François Hollande: vers un renouveau de sa communication de crise?
Par cette intervention, pour la première fois depuis le début de son
quinquennat François Hollande s'est montré dans le bon tempo. Il a
choisi d'intervenir le lendemain du résultat
et non le jour même ce qui est d'habitude le rôle du Premier ministre.
Il montrait ainsi qu'il n'y avait pas de crise de régime comme beaucoup
le prétendent. Il a d'ailleurs rappelé que les institutions étaient
solides et permettaient de gouverner.
Mais surtout il a su montrer par cette allocution courte mais
énergique, qu'il comprenait et tirait les conclusions de ce scrutin. Il a
avancé les raisons, selon lui à l'origine du vote Front National, sans
jamais citer celui-ci, refusant ainsi d'y voir un discours d'adhésion.
Loin d'un Manuel Valls très sombre le soir même de l'élection,
François Hollande a voulu montrer qu'il pouvait changer la situation,
notamment en évoquant son action pour infléchir la politique d'austérité
européenne.
Il voulait ainsi montrer une image de président dans l'action, alors
qu'on l'avait dit trop passif. Sa gestuelle était particulièrement
énergique, utilisant tous les registres symboliques, des mains aplaties
sur la table, en passant par les poings fermés jusqu'au très agressif
index pointé vers le spectateur. Ces gestes, sans doute préparés,
donnaient même parfois l'impression d'un président un peu "agité", ce
qui n'est pas sans rappeler son prédécesseur. Cette théâtralité n'allait
pas sans nuire à la solennité du propos. D'autant que cette fragilité
est renforcée par l'amateurisme du discours, le Président évoquant les
"Partis européens" qui progressent en Europe au lieu de parler de
"Partis anti-européens".
Le décor, à nouveau modifié, était toutefois là pour atténuer cette
impression. En choisissant une bibliothèque, le Président se plaçait
dans la lignée de François Mitterrand et du Général de Gaulle, le
Président-intellectuel, qui prend le temps de réfléchir aux événements
pour les comprendre puis agir. Cette intervention misait donc sur un
subtile mélange de proximité par la compréhension et de distance
chronologique et scénique.
Toutefois, une telle intervention ne suffira bien sûr pas à ressouder
l'opinion derrière lui. Les sondages qui viendront juger son allocution
seront sans doute très négatifs, car le regard du téléspectateur est
avant tout dominé, non par ce qu'il voit, mais par ce qu'il sait de la
situation politique, sociale, économique. D'autant que beaucoup ont
souligné le "vide" d'une intervention sans annonce concrète.
http://www.huffingtonpost.fr/pierre-emmanuel-guigo/allocution-francois-hollande_b_5395511.html
Non, François Hollande ne déviera pas de sa ligne de conduite... Un incroyable aveuglement sur la nature de la crise et les défauts structurels de la zone euro
Dans
son allocution télévisuelle de ce lundi 26 mai, François Hollande a
réaffirmé la "ligne de conduite" du gouvernement, qui "ne peut pas
dévier en fonction des circonstances", au lendemain d'un scrutin
européen pourtant catastrophique pour le PS. Une erreur.
Atlantico : Manuel Valls l'a répété : il n'a pas l'intention de changer de "feuille de route". Certains ministres comme Marisol Touraine ont laissé entendre ces dernières semaines que pour François Hollande, c'était ça ou sortir de l'euro. Le gouvernement est-il sincèrement convaincu qu'il n'existe pas d'autre alternative ? Et s'il en est convaincu, que penser de la politique qu'il propose ?
Gilbert Cette : Il faut se féliciter de la forte volonté affichée par le gouvernement de respecter les engagements de la France concernant les finances publiques. Mais dans notre ouvrage "Changer de modèle", Philippe Aghion, Elie Cohen et moi-même proposons une politique plus forte, plus ambitieuse que celle évoquée par Manuel Valls pour dynamiser la croissance.Les trois objectifs qui nous semblent les seuls a prendre en compte sont : plus de croissance et d’emploi, moins d’inégalité, et plus de mobilité sociale.
Gilbert Cette : Le gouvernement a clairement affiché sa volonté de respecter les objectifs des directives européennes, ce qui est une bonne chose. Mais elle devrait s’accompagner de la politique de réformes évoquée plus haut, afin d'augmenter la croissance. Par ailleurs, la maitrise des depenses publiques ne doit pas avoir la seule logique du rabot. La stratégie actuelle du rabot peut aider à respecter nos engagements européens en apportant rapidement des ressources. Mais à moyen terme, elle peut présenter des dangers par une démotivation des agents de la fonction publique.
http://www.atlantico.fr/decryptage/non-francois-hollande-ne-deviera-pas-ligne-conduite-incroyable-aveuglement-nature-crise-et-defauts-structurels-zone-euro-gilbert-1584436.html