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JO de Paris 2024 : smartphone, appli et QR code… les accessoires incontournables de l’été
COUPE-FILE – À quoi ressemblent ces jeux Olympiques vus de la rue, vus de la foule, vus hors des stades ? Tout au long des JO, notre journaliste raconte l’ambiance depuis les files d’attente du grand événement.
Publié le 02 août 2024 à 11h30
C‘est un geste réflexe : dès qu’on en voit une, on le sort. Le téléphone dans une file d’attente, c’est une bouée dans l’océan du néant, le seul antidote disponible contre l’ennui. Il suffit de prendre place dans une file pour le constater : tout le monde en a un en main. Caresser son écran rassure. Guetter les notifications occupe, en recevoir soulage : ça nous relie à une certaine humanité. Même partielle, même fictive, celle-ci semblera toujours plus enviable que celle formée par ces individus attroupés qu’on voit surtout de dos et avec lesquels on n’a rien d’autre à faire qu’attendre. Et puis, au pire, pour tuer le temps, on pourra toujours dézinguer des bonbons ou faire des lignes avec des briques.
Mais dans les files d’attente pour les JO, le téléphone est un accessoire absolument indispensable. C’est plus qu’un it-kit, mieux qu’un must-have. Certains l’utilisent pour suivre dans la queue les épreuves. Lors de l’exceptionnelle cérémonie d’ouverture, dans les files d’attente tout aussi exceptionnelles, on surveillait sur X si c’était pire ailleurs, on comparait l’étendue ou l’avancement des files entre amis sur WhatsApp, on mitraillait la queue, on en remontait le cours, téléphone en main, pour mesurer son ampleur en la filmant.
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« Merde, il ne me reste que 34 % », réalisait soudain une jeune femme alors qu’il restait encore au moins deux heures et demie à tuer avant le début du show. Soit un sérieux problème : être à court de batterie n’est pas toléré par le comité olympique. C’est même un impératif d’en avoir, car la billetterie est 100 % digitale, annoncent fièrement les sites officiels. L’entrée est donc impossible sans avoir téléchargé les trois applications des JO et il n’y a qu’un seul sésame qui vaille : le QR code (une copie papier n’est pas acceptée). Mieux vaut donc, tel un athlète, bien gérer son énergie.
Premier arrivé, premier servi, oui, mais sur Internet.
Pour obtenir ce billet numérique, on fait la queue en ligne (avant de la faire en vrai). « Ceux qui n’ont pas de QR code ne rentreront pas », prévenaient en boucle les agents d’accueil du concert Coca-Cola du dernier relais de la flamme à La Courneuve, le 25 juillet. Celui-ci était bien gratuit, mais il fallait réserver longtemps avant, télécharger l’appli du même nom afin d’obtenir son QR code. Premier arrivé, premier servi, oui, mais sur Internet. Pareil pour aller voir le chaudron imaginé par le designer Mathieu Lehanneur ou au Club France et dans des fans zones… Pas de QR code, pas de Jeux. C’est ça le progrès.
Si bien que partout, bientôt, on ne dira plus « faire la queue » mais « faire le queuïR code » ? Si bien que partout, bientôt, avant de faire la queue, il faudra s’être inscrit en ligne, avoir renseigné quelque part son identité, avoir accepté ou refusé que nos données soient partagées avec d’éventuels partenaires… Et, armés de téléphones, nous ferons la queue tels des sportifs de haut niveau : en s’y étant bien préparés avant. Tant pis pour la spontanéité ! Nous chanterons toujours Piaf, mais sans plus jamais se laisser emporter par la foule. C’est aussi ça le progrès.
Jeux Olympiques de Paris 2024
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