jeudi 29 avril 2021

LA SITUATION SANITAIRE DE LA MARTINIQUE

 Jeudi, dans un point presse, l’Agence régionale de santé est revenue sur une épidémie dont les indicateurs s’infléchissent très légèrement. Pour son directeur, « il faut rester prudent. »

« Nous abordons un début de phase de décroissance (de l’épidémie), mais il faut rester très prudent ». Jérôme Viguier, directeur de l’ARS, semblait avoir sorti les (grosses) pincettes, jeudi, lors d’un point presse, et à l’heure d’évoquer la situation sanitaire. « Ce virus nous a appris à rester très réservé », poursuit-il. Car en effet, si les courbes de cette troisième vague s’infléchissent légèrement, « notre territoire reste dans un état de vulnérabilité élevée », avec notamment la présence du variant anglais « qui concerne 96 % des nouveaux cas aujourd’hui ». Un variant « bien plus agressif et bien plus contagieux » et qui concerne des cibles plus jeunes. Depuis le 22 février 2021, la troisième vague a fait 34 décès dans l’île, soit 89 décès depuis le début de l’épidémie en Martinique, il y a un peu plus d’un an. « Malgré la baisse des indicateurs, la circulation du virus reste active et la pression hospitalière est toujours très forte », note encore le professeur Viguier. Pour rappel, entre le 19 avril et le 25 avril, 642 nouveaux cas de covid (pour 7691 tests réalisés) avaient été observés contre 721 nouveaux cas pour 8508 tests la semaine précédente. Le taux de positivité reste lui aussi sur une courbe légèrement descendante à 8,4 %.
Vers un second vaccinodrome
Fabien Laleu, directeur de l’offre de soins à l’ARS, est revenu quant à lui sur une activité hospitalière en légère baisse. Au CHU, « Nous comptons aujourd’hui 21 patients (entre 40 et 83 ans) en réanimation Covid sur 31 lits ouverts, soit un taux d’occupation de 60 %. Les 81 lits de médecine covid sont eux occupés à 80 %, et les 12 lits de Saint-Paul à 60 %. » Dans cette lutte contre le virus, Fabien Laleu a souligné l’implication de tous les professionnels de santé de l’île. Et notamment de ceux, médecins, infirmiers libéraux, qui permettent le soin et le maintien de malades Covid à domicile et soulagent ainsi leurs confrères hospitaliers. Et de saluer dans le même temps, « L’hospitalisation à domicile de patients covid, rendue possible par la clinique de la Tour et ses personnels de santé » avec des soins « d’oxygénothérapie ».
Enfin, Jérôme Viguier a martelé cette invitation désormais « faite à tous, d’aller se faire vacciner », dès 18 ans, dans les centres de vaccination de l’île. La mise en place d’un second vaccinodrome est à l’étude.


Désormais, les centres de vaccination accueilleront tous les plus de 18 ans 
Concernant la vaccination, toute personne majeure peut désormais se faire vacciner. Actuellement, en Martinique, près de 35 000 personnes ont reçu une première injection de vaccin anti-covid. Des résultats « encourageants mais encore insuffisants », estime l’ARS. Précisant que « la vaccination d’un maximum de personnes est le moyen le plus efficace pour faire reculer la covid-19 » et d’envisager ainsi « un retour à des conditions de vie (…) les plus proches de l’avant-épidémie ».
Pour rappel, les centres de vaccination suivants accueilleront toutes les personnesde plus de 18 ans : CHU de Fort-de-France, Marin, Trinité, Carbet, Hall des Sports du Lamentin, Aéroport et Fort-de-France.
Contacts et horaires des centres de vaccination sur www.martinique.ars.sante.fr

Pour en savoir plus :
Les données en Martinique et dans le monde sur le COVID-19
Retrouvez les données sur les chiffres de l'épidémie en Martinique, sous la forme de tableaux et courbes actualisés régulièrement avec le nombre de cas et l'évolution de l'épidémie de coronavirus depuis le 5 mars 2020.
Consultez également les données des pays dans le monde touchés par l'épidémie.
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J'AI DES DOUTES...🤔🤔🤔🤔

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Étape 1

Le lundi 3 mai signera la fin des attestations pour les sorties en journée, et la levée des restrictions de déplacements interrégionaux. De même, les collégiens (4e et 3e) et les lycéens pourront regagner leurs établissements, dans des classes en demi-jauge. Le couvre-feu et le télétravail demeureront quant à eux maintenus, et les commerces qui ne sont pas « de première nécessité » resteront fermés. À noter, enfin, que la vaccination sera ouverte aux personnes majeures en situation d'obésité dès le 1er mai.


