Après
un transit assez calme depuis la Guadeloupe - premier tiers au moteur et deux
autres sous voiles - nous arrivons au large des côtes Antiguaises.
Avec
les îles de Barbuda et Redonda, Antigua forme un état indépendant depuis 1981.
Découvertes comme beaucoup de ses îles voisines en 1493 par Christophe Colomb,
elles sont d’anciennes colonies anglaises.
Les
Antiguais sont au nombre de 85 000, le tiers occupe la capitale : Saint
John’s.
Cette
île restée très British est célèbre pour ses eaux transparentes et ses plages :
Antigua est surnommée « l’île aux 365 plages ». Une pour chaque jour de l’année
paraît-il ! Outre son littoral, elle attire également par son passé historique
et militaire : grâce à ses nombreux abris naturels, Antigua devint en effet le
bastion de l’armée britannique aux Antilles. De ces abris protégés par de
nombreux forts, les navires anglais pouvaient contrôler toute la zone maritime
alentours.
D’un
point de vue nautique, elle attire notamment une plaisance de luxe. Pour les
amateurs de belles unités, un rendez-vous international annuel : Antigua
organise chaque fin du mois d’avril la « Antigua Race Week ». Cette course
rassemble les plus belles unités à voile en catégories plaisance et
course.
ARRIVEE à Falmouth Harbour, ANTIGUA
après
10h de navigation depuis Pointe à Pitre.
Falmouth
Harbour
Nous
arrivons en milieu d’après-midi devant l’entrée de Falmouth Harbour, une grande
baie bien gardée par le fort Charles et le fort Georges.
Il
y a deux marinas qui semblent rassembler des plus grandes aux plus luxueuses
unités de la plaisance à la voile.
Nous
choisissons finalement de mouiller à l’entrée de la baie, au plus près de la
plage de Pigeon Beach dans 2m50 de fond, juste derrière le récif Bishop Shoal
nous protégeant de la houle du large.
English
Harbour
Nous
levons l’ancre pour nous rendre juste à côté, à English Harbour. Les deux baies
sont seulement séparées par un étroit isthme de 200m. Nous nous présentons
devant les passes de la baie. Sur notre droite, nous admirons les belles
colonnes d’Hercule ciselées par l’érosion dans la falaise de Charlotte Point.
Elles ne sont pas si grandes que celle du détroit de Gibraltar mais sont jolies
à voir. Une fois entrés dans la baie, nous avons le choix entre quatre
mouillages. Le plus rouleur : Freeman Bay, juste à l’entrée devant une nouvelle
superbe plage bordée de cocotiers et de paillotes. Le deuxième le long du chenal
d’accès au pied du fort Berkeley et derrière les quais du Nelson’s Dockyard où
s’amarrent quelques uns des plus beaux spécimens naviguant, deux bras bordés de
mangrove et réputés pour être de très bon abris à cyclones. Calme plat, pas de
moustique, nous sommes séduits, nous jetons la pioche à Tank Bay !
Nichée
au creux de cette baie, protégée par les forts Berkeley et Shirley, Nelson’s
Dockyard est une ancienne base navale construite en 1743 et fut jusqu’au début
du XIXème siècle le QG de la marine de guerre britannique aux Antilles. Les
bâtiments depuis ont été restaurés et l’ensemble est devenu un haut site
touristique de l’île.
On
peut encore voir le bassin de radoub entouré de magnifiques colonnes où étaient
construits et réparés les navires d’antan. Les
anciens bâtiments de pierres et de briques, maison de l’Amiral Nelson, écuries
et quartier des officiers ont été également admirablement restaurés.
