vendredi 17 novembre 2023

 

C dans l'air du 17 novembre 2023 -  Israël : la traque sans concession


"Une situation potentiellement explosive". Voilà comment est qualifiée désormais la situation dans les territoires occupés de Cisjordanie par l’ONU qui a sonné jeudi "l'alarme la plus forte possible". Les Etats-Unis ont également décidé de hausser le ton. Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a appelé hier Israël à prendre des mesures "urgentes" pour mettre fin aux violences des colons. Plus de 190 Palestiniens ont été tués par des colons et des soldats israéliens depuis le 7 octobre, selon le ministère palestinien de la Santé. 

Avec le soutien du gouvernement d’extrême droite conduit par Benyamin Nétanyahou, la colonisation se poursuit en Cisjordanie. L’armée israélienne y multiplie les raids et les incursions depuis plus d’un mois, assurant répondre à une "augmentation significative des attaques terroristes". La nuit dernière des blindés israéliens ont notamment pénétré dans le camp de refugiés de Jénine, bastion de la résistance Palestinienne. Des affrontements ont éclaté entre les soldats et des groupes armés. Tsahal annonce avoir tué "5 terroristes" tandis que le ministère palestinien de la Santé a déclaré de son côté "trois morts et 15 blessés, dont quatre dans un état critique".

Parallèlement les opérations militaires se poursuivent dans la bande de Gaza où les communications sont une nouvelle fois coupées. Tsahal a indiqué poursuivre la traque des combattants du Hamas dans le plus grand établissement de santé de Gaza. Ils les cherchent à chaque étage, dans chaque bâtiment de l'hôpital Al-Shifa où se trouvent, selon les Nations unies, encore 2300 personnes. L’armée israélienne a affirmé avoir retrouvé ces dernières vingt-quatre heures aux abords de l’établissement les corps de deux otages, une militaire de 19 ans, et une femme de 65 ans, toutes deux enlevées le 7 octobre dernier.  

Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a exhorté jeudi Israël à "ne pas se laisser consumer par la rage". "Je comprends vos craintes et votre douleur. Je comprends votre rage. Mais permettez-moi de vous demander de ne pas vous laisser consumer par la rage", a déclaré hier le diplomate lors d’une visite dans un kibboutz du sud d’Israël ravagé par les attaques du 7 octobre. De son côté le Programme alimentaire mondial des Nations unies a alerté sur un "risque immédiat de famine" dans l’enclave palestinienne.

Depuis plusieurs semaines, les appels à un "cessez-le-feu" et à une "trêve humanitaire" se multiplient. Une bonne partie du monde exprime son soutien à la cause palestinienne et en veut aux Occidentaux de ne rien faire pour arrêter la tragédie que vivent les civils gazaouis. Une situation qui profite notamment à Vladimir Poutine qui se pose en défenseur des Palestiniens bombardés alors que la guerre en Ukraine semble désormais passer au second plan. A Kiev, les autorités redoutent que la lassitude ne gagne progressivement les alliés qui ne voient pas d’avancer significative sur le terrain et tardent à concrétiser leurs engagements militaires. Le président Volodymyr Zelensky a ainsi estimé ce jeudi que la crise au Proche-Orient a ralenti les livraisons d'obus destinés à l’Ukraine et ce alors que la Russie accumule des missiles pour attaquer cet hiver.


LES EXPERTS :

- Frédéric ENCEL - Docteur en géopolitique, maître de conférences à Sciences Po Paris, auteur de Les voies de la puissance 
- Isabelle LASSERRE - Correspondante diplomatique - Le Figaro 
- Ariane BONZON - Journaliste, ancienne correspondante à Jérusalem et Istanbul
- Colonel Michel GOYA - ancien colonel des troupes de marine, historien militaire


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