Je croyais que Di Doo Dah était une façon "tipycally british", de faire "lalala". Mais pas vraiment. Le présentateur de la BBC lui-même s’emmêle les bidons avec ces trois mots. Malgré son accent impeccable. Jane Birkin publiait son premier album solo. Et on l’imaginait, sautillant sur un sentier.
Nous sommes alors en 1973.
Elle incarne une modernité pop et sans chichi. "Le" mini jupe et "la" panier en osier. L’Angleterre, quoi. Pourtant ce Di Doo Dah, **est un clin d’oeil à un mythe américain. **Marilyn, c’était LA femme d’après-guerre : mamelue et gironde. Ultra-féminine, ultra-mise en scène.
25 ans plus tard, une autre façon d’être fille, c’était elle. Gainsbourg voulait que les sixties et seventies lui appartiennent. Il a fantasmé Birkin en fille libertine dans plusieurs chansons, mais Di Doo Dah fait partie des textes qui la racontent au plus près.
Son absence totale d’arrogance, y compris dans sa façon de chanter. Et une autre esthétique. Et un autre canon : androgyne, ce serait enfin sexy. L’érotisme désinvolte et l’humour pour tout désamorcer.
Sauf qu’en studio, ça se passe mal. Birkin est à la peine.
Démerde-toi avec elle !
C’est ce que Gainsbourg balance à Jean–Claude Vannier, qui arrange et orchestre tout le morceau. Vannier assure lui-même les parties de piano, qui guident Birkin. Et Jean–Claude Vannier a fait venir des musiciens anglais, qui ont joué sur l’album Mélody Nelson. Il y a la basse de Dave Richmond. Des guitares en guirlandes, jouées par Alan Parker. Une puis deux. Et une signature que Jean–Claude Vannier a définitivement imprimé dans l’univers de Gainsbourg. Un quatuor à cordes. En contre-chant.
L’album Di Doo Dah sort au début de l’année 73 et une journaliste de France Soir demande à Jane Birkin : "Et si le disque ne marche pas ?"
Elle répond :
Pas grave, je suis comédienne et tout le monde oubliera que j’ai voulu chanter !
Jusqu’en 1990, cinq albums studios suivront.
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