Chaleur extrême, incendies, inondations, saison record des ouragans dans l’Atlantique… Le changement climatique a continué sa progression voire s’est accéléré en 2020, année classée parmi les plus chaudes jamais constatées. En décembre, l’Organisation des Nations unies a même appelé les gouvernements du monde entier à renforcer leurs mesures pour limiter ce réchauffement climatique .
Rien n’illustre mieux cette urgence que des images. Et celles prises au fil des ans par la Nasa sont éloquentes. Baptisée « Images of Change », la série de photos publiée par l’Agence spatiale américaine met en regard des photographies réalisées par des satellites, à plusieurs années d’intervalle, permettant de constater la fonte des glaciers, les inondations, les feux de forêts, l’expansion des villes ou la déforestation… Voici une petite sélection.
En Inde, le lac passe du vert au rose
En juin dernier, le lac Lonar, dans le centre-ouest de l’Inde, est passé du vert au rose. La cause ? Le temps chaud et sec a provoqué l’évaporation d’une quantité importante d’eau. Les scientifiques pensent qu’avec la hausse de la concentration en sel, une augmentation rapide du nombre de micro-organismes friands de sel a provoqué ce changement de teinte. Un phénomène similaire se produit périodiquement au lac Urmia en Iran et dans de nombreux lacs russes lorsque le temps chaud fait rétrécir les plans d’eau et que celle-ci devient plus salée.
Le lac Lonar en Inde, 25 mai 2020. (Photo : Nasa)
Le lac Lonar en Inde, 10 juin 2020. (Photo : Nasa)
L’Australie, de la sécheresse à des pluies records
Terres agricoles desséchées, lacs asséchés, poissons morts. De janvier 2017 à octobre 2019, l’État du Sud-Est, en Australie a connu sa plus faible pluviosité depuis près d’un siècle avec des vagues de chaleur record l’été. Une chaleur qui n’a pas été sans conséquence. L’arrivée de précipitations supérieures à la moyenne ensuite a modifié le paysage. Les images en couleurs de la Nasa montrent son verdissement en juin 2020 par rapport à mai 2018.
Sud-Est de l’Australie, le 25 mai 2018. (Photo : Nasa)
Sud-Est de l’Australie, le 5 juin 2020. (Photo : Nasa)
En Chine, la province de Wuhan à l’arrêt
Au-delà de leur beauté, les images de la Terre la nuit ont une utilité pratique. Les lumières nocturnes des villes, des autoroutes et d’autres infrastructures sont les empreintes de l’activité humaine sur la planète. Sur ces images de la province de Wuhan, en Chine (60 millions d’habitants), les fils de lumière représentent les autoroutes et les véhicules qui les empruntent. Particulièrement visibles en janvier 2020, elles ont disparu sur l’image prise le mois suivant en février, quand les autorités chinoises ont confiné la population et suspendu les déplacements, afin de contenir le coronavirus.
La province de Wuhan en Chine, le 19 janvier 2020. (Photo : Nasa)
La province de Wuhan en Chine, le 4 février 2020. (Photo : Nasa)
Philippines, la végétation du volcan sous les cendres
À deux heures de Manille, le volcan Taal avec son cratère-lac, sur l’île de Luzon aux Philippines, est entré en éruption de façon inattendue le 12 janvier 2020. Au cours des semaines qui ont suivi, des cendres lourdes et humides sont retombées, transformant le paysage vert et luxuriant en brun grisâtre. En séchant, la cendre a durci, passant d’une consistance de boue à celle de ciment, endommageant la plupart des cultures et autres végétations de l’île.
Volcan Taal, sur l’île de Luzon aux Philippines, le 6 décembre 2019 (Photo : Nasa)
Volcan Taal, sur l’île de Luzon aux Philippines, le 11 mars 2020 (Photo : Nasa)
Thwaites, le « glacier apocalyptique » de l’Antarctique
Long de 600 km, large de 120 km, le glacier Thwaites en Antarctique couvre une surface d’environ un quart de la France. Surnommé le « glacier apocalyptique », il fait partie des glaciers qui fondent le plus rapidement dans cette partie du globe à cause du réchauffement climatique. C’est un des plus gros contributeurs de l’élévation du niveau de la mer. Une épaisse masse de glace flottante, appelée « langue de glace », s’étend du glacier, qui repose sur un sol solide en Antarctique occidental, jusqu’à la mer d’Amundsen. Ces images montrent la fracture et la perte d’une grande partie de cette langue de glace entre 2001 et 2019. La quantité de glace qui s’écoule dans la mer depuis le glacier Thwaites a doublé en l’espace de trois décennies.
Glacier Thwaites, Antarctique, le 2 décembre 2001. (Photo : Nasa)
Glacier Thwaites, Antarctique, le 28 décembre 2019. (Photo : Nasa)
Cancún, le poids du tourisme de masse
En 1970, Cancún , au Mexique, était une petite commune pauvre d’environ 100 habitants. Elle est devenue une énorme station balnéaire pour les vacanciers venus de l’étranger, avec 2 millions de visiteurs par an pour une ville de maintenant 740 000 habitants. Le tourisme représente un quart des recettes touristiques du pays, mais l’environnement en paye le prix fort avec une importante pollution de l’eau et une érosion des plages. Ces images montrent la croissance de la ville de 1985 à 2019.
