Kompromat : de quelle histoire vraie s'inspire le film ?
Le film "Kompromat" avec Gilles Lellouche est librement inspiré d'une histoire vraie s'étant déroulée en Russie en 2015. Cependant, l'homme victime de ce kompromat a tenu à prendre ses distances avec le long-métrage de Jérôme Salle.
Kompromat : Gilles Lellouche victime d'un complot
Sorti en septembre dernier, Kompromat est un thriller français mis en scène par Jérôme Salle avec Gilles Lellouche dans le rôle principal. Ce dernier interprète Mathieu Roussel, responsable de l'Alliance Française en Russie, qui est arrêté sous les yeux de sa fille et incarcéré. Victime d'un complot fomenté par les services secrets russes car jugé ennemi de l'État, il n'a pas d'autre choix que de s'évader pour éviter la prison à vie.
Le titre du film est une arme classique utilisée en Russie. Il s'agit de faux documents compromettants destinés à faire taire une personne. Comme on le voit dans le long-métrage, les faux documents sont souvent grotesques mais suffisent à se débarrasser d'un individu.
Kompromat : Gilles Lellouche victime d'un complot
Sorti en septembre dernier, Kompromat est un thriller français mis en scène par Jérôme Salle avec Gilles Lellouche dans le rôle principal. Ce dernier interprète Mathieu Roussel, responsable de l'Alliance Française en Russie, qui est arrêté sous les yeux de sa fille et incarcéré. Victime d'un complot fomenté par les services secrets russes car jugé ennemi de l'État, il n'a pas d'autre choix que de s'évader pour éviter la prison à vie.
Le titre du film est une arme classique utilisée en Russie. Il s'agit de faux documents compromettants destinés à faire taire une personne. Comme on le voit dans le long-métrage, les faux documents sont souvent grotesques mais suffisent à se débarrasser d'un individu.
Librement adapté d'une histoire vraie
L'intrigue du film de Jérôme Salle est librement inspirée de ce qu'a vécu Yoann Barbereau en 2015. En effet, alors qu'il était directeur de l'Alliance française d'Irkoutsk, en Sibérie orientale, le français est victime d'un kompromat. Comme on peut le voir dans le long-métrage, il est arrêté sous les yeux de sa fille par des agents du FSB. Accusé d'avoir commis des acte pédocriminels, il est jeté en prison après avoir été torturé.
Après une évasion rocambolesque et une longue cavale, il parvient à rejoindre la France en 2018. Le lendemain de son retour, il est interviewé par Elise Lucet sur le plateau d'Envoyé spécial.
Une fois en sécurité, il écrit son calvaire dans le roman Dans les geôles de Sibérie, paru en 2020. Le livre connaît un très grand succès et est traduit dans plusieurs langues.
En avril 2020, l'État français est condamné par le tribunal administratif à indemniser Yoann Barbereau pour les préjudices qu'il a subis. En effet, l'État a failli à sa mission de protéger son agent, alors qu'il n'avait commis aucune faute.
On s’interroge sur mon silence, on m’interroge sur le film intitulé Kompromat, sur quelques inepties rapportées ici ou là…
Un livre existe, c’est la seule chose qui compte. Plus de deux ans après sa parution, on m’écrit encore (ces deux dernières semaines : une lycéenne de Casablanca, « bookstagrammeuse », un spécialiste de Tchekhov et un homme qui se présentait comme « simple bouquineur »), cela ne cesse de m’étonner, de m’émouvoir aussi. Il me faut donc vous répondre, frères lecteurs, sœurs lectrices, mes semblables.
- Ai-je été associé à l’élaboration de ce film ?
- Non.
- Est-ce une adaptation du livre que vous avez lu ?
- Non.
- Quel rapport avec moi ?
- La formule empesée « Ce film et ces personnages sont très librement inspirés de faits réels » donne une indication. Tout cela est loin de moi, diablement loin du livre – je ne parle pas seulement de points de détail ni de quelques faits vérifiables.
Avec mes Geôles de Sibérie, vous le savez, j’ai voulu prendre les armes, celles de la littérature, pour dire une expérience – pareille phrase me semble toujours exorbitante, mais c’était l’honnête et folle intention. J’ai essayé de dire ce qu’il y avait de plus lumineux et de plus noir lorsque l’on se frotte à cette chose appelée Russie – c’est-à-dire une histoire, une géographie, des paysages, une langue, des arts, des femmes et des hommes de chair, d’autres de légende, des taules et des alcools raides… Dire la joie profonde et les larmes profondes, la violence des êtres, leur beauté. Entre autres...
Un effet (non calculé) de ce livre fut le suivant : face à lui, les propagandistes prompts à dénoncer habituellement la « russophobie » se trouvaient pris de court. Mes années russes furent parmi les plus belles, et je m’estime heureux d’avoir fréquenté les arrière-cours, de les avoir déposées dans un livre, d’y avoir survécu.
Autre effet étrange et scandaleux : ma « russité » ne se trouva pas entravée, elle s’aggrava. Depuis la pointe du Raz où je vis la plupart du temps (pas tout à fait au bout, amis douarnenistes, d’accord), je sens toujours très fort se déplier dans mon dos l’énorme masse de l’Europe et de l’Asie (sensation enivrante, exhilarante écrit Julien Gracq quelque part) ; et en Europe, comme en Asie, il y a cette longue plaine imperturbable, majestueuse et tyrannique, que l’on nomme aujourd’hui fédération de Russie.
On peut avoir tâté de la geôle sibérienne et ne pas pour autant tenir Pouchkine, ou disons Boulgakov, pour responsables – ils ne sont pas plus comptables des tapis de bombes. Ces deux-là, d’ailleurs, ne sont pas exempts de francité (et on pourrait ajouter d’autres « -ités »), ils se baladent, eux aussi, de la pointe du Raz à la Tchoukotka. Ils furent en toute occasion mes alliés.
Écrire ces phrases ne revient pas à excuser les bourreaux, ni à les confondre avec les victimes. Cela ne dispense pas non plus de poser les questions les plus dérangeantes. Par exemple :
Le petit autocrate qui décide aujourd’hui des massacres s’exprime-t-il à la place de la Russie ? Contre elle ? Ou alors la Russie s’exprimerait-elle violemment par l’entremise du petit autocrate ?
Nous sommes quelques-uns à travailler pour que subsiste, dans les cœurs et dans les textes, ce vaste espace qui s’étend pour moi de la pointe du Raz à la Tchoukotka – il faudrait dire, plus exactement, de Cabo da Roca, Portugal, jusqu’au cap Dejnev sur la péninsule Tchouktche. C’est un dur labeur que de parler contre le sot discours viriliste, contre ses tranchées, ses fictions puissantes faites de « camp occidental » et de « Russie éternelle ».
Écrivant sous l’œil exigeant d’un peintre né dans l’empire russe, à Tchougouïev (une ville aujourd’hui ukrainienne qui connaît les bombes et pire encore), je prends des leçons. Cet homme, Ilya Répine, avait en lui du cosaque ukrainien, du moscovite, de l’européen façon pointe du Raz-Tchoukotka. 1874 : en Normandie, il peignit sur le vif sa Fille du pêcheur ; le tableau m’émut lorsque je le vis une première fois à Irkoutsk, rue Lénine, au musée des beaux-arts ; il me bouleversa encore lorsque je le retrouvai à Paris, au Petit Palais, avenue Winston Churchill. C’était quelques jours avant le début de la boucherie en Ukraine.
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