samedi 10 avril 2021

Les funérailles du prince Philip auront lieu samedi 17 avril au château de Windsor

Le palais de Buckingham a fait savoir que seules trente personnes seraient présentes lors de ces obsèques privées, en vertu des règles sanitaires en vigueur. Le prince Harry, qui depuis un an et son retrait fracassant de la monarchie réside en Californie, sera présent.






 Un homme au destin exceptionnel.


Aux côtés de sa femme, la reine d'Angleterre Elizabeth II, il a vu défiler plusieurs générations de chefs d'Etat : Churchill, Margaret Thatcher jusqu'aux plus contemporains. Le grand blond dont le coeur battait pour la Royal Navy a passé plus de 73 ans dans les couloirs feutrés de Buckingham. Dans l'ombre de sa femme, il était celui qui la faisait rire, un exercice primordial dans le monde corseté de la royauté. Ce vendredi, le Duc d'Édimbourg est mort à l'âge de 99 ans. Il aurait dû fêter son centième anniversaire en juin. Avec le décès du Prince Philip, la couronne britannique - déjà fragilisée par de nombreux scandales - perd l'un de ses piliers. 

La reine d'Angleterre Elizabeth II et son époux le Prince Philip, duc d'Edimbourg, visitent le site de l'ancien camp de concentration de Bergen-Belsen le 26 juin 2015

La reine d'Angleterre Elizabeth II et son époux le Prince Philip, duc d'Edimbourg, visitent le site de l'ancien camp de concentration de Bergen-Belsen le 26 juin 2015

Ils se croisent brièvement en 1934 lors du mariage d’un cousin de la reine, alors que tous deux étaient encore très jeunes: elle avait 13 ans, lui en avait 18. Mais c’est quelques années plus tard, en 1939, que leur histoire commence et qu’Elizabeth, jeune adolescente, serait tombée amoureuse de celui qui deviendra son époux et duc d’Édimbourg. Appelé pour être le chaperon d’Elizabeth et de sa sœur Margaret, le prince de Grèce et du Danemark ne laisse pas la future reine d’Angleterre indifférente, au point que cette dernière aurait gardé une photo de lui dans sa chambre.

Cette année-là, ils commencent à échanger des lettres, sans savoir peut-être que deux ans après la guerre, le 20 novembre 1947, ils seraient mariés l’un à l’autre. Un mariage auquel 2000 personnes ont pu assister, et qui fut diffusé en direct par la BBC Radio pour le plus grand plaisir de millions d’auditeurs. Une première pour un mariage royal.

Après le mariage d'Elizabeth II et du prince Philip, le 20 novembre 1947
Après le mariage d'Elizabeth II et du prince Philip, le 20 novembre 1947

Deux pas derrière la reine

Si le prince Philip, né à Corfou en 1921, a été le soutien sans faille d’Elizabeth II pendant plus de soixante-dix ans, et le père de leurs quatre enfants - Charles, Anne, Andrew et Edward - son union avec la reine lui a demandé des sacrifices.

À commencer par le renoncement à son titre de prince de Grèce et du Danemark, afin qu’il puisse prendre la nationalité britannique et devenir duc d’Édimbourg, puis prince du Royaume-Uni en 1957. Quelques années plus tôt, en 1952, il avait déjà dû renoncer à sa carrière d’officier dans la Royal Navy.

Mais ni cela, ni le fait de devoir marcher deux pas derrière son épouse, n’ont eu raison de sa loyauté envers la reine. “J’étais évidemment déçu parce que je venais d’être promu commandant. En fait, la partie la plus intéressante de ma carrière navale commençait à peine. Mais de la même manière, en y réfléchissant un peu, étant marié à la reine, il me semblait que mon premier devoir était de la servir du mieux que je pouvais”, affirmait-il lors d’une interview en 2011.

La clé de la longévité de leur amour s’est d’ailleurs certainement trouvée dans l’équilibre que le couple a construit entre les intérêts de la couronne et les leurs. Le prince Philip a toujours su s’effacer en public pour être le second de sa femme, même si cela lui a coûté. “Je ne suis qu’une foutue amibe, ici!”, aurait-il lâché. Mais en privé, il était le chef de famille, réussissant à obtenir de son épouse certaines concessions, tel que le changement de nom patronymique de leurs enfants pour Mountbatten-Windsor, comme le rappelle Le Figaro Madame.

Mariage heureux

“Cela a été un défi pour nous, mais avec l’expérience, je pense que nous avons trouvé une répartition judicieuse des tâches et un bon équilibre entre nos intérêts personnels et communs”, indiquait-il lors d’un discours à Londres à l’occasion de leur 50e anniversaire de mariage, en 1997. “La principale leçon que nous avons tirée est que la tolérance est l’ingrédient essentiel de tout mariage heureux. Cela peut sembler ne pas être si important quand les choses vont bien, mais c’est crucial en cas de difficultés. Et vous pouvez me croire que la reine possède la qualité de tolérance en abondance”.

