Fin officielle du VG virtuel le 15 mars 2021 à 16H, nous y sommes !
EPILOGUE DU VG 2020 : quand la fiction se confond avec la réalité et inversement ….
Plus de 2 mois après avoir franchi la ligne d’arrivée, je tenais vraiment à me déplacer aux Sables d’Olonne pour interviewer le dernier concurrent classé. Je dis bien classé parce que les concurrents qui arriveront après 16H aujourd’hui 15 mars 2021 seront « hors délai » et donc non classés.
Certains d’entre eux se sont échoués sur une côte brésilienne et n’ont plus l’intention d’en repartir. C’est bien connu les plages brésiliennes attirent énormément de monde uniquement en raison de la qualité de leur sable. D’autres ont eu un destin bien différent et côtoient à la suite de leurs naufrages dans l’antarctique : éléphants de mer, otaries, albatros et manchots.
Je vais donc ici vous relater ma rencontre avec la « lanterne rouge » du VR 2020 qui a pris le temps de répondre à mes questions. « Lanterne rouge » comme celle que l’on mettait jadis à l’arrière du dernier wagon des rames de trains !
Vous voilà donc classé à la dernière place de cette course mythique ?
Oui, je suis le dernier concurrent classé et c’est un très grand honneur pour moi. Je suis fier d’avoir devancé plus de 500 000 concurrents hors délai et de m'être battu jusqu’au bout pour conserver cette belle place. Je suis exténué et blessé dans ma chair mais encore debout. J’ai réussi à éviter les OFNI et OFI (bateau de pêche par exemple) laissés volontairement par des concurrents peu scrupuleux sur la route qui me menait aux Sables !
C’est à dire ?
Depuis une semaine, nous sommes quelques-uns à nous être livré une bataille féroce ! Bataille pour terminer dernier mais en évitant à tout prix d’arriver hors délai. J’ai réussi mon pari de très peu. Il a fallu la photo finish pour classer les 4 bateaux qui luttaient pour terminer dernier. Féroce parce que des concurrents plutôt malhonnêtes n’ont pas hésité à user de subterfuges pour que je les double ou que j’abandonne. Finalement c’est EOLE qui m’a choisi ! Grâce à un ultime souffle à la proximité de la ligne d’arrivée dans les voiles des bateaux concurrents, j’ai réussi miraculeusement à conserver cette lanterne rouge !
Qu’avez-vous appris lors de ce tour du monde ?
[Il rit.]. J’ai découvert la capacité humaine à rebondir et à trouver des ressources pour régler des problèmes. Quand je pète mes courroies d'alternateur, eh bien, je me démerde pour fabriquer du courant.
Cela fonctionne aussi avec les soucis physiques. Quand j'ai eu les côtes cassées, je me suis glissé dans le couchage, sans savoir comment j'allais ramener le bateau. Le lendemain ou le surlendemain, j'ai réussi à ramper sur le pont pour faire une manœuvre, puis, au fil des jours, à me mettre à genoux et finalement debout. C'est aussi bête que ça. Confronté à l'absence de choix, on se démerde.
Un des navigateurs a qualifié de "grand n'importe quoi" et de "ridicule" la différence de niveau entre les participants. Avez-vous été blessé par ces propos ?
C'est de la méchanceté et ça ne fait pas plaisir aux autres concurrents. Il dit ce qu'il veut, mais ce sont sans doute des paroles déplacées, pas dignes d'un marin, du champion qu'il a été et qu'il n'est plus. Cela fait des années et des années que nous nous croisons sur les pontons. Il ne m'a jamais adressé la parole, ni même serré la main. Il a envie d'être comme ça. Il pense que le centre du monde tourne autour de son port d'attache.
Ce qui intéresse le public, c'est évidemment le duel superbe entre champions pour la victoire. IIs nous ont offert une compétition sportive de très grand niveau avec un écart minime entre eux à l’arrivée. Mais il y a aussi toutes les aventures, toutes les histoires autour, une mixité des projets. S'il y a tant d'engouement autour du dernier en course, c'est bien évidemment pour fêter la fin de la course, une épreuve sportive mais aussi une aventure.
Vous étiez deux sur cette course avec votre meilleur compagnon : votre bateau. Prêt à repartir dessus pour un nouveau Tour du Monde ?
Je suis prêt à en refaire un. Si la course repartait demain, je repartirais avec ce bateau, oui. Peut-être avec quelques différences, mais avec le même projet. Nous l'avons préparé avec nos idées, notre savoir-faire, sans aucune expérience. Ce n'est pas mal pour moi, pour mon frère qui a pris la direction technique, pour l'équipe. C'est une fierté.
NB : les deux derniers paragraphes en italique reprennent à peu près en totalité, mot pour mot l’interview, donné par le dernier du VG2016 à Fabien Magnenou de Francetvinfo, seuls les noms des interlocuteurs ont été modifiés ou supprimés. Nous comprenons bien à travers ce témoignage que les participants aux VG sont des personnages vraiment exceptionnels.
Pour ma part, à l’instar de ce qu’a écrit F. AMEDEO dans « Seul face au large » il y a toujours eu deux catégories de marins sur le VG : les compétiteurs et les aventuriers. En effet, si Ari HUUSELA n’est pas là pour boucler le tour en 115 jours comment savoir que les 74 jours de Yannick BESTAVEN représentent une performance hors du commun. La cohabitation de ces deux catégories de marins dans les futurs VG parait donc indispensable. Qu'en pensez vous ?
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