Étape  2

Le mercredi 19 mai doit marquer, selon le président, le retour de
« notre art de vivre à la française » : le couvre-feu sera donc repoussé à 21 heures, et les commerces, terrasses, musées, salles de cinéma et théâtres pourront ouvrir « avec des jauges limitées ». En pratique, les déjeuners et les dîners seront limités à six personnes par table en extérieur, et le secteur culturel devra se contenter d'accueillir 800 personnes en intérieur, contre 1 000 personnes en extérieur. Il sera également possible de reprendre des activités sportives dans les lieux couverts et de plein air, « avec des protocoles adaptés ». Les rassemblements de plus de 10 personnes demeureront cependant interdits, et le télétravail sera maintenu.





Ces étapes pourront toutefois être retardées dans les départements où le taux d'incidence est durablement supérieur à 400 cas pour 100 000 habitants. À l'heure actuelle, huit départements sont concernés : les Bouches-du-Rhône, l'Oise, Paris, la Seine-et-Marne, l'Essonne, la Seine-Saint-Denis, le Val-de-Marne et le Val-d'Oise.



France

Déconfinement : calendrier, réouvertures, couvre-feu... Les annonces d'Emmanuel Macron

INFOGRAPHIE. Le chef de l'Etat a dévoilé le calendrier du déconfinement dans un entretien à la presse quotidienne régionale. Un plan en quatre étapes.

Le président Emmanuel Macron, le 24 avril 2021 à Paris

Le président Emmanuel Macron, le 24 avril 2021 à Paris

afp.com/Bertrand GUAY

Emmanuel Macron a présenté, dans un entretien à la presse quotidienne régionale, un calendrier de sortie de confinement et des restrictions sanitaires en quatre étapes clef entre le 3 mai et le 30 juin. "Je n'ai jamais fait de pari sur la santé et la sécurité de nos concitoyens", "nous avons été éclairés par la science et nous avons fait le choix de mettre l'humain avant tout", assure le chef de l'Etat, qui détaille en quatre étapes le plan de déconfinement du pays.  

  • Lundi 3 mai

Comme convenu, ce lundi 3 mai sonnera la fin des restrictions de circulation en journée, à savoir la limite de 10 kilomètres maximum autour de son domicile. A cette date, plus aucune attestation ne sera nécessaire pour se déplacer. 

Du côté des écoles, les collèges et les lycées rouvriront partiellement ou totalement à cette date.  

  • Mercredi 19 mai

Le mercredi 19 mai sera l'une des dates majeures de ce déconfinement. Les commerces rouvriront, de même que les musées, monuments, théâtres, cinémas et lieux de spectacle avec du public assis (dans la limite de 800 spectateurs en intérieur, et 1 000 à l'extérieur), indique l'exécutif à la presse régionale. 




Malgré l'optimisme affiché par le gouvernement, et l'inflexion à la baisse du taux d'incidence du Covid, les faits sont là : la France compte désormais parmi les pays européens où le virus circule le plus fortement. Pourtant, comme un peu partout en Europe, l'heure est bel et bien à la levée des restrictions sanitaires en France, à partir du 3 mai comme vient de l'annoncer Emmanuel Macron. Une perspective qui inquiète plusieurs scientifiques. "Ce projet de déconfinement, c'est de la folie, alors que 400 personnes arrivent encore chaque jour en réanimation", s'emporte notamment l'épidémiologiste Catherine Hill. 


"Ce projet de déconfinement, c'est de la folie"



Calendrier du déconfinement, fin du couvre-feu, vaccination : notre entretien avec Emmanuel Macron

Le président de la République dévoile les étapes de son plan de déconfinement dans une interview à la presse régionale. Commerces, lieux de culture et terrasses des bars et restaurants doivent rouvrir le 19 mai « mais nous pourrons actionner des « freins d’urgence » sanitaires dans les territoires où le virus circulerait trop », prévient Emmanuel Macron, qui entend lever le couvre-feu le 30 juin et partir de nouveau à la rencontre des Français.

