Entre
Mochima et le Golfe de Santa Fé, à l’Est de Puerto La Cruz, quelques îles
s’égrènent le long du littoral. Des canaux dessinent des arabesques entre les
collines désertiques des îles et les montagnes de la cordillère des Caraïbes qui
cascadent vers la mer. Paysage saisissant. La déclivité de la sierra est impressionnante. Elle se
présente tel un bouclier vert où seule la forêt est maître des lieux. Elle est
le trait d’union entre la mer des Caraïbes et tout le Continent sud-américain !
Je pense ne jamais avoir vu plus grand espace vierge… La main de l’homme n’a pas
osé insulter la noblesse des lieux !
Seuls
les orages y trouvent leur terrain de jeu quotidien. En effet, sur les montagnes
du continent, se forment des nuages. Dès la fin de la matinée, le combat entre
les masses d’air engendre d’énormes cumulonimbus qui éclatent en orages en début
de soirée. Au pied des montagnes, la mer a découpé des anses profondes. Elles
sont le plus souvent désertes. Pourtant, il est agréable de naviguer dans ce
paysage. La plupart des bateaux n’aiment pas y rester de nuit. Les habitués du
pays y séjournent sans y avoir rencontré de difficulté. .
Mais
il est vrai que l’endroit est si calme, si particulier, qu’il est propice à
s’inventer des histoires de pirates…
Côté Caraïbes, les îles Caracas offrent une tranche de couleur et d’excentricité au décor. Elles ferment le couloir entre la chaîne de montagne et la mer. Elles ne sont pas très hautes, et présentent des sommets d’à peine deux cents mètres. Par contre, c’est un vrai décor de far West. Les roches sont rouges et se laissent sculpter par l’érosion. On devine dans les plissements de terrains des combats sismiques séculaires. C’est magnifique !
Au
pied des collines en bordure de mer, quelques cabanes de pêcheurs. On ne peut
s’empêcher de se demander de quoi ils vivent… De temps en temps une « lancha »
(barque rapide de pêcheurs) vous dépasse. Les pêcheurs sont toujours amicaux
vis-à-vis des navigateurs étrangers et ils ne manquent jamais de répondre d’un
large geste et d’un sourire à vos saluts.
La
plupart du temps, vous êtes tout seul à admirer tant de splendeurs. Seuls ? Non,
bien sûr, ici vous êtes dans le domaine réservé des dauphins. Ils sont des
centaines, et de temps en temps, ils vous font les honneurs de votre
étrave…
L’ambiance tant visuelle que sonore est parfaite. Et l’imagination va bon
train. Au détour d’une crique, une falaise marie ses bariolages d’ocre, de
rouges, d’anthracite et de blancs. Elle s’offre des drapés de roches
extravagants. Et vous rêvez de rencontrer cet artiste grandiose pour qu’il
expose dans le tout nouveau Musée d’Arts … Naturels… Sur le front de la porte
d’entrée une devise universelle : « the world is beautiful ! »