Covid long : bientôt un test de diagnostic ?
Plusieurs études parues ces dernières semaines apportent de nouveaux éclairages sur les symptômes persistants plusieurs mois après une infection par le SARS-CoV-2. Elles pourraient conduire au développement d’un test sanguin, mais pas tout de suite.
Le Covid long n’a pas de long que les symptômes. Le diagnostic de ce mal qui toucherait autour de 10 % des personnes contaminées par le SARS-CoV-2 pendant au moins quelques semaines voire plusieurs mois ou même années, a en effet pour particularité de se faire par « élimination » : on exclut, une par une, examen après examen, toutes les autres causes possibles pouvant expliquer ces symptômes, souvent très handicapants.
« Il faut absolument qu’on avance sur les biomarqueurs et les tests qui permettraient d’établir formellement un diagnostic, ce qui permettra de vérifier ceux posés jusqu’à présent », nous indiquait en février dernier le médecin Jérôme Larché, référent Covid long pour l’agence régionale de santé (ARS) en Occitanie. Huit mois ont passé et cet espoir d’un test de diagnostic a grandi ces derniers jours, nourri par les résultats d’une étude américaine.
Des chercheurs ont suivi entre janvier 2021 et juin 2022 271 patients divisés en trois groupes : ceux qui n’avaient jamais été infectés, ceux qui étaient guéris et ceux qui présentaient toujours des symptômes au moins quatre mois après l’infection. Résultat : des différences dans le sang de ces derniers ont été identifiées. « Ces résultats sont importants car ils peuvent fournir des informations sur des tests plus précis pour les patients Covid long, ainsi que sur des traitements personnalisés pour cette maladie qui ne se sont jusqu’à présent pas avérés concluants », a indiqué l’équipe dans un communiqué paru le 25 septembre.
« Une prise de sang seule risque de ne pas suffire »
En mai dernier, des chercheurs de l’Inserm et d’Université Paris Cité avaient aussi, en collaboration avec l’université de Minho à Braga (Portugal), identifié « un certain nombre de marqueurs sanguins présents six mois après l’infection chez 70 à 80 % des personnes présentant un Covid long alors que ces mêmes marqueurs sanguins étaient rares chez les sujets n’ayant pas développé de forme longue ». « Nous avons constaté dans le sang la présence d’anticorps qui ont théoriquement une durée de vie courte, ce qui pourrait illustrer une persistance virale dans l’organisme des patients Covid long », indique Jérôme Estaquier, directeur de recherche à l’Inserm.
Une simple prise de sang pourrait-elle permettre bientôt d’identifier un patient Covid long ? Prudence, exhorte le professeur Éric Guedj, chef du service de médecine nucléaire à l’hôpital de la Timone, à Marseille. « Ces résultats sont intéressants mais on n’en est pas du tout au stade de l’application pratique. Le Covid long est sûrement une maladie multisystémique, avec plusieurs étapes et plusieurs mécanismes, et on ne sait pas encore si ces anomalies identifiées dans le sang sont vraiment liées aux symptômes persistants », avance-t-il. L’équipe de Jérôme Estaquier mène d’ailleurs de nouveaux travaux à ce sujet, avec de premiers résultats espérés « d’ici trois à quatre mois ».
Éric Guedj est assez confiant à l’idée de pouvoir diagnostiquer le Covid long un jour, « mais ce ne sera pas forcément un test unique ». « Une prise de sang seule risque de ne pas suffire, il pourrait aussi y avoir un questionnaire clinique, des tests d’imagerie, etc. Le résultat serait alors une sorte de score composite », anticipe ce médecin spécialiste du sujet. Quelle qu’en soit la forme, Jérôme Estaquier voit dans « un éventuel diagnostic une manière de rassurer des gens qui sont en souffrance car ils se demandent ce qu’ils ont ».
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