dimanche 2 octobre 2016

MATTHEW

 
 

C'est en fin de nuit du 27 au 28, dans la lumière grise qui précède l'aube, que nous fûmes réveillés par de puissantes rafales annonciatrices de tempête…

L'eau clapotait le long de nos coques et une fois dehors, nos carcasses ensommeillées hissées sur le pont, que nous constatâmes que notre paysage familier de la veille avait changé ! et que l'atmosphère était devenue bien déplaisante…= un ciel menaçant, quadrillé d'éclairs, s'étendait  tout autour de nous, tout gorgé d'une énergie malintentionnée…Le vent commençait à agiter vigoureusement les palmes  des cocotiers qui bruissaient sous cette forte contrainte…

Afrodite avait dérapé !

Damned !

Cette brise impétueuse était en avance sur l'horaire prévue par les « spécialistes » qui n'annonçaient le coup de vent qu'à partir de midi, donc le temps de dormir afin d'être fin prêts.

Que nenni !

Les dispositions urgeaient avant de poursuivre vers les brisants : on était échoué sur un banc de sable, heureusement à marée basse (j'ai vérifié) donc avec le flot on aurait reflotté.

Mais Jean a fait appel à la SNSM, qui avaient eu ordre de ne faire aucune sortie à partir de 11 heures donc il fallait se manier. Car il fallait être déséchoués avant le renforcement du vent et faire face à la tourmente annoncée car apparemment un fougueux orchestre de nuées véhémentes s'apprêtait à nous jouer un boggie-woogie endiablé.

Ça allait swinguer au mouillage !

Déjà tout le monde mettait des pare-battages en place, des fois des pneus emballés dans des T-shirts…

Cette perfide embuscade de dame Nature nous a asticoté toute la journée de mercredi, semant un black-out complet dans la baie du Marin, Il fallait prendre notre mal en patience : après « Chantal » le 9 juillet 2013, voilà que nous subissions les forces de « Matthew ».

Bien calés dans le cockpit,  nous écoutions les assauts du vent faire craquer les coques et les haubans, priant pour que tout ça tienne le coup, bien amarrés au corps mort où la SNSM nous avait solidement souqués. La mâture gémissait sous les assauts de ce coup de tabac…

Dehors tout palpitait, dans tous les tons de gris, nous enserrant dans des griffes pluvieuses et orageuses…Le bruit des éléments en colère paraissait tournoyer à la ronde, venant nous renifler, intrus que nous étions  à entraver leurs courses folles, s'arrêtant parfois sur des formes chantournées sur notre pont pour finir par façonner un amalgame qui nous parvenait sous la forme d'une longue plainte tumultueuse…

Enfin le soir, tandis que le ciel retrouvait sa transparence cristalline, un soleil crépusculaire semblait comme suspendu au-dessus de la mer, embrasant le ponant, frémissant à la manière d'une vierge effarouchée, comme s'il avait peur de se laisser coir dans le noir de l'autre côté de l'horizon..

C'était passé !

MATTHEW poursuivait sa course folle vers l'Ouest, en se renforçant encore. La VHF était en marche depuis l'aube et nous écoutions les bulletins laconiques émis par le centre sur le canal 79 de la station du Marin.

Ouf, on allait pouvoir donner de nos bonnes nouvelles…sauf que…sans doute ces vents avaient-ils attaqué aussi le réseau électrique car les ondes wifi ne passaient plus…

 

 




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