Falkirk, en Écosse. Petite ville du centre de la région, où deux canaux se croisent : l’Union Canal, et le Forth and Clyde Canal. Dans ce territoire vallonné, les deux cours d’eau ne sont pas à la même hauteur. Pourtant, ici, des ingénieurs britanniques sont parvenus à trouver un système pour les faire se rejoindre et permettre la circulation des bateaux d’un canal à l’autre. On peut ainsi relier Glasgow depuis Edimbourg, par voie fluviale.
La solution ? Il s’agit d’un gigantesque ascenseur à bateaux, unique au monde : cette « roue de Falkirk », comme on l’appelle, a été inauguré en 2002 en présence de la reine Elizabeth II.
« Elle mesure 35 mètres de haut, l’équivalent de huit bus à deux étages », indique Richard Millar, directeur de l’infrastructure écossaise. En largeur, la roue en mesure tout autant, et en longueur, elle en fait trente. Elle peut porter jusqu’à huit bateaux à la fois.
Quand Richard Millar explique sa création et son fonctionnement, tout semble simple comme bonjour. « Les ingénieurs se sont réunis un soir, autour d’une bonne bouteille de whisky, de Legos et d’un crayon », et ainsi est née la roue ! Un gigantesque ascenseur rotatif en acier, reliant ces canaux.
Refaire vivre les canaux
« Le fonctionnement n’est pas si compliqué, soutient Richard Millar. Il fonctionne grâce au principe de la poussée d’Archimède. » Car à l’extrémité des deux bras de cette belle machine se trouvent des caissons remplis d’eau : « Quand un bateau arrive dans l’ascenseur, la même masse d’eau sort des caissons, cela permet l’élévation de l’ascenseur. C’est très peu énergivore ! »
L’Union Canal, à Falkirk, en Écosse. (Photo : Jeanne Hutin / Ouest-France)
Sur le Forth and Clyde Canal, de nombreuses péniches sont devenues des habitations. (Photo : Jeanne Hutin / Ouest-France)
Les Kelpie, chevaux mythologiques qui trônent à l’entrée du site sont devenus les symboles de Falkirk. (Photo : Jeanne Hutin / Ouest-France)
La roue de Falkirk représente l’immensité du projet qui l’a créé. Le Millenium Link. « Au XVIIIe siècle, les canaux étaient très utilisés pour le transport de marchandises, de voyageurs. Il y avait de nombreuses écluses. L’arrivée de la voiture a amené les canaux à leur déclin », raconte Richard Millar. Très vite, ils deviennent pollués, ressemblent par endroits à des déchetteries à ciel ouvert.
Au début des années 1990 revient l’idée de « faire vivre ces canaux ». La ville de Falkirk est naturellement venue au centre des attentions par sa situation géographique. « Seul le site où la roue est aujourd’hui présente était exploitable. Ça a été un grand travail. Le site de la roue était avant une mine abandonnée, polluée. »
Aujourd’hui, il s’étend sur 45 hectares entourés d’eau et de verdure. « La roue est le symbole de la régénération des canaux écossais »,note Richard Millar. Elle est aussi celui du tourisme rural. « Avant, personne ne venait à Falkirk. Désormais, nous recevons entre 500 000 et 700 000 touristes par an. Ils viennent utiliser l’ascenseur, ou simplement le regarder. »
Chaque année, un bénéfice de 1,74 million de livres sterling est réalisé, pour cette structure qui en a coûté 17,5 millions à sa construction. « Une ville nouvelle est née. L’économie est relancée, avec des hôtels, des restaurants, de nouvelles habitations… Des personnes vivent même sur leur bateau maintenant », indique le directeur qui ne se lasse pas de contempler les Kelpie, ces chevaux mythologiques qui trônent à l’entrée du site. Les architectes voulaient une belle structure, simple. La roue est devenue une œuvre d’art qui a su inspirer d’autres artistes qui ont à leur tour créé quelque chose dans l’imaginaire de ses visiteurs… »
« Un projet fédérateur et profitable »
Hervé Le Lu, maire de Guerlédan ; Romain Boutron, vice-président de Loudéac Communauté et du Conseil départemental ; et Mickaël Dabet, maire délégué de Guerlédan. (Photo : Ouest-France)
Le projet d’ascenseur à bateaux à Guerlédan ne date pas d’hier. « Il s’agit d’un engagement du constructeur du barrage, dans les années 1930 », affirme Hervé Le Lu, maire de la commune nouvelle de Guerlédan. Cela permettait une continuité sur le canal de Nantes à Brest. Mais cette idée est enterrée dans les années 1950, alors que le marché des voitures et les transports en train sont en pleine expansion. Pour autant, l’ascenseur à bateaux n’a jamais quitté l’esprit de l’édile : « Ce sujet, je l’ai travaillé. Cette structure correspond à un tourisme durable et à un tourisme d’ingénieurie. »
Au début de son mandat, Hervé Le Lu a l’opportunité d’acquérir une friche industrielle proche du barrage de Guerlédan. La carrière de Trévéjean, un site de 21 hectares. « Là-bas, il serait possible de réaliser un bassin supérieur, et un tunnel, qui ramènerait les bateaux vers le lac de Guerlédan. » Il imagine la création d’un bassin inférieur, à environ 500 mètres de là, qui permettrait aux bateaux de rejoindre l’ascenseur à bateaux. « Les Bretons ont besoin de grands projets, de projets touristiques. Ici, on est sur un canal mythique. C’est un projet fédérateur et profitable à une grande zone », qui viendrait de plus s’ajouter au projet de parc de loisirs prévu pour 2020.
« Des investisseurs privés sont intéressés par ce projet qui se montre rentable », indique de son côté Romain Boutron, vice-président de Loudéac communauté et du Conseil départemental. La communauté de commune veut aussi accompagner la création de cet ascenseur à bateaux. « Je demande au Département d’approuver et d’accompagner ce projet », dit Romain Boutron. Une autre demande devrait partir à la Région pour qu’enfin, le barrage de Guerlédan soit contourné.