samedi 23 octobre 2021

MINI TRANSAT

 C’est une décision d’une ampleur inédite dans l’histoire de la course au large : 80 skippers se voient attribuer une bonification qui réduit de 24 heures leur temps de course à l’issue de la première étape de la Mini Transat. Une journée de mer !

On se souvient que cette première étape de la Mini Transat EuroChef 2021 entre Les Sables-d’Olonne et La Palma avait été très, très mouvementée. Il y avait eu un démâtage, il y avait eu un naufrage, il y avait eu des attaques d’orques, il y avait eu l’éruption du volcan Cumbre Vieja sur l’île de l’arrivée, les cendres qui recouvrent les bateaux de la flotte… Il y avait eu encore le témoignage d’un skipper abordé par un bateau de pêche. Un scénario hallucinant, aux multiples rebondissements, digne d’une série Netflix, dont nous vous avions raconté les péripéties entre autres dans cet article : « Volcan en éruption, attaques d’orques, coup de vent, naufrages : la Mini Transat déjà légendaire ». Côté compétition, il y avait eu aussi les grandes échappées des quatre premiers prototypes ponctuées par la victoire de Tanguy Bouroullec.

Mais il y avait surtout eu aussi cette longue escale de presque toute la flotte dans des ports espagnols pour s’abriter d’un coup de vent, sur conseils de la direction de course, qui faisait polémique. Parce que tout le monde ne s’était pas arrêté, à l’image du jeune skipper allemand de 19 ans, totalement inconnu du grand public, Melwin Fink, qui avait gagné en bateaux de Série cette première étape à La Palma avec une énorme avance, comprise entre un et quatre jours sur tous ses concurrents.

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Reprenons. Pour faire simple, il y avait polémique sur les termes employés dans les messages de la direction de course au moment du coup de vent, notamment sur les expressions « on vous demande » et « on vous conseille » de vous abriter. Dix-neuf skippers avaient porté réclamation. Le vainqueur Melwin Fink, lui, avait expliqué pourquoi il n’avait pas jugé nécessaire de s’arrêter .

La décision officielle et sa motivation

Réuni depuis trois jours, le Jury International (qui, rappelons-le, est totalement indépendant de la Direction de course) a tranché. Voici sa décision officielle retranscrite par le service presse de la course :

Mercredi 20 octobre, le Jury international en charge de l’instruction des réclamations de 19 coureurs de la 23e édition de la Mini Transat EuroChef déposées à l’issue de la première étape a rendu son verdict. Celui-ci a estimé que les recommandations, les informations ou les conseils de s’abriter dans le port le plus proche donnés par la Direction de Course le 1er octobre dernier, après l’émission d’un BMS (bulletin météo spécial) concernant les zones Finisterre Sud et Finisterre Nord, avaient été vagues et imprécis, et donc pas clairement compréhensibles pour les concurrents. Par voie de conséquence, le Jury a jugé que cela constituait une action inadéquate. La décision a ainsi été prise d’octroyer réparation à l’ensemble des 80 skippers concernés. En l’occurrence, 24 heures vont être déduites de leurs temps de course.

Cette bonification ne concerne pas les quatre premiers du classement Proto (qui ne s’étaient pas arrêtés car déjà échappés très au Sud loin du mauvais temps, ndr). Elle ne touche pas non plus les marins qui ne se sont pas arrêtés à la suite du message météo transmis par la DC, c’est-à-dire Piers Copham (n° 719 – Voiles des Anges), Melwin Fink (n° 920 – SingForCom) et Christian Kargl (n° 980 – All Hands On Deck), ce dernier ayant seulement réalisé une escale technique à la suite d’un black-out.

Hugo Dhallenne revient à moins de deux heures de Melwin Fink et devient un des grands favoris pour la victoire finale à l’issue de la deuxième et dernière étape vers la Guadeloupe (départ le 29 octobre). | VINCENT OLIVAUD

Podium Série modifié : Melwin Fink conserve sa victoire, Hugo Dhallenne passe à la 2e place et devient favori

Dans ce contexte, l’ordre du podium de la première étape de l’épreuve se trouve modifié. Le jeune navigateur Allemand conserve sa victoire et son leadership mais il n’a plus que 1 heure et 52 minutes sur Hugo Dhallenne (979 – YC Saint-Lunaire), qui grimpe à la deuxième place. Chez les Proto, il n’y a pas de modification du podium dans la hiérarchie actuelle, mais évidemment un resserrement très spectaculaire des écarts. Il y a aussi une très bonne nouvelle pour Camille Bertel (900 – Cap Ingelec) : la skipper qui était arrivée hors temps se voit en effet reclassée, sa première étape validée. A l’heure où nous écrivons ces lignes, le classement officiel après Jury n’a pas encore été modifié et publié mais ce n’est probablement qu’une question d’heures.

Des pénalités pour quatre skippers

Par ailleurs et pour d’autres motifs, quatre skippers ont reçu des pénalités. Le jury international a ainsi infligé une pénalité de 2 heures à Luca Del Zozzo (998 – Race = Care) et Pilar Pasanau (240 – Gemese Peter Punk) pour ne pas avoir respecté la porte virtuelle positionnée à 80 milles au nord de l’archipel des Canaries. Il a également appliqué une sanction de 10 % de leurs temps de course respectifs à Julie Simon (963 – Dynamips) et Arno Biston (551 – Bahia Express) suite à leur passage dans le DST du cap Finisterre.

La course relancée : il n’y a plus d’écarts énormes

Voilà pour les faits à une semaine du départ de la grande deuxième étape entre Santa Cruz de La Palma et La Guadeloupe, prévu le 29 octobre. Une deuxième et dernière étape de 2 700 milles – deux fois plus longue que la première – qui promet encore d’innombrables aventures.

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Surtout, la course est totalement relancée par cette bonification de 24 heures accordée à 80 skippers. Un exemple pour s’en rendre compte : Hugo Dhallenne en Série avait presque un jour et deux heures de retard sur le vainqueur Melwin Fink. C’était énorme. Il n’a plus que deux heures (1h52 pour être précis). C’est très peu. On peut appliquer le même calcul à la quasi-totalité de la flotte, donc. Et penser ce que l’on veut de la décision du Jury. Les faits sont là : 80 skippers ont « récupéré » une journée de mer. Forcément cela change énormément la donne. Et pas seulement parce Que Melwin Fink n’est plus le grand favori pour la victoire finale après cette décision. Cela change pour tout le monde. Chacun reprend espoir en un classement flatteur en Guadeloupe. Les grands écarts n’existent plus.

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