'un microclimat qui en faisait un lieu de villégiature privilégiée.
Le bon air de la vallée en fit un lieu idéal pour les malades de la tuberculose. Sa réputation se fit donc« à travers ses sanatoriums, comme ici celui de Schatzalp, devenu aujourd'hui un hôtel de luxe, expliquait l'archive. À l'époque, les personnes atteintes de tuberculose venaient en cure dans la station qui a compté jusqu'à 50 sanatoriums. » Une cure qui consistait, selon Marc Barandin, directeur de la communication de l'Hôtel Schatzalp à «faire le plein de soleil et d'air pur».
Davos, la miraculeuse
Dans les années 1850, un médecin allemand spécialiste de la tuberculose, Alexander Spengler, y encouragea le développement de cette activité et « le premier sanatorium fut ouvert en 1868. » Avec cela, un entrepreneur néerlandais, Willem-Jan Holsboer, fonda une société de chemin de fer qui relia Davos au reste du canton dès 1889. « Davos devint vite la miraculeuse, ou presque. »
Le prix Nobel de littérature Thomas Mann a même écrit, quelques années avant de recevoir son prix, un livre dont l'intrigue se déroulait dans la commune. « La femme de Thomas Mann s'y est soignée en 1912 et l'écrivain s'en est inspiré pour l'un de ses plus gros succès, La Montagne magique», précisait le commentaire. Là-bas, on venait se faire soigner pour maladie à l'époque incurable, « à Davos, il y avait une nette amélioration grâce au climat, un climat d'altitude très sec et grâce à l'ensoleillement. »
Forte de sa réputation, la ville accueillit les premiers congrès médicaux dans les années 30. De grandes figures s'y rendirent telle qu'Albert Einstein ou le sociologue Lucien Lévy-Bruhl pour y donner des cours entre 1928 et 1931. Résultats, selon Astrid Heinrich, adjointe au maire en 2009 : « Des instituts de recherche se sont installés, la recherche et les médecins ont attiré les congrès. Ces éléments se sont conjugués pour faire de Davos un centre alpin aussi bien du tourisme que de la recherche. »
Davos, place forte du ski alpin
Grâce à sa situation idéale au cœur des montagnes, Davos fut également une place forte des sports d'hiver, précurseure dans l'organisation de compétitions internationales de ski alpin. Elle a accueilli des championnats du monde et européens de patinage de vitesse et de luge. Ou encore de slalom en ski alpin. En 1965, dans l'archive ci-dessous, l'ORTF proposait un retour sur une course de slalom à Davos. « Une épreuve qui en est à sa première édition et qui constituera les années impaires, c'est-à-dire les années sans championnat du monde et sans Jeux olympiques, le véritable championnat d’Europe de ski alpin. »
Dans cet extrait, la France était « passée en tête dans le classement par équipe devant l'Autriche et la Suisse », portée par celui qui fut triple champion olympique de ski alpin à Grenoble en 1968, Jean-Claude Killy. Stéphane Kelling, « le meilleur des Suisses » n'atteignit alors que la sixième place.
Depuis 1971, la ville accueille donc également la grande conférence de Davos, qui représente, selon le reportage des « retombées énormes ». Et aujourd'hui, si les derniers sanatoriums ont fermé, il reste du tourisme, des cliniques et de nombreux centres de recherche.
Tout au long de l’année 2023, des manifestations et commémorations seront organisées en hommage à Napoléon III (1808-1873). Le dernier Empereur des Français est décédé il y a 150 ans. En novembre dernier, le député (RN) Jean-Philippe Tanguy a annoncé qu’il avait l’intention de demander officiellement le retour des restes de l’Empereur qui reposent au Royaume-Uni. Des cendres qui sont jalousement gardées par les moines bénédictins de Farnborough.
C’est durant son adolescence, à l’heure où les consciences politiques se forgent, que le député Jean-Philippe Tanguy s’est pris de passion pour l’Empereur Napoléon III dont on fête cette année le 150e anniversaire de la mort. De nombreuses manifestations, reconstitutions d’époque et commémorations seront organisées tout au long de 2023. L’occasion pour le député de la Somme d’annoncer, dans une édition du Journal du Dimanche, qu’il avait le projet de déposer au Palais Bourbon, une motion officielle de restitution des restes du souverain. Des cendres qui reposent à l’abbaye Saint-Michel de Farnborough, au Royaume-Uni, loin de cette France que le neveu de Napoléon Ier a tant aimée. Jean-Philippe Tanguy, qui affirme rendre hommage aux deux Napoléon depuis ses 16 ans, entend se placer dans les pas de Philippe Séguin et reprendre son combat. L’ancien président de l’Assemblée nationale, passionné de Napoléon III, avait consacré une biographie éloquente à celui qui avait occupé également le poste de président de la République (1849-1851) avant de devenir le monarque que l’on connaît.
