Cannes 2024 : notre classement des films en compétition, du plus raté à la Palme d’or potentielle
Retrouvez nos déceptions, nos coups de cœur… et les longs métrages qu’on verrait bien recevoir un prix.
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Publié le 25 mai 2024 à 08h00
Mis à jour le 25 mai 2024 à 10h31
22 – “Megalopolis”, de Francis Ford Coppola
À l’annonce de la sélection officielle en avril dernier, nous n’aurions jamais pu imaginer que le grand œuvre tant attendu de Francis Ford Coppola puisse, un mois et demi plus tard, se retrouver bon dernier de notre classement des films en compétition. Et pourtant… Cette fable politique rétrofuturiste ne tient pas debout et se noie dans un mélange prétentieux et abscons. Lire notre critique
21 – “Parthenope”, de Paolo Sorrentino
Beaucoup de prétention et de pompe, aussi, dans cette évocation, à travers plusieurs décennies, du destin d’une femme brillante et fascinante, personnification de Naples, la ville natale du réalisateur. Un film-purge au parfum de mélancolie frelatée et à l’esthétique publicitaire qui multiplie les plans gratuits. Lire notre critique
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20 – “La Jeune Femme à l’aiguille”, de Magnus von Horn
À Copenhague en 1918, la vie ne fait pas de cadeau à Karoline, jeune ouvrière isolée et bientôt enceinte. Dans un noir et blanc hyper léché, voire chichiteux, le réalisateur lui fait subir épreuve sur épreuve avec un certain sadisme. Et brasse moult thèmes (avortement, sororité, foyer matriarcal…) qui font écho à l’époque contemporaine de manière un peu trop opportuniste. Lire notre critique
19 – “L’Amour ouf”, de Gilles Lellouche
C’est plutôt l’amour patapouf ! Malgré un casting costaud (Adèle Exarchopoulos, François Civil, les révélations Mallory Wanecque et Malik Frikah), ce fourre-tout interminable (2h46…) mélange comédie, drame, polar ultra violent à la Scorsese et même comédie musicale, sans la maîtrise nécessaire pour ne pas finir par s’emmêler les pinceaux. Lire notre critique
18 – “Motel Destino”, de Karim Aïnouz
Un voyou se planque dans un « love motel » et se lie avec la patronne dans le dos du mari jaloux. Après le biopic en costumes Le Jeu de la reine en 2023, le réalisateur revient en compétition et au Brésil avec une trame de film noir et un érotisme de tous les plans. Sans convaincre tout à fait, malgré un travail intéressant sur les couleurs. Lire notre critique
17 – “Diamant brut”, d’Agathe Riedinger
Portrait d’une adolescente en rupture qui attend éperdument une réponse après avoir passé un casting pour une émission de télé-réalité. Le seul premier long métrage de la compétition réussit à s’imposer par son approche habile, entre empathie et critique, malgré quelques contradictions sur la forme comme sur le fond. Lire notre critique
16 – “Les Linceuls”, de David Cronenberg
Vincent Cassel interprète un homme ayant créé un linceul connecté qui lui permet de suivre la décomposition de son épouse décédée. Un long métrage ambitieux, sensuel et par moments poignant, mais dont le scénario, inutilement complexe, se perd parfois en explications verbeuses. Lire notre critique
15 – “Oh, Canada”, de Paul Schrader
Le cinéaste américain adapte le roman testamentaire de Russell Banks, mort en 2023. Richard Gere campe un réalisateur de documentaires hanté par son passé alors qu’il est en phase terminale de sa maladie dans un récit à la fois simple et tarabiscoté, tantôt très émouvant, tantôt agaçant. Lire notre critique
14 – “Limonov. La ballade”, de Kirill Serebrennikov
Loin de l’empathie présente dans le roman d’Emmanuel Carrère, le film de Kirill Serebrennikov sur l’écrivain et homme politique nationaliste russe dresse avec brio le portrait d’un dandy misanthrope, mi-salopard, mi-héros. Comme toujours avec le réalisateur de Leto, la mise en scène est foisonnante mais, étonnamment, manque parfois de souffle. Lire notre critique
13 – “All We Imagine as Light”, de Payal Kapadia
Le premier film indien en compétition depuis trente ans suit deux infirmières colocataires dans leurs vies quotidienne et intérieure, à Mumbai. Une fiction proche de la chronique documentaire autour d’héroïnes contrastées pour un film à la fois âpre et sensible, dont l’absence d’enjeu narratif très marqué peut autant charmer que gêner. Lire notre critique
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12 – “Anora”, de Sean Baker
Une jeune escort girl de Brooklyn espère épouser le fils d’un oligarque russe, mais les parents du garçon envoient des sbires faire dérailler l’union. Sean Baker réalise un tourbillon hilarant, quoiqu’un peu long, porté par la révélation Mikey Madison. Lire notre critique
11 – “Marcello mio”, de Christophe Honoré
Chiara Mastroianni, dans son propre rôle, se mue en son père Marcello… Christophe Honoré nous réchauffe le cœur et reprend de l’élan avec cette fantaisie aussi drôle que poétique, qui aurait mérité un peu plus de folie. Lire notre critique
10 – “Grand Tour”, de Miguel Gomes
Au début du XXᵉ siècle, un fonctionnaire colonial britannique prend la poudre d’escampette en Asie du Sud-Est. Miguel Gomes nous entraîne dans son sillage. Malgré un certain minimalisme, le dépaysement est garanti dans ce film aventureux à la conception très originale : le scénario est né d’images documentaires enregistrées in situ par le cinéaste avant de tourner la partie fiction en studio. Lire notre critique
9 – “Caught by the Tides”, de Jia Zhang-ke
Pour raconter l’effarante course au capitalisme et à la technologie de son pays depuis un quart de siècle, le maître chinois revisite son œuvre, et se surpasse. Cette fiction construite sur une base documentaire a la beauté de ces œuvres de toute une vie qu’un artiste ne cesse de reprendre et de retoucher. Lire notre critique
8 – “Kinds of Kindness”, de Yórgos Lánthimos
Dans cette anthologie de trois sketches interprétés par les mêmes excellents acteurs (d’Emma Stone à Jesse Plemons en passant par Willem Dafoe), on retrouve ce qu’on préfère chez Yórgos Lánthimos : la provocation dérangeante mais sans agitation, débarrassée de ses stridences et lubies (adieu, l’affreux objectif « fisheye »). Ce retour aux origines ravira ses adeptes et torturera les autres ! Lire notre critique
7 – “The Apprentice”, d’Ali Abbasi
Cinglant et formidablement interprété par Sebastian Stan et Jeremy Strong, ce biopic réalisé par l’auteur dano-iranien des Nuits de Mashhad retrace les années d’apprentissage en cynisme du futur président des États-Unis Donald Trump auprès du brutal avocat Roy Cohn. Explosif ! Lire notre critique
6 – “Trois Kilomètres jusqu’à la fin du monde”, d’Emanuel Parvu
En racontant l’agression d’un jeune homosexuel dans le delta du Danube et les réactions tout aussi violentes de son entourage, le cinéaste roumain tend un implacable miroir à une société malade, à la manière de son compatriote Cristian Mungiu (Baccalauréat, R.M.N.). Lire notre critique
5 – “The Substance”, de Coralie Fargeat
Puissance plastique de « flesh opera », efficacité divertissante à souhait, colère noire… Nourrie au cinéma de genre, Coralie Fargeat offre une sanguinolente métaphore du destin féminin tracé par les hommes avec duo d’actrices de choc (la revenante Demi Moore et la nouvelle star Margaret Qualley). Horriblement réussi. Lire notre critique
4 – “Bird”, d’Andrea Arnold
Dans le Kent déshérité, la jeune Bailey survit à la violence sociale et aux défaillances de son père (Barry Keoghan, au top) grâce à son imaginaire… et à un drôle d’ange gardien, Bird, interprété par le très bon Franz Rogowski. Un beau film tout en mouvement et en poésie brute. Lire notre critique
3 – “Emilia Pérez”, de Jacques Audiard
Le réalisateur d’Un prophète réussit son insensée comédie musicale sur la transition d’un narcotrafiquant mexicain. Constamment sur le fil, il étonne et, finalement, convainc avec brio dans un registre qui lui était jusque-là totalement étranger. Lire notre critique
2 – “La Plus Précieuse des marchandises”, de Michel Hazanavicius
Dans la forêt polonaise, un couple de bûcherons recueille un bébé, jeté d’un train de la mort dans l’espoir qu’il survive. Inspiré d’un conte de Jean-Claude Grumberg, ce film d’animation splendide et poétique ne cesse de chercher la lumière au milieu de l’horreur. Un chef-d’œuvre profondément juste. Lire notre critique
1 - “Les Graines du figuier sauvage”, de Mohammad Rasoulof
Alors que la jeunesse du mouvement « Femme, vie, liberté » se révolte contre les mollahs, un enquêteur fidèle au pouvoir perd son arme… et suspecte sa femme et ses deux filles. Avant de se résigner à quitter l’Iran pour échapper à cinq ans de prison ferme, le cinéaste contestataire a pu réaliser son plus beau film. Un chef-d’œuvre d’une puissance politique et esthétique d’autant plus inouïe qu’il a été tourné dans la clandestinité. Notre Palme d’or.
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