Après
la visite de la base, nous avons un programme haut en musique avec un concert de
steel band à Shirley Heights, « les Hauteurs de Shirley ». Nous laissons
l’annexe sur la plage de Freeman et attaquons un petit sentier qui sort de la
route et qui mène sur les hauteurs de la baie à 120m d’altitude. Un bon quart
d’heure de marche sportive à travers la petite montagne et nous arrivons au
Lookout ou fort Shirley : c’était l’un des deux observatoires d’English Harbour
d’où l’on guettait l’arrivée de navires ennemis. De là : un point de vue
époustouflant sur Antigua et ses îles voisines et pour honorer chaque coucher de
soleil dominical, un concert de Steel Band (sorte de tambours métalliques) entre
16h et 19h, suivi d’un concert de reggae, de rock ou autre. Pour les moins
sportifs, il y a aussi un accès par la route possible mais le charme n’y est
plus et le concert est alors payant. Il y a foule de touristes venus écouter ces
sonorités métalliques des Antilles anglaises. Séduits, nous resterions bien
jusqu’à la fin du concert mais le soleil descend et notre sentier à travers la
montagne n’est forcément pas éclairé! De retour sur Eolis, c’est encore un autre
concert à terre qui nous arrive aux oreilles ! Une île décidément riche en
couleurs et riches en musique.
Les
jours passent et Antigua ne se résume pas à English et Falmouth Harbour, aussi
levons-nous l’ancre pour un autre petit paradis : Green Island.
Green
Island
Alors
que je suis à la barre je distingue sur l’horizon des gerbes d’eau : nous voilà
accueillis à quelques nautiques de Green Island par un petit groupe de baleines
à bosse. Quel spectacle époustouflant, quels sauts et quelle force ! Nous
tentons de les approcher mais elles nous distancent bien vite. Dommage
!
Plages
de sable blanc, eaux claires, barrières de corail, Green Island est bien une
autre Antillaise ! Nous mouillons dans à peine 3m d’eau (nous calons 1,10m une
fois la dérive remontée) non loin des
plages et des sites de snorkelling. Le mouillage est très prisé par les
plaisanciers. Yachts de luxe, catamarans ou monocoques, tout un chacun est
séduit par la carte postale !
Le
temps vire, le vent se lève un peu, le ciel devient noir et donne de splendides
couleurs à la mer. Les bleus, verts et noirs se mélangent pour le plaisir des
yeux.
Great
Bird Island
Nous
levons tous l’ancre pour Great Bird Island. Deux passes possibles : Bird Islet
Channel au sud et la passe nord classique. La première permet de gagner 10
nautiques sur la deuxième, soit de diminuer le temps de nav’ par deux. Par
contre la deuxième est plus risquée, encombrée d’îlots et surtout de cayes un
peu partout juste à fleur d’eau. La mer est houleuse mais le capitaine est
intrépide. Qu’à cela ne tienne, nous passerons ! La skippette est en veille à
l’avant à guetter les récifs…. Résultat, nous voilà mouillés, face à la plage,
dans un trou de sable cerné de récifs de corail.
La
plongée est assez décevante car les massifs de coraux ont été en grande partie
endommagés lors du dernier cyclone, néanmoins le site reste très séduisant pour
qui aime le calme, l’île déserte et les eaux claires !
BARBUDA
Barbuda
est une dépendance d’Antigua située à 25 nautiques dans son nord-est. Il semble
qu’elle soit la moins fréquentée des îles de l’arc antillais, seulement visitée
par des touristes fortunés, vedettes du spectacle ou hommes d’affaires cantonnés
dans l’un des très rares complexes touristiques : le Cocoa Point Resort. L’île
est plate et se trouve au beau milieu d’un vaste plateau corallien. Son littoral
vierge est quasiment pas construit puisque ses 1500 Barbudiens vivent pour
l’essentiel dans sa capitale, Codrington, et de longues plages de sable blanc et cernées
de massifs coralliens ourlent le rivage
Le
paradis !.
Escale
à Gravenor Bay, au sud de Barbuda
La
côte de Barbuda n’offre pas beaucoup de choix de mouillage abrité. La seule
protection réside dans les barrières de corail mais, par fort vent ou forte
houle, les mouillages peuvent devenir rapidement des pièges. Aujourd’hui, le
vent et la houle sont suffisamment faibles pour que l’on aille à Gravenor Bay :
une très vaste zone de mouillage au sud de Barbuda, faisant face à une très
longue plage. L’accès est encore une fois délicat, les fonds sont très peu
profonds et les passes cernées de pâtés de coraux isolés. Je me rends donc à
l’avant pour une navigation à vue ! A peine l’ancre mouillée je saute à l’eau
avec pour mission d’évaluer la hauteur d’eau sous la quille :je remonte avec du
sable dans les mains, preuve que je suis allée au fond : validation définitive
du sondeur, il n’y a qu’entre 100 et 80 cm d’eau séparant Eolis du fond de sable
(malgré le bon demi nautique nous séparant du rivage) !
