Fuir à tout prix : “1941, dernier bateau pour l’exil”
Jérôme Prieur, réalisateur du très beau Les Suppliques, livre ici un somptueux documentaire qui raconte avec délicatesse et inventivité l’histoire des milliers de réfugiés et d’opposants fuyant la métropole et les nazis vers la Martinique.
Titre
1941, dernier bateau pour l'exil
Genre
Documentaire histoire
Durée
57m
Pays
France
Origine
France
Réalisateur
Prieur Jérôme
SYNOPSIS
En 1941, les réfugiés et les opposants qui veulent fuir l'Europe de Hitler et la France de Pétain se retrouvent à Marseille, dans les chambres d'hôtels ou les camps d'internement alentour. Ennemis politiques, intellectuels, écrivains, artistes, ou anonymes de toutes origines, certains juifs, d'autres pas, cherchent à tout prix à embarquer pour l'Amérique qu'ils espèrent atteindre via la Martinique. Mais les démarches que ces "indésirables" ont à accomplir sont innombrables, souvent absurdes, toujours fastidieuses. Il y a urgence : pendant quelques mois, la mer est la dernière issue de secours légale pour fuir le continent européen, le dernier espoir.
Lire la critique
“1941, dernier bateau pour l’exil” : souvenirs d’une fuite salutaire
Dernier lambeau de France sous administration vichyste, la Martinique fut l’antichambre de la liberté pour des milliers de réfugiés européens, opposants politiques et indésirables fuyant la métropole, la police de Pétain et la progression des nazis. De Marseille à Fort-de-France, où ceux-ci débarquèrent en avril-mai 1941 après une épuisante traversée et y furent internés pour certains dans les camps de Balata et du Lazaret, ce somptueux documentaire raconte leur histoire avec délicatesse et inventivité.
À travers des bribes de témoignages soigneusement sélectionnées et assemblées de ces femmes et ces hommes inconnus ou célèbres (comme Victor Serge ou Claude Lévi-Strauss), Jérôme Prieur compose un récit collectif d’une grande force évocatoire, suivant certains d’entre eux jusqu’à leur éparpillement entre États-Unis, Mexique et Amérique du Sud. Des archives le prolongent en un jeu parfois très suggestif, à l’instar de la bande-son, riche de couleurs et ouvragée comme rarement à la télévision. L’auteur des Suppliques et des Sentinelles de l’oubli poursuit son œuvre pleine de fantômes. Embarquez donc sans barguigner à bord de ce « dernier bateau pour l’exil ». Le capitaine Prieur y déploie non seulement un art de passeur d’histoire, mais aussi d’enchanteur.