Panthéonnade
Deux des quatre cercueils transférés sont vides
Il n’est pas toujours besoin de grands drames pour mesurer la dégradation intellectuelle et morale des acteurs – comme on le dit désormais à juste titre – de la « scène publique ». Parfois de petits événements bien français y suffisent. On apprend ces jours-ci que le gouvernement a décidé le transfert au Panthéon des cendres de quatre résistants, deux hommes et deux femmes. Tous les quatre sont incontestables, si bien qu’on ne peut soupçonner l’État de ce préjugé paritaire qui, voici quelques années, l’avait amené à conférer la croix de la valeur militaire à une dame qui avait fui devant l’ennemi au cours d’une opération extérieure, plutôt que de présenter au ministre en visite un rang de récipiendaires trop exclusivement masculin. Ici le problème est différent. Des quatre cercueils transportés dans ce temple bizarre où voisinent des notaires inconnus, d’authentiques héros, des écrivains aux talents variés, deux seront vides. Les familles de Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle s’étant opposées à l’ouverture des caveaux de famille, leurs deux cercueils seront conduits au Panthéon lestés seulement d’un peu de terre. Il faut s’arrêter sur ce moment de dinguerie républicaine, dont le plus curieux est qu’il n’étonne plus personne.
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