mercredi 15 avril 2015

La vie sexuelle des cannibales - Jan Maarten Troost











en mer ou aux escales, je lis, beaucoup
voici le dernier opus prêté par mon amie Monique de Baloo :
un régal ! Merci Monique !








La première phrase :
« Un jour, avec ma bonne amie Sylvia, je suis allé m'installer sur un atoll dans la zone équatoriale de l'océan Pacifique ».



L'histoire :

Maarten et Sylvia déménagent, des étoiles plein les yeux, et le cœur empli d'un naïf enthousiasme. Ils vont vivre pendant deux ans sur un minuscule atoll paradisiaque (?) de l'archipel des Kiribati, où la jeune femme s'est vu offrir le poste de directrice locale de la FSP (Fondation pour les Peuples du Sud-Pacifique). Tarawa...  Un nom qui fait rêver ! La plage, les détritus le lagon bleu turquoise, les requins les cocotiers les épidémies... Oui mais voilà : la réalité réserve parfois de bien mauvaises surprises, et le jeune couple ne va pas tarder à déchanter, sur cet îlot isolé où règnent misère, corruption et pauvreté. Maarten décide alors de coucher son expérience sur le papier.

JINGLE
Allez hop, on y va !
En route pour l'aven-ture.
On n'y résiste pas... tatadadaaaaa...
à l'appel de Tarawa !
JINGLE


Ceci n'est pas un roman, mais un récit de voyage autobiographique, qui m'a été prêté par mon amie Monique, édité par les éditions Folio. Je n'ai pas l'habitude de lire ce genre de textes, mais je suis ravie d'avoir eu l'occasion de découvrir celui-ci, dont la lecture se révéla ma foi particulièrement réjouissante.
Jan Maarten Troost, américain d'origine hollandaise, évoque divers aspects de sa vie d'expatrié sur l'atoll de Tarawa, ce qui nous vaut quelques scènes et réflexions mémorables, d'une drôlerie parfois irrésistible. L'auteur fait preuve d'un humour délicieusement corrosif, auquel j'ai pour ma part totalement adhéré. Il jette un regard lucide sur son expérience, n'hésitant pas à pointer du doigt ses propres préjugés et caprices d'occidental pourri gâté, tout en dressant un bilan assez alarmant de la situation catastrophique de cette petite île surpeuplée, véritable catastrophe écologique et sanitaire.

"Aplatissez toutes les terres pour obtenir une surface uniforme de soixante centimètres au-dessus du niveau de la mer. Jouez avec ces îles en faisant fondre les calottes polaires. Ajoutez des palmiers. Saupoudrez d'hépatite A, B et C. Incorporez de la dengue et des parasites intestinaux, sans cesser de remuer. Eloignez tout médecin. Isolez et faites cuire à une température constante de trente-huit degrés. Vous obtiendrez la république des Kiribati."  (page 34)

Les Kiribati, pourtant dotées de somptueux paysages colorés, d'une beauté à couper le souffle, ainsi que de ressources maritimes en abondance, n'ont en réalité rien d'idyllique, et Maarten découvre peu à peu l'envers du décor, à savoir une île de trente kilomètres carrés (!) dévastée par la pollution et le manque d'hygiène, dont les plages et les récifs coralliens prennent trop souvent l'allure de décharges publiques, où se propagent inexorablement les maladies. Les denrées alimentaires se font rares, et manquent cruellement de variété, tandis que la production d'électricité et d'eau potable s'avère pour le moins chaotique, quand elle n'est pas tout simplement inexistante. La corruption et l'incompétence des politiciens et des fonctionnaires nuisent au travail des ONG, qui luttent tant bien que mal pour améliorer le quotidien des habitants et des nombreux enfants de l'atoll. Le combat semble perdu d'avance...

"Plus chaud qu'à Washington au mois d'août ? ai-je demandé.
- Oui, plus."
Elle a employé le mot "torride".
"Mais, tu sais, ce n'est pas la chaleur qui compte, c'est l"humidité.
- Ca dégouline de partout", a insisté Sylvia.
J'ai décidé qu'il s'agissait d'une erreur, d'une inexactitude, d'une exagération. Tout le monde sait que les conditions atmosphériques abrutissantes qui prévalent à Washington au mois d'août résultent d'une conjoncture topographique et climatique unique en son genre, dans laquelle entrent en jeu le jet-stream, le Gulf Stream et le taux de pollen, et aussi qu'on ne trouve cette conjoncture qu'au milieu de la côte Est des Etats-Unis et qu'il ne peut rien y avoir de pire où que ce soit sur Terre.
J'ai donc mis mon chandail dans mon sac. "Et je prends aussi mon jean", ai-je lancé sur un ton de défi.    (page 40)