Emmanuel Macron face aux journalistes de la presse régionale, le 28 avril 2021, à l’Élysée.
THIERRY LINDAUER / POOL / PRESSE RÉGIONALE

Les journalistes de la presse régionale, dont Ouest-France, ont été reçus mercredi 28 avril à l’Élysée. Ils ont pu interroger Emmanuel Macron sur le plan de déconfinement en quatre étapes qui débutera dès ce lundi 3 mai avec la levée des restrictions de circulation.

Réouverture des commerces, des lieux de culture, des terrasses et des salles de sport, assouplissement du télétravail, fin du couvre-feu… Le président de la République dévoile un calendrier national qui pourra être revu, à l’échelon local, si l’épidémie de coronavirus, flambe de nouveau.

Dans cet entretien, le chef de l’État évoque également la campagne de vaccination contre le Covid-19, bientôt ouverte à tous les adultes obèses, le pass sanitaire, les examens, le plan de relance et même son avenir personnel, à un an de la présidentielle.

VIDÉO. Covid-19 : « Peut-être aurons-nous à nous refaire vacciner chaque année » indique Emmanuel Macron

Le 31 mars, vous avez annoncé un retour progressif à la normale à partir de mi-mai. Quel est votre calendrier ?

L’étape zéro, c’était la réouverture des écoles le 26 avril. Nous avons assumé cette priorité éducative et cette stratégie de vivre avec le virus, y compris face à un haut niveau d’incidence, supérieur à celui de nos voisins.

Nous ouvrirons ensuite en quatre étapes. Le 3 mai, fin des attestations et des restrictions de déplacement. Le 19 mai, couvre-feu repoussé à 21 h et réouverture des commerces, des terrasses et des musées, salles de cinémas et théâtres avec des jauges limitées.

Stades et salles de spectacles rouvriront le 19 mai avec des jauges limitées. | ÉLYSÉE

Dès le 19 mai, il nous faut retrouver notre art de vivre à la française, en restant prudents et responsables : notre convivialité, notre culture, le sport…

Le 9 juin, couvre-feu à 23 h et ouverture des cafés, restaurants et salles de sport.

Les bars et restaurants pourront rouvrir à l’intérieur le 9 juin. | ÉLYSÉE

Enfin le 30 juin, fin du couvre-feu.

Le 30 juin doit marqué la fin du couvre-feu. | ÉLYSÉE

Suivez notre direct du jeudi 29 avril 2021 consacré aux annonces d’Emmanuel Macron et à l’épidémie de coronavirus

L’idée de déconfiner par territoire est donc abandonnée ?

J’ai bon espoir que la France entière pourra passer à l’étape du 19 mai. Les mesures seront nationales, mais nous pourrons actionner des « freins d’urgence » sanitaires dans les territoires où le virus circulerait trop. À l’heure actuelle, il y a huit départements dans cette lesquels l’incidence dépasse 400 cas pour 100 000 habitants.

Lire aussi : Quels départements dépassent le seuil de 400 cas pour 100 000 habitants ?

Selon quels critères ces freins seront-ils déclenchés ?

Ils s’appliqueront dans une métropole ou un département en fonction de trois critères : le taux d’incidence qui dépasserait à nouveau 400 infections pour 100 000 habitants, une augmentation très brutale de ce taux et une menace de saturation des services de réanimation. Si cela se produit, le gouvernement, en concertation avec les préfets et les collectivités locales, bloquera les réouvertures.

Le télétravail sera assoupli à partir du 9 juin

En octobre, vous aviez fixé le seuil de déconfinement à 5 000 cas par jour, il est aujourd’hui à plus de 30 000. Les conditions sont-elles vraiment réunies pour gagner ce nouveau pari ?

