Face au naufrage de l’« Amoco Cadiz » : le jour où le député Jimmy Pahun s’est senti Breton
Ancien skippeur passé par la case journalisme avant d’être élu, il y a six ans, député du Morbihan sous l’étiquette MoDem, Jimmy Pahun lie l’éveil de sa « bretonnitude » au naufrage de l’« Amoco Cadiz ». Il le raconte au magazine « Bretons ».
Le député MoDem du Morbihan Jimmy Pahun, ancien skippeur passé par la case journalisme, raconte comment sa « bretonnitude » s’est éveillée au moment du naufrage de l’ Amoco Cadiz .
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« Je fais partie de cette génération qui a été fortement, et durablement, marquée par le naufrage de l’ Amoco Cadiz . C’était le 16 mars 1978, j’avais 16 ans. Ce jour-là, la coque de ce supertanker battant pavillon libérien – mais armé par une compagnie américaine – se brise sur les rochers de Portsall, dans le Finistère nord. Plus de 200 000 tonnes de pétrole sont déversées sur les côtes bretonnes : c’est l’une des pires marées noires de l’histoire. La Bretagne est tout simplement souillée d’hydrocarbures.
L’extraordinaire solidarité née de ce drame
Quand le drame survient, je me trouve chez moi, dans la maison familiale de Kervignac [Morbihan], près du pont du Bonhomme, sur les bords du Blavet. À la maison, on suit les évènements à la radio, sur Europe 1. J’ai le son mais pas l’image. Je ne vois pas de mes propres yeux ce qui se joue alors à moins de deux cents kilomètres de là.
Mais, via cette radio, je suis déjà frappé par une chose : l’extraordinaire solidarité née de ce drame. Tout le monde vient au secours de la Bretagne. C’est la première fois que je vois un pays tout entier voler ainsi au secours d’une région. Je dois dire que ce drame de l’Amoco me touche d’autant plus que je suis, comme beaucoup de Bretons, lié à la mer. Mon père était capitaine au long cours – il avait arrêté de naviguer en 1974 – et moi-même, je navigue alors déjà pas mal entre Lorient et La Trinité-sur-Mer.
La Bretagne, quand elle sait se rassembler et s’unir, est capable de tout.
Bien des années après, mon frère, Jean-François, a réalisé un très joli film, Le Beau Combat, qui raconte toute cette histoire-là : ces côtes ravagées, le désastre écologique et le combat du sénateur-maire de Ploudalmézeau, Alphonse Arzel, ainsi que celui de tous ces autres maires qui, de Brest à Perros-Guirec, se sont battus. Pas pour rien, du reste, puisque, à partir de 1978, le préfet maritime sera directement chargé de coordonner l’action de l’État en mer, et donc de gérer toutes les crises de cette nature. Il y aura également beaucoup d’avancées concernant la sécurité du trafic dans la Manche.
J’ai alors redécouvert la force bretonne
Lorsque j’ai revu, à travers le film de mon frère, ce combat-là et cette incroyable solidarité, près de trente ans après les événements, j’ai alors redécouvert la force bretonne. Je me suis senti, ce jour-là, véritablement Breton.
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Il y a bien d’autres occasions, dans ma vie, où je me suis senti Breton. Tout jeune, déjà, quand j’allais dans le café de ma grand-mère, qui portait une coiffe, à Locmiquélic et que je me retrouvais au milieu des pêcheurs et des charpentiers de marine. Ou lorsque mon père nous emmenait, gamins, voir des concerts de Stivell, de Tri Yann ou de Servat. Tabarly, Kersauson, Riguidel : tous ceux-là ont, eux aussi, à leur manière, forgé mon âme bretonne.
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