L'enthousiasme naïf des débuts cède progressivement la place à l'ennui et au désœuvrement, Maarten ne sachant que faire de ses journées, pendant que Sylvia travaille d'arrache-pied dans son ONG. La vie sur Tarawa se résume à une longue et lente succession d'heures interminables, sans distraction aucune, si ce n'est (tout de même) le temps passé à apprendre le surf ou le body-board dans le fracas assourdissant des (terribles) vagues du lagon. Les semaines défilent, ponctuées par le retour épisodique du cargo de ravitaillement, dont tous attendent la précieuse cargaison de bière, indispensable à la survie des insulaires ! Toute tentative d'amélioration du quotidien semble vouée à l'échec, comme en témoignent les déboires de Maarten, contraint de renoncer à ses soudaines ambitions de jardinier après que les enfants du voisinage eurent saccagé et pillé son futur potager. Il s'agit parfois de répondre à des interrogations on ne peut plus basiques : où trouver de l'eau potable lorsque celle-ci ne coule plus au robinet ? Comment conserver des aliments périssables lorsque de trop fréquentes coupures d'électricité rendent impossible l'usage du réfrigérateur ?

Maarten
et Sylvia doivent s'adapter à un monde nouveau, dont ils ne maîtrisent pas encore les codes et les usages. Leur profond dépaysement surgit avant tout de la confrontation avec les autochtones, dont certains comportements paraîtront totalement surréalistes à nombre d'occidentaux. Tous deux sont pourtant des individus ouverts et éduqués, habitués à voyager, mais le choc culturel n'en demeure pas moins extrêmement violent pour le jeune couple, qui va de surprise en surprise, tandis que la Macarena (sic) résonne en boucle dans les moindres recoins de l'atoll ! Le lecteur découvre des situations vaguement absurdes, voire franchement burlesques, comme la présence de ces cochons errant sur l'unique piste de l'aéroport, obligeant par là même l'avion de Maarten et Sylvia à différer son atterrissage !. Je ne vous parle même pas de l'état de déliquescence avancée dans lequel se trouvent les appareils de la compagnie Air Kiribati, qui dissuaderaient les plus téméraires d'entre nous de monter à bord...

Le sentiment d'incompréhension finit cependant par se muer en résignation. Les expatriés s'adaptent tant bien que mal, et apprennent à se contenter de peu, renonçant au confort d'une société aseptisée à l'extrême. L'auteur conduit une intéressante réflexion sur sa propre évolution au cours de ces deux années d'exil, évoquant notamment la difficulté à se réinsérer ensuite dans une société ultra-occidentalisée.

"Nous étions amoureux fous. Nous nous sommes juré de nous suivre l'un l'autre jusqu'au bout du monde. ("Ppffffftt, lance Sylvia qui lit par-dessus mon épaule. C'est n'importe quoi".)"  (page 30)
J'ai été séduite par la construction du récit, dont le ton humoristique et la démarche ne sont pas sans rappeler l'univers des BD de Guy Delisle (voir le lien ici ) - J'aime beaucoup ce genre d'ouvrage qui me rappelle ce qu'a fait Julien Blanc Gras avec son recueil "Touriste". La narration, très drôle, trouve un juste et savoureux équilibre entre sérieux et autodérision, créant ainsi une connivence immédiate avec un lecteur sous le charme. Il y a bien quelques petites longueurs dans la seconde partie, mais Maarten Troost est un personnage tellement attachant et sympathique que l'on a envie de le suivre jusqu'à la fin de son aventure !
Son constat, quoique désenchanté, n'est cependant pas dépourvu de tendresse ni de respect envers un pays auquel les expatriés finiront malgré tout par s'habituer, malgré les désagréments rencontrés.

Last but not least : la chronique amusée des déboires de Maarten et Sylvia est entrecoupée de quelques précisions historiques et géographiques, qui permettent au lecteur de découvrir les caractéristiques de cet archipel méconnu, perdu au milieu du vaste Océan Pacifique. D'un naturel curieux et affable, Maarten interroge les indigènes, espérant glaner des informations culturelles pertinentes relatives aux traditions et aux croyances de ce peuple de pêcheurs. Son récit est truffé de références aux légendes locales, et s'intéresse également aux aspects politiques et religieux de l'histoire de l'atoll, ainsi qu'au rôle néfaste joué par l'Occident dans le développement (ou plutôt l'absence de développement productif) de certains archipels des Mers du Sud, lesquels furent jadis explorés par moult explorateurs en quête de marchandises à troquer.