Même les rumeurs d’infidélité, jamais démontrées par ailleurs, n’ont fait plier le couple. Des rumeurs nées en 1948, d’une aventure entre le prince Philip et la danseuse Patricia Kirkwood. “On racontait beaucoup de choses, tempère Stéphane Bern. On disait surtout que son meilleur ami et secrétaire particulier, Michael Parker, lui amenait des show-girls. Il y a certainement eu une duchesse ou deux... Je crois que tout le monde lui prêtait beaucoup, sans doute plus qu’il n’en a fait”, relative Stéphane Bern, auprès du Figaro Madame.

De son côté, le duc d’Édimbourg a balayé les rumeurs lorsqu’en 1992, il pose les questions rhétoriques suivantes pour The Independent: “Avez-vous jamais réfléchi au fait que ces quarante dernières années, je n’ai jamais été nulle part sans qu’un policier m’accompagne? Alors comment diable pourrais-je m’en tirer comme ça?”

Mon chou

Malgré ces rumeurs et les doutes profonds de la famille Windsor sur celui que la reine avait choisi, leur vie maritale a connu des jours paisibles, comme ceux passés dans la Villa Guardamangia, sur l’île de Malte, qui, d’après le Guardian, leur a servi de repère, et où l’on a pu les voir apprécier des soirées, des pique-niques et des balades en bateau. “Aller à Malte était toujours particulier pour moi. Je me souviens de jours heureux ici avec le prince Philip, lorsque nous venions de nous marier”, se souvenait Elizabeth II en 2015.

À en croire le réalisateur de “The Queen”, Stephen Frears, le prince Philip surnommait même son épouse “mon chou”. “J’ai enquêté auprès du cercle royal et j’ai appris de source sûre que c’était comme ça que le duc appelait la reine”, soulignait à l’époque le scénariste Peter Morgan pour le Times. “Move over, cabbage!” (Pousse-toi, chou!), entend-on ainsi dans ce film de 2006.

De son côté, à plusieurs reprises, et pas uniquement à propos des mois ayant suivi leur union, la reine a pris soin de louer les qualités de son époux et le rôle crucial qu’il a joué à ses côtés. “Il est quelqu’un qui n’accepte pas facilement les compliments. Mais il a, tout simplement, été ma force et mon soutien durant toutes ces années et nous -moi, sa famille entière, notre pays et de nombreux autres- lui devons une dette plus grande qu’il ne l’admettrait jamais, ou dont nous n’aurons jamais conscience”, a-t-elle déclaré en 1997 dans un discours pour célébrer leurs noces d’or.


En 2017 encore, Elizabeth II remerciait le prince Philip pour son “soutien” durant 70 ans de mariage et saluait son “sens unique de l’humour”. Pour Philippe Chassaigne, spécialiste de la monarchie britannique et professeur d’Histoire contemporaine à l’université de Bordeaux-Montaigne, contacté par 20 Minutes, la reine perd ainsi “l’un de ses piliers (...) Si elle est le point de ralliement de toute une Nation, Philip, lui, était son point de ralliement à elle”.



RÉACTIONS 



Le Premier ministre britannique Boris Johnson a salué "la vie et le travail extraordinaires" du prince Philip et présenté ses condoléances à la reine Elizabeth II et la famille royale. "Nous sommes en deuil, avec Sa Majesté la reine, nous lui présentons nos condoléances, à sa famille" et "la nation et le royaume offrent leurs remerciements pour la vie et le travail extraordinaires du prince Philip, duc d'Edimbourg", a déclaré le chef du gouvernement devant Downing Street. 
De l'autre côté de l'Atlantique, le prince Philip "représentait le Royaume-Uni avec dignité", salue George W. Bush 

Les médias britanniques et internationaux rendent hommage au Prince Philip

Les médias britanniques et internationaux célèbrent l'union du couple royal et rendent hommage à la longue carrière du consort d'Elizabeth II.

Hommage au prince Philip à Piccadilly Circus, à Londres, le 9 avril 2021

Hommage au prince Philip à Piccadilly Circus, à Londres, le 9 avril 2021




Le Prince Philip est en Une de nombreux journaux britanniques et internationaux ce samedi. Au Royaume-Uni, la presse a retrouvé son unité pour rendre hommage ce samedi à l'époux de la reine Elizabeth II, décédé vendredi. 