Je n’ai jamais fait de pari sur la santé et la sécurité de nos concitoyens. J’assume d’avoir fait des choix, mais ce ne sont pas des paris. Cela sous-entendrait que ce serait aventureux. Non. Nous avons été éclairés par la science et nous avons fait le choix de mettre l’humain avant tout. Dans l’humain, il n’y a pas que la gestion sanitaire mais aussi tout ce qui fait la vie des femmes et des hommes. La vie de la Nation ne se réduit pas à l’évolution des courbes.

Je suis obligé de regarder la conséquence de la fermeture d’une école, quand un enfant n’aura pas un repas par jour ; ou encore la conséquence quand on demande à un commerce de fermer plusieurs semaines. Je sais leur détresse aujourd’hui. Nous devons prendre tout cela en compte.

Qu’est-ce qui a changé ?

La grande différence avec le mois d’octobre, c’est qu’aujourd’hui, nous avons un vaccin qui donne une perspective de sortie durable de la crise. Nous avons vu l’efficacité du couvre-feu, croisée avec l’arrivée du vaccin en janvier. C’est un vrai changement dans la gestion de l’épidémie.

Assouplirez-vous le télétravail ?

Le télétravail sera assoupli à partir du 9 juin, en lien avec les partenaires sociaux au niveau des entreprises. De manière plus large, ce que je vous ai présenté aujourd’hui est un projet qui fera l’objet, à partir de lundi [3 mai], d’une grande phase de concertation à trois niveaux : avec les parlementaires, avec l’ensemble des partenaires sociaux et des professionnels des secteurs, et avec les élus des territoires. À l’issue, le plan sera présenté en détail par le Premier ministre au cours de la semaine du 10 mai.

Le pass sanitaire ne différenciera pas les Français

Comment le pass sanitaire fonctionnera-t-il ? N’y a-t-il pas de risque d’une société sanitaire à deux vitesses avec les vaccinés et les autres ?

Je tiens beaucoup à l’unité de la Nation. Sur le plan sanitaire, chaque innovation a été accessible à tous. Les tests sont gratuits en France. Très peu de pays sont dans ce cas. Nous n’avons laissé personne au bord de la route. La République et l’État Providence ont été au rendez-vous. Le « quoiqu’il en coûte », c’est aussi ça.

Le pass sanitaire ne sera jamais un droit d’accès qui différencie les Français. Il ne saurait être obligatoire pour accéder aux lieux de la vie de tous les jours comme les restaurants, théâtres et cinémas, ou pour aller chez des amis. Par contre, dans des lieux où se brassent les foules, comme les stades, festivals, foires ou expositions, il serait absurde de ne pas l’utiliser.

Comme il en va de nos libertés publiques, le Parlement se saisira de la question. Le débat doit être ouvert. Ce pass, qui sera papier ou numérique, via l’application TousAntiCovid, permettra de montrer qu’on est vacciné ou testé négatif dans les deux jours qui précèdent. C’est juste et ça ne fracturera pas le pays. Ce sera un outil supplémentaire pour assurer la protection des Français.

Est-ce que la formule que vous nous présentez permettra de ne plus avoir recours à des confinements ?

C’est mon souhait le plus fort, et cela ne date pas d’aujourd’hui. Mais est-ce que je peux vous dire, les yeux dans les yeux, qu’on ne sera plus jamais débordé par ce virus ? C’est impossible. Il semble que les vaccins dont nous disposons soient efficaces face aux variants, mais vous voyez bien que nous en découvrons de nouvelles formes chaque semaine. Il faut donc rester vigilant.

Maintenant, notre combat, c’est de vacciner le plus vite possible pour augmenter notre immunité collective. Il faut le faire évidemment en Europe, mais également en aidant l’Afrique et les pays les plus pauvres. Ce n’est pas simplement de la solidarité, c’est aussi de l’efficacité.

Emmmanuel Macron se félicite que l’Europe rattrape son retard sur les États-Unis en matière de vaccination. | THIERRY LINDAUER / POOL / PRESSE RÉGIONALE

C’est-à-dire ?

Le seul moyen d’éviter que de nouveaux variants émergent, c’est de permettre à tous les pays du monde d’aller vers une stratégie d’éradication du virus. C’est pour cela que nous sommes en train de devenir, nous, Européens, le continent leader de la production de vaccins. On est parti moins vite que nos amis américains, mais nous sommes en train de rattraper ce retard à marche forcée.