La République des Kiribati
(Source : Wikipedia)

L'auteur rappelle pour finir que Tarawa fut le siège de combats meurtriers lors de la Bataille du Pacifique, dont de sinistres vestiges japonais et américains "ornent" encore les plages de l'île. J'ai apprécié que cet aspect là soit également évoqué, offrant ainsi un panorama assez complet.
Un dernier mot au sujet du titre, un peu racoleur et sans grand rapport avec le contenu, mais dont le côté décalé m'a beaucoup plu quand même. J'ai en outre apprécié les titres à rallonge des différents chapitres, délicieusement incongrus et la plupart du temps teintés d'humour noir.
Deux exemples au hasard :

3 - Où l'auteur et sa susmentionnée séduisante compagne quittent l'Amérique continentale, se posent brièvement sur la fabuleuse île d'Hawaï, s'évadent de l'épouvantable atoll Johnston et sombrent dans le désespoir en arrivant aux îles Marshall.
10 - Où l'auteur raconte l'arrivée des I-Matang qui ont introduit le commerce équitable (du genre trois femmes contre une perle en bois), les merveilles de la civilisation (tabac, alcool, canons), les maximes du christianisme (qu'il fasse chaud ou pas chaud, ta robe mission tu porteras) et l'administration moderne (la reine Victoria sait ce qui vous convient le mieux), le tout s'étant amalgamé pour former un héritage colonial, comme le montre bien l'utilisation persistante de la brasse en tant qu'unité de mesure.

Comment voulez-vous résister à une telle entrée en matière ??

Je suis suis vous l'aurez compris plus que satisfaite d'avoir pu lire cet ouvrage, et je remercie Monique, de Baloo, pour cet ouvrage des éditions Folio, et  cette jolie découverte.


Un sympathique récit de voyage : drôle, intéressant et très divertissant.




Qui ne voudrait pas passer deux années sur une petite île de la république des Kiribati, perdue au milieu du Pacifique ? Probablement tous les voyageurs avertis. Pas d'eau d'un bleu profond, ni de plages de sable blanc. Les civilisations occidentales sont arrivées et ont détruit en quelques années le délicat équilibre écologique qui s'était établi. Tout d'abord parce que ces îles servent de cibles privilégiées chaque fois qu'une nouvelle arme atomique rigolote doit être testée. En important ensuite des produits emballés dans du plastique, des canettes, et autre matériau que l'île est incapable de traiter. Et enfin, en arrosant ce paradis de subsides, attirant tous les déshérités du coin, qui finissent par transformer ce morceau de terre en décharge et fosse septique géantes.
Le quotidien offre peu de variété :
du poisson, dont on espère qu'il n'a pas été nager souvent dans les eaux proches des concentrations de population ;
de l'eau, toujours bouillie afin de détruire tous les bactéries qui se sentent aux Kiribati comme chez elles ;
comme musique, la Macarena ;
l'électricité arrive et repart de manière aléatoire ;
l'eau provient d'une citerne (qui sert également de piscine à toute une série d'animaux), et doit être précieusement rationnée.

Ce roman autobiographique, assez léger, m'a beaucoup amusée. L'auteur se lance dans un guide complet du pays, de la description de la pêche aux structures politiques, des danses rituelles aux beuveries quand arrive enfin la cargaison de bière. On constate que le confort « élémentaire » ne l'est pas pour tout le monde. Le ton est parfois un peu moqueur, mais l'ironie ne cache pas l'amour qu'a l'auteur pour le pays qui l'a accueilli deux ans. D'ailleurs, il a finalement décidé d'y retourner, et après la lecture de ce livre, on se rend bien compte qu'il faut un profond attachement pour oser retenter l'aventure.