Un héritage qui n’est plus controversé
Autoritaire à ses débuts, le Second Empire (1852-1870) est devenu progressivement libéral. « C’est un règne qui a profondément transformé la France. C’est la plus grande période de prospérité de notre histoire » indique le prince Joachim Murat, joint par téléphone. « Droit de grève, inspection du travail, assurance maladie et caisse de retraite, repos hebdomadaire, accès à l’éducation scolaire gratuite, augmentation des salaires de 47%, Napoléon III a mis en place un véritable programme en faveur de la classe ouvrière » explique le descendant du plus célèbre maréchal du Premier Empire. Il égrène un à un toutes les réussites et les acquis sociaux de ce chapitre incontournable de l’histoire de France, d’une monarchie qui redessiné les principales villes de France sous l’autorité du préfet Haussmann et dont les institutions ont inspiré la Ve République avec son esprit référendaire. Paris reste d’ailleurs encore un des témoins, un des fleurons architecturaux de cette époque « que Napoléon III a parfois lui-même dessiné » précise le prince Joachim Murat. Il balaye la légende noire qui entoure ce souverain et qui lui colle encore à la peau aujourd’hui. « On la doit en partie à Victor Hugo qui s’est exilé de son propre chef et qui n’a jamais été honnête vis-à-vis de l’héritage et des acquis sociaux de Napoléon III » affirme l’héritier au trône de Naples.
« Par les réformes de libéralisation qu’il a accomplies jusqu’à la fin, Napoléon III a confirmé que son but était bien d’atteindre un régime démocratique. Je rappelle que sa méthode a été largement soutenue par le peuple, puisque le plébiscite de 1870 (quelques mois avant la défaite de Sedan qui signe la chute de l’Empire NDLR) enregistre encore le soutien de 83% des exprimés et même 67% de tous les inscrits. Napoléon III a réagi face à la volonté de certaines élites de supprimer le suffrage universel masculin, déjà bien insuffisant par son exclusion des femmes. Le Second Empire a par ailleurs favorisé la modernisation économique, éducative et administrative de la France pour en faire la grande puissance artistique, scientifique et industrielle du XXème siècle » explique le député dont les propos font échos à ceux du prince Murat. « Les deux empereurs qui ont permis à la France de devenir une démocratie et une république stables ont été investis par le suffrage populaire, non par un choix aristocratique ou le principe dynastique » renchérit encore Jean-Philippe Tanguy.
« Je ne considère pas Napoléon III comme le dernier souverain français mais comme l’un de nos plus importants chefs de l’État. L’historiographie française, de Pierre Milza à Eric Anceau, a désormais fait un bilan objectif de l’œuvre de Napoléon III et du leg du Second Empire. Il mérite de retrouver sa juste place dans l’histoire nationale, ni plus, ni moins » plaide-t-il. Pour Jean-Philippe Tanguy, le retour des cendres de Napoléon III devrait être considéré comme une priorité. « Le 9 janvier 2023 marque les 150 ans de la mort de Napoléon III. C’est donc l’occasion d’ouvrir ce débat pour enfin prendre cette décision. La France doit faire la paix avec toute son histoire, en particulier une période qui a déterminé tant d’aspects de notre société présente » explique encore le député. « (…) Ce geste d’unité, de continuité et de fierté nationales ne demande rien d’autre qu’un peu de courage, de hauteur de vue et de dignité » poursuit-il, tout en rappelant qu’il est conscient que les problèmes de ses concitoyens sont d’une autre nature. Ce n’est pas la première fois que le Rassemblement national s’empare de ce sujet impérial. En 2017, alors en pleine campagne présidentielle en Corse, Marine Le Pen (qui siège dans l’hémicycle comme députée et présidente de son groupe), avait proposé également de ramener les cendres de l’Empereur. Une annonce qui n’avait pas manqué de faire réagir les nostalgiques des deux Empires. « J’avais écrit à Marine Le Pen après cette déclaration et elle n’a jamais daigné me répondre » s’agace David Saforcada. Président de l’Appel au Peuple (AuP), une formation politique qui a compté de nombreux députés et sénateurs durant l’Entre-deux-guerres, récemment reformée, il s’étonne même de cette tentative de récupération par l’ancien parti frontiste.
