Il y a près de quatre-vingts ans, le Jour J marquait un tournant décisif dans la Seconde Guerre mondiale. Le 6 juin 1944, les Alliés ont débarqué sur les côtes normandes et ont commencé à libérer l'Europe de l'emprise de l'Allemagne nazie. Ce que l'on sait moins, c'est que le succès de cette opération est aussi dû à la contribution méconnue d'hommes et de femmes de l'industrie cinématographique.
Avec plein d'accessoires de cinéma sophistiqués et une bonne dose d'ingéniosité, les Alliés ont fait croire aux nazis que leur invasion se déroulerait en réalité dans le Pas-de-Calais. Même après le débarquement en Normandie, ils ont réussi à convaincre le Haut Commandement de la Wehrmacht que cela n'était qu'une manœuvre de diversion.
De faux avions comme vraie stratégie de guerre
Dès 1940 déjà, la Royal Air Force britannique a construit des aérodromes leurres afin de montrer à la Luftwaffe à quel point elle était puissante. Au départ, ces aérodromes étaient équipés de faux avions fabriqués par des constructeurs aéronautiques. Cependant, ces derniers étaient excessivement sophistiqués, coûteux et mobilisaient d'importantes ressources nécessaires à la fabrication de vrai matériel de guerre.
Cela a donné au colonel John Turner, responsable des faux aérodromes, l'idée d'impliquer l'industrie du cinéma –après tout, celle-ci a beaucoup d'expérience dans la fabrication de décors artificiels qui semblent 100% réels à l'image. Turner a donc commandé aux studios de cinéma Shepperton cinquante avions factices Wellington et une centaine de Blenheim –pour un tiers du coût facturé par les constructeurs d'avions.
Ainsi, toutes les parties concernées ont gagné: les constructeurs aéronautiques ont pu produire de vrais avions, Turner a eu ses leurres et les studios Shepperton, secoués par l'effondrement des finances de la production cinématographique pendant la guerre, ont trouvé du travail pour leurs techniciens de cinéma.
Emportés par le vent
«En temps de guerre, la vérité est si précieuse qu'elle doit toujours être protégée par un rempart de mensonges», aurait dit Winston Churchill lors de la planification du Jour J. Avec cette devise en tête, l'objectif de la dénommée «Operation Fortitude» était d'amener les Allemands à maintenir 150.000 de leurs hommes, leur XVe armée, à Calais –en pensant qu'un groupe d'armée de 300.000 hommes se formait dans le Kent, l'Essex et le Suffolk, dans le sud de l'Angleterre, pour envahir le Pas-de-Calais.
À l'aide d'agents doubles et grâce à un grand volume de faux échanges radiophoniques, les Alliés ont dressé des centaines de chars factices, construits par les studios Shepperton et gonflables en trente minutes. Ceux-ci étaient si légers que parfois, les soldats britanniques devaient les empêcher de se retourner dans le vent fort de la côte.
À l'aide d'agents doubles et grâce à un grand volume de faux échanges radiophoniques, les Alliés ont dressé des centaines de chars factices, construits par les studios Shepperton et gonflables en trente minutes. Ceux-ci étaient si légers que parfois, les soldats britanniques devaient les empêcher de se retourner dans le vent fort de la côte.
Quelques véritables divisions américaines et canadiennes ont tout de même été installées dans la zone. Ingénieusement, l'expérimenté (et bien réel) général George S. Patton a été placé à la tête du groupe, ce qui, bien sûr, n'a pas échappé aux services secrets allemands. Il se rendait régulièrement sur place pour faire des discours face à la supposée armée géante et pour inspecter des unités d'infanterie et blindées imaginaires.
L'ensemble de cette supercherie a mené les services de renseignements allemands à calculer que 79 divisions alliées s'étaient rassemblées au sud du Royaume-Uni. Selon la BBC, elles n'étaient en réalité que 52.
Par conséquent, le débarquement des alliés en Normandie a pris les Allemands par surprise. Alors que les batailles décisives se déroulaient en Normandie, la XVe armée allemande est restée dans le Pas-de-Calais pendant des semaines sans rien faire, s'attendant à une deuxième invasion –qui n'aurait pu être effectuée que par une armée inexistante munie de chars gonflables.
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