On s'amuse ferme en découvrant l'histoire vraie de ces deux années de séjour, aussi épouvantables qu'hilarantes, aux îles Kiribati, petite nation perdue au fin fond du Pacifique Sud - qui pourrait bien être le pire endroit du monde. A vingt-six ans, Maarten Troost - qui s'ingéniait à différer son entrée dans la vie active en accumulant les diplômes universitaires inutiles, avant d'enchaîner les boulots intérimaires - décide de partir pour Tarawa, un lointain atoll du Pacifique, capitale de la république des Kiribati. L'idée de tout laisser tomber et de s'en aller au bout du monde paraît d'un romantisme échevelé à ce jeune homme déboussolé, mais incapable de tenir en place. Comme quoi, tout le monde peut se tromper. « La vie sexuelle des cannibales » retrace l'épopée désopilante qui commence dès que Troost découvre que Tarawa n'est pas le paradis tropical dont il rêvait. Passant d'une mésaventure cocasse à la suivante, il doit faire face à une chaleur inexorable et étouffante, à tout un assortiment de bactéries meurtrières, à une mer polluée, à des poissons toxiques - le tout dans un pays où la seule musique que l'on peut entendre, à des kilomètres à la ronde, n'est autre que 'La Macarena ' ! Avec son amie, la vaillante Sylvia, ils vont passer leurs deux années à se battre contre des fonctionnaires gouvernementaux incompétents, contre toutes sortes de créatures d'une taille inquiétante, contre les caprices de l'électricité locale et contre des choix alimentaires plus que limités (sans parler de la consternante 'crise de la bière ') ; et à s'accommoder, aussi, d'un étrange assortiment de personnalités du cru, parmi lesquelles figurent 'Semi-Fredo ', dont les facultés mentales ont été quelque peu diminués par les abus de substances variées, et le poète lauréat autoproclamé du pays (un Britannique plus porté sur les verres, petits et grands, que sur les vers) .Avec « La vie sexuelle des cannibales », Maarten Troost nous offre un des récits de voyage les plus originaux et les plus drôles de ces dernières années - un récit qui permettra au lecteur de mieux apprécier certains produits courants de la vie moderne comme le café, les douches à volonté ou la presse à scandale, par exemple. Et qui pour une fois le laissera soulagé d'avoir vécu cette aventure par procuration.

Je pensais trouver un récit de vacances catastrophiques plein d'humour comme j'en ai déjà lu et je me suis retrouvée à lire le récit d'un européen citadin, qui vit à New-York, le vrai citadin, quoi, qui part s'installer pour deux ans au bout du bout du monde et qui s'étonne de ne rien y trouver de la vie moderne...
Déjà, la 4ème de couverture parlait de l'envers de la carte postale mais vous en avez vues beaucoup, vous, des cartes postales des îles Kiribati?
Certes, il y a des anecdotes qui m'ont fait sourire mais quel ennui tout au long de la lecture! J'ai tenu jusqu'au bout péniblement, parce que je l'ai reçu d’une mie qui me l’a passé!
Même le titre, je n'en ai pas trouvé la signification...tout à la fin du bouquin, on comprend qui sont les cannibales mais c'est tout.
Par contre, je pense presque tout connaître des îles Kiribati (prononcez Kiriiibass!) dont l'auteur à rempli des pages et des pages!
Que ces îles soient hyper mal desservies ne m'a, bizarrement, pas étonnée, qu'il y manque cruellement d'hygiène, non plus, qu'on y mange tout ce que l'on y trouve encore moins!
En bref, entre les 3/4 du livre consacrés à la géographie et quelques chapitres parlant de la corruption des fonctionnaires, on a droit à quelques mésaventures qui nous font gentiment sourire.
J'avoue avoir lu quelques pages en diagonale, d'autant plus que chaque chapitre est annoncé par un texte commençant par "où l'auteur va..." et qu'il ne fait que développer par la suite.
Même la fin était tout à fait prévisible.


Le résumé me tentait terriblement, dans le genre récit de voyage bourré d'humour... Puis j'ai lu quelques critiques qui m'ont fait douter du ton, du contenu et surtout de l'intérêt.
Quelle bonne surprise! J'avais bien choisi mon livre.
Après quelques brefs chapitres introductifs dans lesquels il nous permet de cerner son personnage principal, Troost nous présente un jeune occidental fraîchement diplômé, avec une excellente culture générale (il a vu du monde, étant néerlando-tchèque ayant ensuite migré aux États-Unis, et donc expérimenté diverses cultures. Occidentales.) et une bonne connaissance (théorique) du monde et de ses rouages, et ses pérégrinations au bout du monde. Ah oui, le personnage en question, c'est lui. Et lui, c'est le roi de la procrastination. J'ai pris quelques notes pour compléter les miennes...

