Chronique du troisième du mois d'août en l'an vingt-quatre de la Grande Dissolution.
Le Roy s'amusait beaucoup en son fort de Brigand-Çon. Cependant que la Reine Dame Bireguitte jouait à faire des emplettes, Notre Puéril Jouvenceau faisait le pugiliste sur la plage avec les gens chargés de protéger sa divine personne. Cependant, Sa Bisouilleuse Altesse s'avisa que les Olympiades se poursuivaient à Lutèce sans Elle. La chose ne se pouvait. On manda aussitôt l'aéroplane pour se faire transporter dans les airs. Les valets de pied du Roy et une partie de la maisonnée empruntèrent aussi le chemin des airs.
Notre Frénétique Papouilleur arriva ainsi à temps pour assister aux joutes finales de lutte nipponne. Le Roy - qui avait fort opportunément oublié qu'il avait annoncé dans les gazettes se faire discret lors de ces Olympiades - se jeta littéralement sur les pugilistes pour les embrasser et les palper tendrement. Il fallait en consoler une qui avait échoué à l'or et féliciter l'autre, qui avait vaincu magistralement son adversaire en le faisant voltiger et atterrir au sol. Nombre de Riens et de Riennes, ulcérées de voir que leur Monarc Abhorré cherchait à tirer gloriole de toutes les victoires de nos athlètes, en vinrent à souhaiter très fort que le géant monsieur Rinerus lui fît subir le même sort. On rêvait de voir le Roy plaqué au sol. Las ! la chose n'arriva point. Le géant se laissa papouiller par Sa Frénétique Concupiscence. Ce fut ensuite au tour d'un jeune prodige des bassins de se faire embrasser par le Roy puis par la baronne d'Oustdela-Casstoidla, laquelle mit tant d'entrain à bisouiller le jouvenceau que le Monarque en conçut quelque jalousie.
Plus la moisson de médailles était belle, plus Notre Invétéré Sybarite exultait. Ces Olympiades étaient les siennes.
Pendant que les jeux du cirque occupaient les cervelles, le baron du Tranber, qui était à la tête des provinces du Nord, se préparait à prétendre à la charge de Premier Grand Chambellan. On ne savait en vertu de quelle légimité il s'imaginait ce destin. Sa Faction, les Raipoublicains, avait éclaté à la suite de la désertion de son chef, le baron de la Chiotte, lequel était allé se jeter dans les bras de monsieur de Bartoidella. A la chambre Basse, ce qu'il en restait s'appelait désormais la Dextre Raipoublicaine et comptait moins de quarante partisans. Le baron du Tranber avait, disait-on, fait la paix avec son ennemi juré le baron du Veauquié, qui régnait sur l'Auvergne, où il menait grand train de vie sur les deniers publics.
Julie d'Aiglemont
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