Beaucoup de titres ont relevé la longévité de ce couple hors normes et les liens forts entre Philip et Elizabeth. Le prince consort, décédé à l'âge de 99 ans, était le "soutien indéfectible" de la reine, selon le Times et le Guardian, ou encore "son roc", pour le Daily Star. Pour ce journal, le prince Philip était aussi celui qui "faisait rire Lilibet", le surnom affectueux qu'il donnait à son épouse Elizabeth. Pour le Times, le couple royal "riait encore comme de jeunes mariés" après soixante ans de mariage.  

De nombreux journaux reprennent l'expression utilisée par la reine au sujet de son mari en 1997, "my strenghth and stay", que l'on peut traduire par "ma force et mon séjour". Le Times est entouré d'une double-Une consacrée à Philipp, raconte le Guardian, avec sur la première page une photo du prince en habit militaire, et au dos une citation du prince au sujet de son rôle de consort. "Il n'y avait aucun précédent. Si je demandais à quelqu'un : 'Qu'attendez-vous que je fasse ?' ils avaient tous l'air vide. Ils n'en avaient aucune idée." 

"Nous pleurons tous avec vous, Ma'am"

Les tabloïds Daily Mirror et Daily Mail, qui affichent normalement des positions politiques diamétralement opposées, ont publié des unes presque identiques avec une photo du couple et le titre "Adieu mon bien-aimé" pour le Mirror et "Au revoir mon bien-aimé" pour le Mail. Ce dernier relève également l'unité retrouvée de la famille royale, avec le prince Harry prêt à rentrer "à la maison", selon le journal, depuis son exil américain et sa récente prise de distance avec les siens. Le Mirror, au contraire, estime que le décès du Prince Philip "laisse la famille royale en crise, divisée et embourbée dans des controverses". Le Daily Mail publie par ailleurs à cette occasion le "plus long journal" de son histoire, avec 144 pages. 

"Nous pleurons tous avec vous, Ma'am", assure de son côté le Sun en publiant en première page une photo du couple royal lors de son mariage en 1947. "Quelle vie extraordinaire. Quel service héroïque et exemplaire il a donné à sa reine et à son pays. Quel personnage, quel joker", assure le journal dès les premières lignes de son article principal consacré à l'événement. A l'intérieur, une double page revient sur sa naissance et les origines de sa famille. 

En Écosse,The Press and Journal a salué celui qui était aussi duc d'Édimbourg, avec une vieille photo du couple royal et de ses enfants portant des kilts. 

D'autres titres relèvent également cette "vie au service" de la couronne, comme le Herald, qui fait aussi la liste des "connexions écossaises" du Prince Philip.  

"Une vie de service", c'est aussi le titre de l'Evening Standard, tandis que le Daily Telegraph salue "le serviteur le plus loyal de la Grande-Bretagne". Le Daily Express célèbre de son côté l'"indomptable duc" tout en se joignant au "profond chagrin" de la reine. 

Le Financial Times est l'un des rares titres de la presse britannique à ne pas consacrer toute sa Une à l'événement, accordant aussi un peu de place aux vendanges en France ou à la faillite de Greensill Capital.  

Dans un article d'opinion, le Prince Philip est désigné comme le "yang royal au yin de la Reine". Seule note discordante, le Morning Star, quotidien de gauche qui n'a jamais caché son opposition à la monarchie, a publié un éditorial intitulé : "Philip personnifiait la vanité absurde d'un ersatz de patriotisme". 

La presse du Commonwealth revient sur les visites de Philip

À l'étranger, la presse du Commonwealth rend également hommage au prince consort, en se concentrant souvent sur les visites du Prince Philip dans le pays. C'est le cas du quotidien national The Australian, qui compte 20 visites du consort de la Reine dans le pays et évoque aussi sa loyauté envers la souveraine.  

Times of India évoque quant à lui "trois visites royales" en Inde et revient sur "la controverse du tigre". En 1961, le prince Philipp qui venait de devenir président de l'ONG World Wildlife Fund, a été photographié avec un grand tigre qu'il avait tué à la chasse, causant une polémique.  

A la Une du quotidien canadien National Post, c'est un dessin du Prince Philip, surmonté d'une citation d'Elizabeth II : "Le seul homme que j'ai jamais aimé".  

Aux États-Unis, la presse célèbre également le couple royal, et rend hommage à la longue carrière du prince. L'hebdomadaire Newsweek fait sur son site la liste des "moments clés où le Prince Philip a soutenu" la reine. Le magazine TIME rappelle que le mariage de Philip et Elizabeth était aussi "incroyablement complexe", et affirme que "cet aspect de l'histoire a été montré dans la série The Crown". Le New York Times quant à lui a posté sur son compte Twitter un montage d'actualités du mariage royal de 1947, et de vidéos plus récentes.  




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