vendredi 21 novembre 2014

LA ROUTE DU RHUM : LES ORIGINES...

Appellation d’origine (non) contrôlée
 
 
 
 
 
Si Michel Etevenon, ici au centre, a indéniablement tenu les rênes de la Route du Rhum pendant des années, l’idée initiale est à mettre au compte de Florent de Kersauson et Bernard Haas. Avec 91 concurrents entre 19 et 75 ans et autant de bateaux de 12 à 40 mètres, cette dixième édition de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe affole les statistiques. Près de quarante ans après sa création, la plus célèbre des transats fait toujours rêver. Il subsiste pourtant une part d’ombre quant à sa véritable origine. Dès 1975, entre en scène un visionnaire issu du music-hall. Il se nomme Michel Etevenon et a lancé la saga des Kriter. Son discret conseiller voile est un certain Christian Février, coureur journaliste et futur «pape du multicoque», qui quatre ans plus tôt a fait partie des fondateurs du magazine que vous avez entre les mains! Nombre de navigateurs, dont Eric Tabarly, débarquent dans le bureau d’Eteven on. Lui n’est pas marin pour un sou. Publici taire, il a du flair, et découvre les la- cunes de la voile océanique et l’immobilisme de la Fédération Française de voile de l’époque. Il milite alors pour que ces naviga- teurs montrent enfin au grand public qu’ils sont des gens exceptionnels. Durant l’été, sur les conseils d’Olivier son grand frère, Florent de Kersauson, le rencontre alors. Avec Ber- nard Haas – comme lui ancien de l’Essec – Florent a l’idée d’une course en soli- taire entre la France et les Antilles. Il faut dire que Bernard est secrétaire général du syndicat des producteurs de sucre et rhum, en charge notamment de pro- mouvoir le ti-punch et ses îles. Les deux amis décident de baptiser l’épreuve «Route du Rhum». Etevenon est plutôt réservé sur l’opportunité d’organiser une telle transat, mais garde le contact avec le jeune Kersauson âgé de 26 ans. Ce dernier lève les obstacles, obtient l’accord de cinq ministères, rédige le règlement de course, et convainc l’UNCL. Définitivement séduit, Etevenon s’approprie l’idée, prend les rênes de l’épreuve et dépose la marque. La légende est en route. Mais l’ancien impresario de l’Olympia n’aime guère partager. Jamais il ne mentionne- ra le nom du vrai créateur de la reine des transats. Il était temps de le rappeler.