Le voyage, les cultures, les anecdotes sur la vie des îles Kiribati, tout ça c'est très intéressant. C'est même très riche et juste.
Mais tout l'intérêt dans ce petit récit de voyage au bout du monde, c'est la manière dont l'auteur partage à quel point il (et nous avec) est inadéquat, inadapté à la vie parmi une culture et un climat du Pacifique aussi éloignés du mode de vie et de pensée occidental. Et par conséquent à quel point ses attentes (et celles des occidentaux qui s'exportent vers des cultures similaires) sont surréalistes.
J'ai tout particulièrement aimé toutes les références aux puissances impérialistes passées, présentes et préparant déjà l'avenir, leur interférence pour des raisons purement économiques, stratégiques ou ridicules, sans aucune considération pour la population locale.
Maarten Troost partage aussi de manière très drôle des tranches d'Histoire des îles Kiribati, ou du moins ce que l'on en sait, nous offre un condensé des essentiels pour éviter les faux-pas culturels et se faire avoir par les I-Kiribati, et la manière dont les diverses influences et objets occidentaux ont été intégrés à leur propre culture (et très souvent, pas les choses les plus utiles ou saines).
Et c'est son usage permanent de l'autodérision qui rend l'auteur aussi intéressant et même parfois attachant. Ok, carrément attachant.
Parmi mes thèmes préférés, toutes les histoires de Troost face aux requins, à la vague "surprise", la Macarena (et Ice Ice Baby) et aux avions.
Sur ce, je l'avoue, je file commander "Getting Stoned with Savages: A Trip Through the Islands of Fiji and Vanuatu". Parce que bon, des récits de vie sous des cieux aussi exotiques par un type que les embrouilles trouvent sans qu'il les cherche, ça me paraît incontournable.

En toute honnêteté, j'ai d'abord remarqué ce bouquin grâce à son titre des plus troublants. Comme beaucoup d'entre nous, je pense. Rien qu'avec ce petit détail, on imagine que l'on va tomber dans une histoire de sexe avec des vahinés naïves ou je ne sais quoi encore. Et puis, il y a cette description "avec un humour corrosif", là je n'ai pas pu résister.
Maarten est un jeune américain, fraîchement diplômé. Il décide de profiter de cette jeunesse pour découvrir le monde et plus particulièrement cette petite île du Pacifique Sud nommée Tarawa, de la république des Kiribati. Accompagné de son amie Sylvia, qui deviendra sa compagne, ils partent pour des heures de voyages, entre les arrêts dans des bleds paumés, des heures d'attente entre deux avions ... Ils arriveront finalement en bonne santé sur cette petite île perdue. Imaginez une belle plage avec l'eau turquoise, une belle carte postale à chaque réveil et de magnifiques couchers de soleils... Un rêve ? Ouais ... Mise à part tous les petits soucis qu'ils vont rencontrés, cela aurait pu être une vie idyllique. Voilà la réalité : Un cabanon qui ne tient tant bien que mal, l'eau qui ne parait pas si potable que cela, la barrière de la culture et de la langue avec les habitants ...
Où est le lien avec le titre ? Bonne question.
Ce qui est sûr, c'est que pour un roman autobiographique, il fut un coup de cœur total ! Entre un humour à mourir de rire et des détails sur l'histoire de Tarawa, des petites îles qui l'entourent, l'histoire du peuple y habitant avec leur culture et autre. Enrichir sa culture et ne pas voir passer les heures et les pages grâce aux fous rires que nous procure cette aventure, je ne vois pas ce que je pouvais demander de mieux.
Ce bouquin m'intriguant beaucoup, je partirais très facilement à la recherche d'autres œuvres du même auteur. Sa façon d'écrire est tellement vraie qu'il m'a mise en confiance aux bouts de quelques pages seulement et vous savez que je ne suis pas du tout dans ce genre de roman autobiographique. Voilà enfin un bouquin qui me fait changer d'opinion sur un genre qui n'est pas le mien.
Pour conclure, ce fut une merveilleuse et très agréable surprise. Si vous avez l'occasion de le croiser lors d'un vide grenier, de promotions et que vous appréciez ce genre d'humour tranchant, alors n'hésitez pas !

Lien : http://livres-et-compagnie.blogspot.fr/2013/07/la-vie-sexuelle-des-c..

Le titre et le résumé de ce livre m'intriguaient. Finalement, cet ouvrage ne correspond pas du tout à ce que j'imaginais. Je n'ai toujours pas compris pourquoi ce titre a été choisi et alors que je croyais avoir affaire à une fiction humoristique, il s'agit en fait du récit d'un vrai voyage dans le pacifique Sud. En effet, l'auteur raconte deux années passées dans les Kiribati avec sa femme Sylvia. Il décrit les mœurs particulières de la population, la beauté des paysages mais aussi l'envers du décor c'est-à-dire le manque d'hygiène, de nourriture, d'eau....
J'ai donc d'abord été plutôt déçue de ne pas trouver dans ce livre ce que j'attendais… De plus, j'ai eu du mal à rentrer dans l'histoire. le style m'a paru aux premiers abords ennuyeux et lent. Je suis passée vite sur certains passages qui m'ennuyaient profondément. Il m'est arrivé de sourire à plusieurs reprises aux sarcasmes de l'auteur mais La vie sexuelle des cannibales est loin d'être humoristique, il s'agit plutôt d'un récit autobiographique.
J'ai finalement commencé à apprécié ce livre après quelques chapitres. Le style de l'auteur devient plus agréable à lire, il nous fait souvent sourire et découvrir les Kiribati m'a intéressée. Comme beaucoup, je ne connaissais pas du tout cet endroit avant de lire ce livre. C'est sur une île minuscule que l'auteur et sa femme ont séjourné, tellement petite que peu de livre et de carte géographique la mentionnent. Malgré tout, Maarten Troost parvient à nous captiver. On découvre en même temps que lui les lieux avec nos yeux d'occidentaux, ont sourit à l'évocation de ses (nombreuses) mésaventures et ont prend plaisir à apprendre au fur et à mesure de nouvelles informations sur cette île.
On finit par s'attacher aux Kiribati mais aussi à l'auteur à force de le suivre au quotidien. Sa femme, elle, reste en retrait dans son récit, les autres personnages également. J'ai d'ailleurs eu du mal à me repérer parmi tous les personnages secondaires qui font que très peu d'apparition. Le nom des habitants de l'île sont difficiles à retenir et je ne me souvenais plus à chaque fois si la personne était originaire de l'île ou de l'extérieur.
Pour conclure, après une entrée en matière décevante, j'ai passé un agréable moment à lire La vie sexuelle des cannibales. La plume de l'auteur est appréciable et travaillée et j'ai beaucoup aimé découvrir la vie sur une île du pacifique sud, pas aussi paradisiaque que l'on peut penser...

« Il existait, me semblait-il, un décalage considérable entre les diverses hantises des Occidentaux concernant la santé publique et les réalités du Pacifique. La diarrhée et les infections aiguës des voies respiratoires, par exemple, tuaient près de dix pour cent des enfants de moins de cinq ans. Seulement, les « people », eux, ne meurent pas de diarrhée. Elizabeth Taylor n’organise pas de soirées payantes au bénéfice des personnes qui ont la courante. Donc, l’argent s’en va plutôt vers le sida que vers les diarrhées enfantines. Qu’il en soit ainsi ! Si les généreux donateurs veulent aider à combattre le sida plutôt que la diarrhée et la malaria qui tuent infiniment plus de monde dans les pays en voie de développement, je me garderai bien d’émettre la moindre critique. »

« Pour vous représenter les Kiribati, imaginez donc que tous les États-Unis (continentaux) disparaissent fort opportunément, ne laissant à leur place que Baltimore et une vaste étendue d’océan d’un bleu intense. Ensuite, hachez menu Baltimore, afin d’en faire trente-trois morceaux, mettez-en un là où se trouvait le Maine, un autre à l’endroit de la Californie, et ainsi de suite jusqu’à ce que vous ayez trente-trois petits bouts de Baltimore disséminés de manière à être sûr que trente-deux Baltimoriens sur trente-trois n’assisteront plus jamais à un match de l’équipe des Orioles. Après quoi, supprimez l’électricité, l’eau courante, les toilettes, la télévision, les restaurants, les buildings et les avions (à l’exception de deux très anciens modèles à hélice, entretenus par des personnes dont la langue ne comporte aucun mot signifiant « entretien »). Remplacez le tout par du chaume. Aplatissez toutes les terres pour obtenir une surface uniforme de soixante centimètres au-dessus du niveau de la mer. Jouez avec ces îles en faisant fondre les calottes polaires. Ajoutez des palmiers. Saupoudrez d’hépatite A, B et C. Incorporez de la dengue et des parasites intestinaux, sans cesser de remuer. Éloignez tout médecin. Isolez et faites cuire à une température constante de trente-huit degrés. Vous obtiendrez la république des Kiribati. »

« Le type a tamponné nos passeports. J’ai été content de constater qu’il s’agissait d’un petit tampon discret, ce qui nous changeait de la plupart des pays en voie de développement, qui paraissaient avoir décidé que, s’ils ne pouvaient pas être de grandes puissances, ils pouvaient au moins avoir de grands tampons, des témoignages de leur grandeur, surchargés d’ornements, occupant une page entière d’un passeport ordinaire, quand ce n’était pas deux. Plus le pays était insignifiant, houleux, dictatorial, plus le tampon était maousse. Donc la petite traînée d’encre laissée par notre préposé me paraissait prometteuse, comme si les Kiribati nous déclaraient : "Nous sommes petits. Nous nous en satisfaisons. Nous n’avons pas d’illusions."

