vendredi 16 août 2024

Julie d'Aiglemont nous écrit

 Chronique du 16 août 

« Ce fut le 15 du mois d'août. Il était dans la tradition de la vieille République d'honorer la mémoire du Débarquement en Provence de 1944


Sa Glorieuse Grandeur, Monarc absolu de la Startupnéchionnne n'entendit pas déroger à l'usage. On organisa donc en grande pompe son déplacement en aéroplane de son fort de Brégançon jusqu'à la nécropole toute voisine de Bouloris, où gisaient les dépouilles des preux combattants africains, honorés pour la forme, mais tombés en réalité en disgrâce dès la fin des hostilités.


 Notre Minuscule Baigneur, si bruni qu'on l'aurait cru passé au brou de noix, y prononça un discours qui resterait dans toutes les annales. Il engagea tous les bourgmestres du pays à « faire vivre par le nom de nos rues et nos places, par nos monuments et nos cérémonies, la mémoire de ces hommes qui rendent fiers toute l'Afrique.. ». Au Sénégal et ailleurs, on apprécia comme il se devait cet hommage quelque peu tardif et néanmoins restrictif. On n'était pas très loin du « l'homme africain n'est pas assez entré dans l'Histoire », qu'un des prédécesseurs de Sa Cuivrée Condescendance, le roi Niko dit Les Casseroles – tant il avait trempé dans moult affaires -  avait prononcé à Dakar bien des années auparavant. Mais il n'y avait aucun hasard dans ce rapprochement. Ce douteux personnage figurait en bonne et due place dans la tribune officielle, aux côtés de Notre Divin Enfançon. Il était venu en « voisin », sa belle-mère, la duchesse de la Roussie,  possédant en effet une magnifique propriété en ces lieux paradisiaques, à côté de laquelle Brégançon passait pour un quasi-taudis. Mais l'heure étant à la modestie et à la frugalité, il fallait bien s'en contenter. L'ex-roi Niko, féru de vélocipède, annonça avec ferveur n'avoir point songé en cette radieuse matinée d'été à pousser quelques coups de pédale. Il estimait que sa place était près de Sa Grande Affectation, puisqu'il avait « une maison sur un des sites du débarquement ». Chacun apprécia le lien de cause à effet. Sans nul doute l'ancien souverain voulait-il signifier que son déplacement avait fort peu coûté en carburant pour son carrosse, à moins qu'il ne se fût déplacé  sur son vélocipède...  On sacrifia ensuite au traditionnel « bain de foule », lequel avait été comme à l'accoutumée, soigneusement orchestré, les figurants dûment triés sur le volet : tous étaient affublés d'un petit ruban vert. Dans toutes les bourgades du pays, on se demandait bien quelles places et quelles rues on allait débaptiser pour répondre à l'ordre princier. L'heure était plutôt à décrocher les portraits de Notre Très-Détesté Monarc. »

#ChroniquesDuRègneDeManu1erDitLePipoteur

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire