Accéder au contenu principal

CHRISTOS ANESTI

  


Il y a peut-être quelques fans de James Bond parmi vous.
Des personnes qui, comme moi, n’ont aucun souci à regarder un film de la série pour la troisième ou quatrième fois... Dans Skyfall, un des méchants demande à James Bond quel est son passe-temps.
Et ce dernier répond de manière surprenante : la résurrection.
« What’s your hobby, James ? » « Resurrection ».




Ce que nous fêtons aujourd’hui dépasse tout ce que nous pouvons imaginer. Les mots sont toujours trop étroits pour exprimer l’indicible de Pâques. Pour tenter de mettre des mots sur leur foi en la résurrection, les premiers chrétiens ont d’ailleurs emprunté une multitude d’expressions variées : gloire, relèvement, exaltation, réveil... En effet, n’avons-nous pas déjà vu des personnes se relever, se réveiller à la vie, alors que tout semblait perdu ? Elles ne sont plus là où nous les enfermons. Oser parler de la résurrection, n’est- ce pas d’abord croire en la nôtre, et la voir peut-être au quotidien autour de nous ? Comment me direz-vous ?

Comprenons le bien : il ne s’agit pas retrouver ce qui était perdu. La joie de Pâques est plus qu’un passé heureux qui referait surface dans notre vie, ou un retour à la vie de choses anciennes comme dans cette culture vintage qui donner une seconde vie à des choses passées... Pour parler de la résurrection de Jésus, jamais les évangiles n’utilisent le terme de seconde vie. Au contraire, la résurrection est la traversée de la mort, c’est-à-dire l’arrivée de quelque chose de radicalement neuf et inespéré ! Vivre la résurrection, c’est faire un deuil fécond.

Pour vivre cela, nous sommes appelés à regarder d’abord ce qui nous enferme, nos tombeaux et nos peurs. En grec, il s’agit du même mot ! Et voir paradoxalement dans ceux-ci des lieux d’annonce et de promesse... Il s’agit ensuite d’accepter certaines ruptures afin de ne plus s’accrocher à sa propre vie... Pâques, le grand passage, nous invite ainsi à ne pas voir le temps qui passe comme une menace, mais comme le chemin que prend l’éternité de Dieu pour nous rejoindre.

Car la résurrection n’est pas l’immortalité. C’est au contraire l’échec traversé, la vie transfigurée dans notre existence mortelle. Pour vivre une telle transformation, il faut oser se rendre dans ses propres lieux de fragilité. Faire l’expérience du manque et se rendre au tombeau pour voir qu’il est vide. Et en même temps, comme le disciple bien aimé, croire que ce tombeau ouvre un avenir. Qu’il peut devenir la crèche d’un monde nouveau. « Il vit et il crut » !

N’est-ce pas davantage qu’un clin d’œil, que de voir que ce sont les femmes qui, dans les évangiles, sont les premières à porter, même imparfaitement, l’annonce de Pâques ? N’est-ce pas précisément parce qu’elles portent la vie et la mette au monde ? Vivre la grande traversée pascale, n’est-ce pas accueillir en nous, comme elles, une douce transformation intérieure, qui conduit à un enfantement ? Alors, nos deuils seront féconds. Et la résurrection se vivra au quotidien, dans nos gestes maternants, et maternels. Voilà pourquoi la résurrection n’est pas tant un fait historique qu’une question posée à notre histoire, à la vôtre : quels sont ces tombeaux qui vous enferment, mais qui peuvent finalement être lieux d’une promesse, d’un paradoxal enfantement ? Est-ce un échec à surmonter ? Un deuil qui reste à faire ? Une culpabilité mal placée ? Une dépression à traverser ? Une limite qu’il nous faut encore accepter ?

A celles et ceux qui voient dans leurs vies des impasses, mais qui croient aussi en un relèvement possible, la folle espérance de Pâques leur dit : « Circule, il n’y a plus rien à voir dans ta vie à cet endroit-là ». Ta vie te précède en Galilée. Meurs à ce que tu n’es plus, afin de renaître à ce que tu es vraiment. Quitte ce projet qui ne te fait pas grandir. Quitte ce lieu-là qui te retient. Ne te définis pas par ce que tu as été, mais accueille ce que tu deviens. Quel que soit ton âge, ton avenir est plus réel que ton passé.

Frères et sœurs,

Dans la vie, il y a ceux qui croient savoir, et qui pensent détenir des preuves et la vérité. Mais il y a aussi ceux qui savent croire, comme le disciple bien aimé... Ceux pour qui, en face du tombeau, l’absence de preuve n’est pas la preuve de l’absence... Ceux qui voient le tombeau vide non comme la fin, mais comme un lieu d’annonce.

Pour le vrai croyant, ce n’est donc pas parce qu’il voit qu’il croit. Mais c’est parce qu’il croit, qu’il peut tout voir tout autrement. Qu’est-ce à dire, concrètement ? N’y a-t-il pas des moments dans nos vies où nous sommes comme morts, à bout de souffle ? Où nous vivotons par devoir, peur ou par survie ? Ce que nous voyons ne nous donne pas la joie de croire et nous sommes comme enfermés dans les tombeaux de nos rêves ou de nos espoirs déçus... Mais la joie inouïe de Pâques nous invite, comme le disciple bien aimé, à voir et à croire : voir lucidement notre vie telle qu’elle est, sans l’idéaliser. Et croire qu’elle peut être vraiment transformée, et rester féconde...

Que cette joie, cette extraordinaire promesse de Pâques nous accompagne, et mette davantage de vie dans nos existences mortelles. Qu’elle nous relève, nous réveille, nous recrée, nous enfante ! Amen.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

 Cinéma ...Il était un acteur d'une grande densité, excellent dans les rôles de croyant ou de prêtre (ce qui correspondait d'ailleurs à ses convictions religieuses profondes).... Des hommes et des dieux,  Orson Welles,  007 ... les grands rôles de Michael Lonsdale Du Procès  aux films de Jean-Pierre Mocky, en passant par  James Bond , le comédien français, décédé lundi, a su imposer sa présence hiératique.   Mort de Michael Lonsdale, le plus mystique des acteurs, à 89 ans DISPARITION -  L'acteur français est décédé le 21 septembre. Sa présence hiératique et sa diction sans effet lui ont permis de camper avec la même justesse des personnages aussi différents qu'un criminel sadique dans  James Bond  ou un moine cistercien dans  Des hommes et des dieux . Des hommes et des dieux,  Orson Welles,  007 ... Les grands rôles de Michael Lonsdale Du Procès  aux films de Jean-Pierre Mocky, en passant par  James Bond , le comédien...

LE PARC DES SCULPTURES DE PLOUMANAC'H

Situé au carrefour de Ploumanac'h Perros-Guirec, ce parc présente 12 sculptures monumentales dont 7 ont été réalisées par des sculpteurs internationaux lors du Symposium de sculptures monumentales sur granits qui s'est tenu à Ploumanac'h en 1998. Quelques années auparavant une manifestation identique avait eu lieu à Lanhélin en Ille-et-Vilaine (voir PP N° 35147_1 et 35147_2). Si Lanhelin est le pays du granit bleu, Perros-Guirec avec le granit de La Clarté est le pays du granite rose. Les artistes jouent avec ces couleurs. Ils ont un mérite particulier : le granit est, parmi les matériaux naturels, la matière la plus dure qui soit à travailler. Nota : Ne soyez pas surpris de lire tantôt granit (roche grenue massive, non poreuse, imperméable et cohérente), terme de carrier ou marbrier et granite (roche plutonique grenue entièrement cristallisée dont la composition minéralogique est bien précise), terme de géologue. Le Parc des sculptures Christian G...