Cancún, au Mexique en 1985. (Photo : Nasa)
Cancún, au Mexique en 2019. (Photo : Nasa)
Le Soudan, noyé sous les eaux du Nil
En août 2019, le Soudan a connu de graves inondations après des pluies sans précédent. Khartoum, la capitale de ce pays africain, et les zones situées au sud du confluent du Nil Blanc et du Nil Bleu, ont été parmi les zones touchées par ces crues soudaines. Ces inondations massives ont fait des morts et des centaines de milliers de déplacés.
Soudan, août 2018. (Photo : Nasa)
Soudan, août 2019. (Photo : Nasa)
En Irak, le Tigre engorgé
Après une grave sécheresse en 2018, l’ hiver et le printemps exceptionnellement humides de 2019 ont fait gonfler les rivières, les lacs et les réservoirs de l’Irak. Depuis janvier, de nombreuses régions du pays ont connu des précipitations deux ou trois fois supérieures à la normale. Une grande partie de cette eau a migré dans le Tigre . Le fleuve engorgé a fait monter le niveau d’eau du plus grand réservoir d’Irak, situé derrière le barrage de Mossoul, qui est à son plus haut niveau depuis au moins une décennie.
Le Tigre en Irak, en avril 2015. (Photo : Nasa)
Le Tigre en Irak, en avril 2019. (Photo : Nasa)
La Californie après les flammes
L’incendie Woolsey a ravagé en quelques jours, près de 40 000 hectares en Californie du Sud en novembre 2018. Des feux dévastateurs qui ont laissé une cicatrice sur les paysages entre Los Angeles, Thousand Oaks et Malibu. Dans le Nord, un autre feu de forêt a été le plus meurtrier de l’histoire de l’État, avec plus de 6 500 maisons détruites, la plupart à Paradise, une ville de 27 000 habitants.
Sud de la Californie, avant l’incendie, le 3 novembre 2018. (Photo : Nasa)
Sud de la Californie, après l’incendie, le 11 novembre 2018. (Photo : Nasa)
Le glacier Qori Kalis, au Pérou
Le Pérou n’est pas uniquement célèbre pour sa forêt amazonienne ou les vestiges incas du Machu Picchu. Il fait aussi parler de lui pour ses nombreux glaciers en danger. Au cours de ces dernières décennies, le pays a vu fondre plus de la moitié de sa surface glaciaire. À l’instar du Qoro Lakis, dans la cordillère de Andes, qui est l’un des rares glaciers tropicaux dans le monde. En 2011, ce glacier s’était complètement retiré, laissant un lac de 60 mètres de profondeur et d’une superficie de 35 hectares.
Le glacier Qori Kalis au Pérou, juillet 1978. (Photo : Nasa)
Le glacier Qori Kalis au Pérou, juillet 2011. (Photo : Nasa) C’est une première dans le monde scientifique. En Afrique, des chercheurs ont révélé l’existence de deux girafes aux pattes plus courtes que leurs congénères.
Là où cet animal est caractérisé par un long cou et des pattes assez grandes, un premier spécimen aux petites pattes a été observé en Ouganda en décembre 2015. Puis, tout juste un an plus tard, une autre girafe, de sexe mâle également, et présentant la même caractéristique, a été étudiée dans une ferme privée du centre de la Namibie.
Des os trop petits
Les deux chercheurs, Michael Butler Brown et Emma Wells, tous deux biologistes au sein de la Giraffe Conservation Foundation, ont donc cherché à élucider ce mystère.
Pour cela, ils ont photographié toutes les girafes possibles pour pouvoir comparer leurs mensurations.
Il est apparu que les métacarpes des deux girafes naines mesuraient 37,6 et 50,5 centimètres contre 65,1 cm en moyenne chez des girafes d’âge équivalent. Le radius, un autre os des pattes, était également plus court d’environ 20 centimètres.
« Ces girafes présentent un radius et un métacarpe [deux os situés dans les jambes] plus petit que d’autres girafes du même âge », explique leur étude publiée dans la revue BMC Research Notes .
Comme l’explique ce document scientifique publié le 30 décembre 2020, ces girafes sont atteintes de « dysplasie squelettique », c’est-à-dire une anomalie du développement osseux qui, dans leur cas, a conduit à des pattes plus courtes et donc à une forme de nanisme.
La cause reste inconnue
Impossible pour l’instant d’établir la cause de cette anomalie, d’autant qu’elle est rarissime. En revanche, les deux chercheurs expliquent que les cous des deux girafes sont deux cas différents : chez l’une, il est plus grand que la moyenne, alors qu’il apparaît plus petit chez l’autre.
Si des cas de nanisme ont déjà pu être observés chez des animaux domestiques comme des chats, des vaches, des cochons ou même des rats, « les observations sur des animaux sauvages sont rares », précise l’étude. Jusqu’alors, seuls des rennes en Écosse ou un éléphant au Sri Lanka présentant une anomalie similaire avaient été observés et étudiés.
« Cette première description de nanisme chez les girafes reste la preuve est un exemple montrant que l’on sait encore très peu de choses sur ces animaux iconiques », souligne la fondation pour la conservation des girafes.
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