Nous allons produire 250 millions de doses sur notre sol cette année. Nous, Européens, nous en avons d’ores et déjà commandé 2,5 milliards pour cette année. Nous en produirons plus de 2 milliards sur 2022-2023 pour faire les éventuels rappels de vaccination dont on aura peut-être besoin, mais aussi aider tous nos partenaires à vacciner leurs populations et écraser le virus dans leur pays.

Voyez-vous la fin de la crise sanitaire en 2021 ?

Je ne sais pas. S’il n’y a pas de nouveaux variants non maîtrisés, oui. Là où je suis plus optimiste, c’est que nos meilleurs scientifiques et industriels disent que nous serions en capacité, en 80 à 100 jours, de fournir un vaccin permettant d’y répondre. Mais peut-être aurons-nous à vivre avec le virus pendant des années et à nous refaire vacciner chaque année.

Pas d’examens au rabais

Envisagez-vous dès maintenant d’ouvrir la vaccination à tous ?

Pas tout de suite. On peut optimiser le fonctionnement de nos 1700 centres de vaccination. On va continuer à prioriser par âge parce que c’est le plus efficace. La vaccination des plus vulnérables fait baisser la pression sur les services hospitaliers.

Mais nous avons des doses en stock. Nous allons donc ouvrir à compter du 1er mai la vaccination à tous les plus de 18 ans qui ont une surcharge pondérale sérieuse (indice de masse corporelle supérieur à 30). J’invite les 2,3 millions de Français concernés à se rendre dans les centres de vaccination dès ce week-end.

Lire aussi : Covid-19. La vaccination ouverte aux personnes obèses de plus de 18 ans dès samedi

Y aura-t-il un bac normal cette année ?

En aucun cas, nous n’aurons des examens et des diplômes au rabais. Qu’il s’agisse du baccalauréat, des bac pro, des BTS ou des examens dans nos universités. Mais nous devons nous adapter. Pour le baccalauréat, certaines épreuves qui devaient se tenir en mars sont passées en contrôle continu du fait de l’épidémie. En revanche, les deux épreuves qui ont des examens terminaux, la philosophie et le grand oral, seront maintenues.

Et les autres examens ?

Pour le bac pro, les épreuves terminales prévues pour juin seront maintenues. Idem pour les BTS, en juin, avec la part de stage et de contrôle continu prévue, mais nous mettrons en place une session exceptionnelle de rattrapage en juillet. Pour tout le reste du supérieur, les examens prévus se tiendront mais à chaque fois qu’il y aura des élèves malades, nous leur permettrons d’avoir des sessions de rattrapage.

J’irai dans les territoires dès le début du mois de juin

Comment sortir des aides et du « quoiqu’il en coûte », sans faire trop de dégâts sur des secteurs très fragilisés ?

J’assume totalement le « quoi qu’il en coûte ». Nous avons eu raison de le faire. Durant la crise 2008-2010, la France a eu une récession deux fois moins forte qu’en Allemagne, mais a détruit sept fois plus d’emplois. Là nous n’en détruisons pas plus, car on a protégé les emplois existants. Le chômage n’a pas explosé, ni les faillites.

Les semaines à venir, il faut être très vigilant pour accompagner le redémarrage sans créer de fragilités économiques. Le dispositif d’activité partielle sera maintenu à l’identique en mai et en juin. En mai, pour ceux qui commencent à rouvrir, il y aura les mêmes aides économiques qu’en avril. À partir du 1er juin, l’accompagnement se fera au prorata de la reprise d’activité.

On aura une réponse adaptée par secteur. Ce sera du cousu main. Là encore, nous le ferons dans un cadre concerté avec les partenaires sociaux.

Emmanuel Macron va partir à la rencontre des Français en juin. | THIERRY LINDAUER / POOL / PRESSE RÉGIONALE

Les 750 milliards d’euros promis par l’Europe n’arriveront pas avant septembre. La France va exercer la présidence de la Commission européenne l’an prochain. Allez-vous prendre des initiatives pour fluidifier le système de décision européen ?