« Un jour, avec ma bonne amie Sylvia, je suis allé m’installer sur un atoll dans la zone équatoriale de l’océan Pacifique. Cet atoll s’appelait Tarawa, et si quelqu’un qui croit avec ferveur que la Terre est plate devait atterrir un jour sur son rivage étique, il (ou elle) serait bien forcé (ou forcée) d’admettre qu’il (ou elle) vient d’arriver au bout du monde. Les cartographes eux-mêmes relèguent Tarawa dans les abîmes de la pliure ou bien à la lointaine périphérie de leur carte, signalant l’endroit sous la forme bienveillante d’un point minuscule qui n’en réussit pas moins à donner une idée tout à fait exagérée de sa taille. »

« Dans ces îles, il n’y a pas de force armée, parce que les citoyens reconnaissent, avec beaucoup de sagesse, que personne d’autre ne veut de leur pays. D’ailleurs, eux-mêmes ne sont pas fous de joie de l’avoir. »

Extrait

« Où l'auteur exprime certaines insatisfactions concernant l'état de son existence, médite brièvement sur de précédentes aventures et infortunes, puis, avec le concours de sa séduisante compagne, décide de renoncer à la vie qu'il connaît et de filer au plus vite vers des lieux inconnus. »

« Un jour, avec ma bonne amie Sylvia, je suis allé réinstaller sur un atoll dans la zone équatoriale de l'océan Pacifique. Cet atoll s'appelait Tarawa, et si quelqu'un qui croit avec ferveur que la Terre est plate devait atterrir un jour sur son rivage étique, il (ou elle) serait bien forcé (ou forcée) d'admettre qu'il (ou elle) vient d'arriver au bout du monde. Les cartographes eux-mêmes relèguent Tarawa dans les abîmes de la pliure ou bien à la lointaine périphérie de leur carte, signalant l'endroit sous la forme bienveillante d'un point minuscule qui n'en réussit pas moins à donner une idée tout à fait exagérée de sa taille. À l'époque, je ne concevais pas de meilleure destination que cet éclat de corail écrasé de chaleur. Tarawa, qui était bel et bien le bout du monde, est devenu, pendant deux ans, le centre du mien.
Il est dans la nature des livres tels que celui-ci - du genre récit de voyage, mâtiné d'aventure, d'humour et de souvenirs - d'invoquer une quelconque raison en guise de force motrice, d'irréprochable motivation à l'origine de cet étrange périple. On lira, par exemple : Depuis longtemps déjà, j'étais fasciné par le lama à cul rouge, que l'on croyait disparu depuis 1742, et je résolus d'en découvrir un ; ou bien : Je ne me sens vivre que quand je suis au seuil de la mort, donc le défi que représentaient l'ascension du K2, tout seul, sans oxygène, ni gants, puis sa descente de nuit, en snowboard, me paraissait prometteur; ou encore : Une longue carrière (deux ans et demi) dans le domaine du rachat de marques afin de parvenir à des solutions de réseaux optimales m'a rendu aussi riche que Crésus, ce qui ne m'a pas empêché d'être en proie à un curieux malaise, peut-être parce que j'étais désormais propriétaire de 372 gamins (très industrieux) au Sri Lanka; voilà pourquoi j'ai décidé un jour d'aller m'installer dans un pittoresque petit coin d'Europe, où les paysans me transmettraient leur savoir et où je produirais de l'huile d'olive. Et, ça ne rate pas, l'auteur ressort de son expérience un peu plus sage, un peu plus bienveillant, un peu plus tourné vers la vie spirituelle et mieux à même d'apprécier l'interconnexion des choses.
Qu'il me soit permis de dire ici, dès le départ, que je n'avais aucune raison particulière d'aller m'installer à Tarawa. L'exemple des Quakers d'an tan, celui d'un Thoreau ou d'un Gauguin (à vous de choisir) n'avaient aucune part dans ma décision de prendre congé de la civilisation occidentale, que je trouvais dans l'ensemble tout à fait à mon goût, particulièrement telle qu'elle se manifestait dans certaines régions d'Italie. Certes, j'avais mes soucis. Les bulletins d'information, le lien curieux existant entre la consommation et l'identité, les sportifs professionnels qui se mettaient en grève, Cokie Roberts, les diverses résurrections de la carrière de Geraldo Rivera, dignes de Lazare en personne, et la fin des Washington Redskins en tant qu'équipe de football capable de jouer les premiers rôles dans le championnat, étaient pour moi autant de sources de réflexion, voire d'inquiétude, quant à la direction que suivait dans son ensemble la société occidentale. Toutefois, aucun de ces sujets ne suffisait à justifier mon renoncement au confort continental. J'avais tout bonnement la bougeotte, fort probablement parce que je n'étais pas satisfait du tour qu'avait pris ma vie à l'époque, et s'il existait une meilleure raison, une raison plus irrésistible de tout plaquer pour partir s'installer au bout du monde, j'aimerais bien la connaître. »