Le Rassemblement national et le bonapartisme
Le RN, bonapartiste ? « Qu’il s’agisse de la défense de la souveraineté populaire et de l’indépendance nationale, du rétablissement de l’ordre et du mérite, du patriotisme économique et des révolutions technologiques à mettre en place, du rétablissement d’une école du mérite et du respect des savoirs, l’essence du programme mariniste poursuit l’œuvre bonapartiste » répond Jean-Philippe Tanguy, revendiquant ouvertement une étiquette gaullo-bonapartiste. Quitte à faire s’étrangler d’énervement le leader de l’AuP. « Le RN a peut-être la saveur du bonapartisme mais n’a certainement rien de bonapartiste en soi. Je ne me souviens pas que Jean-Philippe Tanguy, ancien de Debout La France, ait soutenu à un moment notre proposition de ramener ces cendres que nous avions faîtes à Nicolas Dupont-Aignan avec lequel nous avons collaboré un temps » tacle David Saforcada. Jean-Philippe Tanguy balaye toutes accusations de récupération par son parti. « Il n’y a que ceux qui ne font rien qui n’essuient pas de critiques. (…). J’estime que l’histoire de France est un bloc et que nous devons tout assumer. Imaginons que Robespierre ait fuit son destin tragique pour mourir, par exemple, aux Etats-Unis : j’aurais alors soutenu aujourd’hui que ses cendres soient ramenées dans sa patrie » affirme-t-il sur un ton qui ne laisse pas de place aux doutes. « Lors de la célébration du bicentenaire de Napoléon Ier, seule Marine Le Pen a fait un discours engagé et remarquable sur le leg du Consulat et de l’Empire » renchérit celui qui est aussi, à 36 ans, président d’une commission d’enquête parlementaire.
Avant le député Jean-Philippe Tanguy, d’autres ont tenté de ramener l’Empereur. D’abord Philippe Seguin dans les années 90 ou encore Christian Estrosi, maire de Nice. Alors Secrétaire d’État à l’Outre-mer, une demande déposée en 2007 n’avait pas eu l’effet escompté. Si l’AuP est favorable au retour des cendres de Napoléon III, le mouvement tient à temporiser l’ardeur du RN. « Ce serait un vrai moment de rassemblement populaire mais imaginer une telle opération sous le quinquennat d’Emmanuel Macron serait contre-productif » explique David Saforcada. « Les Français ont malheureusement d’autres soucis que de penser à ramener Napoléon III ou Charles X de là où ils reposent. Ils ne comprendraient pas l’importance de l’événement, encore moins si c’est Emmanuel Macron qui préside ce genre de cérémonie en lieu et place des descendants de la maison impériale qui ont plus de légitimité » renchérit-il. Un avis que rejoint le prince Joachim Murat. « Avant de penser à son retour, il faudrait déjà faire un effort de redécouverte pédagogique sur l’héritage « magiquissime » que Napoléon III nous a laissé ». Considéré comme une étoile montante de la droite souverainiste, Joachim Murat salue cependant l’initiative du député RN mais doute que cela puisse se réaliser. « Tout au plus son action est symbolique » dit le prince qui rappelle que l’aspect « diplomatique entre la France, l’Angleterre et le Vatican » n’est pas à négliger dans cette entreprise. « Enclave catholique sur un territoire anglican, l’abbaye Saint-Michel bénéficie d’une bulle papale qu’il faudrait casser » pointe du doigt cet ancien officier parachutiste. « Encore faut-il que nous ayons pour ce retour l’accord indispensable du prince Jean-Christophe Napoléon, actuel chef de la maison impériale. En admettant qu’il donne son accord, il faut aussi que les moines acceptent de nous rendre ses cendres. Enfin, où devons-nous inhumer l’Empereur ? Napoléon III aurait souhaité l’Église de Saint-Augustin, situé à Paris. Mais rien n’a été vraiment décidé par la famille impériale » explique Joachim Murat. Autant dire que l’initiative du député Jean-Philippe Tanguy, si elle reste louable, a toutes les chances de finir comme les autres tentatives de ses prédécesseurs. Avec un certain panache mais sans suites.