Nos procédures sont trop lentes et trop bureaucratiques. Il y aura au cœur de la présidence française la volonté de réformer nos institutions pour les rendre plus efficaces et plus rapides. Mon travail dans les prochains mois, c’est aussi de tout faire pour simplifier les procédures en France.

Comment ?

Dès le début du mois de juin grâce au retour à une vie aussi normale que possible, je veux reprendre mon bâton de pèlerin et aller dans les territoires pour prendre le pouls du pays.

Vous allez refaire un grand débat national ?

Je veux, en lien avec les maires et forces vives de la Nation, inventer un deuxième temps de la relance. Il devra passer par une simplification drastique et une accélération des investissements.

Tant que je serai là, il n’y aura pas de hausses d’impôts

La crise sanitaire a révélé un certain déclassement industriel…

Nous avons tenu pendant des décennies un discours patriotique, sans les moyens. S’il n’y a pas de recherche, s’il n’y a pas d’investissement pour créer des usines, il n’y a plus d’industrie.

Depuis quatre ans, nous avons baissé le coût du capital et la fiscalité sur l’investissement productif. Heureusement que nous avons réduit les impôts, y compris en supprimant la part anti-production de l’ISF. Notre pays dissuadait l’investissement. Il dissuadait aussi le travail et c’est pour cela que j’ai baissé l’impôt sur le revenu, augmenté la prime d’activité.

Ah, j’en ai entendu sur ces sujets de la part des patriotes aux petits pieds ! Ceux qui vous disent :’il faut faire des usines en France’, mais vous expliquent que les gens qui réussissent doivent être taxés, alors que la France est déjà l’un des pays d’Europe où la fiscalité est la plus élevée.

On a eu raison de stopper cette aberration qui conduisait nos entrepreneurs à s’installer à l’étranger ; on aurait dû faire 10 ou 15 ans plus tôt. Nous avons malheureusement vécu à plein l’absurdité d’un modèle économique qui n’existait plus. On va mettre une décennie pour rebâtir le tissu industriel.

Les États-Unis préparent un plan à 1 000 milliards de dollars. Ils injectent plus d’argent que nous ?

Il faut aussi, quand on se compare avec le plan Biden, prendre en compte tout notre modèle social, à commencer par les minimas sociaux et l’activité partielle. Quand on y ajoute le plan de relance, la France consacre 20 % du PIB à la crise. Les mêmes proportions qu’aux États-Unis, qui n’ont pas notre système de solidarité.

Joe Biden va taxer l’argent qui dort chez les plus riches. C’est une solution ?

Cette dette Covid, il faudra la rembourser et nous devrons aussi assumer des investissements d’avenir et équilibrer le fonctionnement courant du pays. Mais tant que je serai là, il n’y aura pas de hausses d’impôts en sortie de crise. Nous sommes déjà l’un des pays les plus taxés au monde. Il ne peut y avoir de souveraineté industrielle sans une baisse des impôts de production.

Depuis quatre ans, nous avons baissé la contribution des classes populaires et moyennes (100 € de gain de pouvoir d’achat pour un salarié au Smic). La Nation doit reprendre le cours des réformes de modernisation. Ce processus ne peut pas s’arrêter.

Des réformes jusqu’au dernier quart d’heure

Vous allez donc réformer jusqu’au bout ?

Jusqu’au dernier quart d’heure. Ces vingt dernières années, nous avons pris trop de retard. Réformer, transformer, investir, ce sont les conditions pour défendre notre modèle social, ce que nous sommes nous, Français.

En décembre, vous avez laissé planer le doute sur votre candidature à un second mandat. Cette crise a-t-elle conforté ce doute ou l’a-t-elle fait reculer ?

Je me couche avec mes doutes et je me réveille avec des convictions reforgées. Je serai bien intempestif à vous parler de mes ambitions personnelles. Dans la gestion d’un pays, il ne faut pas commettre de faute de temps. Nous avons une nouvelle décennie française à bâtir, qui sera la décennie de notre jeunesse.

Si j’ai une ambition, c’est ça. C’est qu’on puisse ensemble, par cette grande concertation que je veux faire à l’été, tourner la page de ce moment de la vie de la Nation. Mon destin individuel n’existe pas si nous n’y arrivons pas, aucun destin individuel ne vaut en dehors d’un projet collectif.

