lundi 23 août 2021

PIANO SENSUEL

 



Une fougue et un romantisme que l’on retrouve chez Khatia Buniatishvili qui, lorsqu’elle est derrière son piano, s’autorise toutes les attitudes, toutes les émotions et toutes les tenues. Ses robes et décolletés défraient la chronique. Son look « 
émoustille beaucoup le public du classique [...] bouscule voire dérange ce monde feutré » selon Renaud Villain du magazine Stupéfiant!, et lui vaut de nombreux surnoms attribués par la presse généraliste : la « Betty Boop du piano » ou la « pop star du classique. ».


L’émotion, c’est ce qui semble toujours guider et motiver Khatia Buniatishvili. Elle choisit par plaisir, par affinité, y compris en dehors de sa musique. Comme Frédéric Chopin 180  ans avant elle, la pianiste élit par exemple domicile à Paris, capitale dans laquelle elle dit se sentir bien, tout simplement. En 2017, elle obtient même la nationalité française.

Buniatishvili & Cie

On connaît bien la Khatia Buniatishvili (super)soliste, au devant de l’orchestre, mais on connaît moins la Khatia Buniatishvili chambriste : en duo avec Renaud Capuçon, en trio avec le violoniste Gidon Kremer et la violoncelliste Giedre Dirvanauskaite, ou encore à quatre mains au piano avec sa soeur Gvantsa Buniatishvili.

Avec la musique de chambre, Khatia Buniatishvili témoigne de sa fidélité envers les compositeurs romantiques (Schubert, Liszt, Brahms, Franck, Dvorak) mais se permet aussi d’explorer d’autres répertoires. Explorations poursuivies en soliste par la pianiste et que l’on retrouve dans deux de ses disques : Motherland (2015)et Kaleidoscope (2016). 

Rachmaninov et la Russie

Sergueï Rachmaninov occupe aujourd’hui toute l’attention de Khatia Buniatishvili : en 2017, elle lui a consacré son dernier disque et a fait entendre ses concertos partout à travers le monde. 

Un parallèle est souvent établi entre le compositeur et la pianiste : lui a quitté l’Union soviétique au lendemain de la révolution d’octobre 1917, et elle refuse toute invitation à se produire en Russie, dénonçant la politique menée par son président Vladimir Poutine. « Pour moi, les choses sont très claires : on n’envahit pas un pays qui ne vous appartient pas », déclarait-elle au journal Libération au sujet de la Crimée .

Khatia Buniatishvili apprécie pourtant peu ce parallèle car elle n’encourage pas la récupération politique des grands noms de la musique.En 2016, sur le plateau de l’émission 28 Minutes, elle rappelle que ce qui l’intéresse en premier lieu chez Rachmaninov, ce sont ses oeuvres. 

Les 1er et 2 mars 2018, sur la grande scène de l’Auditorium de Radio France, Khatia Buniatishvili interprète le Concerto n°2 de Rachmaninov, une pièce du répertoire pour piano qu’elle affectionne tout particulièrement et dans laquelle elle trouve « une vraie complexité, cachée derrière le charme et la générosité »*. Un concerto qui se trouve, finalement, bien à son image. 

*Khatia Buniatishvili en avril 2017, dans la Récréation de Vincent Josse sur France Inter


Au XIXe siècle, certaines critiques reprochaient à Franz Liszt de sombrer dans le spectaculaire, au détriment de la musique. Deux cent ans plus tard, Khatia Buniatishvili est elle aussi jugée pour le romantisme et la liberté de ses interprétations. Face aux critiques, la musicienne garde le cap et revendique le droit de se réapproprier chaque oeuvre, de les interpréter sans forcément respecter la tradition ou le modèle imposé par ses prédécesseurs.  

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