Une petite chronique...
Dans la bonne ville de Nissa, la guerre faisait rage entre les barons. Monsieur de la Fesse-Transie n'avait pas de mots assez durs à l'encontre de celui qu'il avait si tendrement chéri par le passé, le baron de la Chiotte. Il ne l'appelait plus que "le petit Laval", en une triste référence historique à celui qui était allé, dans les très sombres années du siècle précédent, se jeter dans les bras de l'occupant. Las pour le premier, il semblait désormais que les Nisseens et les Nisseennes accordassent de préférence leurs voix à la Faction des Haineux.
Le Roy, fort de l'adage "on n'est jamais aussi bien servi que par soi-même", avait adressé par l'entremise des Gazettes régionales une missive aux Riennes et aux Riens, ce peuple versatile qu'il entendait bien soumettre à nouveau à ses vues. Le tout tenait à la fois de l'auto-satisfaction- dont était si coutumier Notre Neigeux Freluquet- et des promesses d'alcoolique. Cette missive connut un sort funeste, celui qu'on réserve du côté des latrines aux mauvaises feuilles de chou.
Dans le camp de la Plèbe, on eût aimé réserver à Gracchus Mélenchonus le sort appliqué au barde Assurancetourix dans le village des irréductibles Gaulois. D'autres dans son camp ne pouvaient-ils doncques parler tout aussi bien que lui, sans irriter les Riens et les Riennes que le tribun faisait fuir par ses outrances et ses oukazes ?
Dans les chaumières de la Sénestre, on voulait croire à la Concorde. Monsieur Ruffinus et Madame Autinus s'y entendaient mieux.
Quant au Sire Barretoidella, qui s'y voyait déjà, il paradait d'estrade en estrade. Il ne cessait cependant d'en rabattre sur ses mirifiques promesses - lesquelles avaient attiré les idiots- pour ne garder que les plus vilaines ou les plus stupides. Il venait ainsi de claironner que tous les bambins et bambines des petites et moyennes escholes seraient contraintes de donner du "vous" à leurs maîtres et maîtresses. Parmi la meute des gazetiers serviles, il ne s'en trouva point pour lui faire remarquer que c'était déjà ainsi que cela se passait, hormis dans les petites escholes où il était encore de coutume de perpétuer cette tendre familiarité.
"Je dis tu à ceux que j'aime" avait chanté le poète.
Julie d'Aiglemont
Pas de droits réservés, si vous diffusez, citez moi, c'est tout. 😊
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire