mercredi 22 octobre 2014

MOUSTIQUE & Cie

Ile Moustique, les coulisses du rêve


Au mouillage de l'île Moustique depuis deux jours, nous sommes subjugués par la beauté et la pureté des paysages. Il ne manque plus que le nain Tatoo accompagné par son inséparable Mister Rourque pour que l'île fantastique soit au rendez-vous de nos fantasmes; un véritable royaume des Télétubbies ou des Bisounours.
Il est vrai que ce sont les plus belles plages de sable impalpable que nous ayons rencontrées depuis le début du périple: eau transparente à souhait, réserve naturelle, l'île regorge de spots de snorkeling où foisonnent les plus beaux poissons tropicaux, les palmiers sont parfaitement alignés sur la plage.
Le gazon est tondu dans les règles de l'art, les autochtones se baladent en chemise blanche et bermuda dans des minimokes ou des voiturettes de golf.
Le paradis sur terre ou presque.
L'image est vraiment idyllique, l'archétype du bonheur tropical un peu écœurant.
Lieu de résidence de Mike Jagger, David Bowie, la famille royale d'Angleterre, les villas en bord de plage sont somptueuses, les demeures au dessus des collines complètement hors norme.
"L'île fut vraisemblablement aperçue par les Espagnols à la fin du xve siècle avec les autres îles environnantes qu'ils nomment « Los Pájaros » (Les Oiseaux).
Au xviie siècle, ces îles deviennent des repaires de pirates puis des lieux de plantation de canne à sucre mais Moustique ne reste pas habitée en permanence en raison de l'absence d'eau douce.
En 1958, Moustique est achetée pour 45000 dollars par Lord Glenconner qui la transforme en lieu de villégiature. En 1960, la princesse Margaret accepte en cadeau de mariage une parcelle sur laquelle elle fait construire une villa, Les Jolies Eaux, qu'elle occupera à de nombreuses reprises.
En 1989, la « Mustique Company » est créée afin de faire prospérer et protéger l'île en l'aménageant et en gérant les infrastructures (routes, eau, électricité, aéroport, etc.). Les actionnaires de la Mustique Company ne peuvent être que des résidents de l'île. Cette société a construit jusqu'à 89 villas qui sont louées en général à des personnes fortunées (célébrités diverses, membres de familles royales, etc…)." in Wikipédia.
Quelques magasins hors de prix: 4 baguettes et 6 pains au chocolat pour 35 €.
Et surtout, son petit village de pêcheurs tellement pittoresque: un vrai bidonville au paradis, avec ses maisonnettes délabrées et sordides. Les sanitaires sont complètement pourris, les conditions d'hygiène déplorables. Ces pêcheurs saisonniers vivent dans des masures, à deux pas des luxueuses propriétés, entassés les uns sur les autres dans la crasse. Une simple palissade de bambou et on passe de la Cité de la joie à l'île fantastique.
Comment un microcosme aussi réduit, un ilot aussi minuscule que Moustique, où tout le monde se connaît, peut-il tolérer pareille situation?
200.000 ou 300.000 euros suffiraient pour tout rénover.
La moindre villa en location à Moustique coûte 10.000 dollars la semaine. Le caractère saisonnier des travailleurs justifierait-il cette misère ?
Quelle indifférence doit-on manifester pour rejoindre tous les jours le magasin 'd'objets d'art' sur le chemin du village de pêcheurs ?
L'île aurait-elle besoin de cela pour garantir son authenticité ?
Les choses sont sans doute beaucoup plus simples: l'égoïsme ordinaire, l'aveuglement ou la justification de l'inacceptable, mettant en avant le caractère volontaire de l’habitat des pêcheurs et de leur démarche saisonnière (il ont choisi de venir).
Hier soir, c'était la fête sur la colline. Dans des maisons qui ressemblent à des palais, illuminées par des milliers de lampes scintillantes, des torches brulaient par dizaines, des écrans géants éclairaient le ciel.
En bas, au village des pêcheurs, devenu sans doute malgré lui l'équivalent du village africain à l'expo de 53, un pêcheur retraité tente d'extirper son vieux fauteuil roulant de la glaise qui colle à ses roues.
La misère est intolérable, elle l’est d’autant plus quand elle vient se juxtaposer à des images dégoulinantes de paradis sur papier glacé

 


Money, Money, Money


 

 


Première expérience de pêche à la traîne



La première expérience de pêche à la traîne s'était soldée par un échec cinglant. Il était nécessaire de reprendre la main. A Bequia, nous avons trouvé un shipchandler spécialisé en fournitures de pêche. Là nous sommes tombés sur ce petit bout de plastique rose ressemblant vaguement à un calamar (il n'y a que les poissons pour s'y tromper). 1/4 d'heure plus tard, Jean fait banco sur un barracuda de belle taille qui finira dans nos gosiers, mariné au citron vert et au lait de coco.