 

Revue de presse


Un récit de voyage très drôle dans lequel la vie sur une île du Pacifique vire au cauchemar...
De ce séjour chez ceux qu'il surnomme affectueusement les "cannibales", Troost tire un récit curieusement enjoué, rondement mené, captivant, le plus souvent loufoque. Un page turner hilarant. Depuis ses deux années dans les Kiribati, cet ancien journaliste au Washington Post s'est installé en Californie et travaille désormais pour la Banque mondiale. Digne rejeton du grand écrivain voyageur Redmond O'Hanlon (l'auteur de l'inoubliable Au coeur de Bornéo), il aura réussi à renouveler le récit de voyage avec un humour décapant.

On s amuse ferme en découvrant l histoire vraie de ces deux années de séjour, aussi épouvantables qu’hilarantes, aux îles Kiribati, petite nation perdue au fin fond du Pacifique Sud qui pourrait bien être le pire endroit du monde.
À vingt-six ans, Maarten Troost qui s ingéniait à différer son entrée dans la vie active en accumulant les diplômes universitaires inutiles, avant d enchaîner les boulots intérimaires décide de partir pour Tarawa, un lointain atoll du Pacifique, capitale de la république des Kiribati.
L’idée de tout laisser tout tomber et de s’en aller au bout du monde paraît d’un romantisme échevelé à ce jeune homme déboussolé, mais incapable de tenir en place. Comme quoi, tout le monde peut se tromper.

« La vie sexuelle des cannibales » retrace l’épopée désopilante qui commence dès que Troost découvre que Tarawa n’est pas le paradis tropical dont il rêvait. Passant d’une mésaventure cocasse à la suivante, il doit faire face à une chaleur inexorable et étouffante, à tout un assortiment de bactéries meurtrières, à une mer polluée, à des poissons toxiques le tout dans un pays où la seule musique que l’on peut entendre, à des kilomètres à la ronde, n est autre que « La Macarena ». Avec son amie, la vaillante Sylvia, ils vont passer leurs deux années à se battre contre des fonctionnaires gouvernementaux incompétents, contre toutes sortes de créatures d’une taille inquiétante, contre les caprices de l’électricité locale et contre des choix alimentaires plus que limités (sans parler de la consternante « crise de la bière ») ; et à s’accommoder, aussi, d’un étrange assortiment de personnalités du cru, parmi lesquelles figurent « Semi-Fredo », dont les facultés mentales ont été quelque peu diminués par les abus de substances variées, et le poète lauréat autoproclamé du pays (un Britannique plus porté sur les verres, petits et grands, que sur les vers).
Avec La vie sexuelle des cannibales, Maarten Troost nous offre un des récits de voyage les plus originaux et les plus drôle de ces dernières années un récit qui permettra au lecteur de mieux apprécier certains produits courants de la vie moderne, le café, les douches à volonté ou la presse à scandale, par exemple. Et qui pour une fois le laissera soulagé d avoir vécu cette aventure par procuration.


è par son humour, Jan Marteen Troost nous fait voyager comme si on était avec lui !
J’ai aussitôt envie de lire un autre de ses livres sur son voyage au Fiji !
Ce livre est un des plus rigolos que j'ai lu depuis longtemps.
J'ai passé un bon moment à lire ce livre écrit avec beaucoup d'ironie. Il y a quelques longueurs, mais l'auteur a su m'intéresser à un sujet qui ne m'attirait pas particulièrement.

Une vraie démystification des "paradis" tropicaux, un bel envers du décor.

à lire absolument !!!!
Malgré un démarrage un peu lent, on entre rapidement dans l'univers déjanté des I-Kiribati. Vif et très distrayant ce témoignage décapant sur la vie quotidienne d'une île du pacifique sud vaut le détour !
Je suppose que cela ressemble à la Polynésie dans les années 70. Dans les iles visitées par Maarten Troost, les mœurs qu'il décrit des insulaires et de politiciens locaux n'ont apparemment pas trop changés...
 Malgré un démarrage un peu lent, on entre rapidement dans l'univers déjanté des I-Kiribati. Vif et très distrayant ce témoignage décapant sur la vie quotidienne d'une île du pacifique sud vaut le détour !