Dessin de Jon Berkeley paru dans The Economist, Londres.
Schploufff! L'incroyable pouvoir des crottes de baleines sur la vie des océans
cétacé, dit la baleine !....
Selon
l'étude du biologiste marin Stephen Nicol, les excréments de baleines
contiennent en moyenne 10 millions de fois plus de fer que l'eau de
l'océan Antarctique.
Les baleines font circuler le fer
Comment les baleines s'inscrivent-elles dans la
chaîne alimentaire sous-marine ? Il y a quelques années, le biologiste
marin Victor Smetacek s'est penché sur la question et sur l'alimentation
de ces géantes des mers. Elles se nourrissent principalement de krills,
des petits crustacés qui ressemblent à des homards. Les krills, eux,
mangent de minuscules variétés de planctons.
Ainsi, selon le site NPR,
Smetacek est parti des données suivantes : nous connaissons la quantité
de nourriture que les baleines ingurgitent et nous savons qu'il y a des
centaines d'années, elles étaient bien plus nombreuses à peupler les
océans du sud qu'aujourd'hui. Si nous multiplions le nombre de baleines
présentes dans ces mers en 1910 par l'équivalent de leurs repas actuel,
nous arrivons à 1,5 milliard de krills. Un chiffre beaucoup trop
important pour le professeur Smetacek. Car le krill a besoin de fer pour
se développer.
Or
étant donné ce que nous savons de la composition chimique de l'océan,
il n'y a pas assez de fer dans les mers du sud pour alimenter autant de
krills. Par conséquent, soit les baleines mangeaient moins il y a un
siècle, soit les océans contenaient plus de fer.
C'est alors que Smetacek a imaginé la charmante
"hypothèse des crottes de baleines" qui se base sur l'idée que les
baleines défèquent très très puissamment. Quand elles arpentent l'océan
consumant d'énormes quantités de krills, elles pourraient, au cours de
leur digestion, concentrer leur nourriture dans des stocks riches en fer
avant de l'éjecter dans la mer. S'alignant sur cette théorie, le
biologiste marin Stephen Nicol a trouvé "énormément de fer dans les
crottes de baleine". Son équipe a analysé 27 échantillons fécaux de
quatre types de baleines différentes selon le New Scientist.
Il a alors découvert que les excréments de baleines contenaient en
moyenne 10 millions de fois plus de fer que l'eau de l'océan
Antarctique. Stratégiquement rejeté, c’est-à-dire près de la surface des
océans, le fer supplémentaire pourrait créer des efflorescences de
phytoplancton, qui seraient ensuite mangées par les krills. Ces derniers
se multiplieraient donc, offrant encore plus de nourriture aux
baleines.
Ainsi, selon Smetacek, avec une base d'énormément de
plancton, quelques baleines et quelques krills, lentement mais surement,
les animaux se multiplieront, éjectant plus de fer dans l'océan, ce qui
produira plus de krills, qui produiront plus de baleines puis plus de
krills, et ainsi de suite…Et si les baleines venaient à disparaître à
cause de la chasse, la même chose arriverait aux krills. En effet, ces
derniers ont besoin de leur prédateur pour se nourrir de fer. Preuve en
est : quand les baleines de l'Antarctique ont presque toutes disparu
dans les années 60, la population des krills a diminué de 80% par la
même occasion. Ainsi, les baleines sont-elles passées maîtres dans l'art
du recyclage. Ce qu'elles prennent à Mère Nature, toujours elles le lui
rendent.
OCÉANS Les crottes de baleine contre le réchauffement climatique
Les grands cétacés ne sont pas qu’un
symbole de la beauté de la nature. Ils exercent une action déterminante
sur tout l’écosystème marin – et même sur les nuages.