Marcel Griaule est issu d'une famille auvergnate du côté de son père et briarde du côté de sa mère. Il prépare le concours de l'
École polytechnique en mathématiques spéciales au
lycée Louis-le-Grand avant que la
Première Guerre mondiale ne le pousse à interrompre ses études. Il suit une formation à l'école d'application d'artillerie de
Fontainebleau et s'engage en 1917 dans l'aviation comme observateur aérien. Il reste au sein de l'armée de l'air jusqu'en 1921 où il participe en
Syrie à la campagne contre les troupes turques
[1].
En 1922, il reprend des études de langues et d'
ethnologie à l'
Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO) et à l'
École pratique des hautes études (EPHE) notamment auprès de
Marcel Mauss et de
Marcel Cohen[1]. Après lui avoir délivré son diplôme d'
amharique en
1927, ce dernier, qui a fait le voyage en
1910, l'envoie pour l'
Éthiopie pour plusieurs mois (1928 - 1929). A son retour d'
Abyssinie, Marcel Griaule publie avec l'aide de l'abbé
Jérôme Gabra Moussié la traduction du
Livre de recettes d’un dabtara abyssin que son maître avait ramené de son voyage de
1910 puis organise la traversée de l'Afrique d'ouest en est : c'est la
mission Dakar-Djibouti de mai 1931 à février 1933, dont il prend la direction, accompagné de
Michel Leiris,
André Schaeffner et d'autres ethnologues, et inaugurant l'ethnologie française de terrain à cette occasion. Au cours de cette expédition, il rapporte plus de 3500 objets qui enrichiront les collections du
Musée du Trocadéro et étudie pour la première fois les
Dogons sur lesquels il fit la grande majorité de ses recherches par la suite de 1935 à 1939 au cours de cinq expéditions cumulant plus de 85 000 km parcourus.
A l'été
1933, une première exposition du fruit de cette mission se tient au Musée de l'Ethnographie. Marcel Griaule rompt alors avec
Michel Leiris qui publie simultanément le journal qu'il a tenu durant la mission,
Afrique fantôme, dans lequel il dénonce la collecte et même le vol des objets à des fins non scientifiques. La même année, Marcel Griaule publie
Silhouettes et graffiti abyssins et l'année suivante
Les Flambeurs d’Hommes qui reprend trois articles parus dans la revue
Documents et relatant son expédition en
Abyssinie. En
1936, il publie
La Peau de l’Ours, réponse au
Manifeste des intellectuels pour la défense de l’Occident de Maulnier, Gaxotte, Monseigneur Baudrillart, Béraud, Brasillach, Maurras et quelques autres soutenant l’agression de l’
Ethiopie par l’
Italie mussolinienne[2].
Dès
1935, il privilégie l'étude des
Dogons. Il s'attache alors pour sa thèse doctorat, qui paraît en
1938, à décrire les
Jeux dogons et les
Masques dogons[1].
La
Seconde Guerre mondiale l'oblige une nouvelle fois à interrompre son travail. Il intègre comme capitaine dans l'aviation où il est décoré de la
Croix de Guerre le
30 juin 1940[1]. Démobilisé, il retourne à l'enseignement de l'ethnologie à l'
Institut d'ethnologie de l'
Université de Paris à partir de décembre 1940 et devient secrétaire général de cet institut en décembre 1941, puis sous-directeur du
Musée de l'Homme[1]. En 1941, il remplace à l'INALCO son ancien professeur d'
amharique,
Marcel Cohen, interdit d'enseigner par les lois antisémites. En 1942, il est nommé directeur du laboratoire d'ethnologie de l'
EPHE et en octobre de la même année directeur de la première chaire de la discipline enseignée à la
Sorbonne[1]. De 1944 à 1946, il est remobilisé comme commandant dans l'aviation tout en continuant à dispenser ses cours.
Après la guerre, il se réinvesti très intensément dans l'étude des peuples de la
boucle du Niger. Toujours très attaché au peuple Dogons, il décrit alors leur richesse culturelle en particulier au niveau de leur
cosmogonie spécifique qu'il qualifie d'« aussi riche que celle d'
Hésiode, une métaphysique et une religion qui les met à la hauteur des peuples antiques »
[1]. Il publie alors de nombreux ouvrages sur ses recherches.
En 1947, il est également conseiller de l'
Union française dont il présidera la Commission des Affaires culturelle jusqu'à sa mort
[1]. Au Mali, il participe au développement de la région en construisant en particulier un barrage d'irrigation pour la culture de l'oignon et du piment dans la région de
Sangha. Ce barrage, toujours opérationnel, porte aujourd'hui son nom.
Il a travaillé, entre autres, avec
Germaine Dieterlen et sa fille
Geneviève Calame-Griaule. À sa mort en 1956, il fut l'un des rares ethnographes à bénéficier de funérailles traditionnelles africaines.
Apports scientifiques
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Un de ses apports essentiels (relatif à l'
ethnographie) est d'avoir démontré que la
cosmogonie dogon (orale) est au moins aussi importante que les cosmogonies occidentales. Il sera toutefois très critiqué pour avoir sous-estimé l'influence occidentale dans les connaissances astronomiques des Dogons
[réf. nécessaire].
- Silhouettes et graffiti abyssins , préface de Marcel Mauss, éditions Larose, 1933.
- Les Flambeurs d'hommes, éditions Calmann-Levy, 1934.
- Masques dogons, 1938. 4e édition 1994, réimprimée en 2004. Publications Scientifiques du Muséum national d'Histoire naturelle. 890 p. + XXXII. (ISBN 2-85653-569-0).
- Jeux dogons, 1938.
- Les Sao légendaires, éditions Gallimard, 1943.
- Dieu d'eau (entretiens avec Ogotemmeli, ouvrage qui révèle les structures de la pensée sacrée dogon), 1948.
- Les Grands Explorateurs, 1948
- Méthode de l'ethnographie, 1957.
- Renard pâle, ethnologie des Dogons, Institut d'Ethnologie, 1965/1991 (en collaboration avec Germaine Dieterlen).
- Descente du troisième Verbe, éditions Fata Morgana, Collection Hermès, 1996.
- ↑ a, b, c, d, e, f, g, h et iNécrologie de Marcel Griaule [archive] par P Champion dans le Journal de la Société des Africanistes, 1956:vol. 26, numéro 26, pp. 267-271
- ↑ G. Gaillard, "Griaule, Marcel, 2001, Silhouettes et graffiti abyssins, Paris, Maison-Neuve & Larose, Centre Français des Etudes Ethiopiennes,33 p., 44 pl. et ill.", Journal des africanistes, Paris, 2004.
Bibliographie
- Nicolás Sánchez Durá; Hasan G. López Sanz. "La Misión etnográfica y lingüística Dakar-Djibouti y el fantasma de África", PUV, Valencia, 2009.
- (en) Walter E. A. van Beek, « Dogon Restudied: A Field Evaluation of the Work of Marcel Griaule », Current Anthropology, no 32 (1991), p. 139-167
- (fr) Isabelle Fiemeyer, Marcel Griaule, citoyen dogon, Actes Sud, 2004, 166 p. (ISBN 2742748059)