        
 


"On ne m'a rien demandé": les grandes lacunes de la quarantaine à la française

Contrôles aléatoires, isolement peu respecté, mesures trop souples... De nombreux voyageurs et spécialistes remettent en cause le système de quarantaine Français.

Contrôles aléatoires, isolement peu respecté, mesures trop souples... De nombreux voyageurs et spécialistes remettent en cause le système de quarantaine français. (illustration)

Contrôles aléatoires, isolement peu respecté, mesures trop souples... De nombreux voyageurs et spécialistes remettent en cause le système de quarantaine français. (illustration)

afp.com/ERIC PIERMONT

S'enfermer pendant dix jours dans un appartement parisien, isolé 22 heures sur 24 et contrôlé de manière aléatoire par la police ? Très peu pour lui. Rentré le week-end dernier d'Afrique du Sud, Jean* assume parfaitement le fait de sortir régulièrement de son domicile en dehors des horaires autorisés, ou de retrouver quelques proches malgré la quarantaine censée lui être imposée sur le territoire français. "Je n'ai pas le moindre symptôme, j'ai fait plusieurs tests négatifs, et je viens d'un pays qui ne devrait, selon moi, pas être placé sur la liste des zones à risque", justifie ce quinquagénaire Parisien, estimant que l'Afrique du Sud "maîtrise totalement sa pandémie". Quelques jours seulement après son retour du Cap, il se balade ainsi, sans scrupule, dans les rues de la capitale - et pour le voyageur, l'angoisse d'éventuels contrôles de police n'existe pas. 

Alors qu'il devait initialement voler directement depuis Johannesburg jusqu'à Paris, Jean avoue avoir modifié son billet en dernière minute, prévoyant une escale à Amsterdam. "De là, j'ai prétendu avoir perdu mon boarding-pass. Ils m'ont réédité un billet qui ne mentionnait que le voyage d'Amsterdam à Paris, et le tour était joué", raconte-t-il. Une fois arrivé à Charles de Gaulle, les autorités n'y voient que du feu, pensant contrôler un passager revenant des Pays-Bas : après "quelques vérifications rapides", le fraudeur évite avec superbe la file "quarantaine". Pas de contrôle, pas de test antigénique obligatoire - et pas de suivi. "Si vous connaissez un peu les douanes et les endroits où c'est moins restrictif, vous passez facilement entre les mailles du filet", conclut le fraudeur, désormais libre comme l'air. Et selon lui, la parade est bien connue des voyageurs les plus expérimentés : Jean assure ainsi avoir pris l'avion avec "quatre connaissances" ayant suivi la même technique.  

"Si vous connaissez un peu les douanes et les endroits où c'est moins restrictif, vous passez facilement entre les mailles du filet" - Jean*, de retour d'Afrique du Sud

Alors que la France a fait évoluer la semaine dernière les conditions d'entrée sur son territoire, imposant une quarantaine contrôlée de dix jours pour les voyageurs de retour d'Inde, du Chili, d'Argentine, du Brésil et d'Afrique du Sud, cette mesure est-elle réellement efficace ? Considérés comme "à risque", car revenant de pays où les variants se propagent dangereusement, de nombreux voyageurs ont témoigné à L'Express de leur isolement "biaisé dès le départ", fragilisé par un manque de contrôles ou contourné par de simples pirouettes administratives. Et lorsque les passagers sont finalement placés dans la bonne case, la souplesse de cette quarantaine "à la française" continue d'interroger les spécialistes. 

"Ça ne sert à rien !"

Rentrée de Johannesburg samedi dernier, au premier jour de la mise en place de la quarantaine imposée, Julia* avoue ainsi avoir "halluciné" devant la légèreté des contrôles. Arrivée à Marseille après une escale à Istanbul, la jeune femme avait préparé toutes ses attestations et justificatifs de domicile, prête à jurer sur l'honneur qu'elle respecterait ses dix jours d'isolement, et déterminée à réaliser son test antigénique obligatoire. "Mais à l'arrivée, on ne m'a rien demandé", affirme-t-elle. Ni document permettant de la localiser, ni numéro de téléphone pour la joindre en cas de contrôle, ni test supplémentaire. Seul son passeport, sur lequel figure une ancienne adresse, est passé entre les mains des agents de l'aéroport. "Même s'ils voulaient me contrôler, ils n'auraient pas les bonnes informations", souligne la passagère, qui assure néanmoins s'auto-imposer une quarantaine de dix jours. "J'avoue aller chercher un colis de temps en temps l'après-midi, mais sinon, je respecte. On ne sait jamais, l'amende de 1500 euros reste dissuasive !".  

