Et si c’était niais ?
Editions Chiflet,
210 pages
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par Brigit Bontour | <><> >
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ET SI C’ETAIT DROLE !
Onze écrivains –sauf un, Jean D’Ormissemon, ont disparu.
D’Ormissemon inoubliable auteur de « C’était rudement bath’ »a
réussi à soûler ses ravisseurs en tentant de leur raconter l’histoire de la
papauté, de leur réciter un medley de son anthologie de la poésie, de les
emmener faire un tour en décapotable…Ils ont renoncé devant tant de verbiage.
Tous sont édités par la même maison d’édition et bien que
différents, sont aussi pénibles les uns que les autres : bavards, méprisants,
médisants, dépressifs voire fous à lier.
Chiflon leur éditeur très inquiet, et tout aussi barré qu’eux
charge le commissaire Adam Seberg héros bien connu du livre « tais-toi si tu
veux parler » de Fred Wargas de mener l’enquête.
Enquête, le mot est vite dit, car si le roman adopte le ton
d’un policier, il n’en a que l’apparence.
En effet, tout au long des onze chapitres, Pascal Fioretto
l’auteur du livre se livre à un pastiche hilarant du style des écrivains les
plus lus du moment, souvent pour de mauvaises raisons en leur donnant tour à
tour la parole.
Parmi les victimes, Pascal Servan qui depuis son repaire de
« Mornemolle » écrit : « Anniversaire de l’accession au pouvoir de François M.
Avec le Vicomte comme chaque année, nous avons gravi à pieds ma roche de Solutré
miniature. Je l’ai voulue plantée de cerisiers en plastique toujours en
fleurs" » Rocher qui se trouve entre la rocade Georgette Plana, le carrefour
égyptien Dalida et le parking Joe Dassin.
Frederic Beisbéger, lui a d’autres ennuis : sa femme au corps
redessiné par des designers lui annonce qu’elle le quitte pour un certain Marc
Marronnier : « sous l’effet du choc, je titube jusqu’au fauteuil Terence Conran
à 890 euros, sans les coussins ».
Monette, l’héroïne d’Anna Galvauda a des soucis plus petits, à
l’image de sa vie de petite retraitée qui vit dans une petite chambre sous les
toits : son dentier, cadeau d’une amie morte est trop petit et lui fait un mal
atroce. Quant à Christine Angot, l’une des plus « gâtées » avec BHL, c’est le
grand jeu : son psychanalyste ne veut plus lui parler depuis qu’elle lui a
envoyé trop de fax de ses fèces flottant dans l’eau bleue de l’Harpic »…
De « Hygiène du tube (et tout le tremblement) » d’Amélie
Notlong qui écrit son roman journalier en passant par Jean Christophe Rangé, et
ses « Limbes pourpres du concile des loups », « Et si c’était niais » de Marc
Lévis, « c’était rudement bath » de Jean D’Ormissemon, « Des fourmis et des
anges « de Bernard Werbeux , « Pourquoi moi » de Christine Anxiot ; l’auteur de
l’ouvrage se livre à un exercice de style drôlissime. Reprenant chaque tic,
chaque travers de sa victime, il s’en approprie le style jusqu’à la caricature :
L’obsession de la sexualité, le malaise existentiel chez Beigbeder, sa façon de
décrire par le menu les marques et les prix des objets qui l’entourent, son goût
pour le scoop qui risque de le perdre sont analysés avec la précision d’un
scientifique rivé à son scalpel.
Chez Gavalda , le souci du détail, ses dialogues parfois
confus, son penchant pour la supposée consensualité des petites gens sont plus
vrais que nature.
. Pourtant loin d’être des pastiches gratuits et méchants, les
textes de Pascal Fioretto sont d’une grande précision et montrent une
connaissance approfondie de l’œuvre de chacune de ses victimes. Marc Marronnier
est par exemple le nom du double littéraire de Beigbeder.
Certains écrivains aimeront, d’autres moins, mais le lecteur
lui, adore et s’étrangle de rire, même et surtout quand son auteur de
prédilection est pris en flagrant délit de prétention ou de répétition.
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