Nous
sommes mouillés dans un décor fantastique.
La
zone est d’ailleurs classée Parc Naturel. La mer est d’un bleu turquoise dont la
transparence est telle que même la moindre petite algue au fond se voit depuis
la surface. Nous chaussons immédiatement nos palmes, masque et tuba pour aller
explorer les massifs coralliens nous entourant. Je m’attarde particulièrement à
l’admiration de l’un d’eux : un véritable jardin sous-marin couvert de corail
coloré bien vivant, où de formidables éponges – tubulaires entre autres - et de
somptueuses gorgones ondulantes abritent quantité de poissons : petits et
grands, en banc ou isolés.
Poissons
Arlequin revêtus de leur costume jaune et noir,
poissons
Trompette (tout en longueur, il cherche à se placer parallèlement à une
structure afin de se fondre dans le paysage),
poissons
Papillons (laissant apparaître leurs tâches noires de chaque côté à l’arrière de
leur corps afin de tromper un éventuel prédateur sur son
déplacement),
poissons
Coffre,
poissons
Perroquets multicolores (avec son bec crochu, il a la particularité de brouter
le corail pour sucer les madrépores contenues, ce seraient ses déjections qui
constitueraient le sable blanc de certaines plages ??),
poissons
Soldats ou « Gros Yeux »,
calamars,
lambis, porcelaine, etc …
Je
suis émerveillée devant cet aquarium
haut en couleurs.
Cet
après-midi, un autre jardin de corail, un nouvel aquarium : je me retrouve nez à nez avec une grande murène.
Ses dents menaçantes n’invitent pas à la conversation ! Par contre, tortue et
raie ont bien voulu se faire voir sur toutes les coutures.
Nous
avons également pu observer, accrochées à des éponges tubulaires, plusieurs
magnifiques porcelaines « Monnaie Caraïbes » avec leur voile coloré recouvrant
leur coquille*
Mouillage
à Cocoa Bay
Nnous
levons l’ancre pour mouiller à Cocoa Bay devant une longue bande de sable
bordée de cocotiers. Trois dauphins nous accompagnent à travers les cayes
pendant toute la traversée en jouant dans notre étrave. Notre vitesse très
réduite, les 5m de fond et l’eau transparente nous permettent de bien les
observer : ils nous guettent à leur tour d’un œil vif et répondent à mes
applaudissements par des jolies pirouettes. Ensuite ce sont des tortues plus
grosses les unes que les autres qui nous accueillent dans la baie. Décidément,
nous sommes gâtés !
Mouillage
à Low Bay
Aujourd’hui,
changement de mouillage : nous jetons notre pioche dans un nouveau paradis : Low
Bay. Cette anse à l’ouest de Barbuda est bordée d’une plage de sable blanc d’une
dizaine de kilomètre !... Relativement peu abritée, elle a l’inconvénient d’être
quelque fois ventée et le mouillage rouleur. Cet après-midi, le vent souffle à
20 nœuds et la mer est presque calme donc « pani pwoblem » …
Soleil,
mer affichant des magnifiques dégradés de bleus, eau cristalline, plage déserte
: le régime barbudien est plaisant !
Après
on s’est rendu en annexe à la capitale de Barbuda, Codrington, afin d’y faire
nos formalités de sortie. Elle se situe juste derrière la plage où s’étend un
vaste lagon entouré de mangrove. Pour la petite histoire, ce site sauvage et
silencieux abrite la plus importante colonie de frégates de toutes les
Antilles.
Nous
ne sommes pas pressés de quitter cette île paradisiaque : ses plages s’avèrent
être les plus belles des Antilles que nous ayons vues, du moins selon nos
critères, longues plages désertes, sable plus fin, eau plus chaude, eau plus
cristalline, récifs plus variés et plus colorés, faune marine plus diverse,
mouillages paisibles très peu fréquentés.
Pour
les plages et les eaux claires, notre coups de cœur va pour Barbuda.
Nous
nous décidons à décoller en direction de Saint Martin : foule, luxe, détaxe …
une autre univers, un retour vers le monde de la consommation !