Agathe, elle aussi, affirme être sagement restée chez elle depuis son retour du Brésil samedi dernier. "Mes amis veulent me voir, mais l'amende me fait peur", confie-t-elle depuis Roubaix, dans le nord de la France. Pourtant, durant les deux premiers jours de sa quarantaine, la jeune femme n'a pas été contrôlée une seule fois : "J'aurais pu sortir, si je l'avais vraiment voulu". Mais lundi, la voyageuse a commencé sa semaine avec une visite surprise des policiers, venus vérifier dès 8h30 sa présence à son domicile. "Ils m'ont posé quelques questions, ont vu que j'étais à la maison, et c'était terminé", raconte Agathe. "Est-ce qu'ils vont revenir ? Et quand ? On ne peut pas savoir", résume-t-elle, plus que jamais déterminée à respecter son isolement.  

Alors que le ministère de l'Intérieur indique avoir contrôlé 708 personnes et verbalisé 62 fraudeurs depuis samedi, les policiers eux-mêmes restent perplexes quant à la pertinence de cette quarantaine "à la française". "La vérité, c'est qu'on ne pourra pas contrôler tout le monde, et encore moins plusieurs fois. Ce sont des visites aléatoires", commente Denis Jacob, secrétaire général du syndicat Alternative Police. Face à la souplesse de la mesure, le policier semble douter. "On vous demande de verbaliser les personnes non-confinées, mais elles peuvent dans le même temps prendre le train pour rejoindre leur domicile, ou sortir deux heures par jour... Ça ne sert à rien !", regrette-t-il, dénonçant par la même occasion un travail "chronophage", réalisé au détriment d'autres missions. "Le temps de se rendre au domicile, de trouver l'appartement, prendre contact et repartir, vous pouvez compter 20 à 30 minutes d'intervention. Multipliez par le nombre de voyageurs concernés, et voyez le temps que ça prend", souffle-t-il, dépité. 

"Non-sens total"

D'autant que pour certains épidémiologistes, les conditions mêmes de cette quarantaine sont loin d'être idéales. "Si l'on veut une quarantaine utile, elle doit être réalisée de la manière la plus rigoureuse possible", analyse Antoine Flahault, directeur de l'Institut de santé globale de Genève. Alors que le gouvernement donne actuellement la possibilité aux voyageurs considérés comme "à risque" de rentrer de l'aéroport jusqu'à leur domicile ou de s'isoler avec certains de leurs proches, le spécialiste dénonce "un non-sens total".  

"Je respecte la quarantaine, mais je suis isolé avec ma mère qui se rend au travail tous les jours", illustre Thibauld, rentré de Rio depuis lundi. Confiné dans la campagne de Toulon, le jeune homme assure "ne pas embrasser" ses proches, mais a vite abandonné l'idée de garder son masque à domicile. "En soi, mes tests sont négatifs, et je n'ai aucun symptôme", se défend-il. À la fin de ses dix jours de quarantaine, il devra envoyer à l'Assurance maladie la preuve d'un résultat négatif à un test PCR, sous peine de devoir rallonger son isolement. Mais en attendant, le voyageur assure n'avoir toujours pas reçu la visite des forces de l'ordre.  

"Il suffit de quelques personnes infectées pour déclencher un cluster", rappelle de son côté Antoine Flahault, qui recommanderait plutôt un isolement "total" des passagers, de préférence dans un hôtel où leurs contacts physiques seraient réduits, et pour une durée de "quinze jours". "Nous sommes sur la bonne voie, mais il faudrait resserrer ces mesures, et surtout, les imposer à tous les pays européens", recommande l'épidémiologiste. "Sinon, ça ne servira pas à grand-chose".  

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*Certains prénoms ont été modifiés à la demande des personnes interrogées.